Atridès - Démopolis

Démopolis...

Après le départ de l'Ange, la conversation démarre enfin.



Bien. Venons-en au fait. Il n'y a pas de prêtre ici. Nous détestons les prêtres. Et c'est là notre point commun à tous. Mais nous ne les détestons que parce qu'ils sont le symptôme d'une maladie plus grande. Nous t'avons attendu pendant bien des années, Atridès. Tu sembles partager notre inimité. Cela ne fait que renforcer ce que nous pensions.

Peux-tu nous dire pourquoi ?

Oui. Parce qu'ils se mêlent de ce qui ne les regardent pas. Par contre...
Ils sont sensés s'assurer du bien-être du peuple, et ils ne le font pas. Ou bien trop rarement.

Et à titre personnel, ils m'ont toujours cassé les couilles. Donc, voilà...

C'est tout à fait exact. Et ce que tu me racontes là n'est pas étonnant. Vois-tu, il nous est parvenu quelques informations à ton sujet, avant même ta naissance. Mais j'imagine que personne ne t'a jamais dit de quoi il retournait ; seulement voilà : Avant ta naissance, une prophétie t'a annoncé. Veux-tu en connaître le contenu ? J'imagine que personne n'a jamais voulu te le dire...

Atridès laisse un silence s'installer, et détaille chacune de ces sept personnes avec attention.

...

J'ai entendu parler de cette prophétie. En effet, je n'en connais pas le contenu.
Personne ne me l'a révélé et j'avoue qu'en plus ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse. Il y a bien eu une Oracle qui m'avez donné rendez-vous pour m'expliquer de quoi il en retourne, mais je n'y suis pas allé.

Sinon, avant de continuer, vous pourriez vous présenter ?

J'imagine que ce serait poli, mais la politesse n'est pas notre objectif. Cet endroit est un secret jalousement gardé, fruit d'années de travail et de prises de risques, d'investissements personnels et de dévouement à une cause plus grande que la somme de nos personnalités.

Toutefois, si nos noms doivent rester secrets, je peux commencer par ébaucher une présentation du cercle intérieur.

Dans l'ordre des sièges, de gauche à droite, nous commencerons par le représentant de l'humanité Terrienne. Même si tes voyages ont été assez courts, tu dois savoir que la Terre est le berceau originel de toute l'humanité, d'après les légendes, tout du moins. Cet homme est notre représentant de l'humanité première. C'est la Main Droite du conseil.

'Chanté.

Nous avons ensuite celui qui représente le peuple Séclanti, les farouches guerriers qui gardent divers dangers loin de la fédération. C'est l'Oeil du conseil, qui vise à repérer nos futurs agents et les menaces potentielles.

Monsieur.

Cette demoiselle fait partie du peuple Accadien. C'est par elle que nous avons pris conscience du danger qui pèse sur l'humanité dans son ensemble, et c'est par son biais que nous avons décidé de vous rencontrer. C'est elle qui nous a préparés à ce jour. Que son mutisme ne te méprenne pas, elle est l'Intuition du conseil.

...

Et puis nous avons le représentant de la mutanité, une partie des hommes et femmes qui ont été atteints par le composé qui a divisé l'humanité de base en deux courants, l'un d'eux étant pourvu de capacités mutantes, et l'autre non. Nous l'appelons le Corps du conseil, car ses compatriotes sont à la base du mouvement.

C'est cela.

Et cette charmante demoiselle est la représentante du peuple Egérian. Elle nous apporte ressources et informations. C'est l'Oreille du conseil.

Oui, oui, salut...

Cet homme est en fait un de tes compatriotes, mais il a quitté Théopolis il y a de cela quinze ans. C'est le Poing du conseil, celui qui a pour tâche de nous représenter à l'extérieur, et parfois de frapper nos ennemis, si rares soient-ils.

Et Lycopolis est aussi mon lieu de naissance.

Et bien entendu, il y a moi, qui représente le peuple Sélénite, qui a pour vocation de surveiller, de guider et de protéger l'humanité. Les sélénites sont les créateurs du Sélénium, dont tu as dû entendre parler. Je suis le Cerveau du conseil, mais ce n'est là qu'un simple titre.

J'espère que cela te satisfait, car pour le moment je crains ne pas pouvoir t'en dire plus.

Non, ça va aller, ça va aller... Enchanté, vous tous. Atridès se masse les tempes comme si une sale migraine approchait.
Et donc, vous avez investi beaucoup d'argent dans un tueur à gage pour me retrouver et m'amener ici.
Vous me voulez quoi, sauf votre respect ?

Vous êtes tous trop longs et mielleux. Atridès, la prophétie affirme que tu mettras fin à l'âge des dieux. Pour de bon. Tu es le libérateur de l'humanité. Grâce à toi, nos chaînes seront brisées et l'homme pourra enfin prendre sa vraie place dans l'univers, sans être manipulé.

Voilà, c'est clair au moins, maintenant.

Je suis d'accord. Inutile de prendre des pincettes.

Mais de quel droit... Vous vous rendez compte que votre manque de tact pourrait tout faire rater ?

Oh, ça va... Si la prophétie est juste, il n'y a pas de quoi fouetter un Mog. Ca arrivera, avec ou sans nous.

C'est une idée absurde ! Les... Mais le cerveau se frotte les tempes un instant et reprend son calme.

Bon, il n'y a pas de marche arrière pour ça.

Et donc... ? Vous voulez que je brise les chaînes du peuple, que je mette fin à l'âge des Dieux, et... C'est tout ?
Parce qu'en fait, à la base, j'étais en voyage. Simplement pour voir le monde. Avec une gamine et un chien.
Un bon chien, et une bonne gamine...

Je vous avais prévenus. Nous l'avons forcé à venir, ce n'était pas la meilleure solution. Vous avez été impatients. Atridès est trop jeune.

Voix... rien n'est irréparable. Il veut son chien et une fille, allons simplement les trouver, et ramenons-les.

Vous savez qu'il est juste là, pas vrai ? Que veux-tu, en fait ? Qu'on te laisse gambader, sachant ce qu'on vient de te dire ? Qu'on ramène tes amis ? Qu'on te laisse en paix ?

Tu nous poses des questions, tu cherches à nous connaître. C'est très sage. Mais nous devrions aussi en apprendre plus sur toi, juste... de ta bouche, cette fois. Et si on quittait la salle du conseil pour celle du repas, par exemple ?

Ah, ça, ça me va ! Salle du repas !
Vous pourrez apprendre ce que vous voulez sur moi ! Même si je ne pense pas que j'aurai beaucoup de choses à vous expliquer.
A priori, la gamine et le chien se débrouillent bien. Pas besoin de moi dans l'immédiat. Mais j'avoue que j'aimerai bien les revoir.
Et j'aime bien gambader.

Non, mais vraiment, une fois que l'on sera à table, il faudra que vous m'expliquiez ce que vous vouliez vraiment de moi.

Plus tard, dans la salle à manger...

La vaste salle est digne de celles des plus grands châteaux de seigneurs locaux Théopoliens. Elle est bardée de colonnes de pierre et Atridès ne peut qu'admirer le travail : aucune fissure, aucune jonction, comme si la pierre de l'astéroïde avait été taillée directement, avec une précision moléculaire. Le rendu est excellent, mais il ne voit pas quels instruments seraient capables de telles prouesses ; ou alors, ce bâtiment aurait mis des dizaines d'années à se construire !

Le table elle-même est d'une pièce et jointe au sol. Il s'agit d'un énorme "U" de pierre. En fait, le conseil y siège avec Atridès sur une petite partie de la table, et seuls quelques serviteurs les perturbent deux ou trois fois pour apporter la nourriture. Cette dernière n'est pas tellement particulière ; pas mauvaise du tout, mais aucun produit frais au menu : Leurs réserves semblent faîtes pour durer plutôt que pour encourager le luxe.

Aussi, dînent-ils de soupes et de gâteaux, plutôt que de viandes et de volailles. En voyant Atridès manger, celui qu'on lui a présenté comme "le poing" a un sourire qui lui remonte jusqu'aux oreilles :

Hahaha ! A te voir manger, on sent bien que tu fais toujours honneur aux plats. Ma pauvre mère aurait aimé t'avoir à sa table, Atridès. Les autres ne le savent probablement pas, mais le signe qu'il fait alors avec ses mains est sans équivoque : sa mère est morte. Ce qui n'a rien détonnant, vu son âge, mais le respect qu'il a pour elle n'est pas si courant chez les Théopoliens, et cela en dit beaucoup sur un homme.

Et j'aurais aimé être là ! La cuisine des mamans, c'est toujours la meilleure ! Il reprend une pleine bouchée. Merchi pour l'hochepitalité, au fait... Et il l'avale.
On ne sait jamais quand on aura l'occasion de profiter d'un bon repas, dans les jours qui suivent. Autant en profiter sur le moment !
Dis, ta mère était de Lycopolis ? Je l'ai peut-être rencontrée, dans le temps...

Si tu étais plus vieux, peut être. Mais ce n'est pas le cas et je n'ai toujours pas envie de te révéler mon vrai nom, mon enfant. Je suis trop vieux, et je suis parti quand... Quand j'ai entendu ta prophétie, en fait. C'est pour ça que cette histoire me tient à cœur. C'est pour ça que je suis ici.

Ah, la viande commence à me manquer...

Toujours terre à terre, hein. Tu ne changeras jamais, "Main".

...

Les autres écoutent, mais le terrien et l'égérianne parlent entre eux. L’œil ne fait que regarder Atridès, ne mangeant que le strict minimum pour ne pas avoir l'air trop insistant. Il reste perturbant, malgré tout...

Bon, allez, je vois que certains ici font la tronche. Atridès pose ses couverts. Les impatients, sûrement.
Vous avez plein de choses à me demander, allez-y, je répondrai... Un peu de vin, peut-être, pour le côté convivial ?

L'alcool aussi commence à me manquer, en fait...

Tu seras déçu côté alcool. Nous n'en avons presque pas ici, c'est contre-productif, et pour tout dire, nous ne vivons pas ensemble en permanence. Mais rassures-toi, nous n'attendons qu'une chose de toi : que tu nous dises si tu es prêt à partager nos ressources, le jour inévitable ou ton chemin t'opposera aux dieux. Parce qu'ils ont certainement pris ton départ de Théopolis comme un affront et un danger. Et ils n'auront de cesse de tenter de t'éliminer.

M'éliminer, ça va un peu loin. Mais un affront, certainement ! On m'a obligé à rester loin d'Astropolis : c'était sûrement pour que je ne quitte pas la planète.
Moi, vous savez, je veux bien partager. Je n'ai pas grand chose pour moi, mais je veux bien.
Mais votre truc, là, de groupe... Je n'aime pas trop ça. Ça fait un peu secte.

Je me débrouille très bien tout seul, je ne dois rien à personne, personne n'est mon maître.

Nous avons tous des maîtres, monsieur. Qu'ils soient imposés par nous-même ou par autrui. La liberté, la vraie, n'existera que quand les dieux cesseront d'influer sur le destin. Vous avez un avis juvénile, qui ne prend pas en compte les milliards d'êtres humains répartis sur l'autre pan de la galaxie. Eux n'ont pas le luxe de ne pas réaliser qu'ils ont des maîtres.

Et, en tant qu'ancien esclave, monsieur, je me permets d'avancer que je sais de quoi je parle. Sauf votre respect, monsieur.

L'oeil a un point de vue très particulier, mais n'a pas vraiment tort. Nous ne sommes pas une secte. Les dieux ne sont que la première étape. Il faut réformer la société. Et si le conseil veut bien accéder à ma demande, j'aimerais emmener Atridès en voyage. Il doit voir l'état de la galaxie.

Corps, vous allez lui montrer le pire. Et il le faut, mais nous devons aussi lui montrer ce qui doit être encouragé, sauvegardé et protégé dans ce monde. Il est en plein voyage de découverte, après tout.

Je suis d'accord sur le fond. Mais c'est à moi de le faire, je pense. Mon Poing n'a rien à frapper pour le moment, et je n'ai pas besoin de vous expliquer pourquoi je suis le mieux placé pour cette tâche.

En plus, il se trouve que le petit me plaît bien, ce qui n'était franchement pas garanti.

Donc, en fait, vous voulez que je voyage avec l'un d'entre vous, afin que vous me montriez ce qui va et ne va pas dans le monde.
Et à terme, que je vous aide à... Réparer tout ça, on va dire ?
C'est ça l'idée ?

Si on veut. Nous voulons que tu comprennes le monde dans lequel nous vivons. Dans sa laideur et sa beauté. Et si tu te décides à accepter notre assistance, elle t'es d'ores et déjà acquise. Mais tu es jeune, et tu ne peux pas tout faire seul. La prophétie, c'est beau, mais je serais étonné que tu renverses l'ordre divin dans son ensemble sans aide.

Et cette aide... C'est nous.

Moi, je veux bien voir ce que vous voulez me montrer. On peut discuter, vous avez l'air plutôt sympas... Vous allez rire, mais je m'étais promis de casser la tête de celui qui m'a fait enlever ! Mais bon...
Par contre pour la prophétie, cette histoire de renverser l'ordre divin, il n'y a pas d'échéance précise, hein ? Parce que je pense qu'il faut que j'y aille tranquillement, une chose à la fois. Là, je ne suis pas trop dans l'ambiance "grosses responsabilités"...

Si l'élu est d'une humeur favorable, je propose d'ajourner. Nous pourrons reprendre la séance demain, avec ou sans lui, pour parler de la suite. Oreille, emmenez-le vers ses quartiers, s'il vous plaît.

Moi ? Pourquoi moi ? On a...

S'il vous plaît.

... Si tu veux bien me suivre...

Oui, avec plaisir, mademoiselle !

Une fois sortis de la pièce, l'égérianne emmène Atridès dans une autre série de couloirs. De nouveau, ils croisent quelques personnes, mais ceux-là sont plutôt étranges, voire déformés. Certains ont des excroissances dégoutantes à regarder, d'autres une ou deux cornes, parfois un bras ou deux en trop, ou en moins. L'un d'eux n'a qu'un oeil qui ressemble à une visière.

Voilà. On a créé cette pièce au centre du complexe. C'est ta chambre pour toujours. Tu peux y revenir quand tu voudras.

En effet, Un "A" gigantesque est calligraphié sur la porte. Deux loups stylisés l'entourent, et une flamme entoure le tout. A l'intérieur, un lit de bois surmonté d'un matelas et d'une couette emplie de plumes, et deux coussins de la même facture. Le rendu d'une chambre de roi théopolien, quand on y pense. Les vasques de bain sont automatiques, comme sur les vaisseaux de l'espace, et une bassine de bois sert de baignoire. Plusieurs savons sont disposés sur un meuble de bois. Les armoires sont en chêne massif, ou en cerisier. Ils ont dû se donner du mal pour que ça ressemble à un compromis entre luxe Théopolien et aisance de la fédération.

Wooooh... C'est magnifique ! Je crois que c'est la première fois que je rentre dans une pièce comme celle-là.
C'est beau... Et c'est flippant. J'ai tellement l'impression de rentrer dans un cage confortable, dorée. Et je n'aime pas les cages.

Ouais, ouais... On a fait comme on a pu, mais tu sais, on te connaissait pas encore. On s'attendait à un adulte.

Donc, tu es égérianne ? Tu connais Joie ? Cheveux violets...

Joie ? C'est quoi, une pute ?

Euhhhh... Non ? Je ne crois pas.
C'était juste un diminutif pour "Joidichicarella".

Et je suis adulte, au fait.

Si tu étais Egérian, ce serait à la fois vrai et mignon tant ce serait loin de la vérité.

Mais tu es Théopolien. Et "adulte" n'a aucun sens pour vous, vous vous reproduisez sans le faire exprès.

Euuhhh... Sans le faire exprès, pas vraiment. 'fin, parfois, mais l'intention y... Mouais...
Laisse tomber. Je sais que tu ne veux pas être ici, les pensées de celle-au-cheveux-blancs étaient assez révélatrices.

Tu peux partir.

Eh, ne le prends pas comme ça... Je ne disais pas ça pour te blesser. Tu as de la chance d'être jeune, et je ne vais pas rajeunir, de mon côté. Mais jalousie à part, tu es notre sauveur, notre héros. On t'imaginait mesurant trois mètres de haut et pétant des boules de feu par les fesses. Tu vois ? Un adulte n'aurait pas plus réussi à égaler l'image qu'on avait dans la tête.

Quand tu t'es présenté face à nous, on a réalisé d'un seul coup que ta légende... Eh bien tu devais encore la construire. Certains ici pensent devoir te modeler. Moi, je crois que le Poing, l'Oeil et le Corps ont raison. Tu dois voyager, voir le monde. Et te façonner seul. On échappe pas au destin, de toutes manières.

Oui, voyager et voir le monde, c'est ce que j'avais entrepris. Et se façonner seul, je suis plutôt soulagé de d’entendre dire ça...
Tu sais que si je me suis enfuit de "chez moi", c'est justement pour que les prêtres ne soient pas toujours sur mon dos ? Si ça doit recommencer ici...

Cette tirade semble la piquer au vif, et elle fronce alors les sourcils avant d'enquêter :

Mais attends... ils te disaient quoi, les prêtres ?

Comme vous : que je suis une sorte "d'élu", que j'ai une destinée, que je devais apprendre, rester avec eux. Et aussi une histoire comme quoi je suis le fils d'un Dieu. Ou d'une Déesse.

Et contrairement à vous, que je ne devais surtout pas quitter ma planète.

Si je tenais l'enfant de salaud qui a fait la première prophétie sur moi, je lui écraserais la trachée avant qu'il ne puisse dire un mot. C'est ce con qui m'a mis dedans ! Et si ça tombe, c'était un oracle de deuxième main, mais qui est cru. Ça arrive, ça...

Je vois...  Mais repense à ce que disait l'Oeil. Tu n'es malheureusement pas le seul. L'humanité entière partage ton esclavage. Ton rôle est juste plus... central. Les gens voudront naturellement ton appui. Pas juste nous. (Ta légende est méconnue, mais pas inconnue)

Mais toi comme nous, quand tu auras accompli ta destinée, nous serons tous libres. Quand toi, tu auras accompli ton but, non seulement tu seras libre, mais tu seras secrètement le réel créateur du libre-arbitre. La personne qui a fait cette prédiction prédit en fait la liberté de toute notre espèce.

Apprécie cela pendant ta nuit, et je suis là si tu as besoin de parler.

Après un sourire maternel, elle s'en repart prestement dans son étrange armure.

Merci.
Oh ! Et si je ne suis pas fatigué, je peux me balader dans le bâtiment ?


Fais comme chez toi, mais souviens-toi bien que les mutants qui habitent ici ne te connaissent pas ; ce serait malvenu que l'un d'eux te prenne pour un intrus...

A ta place, j'attendrais demain pour visiter.

En fait, l'Ange et moi, on dormait, avant d’atterrir ici. Je ne suis pas du tout fatigué.
J'imagine que si tu me donne un papier qui stipule que je suis le bienvenu, il n'y aura pas de problèmes, non ?


... Je dois bien pouvoir te montrer les lieux. Tu voulais voir quoi ?


Rien en particulier. Simplement sentir l'ambiance. Tu es déjà entrée dans une ville, et en te baladant à peine une heure, tu sais déjà si c'est un "bon endroit" ou un "mauvais endroit" ? Moi, ça m'arrive souvent...

Tu sais, ici c'est plutôt comme un entrepôt avec quelques rares résidents permanents. On a divers mutants qui gèrent les lieux et vivent ainsi en paix. Ils sont trop déformés pour vivre parmi les hommes, pour la plupart. Les villes, c'est dingue. Trop de gens, trop de choix, trop de complications.

Elle commence à errer avec lui. Le réseau de couloirs du château est en fait un grand cadre avec des pièces à l'extérieur et huit couloirs ramenant vers le centre. Donc chez lui, et dans la salle du conseil. Entre ce centre et le cadre, il y a les cuisines et dépendances, plus les chambres des résidents.

Je ne suis pas très "planète". Ici, c'est auto-géré, il faut entretenir l'air par les plantes, un mutant gère les modifications du bâtiment en altérant la silice. l'orbite est modifiable, mais on se laisse principalement entraîner par la rotation naturelle de la géante gazeuse, dont on extrait toutes sortes de produits. Les niveaux du bas, c'est le jardin, ensuite on a un entrepôt et des canalisations qui amènent l'air ici, où nous sommes. Et les étages supérieurs sont dédiés à la recherche.

A cet étage, tu peux aller librement, mais restes-y. A la limite, si tu veux aller aux jardins, pourquoi pas...

D'accord ! Les jardins, peut-être. J'aime bien. Et... Pourquoi c'est toi et pas le Poing qui me fait faire le tour du propriétaire ? Tu n'avais pas l'air enchantée.
Je n'en suis pas fâché, note. "Visuellement", c'est plus agréable, c'est sûr... Même s'il a l'air sympa, l'officier !

Bah, je me pose la même question. Mais si il y a bien quelqu'un dont on ne doute pas les décisions, c'est l'Accadienne. Elle a toujours eu raison. A chaque fois, sur chaque détail. Quand elle se prononce, on ne discute plus, maintenant.

Ah, je vois... Vous "croyez en elle", en fait. Je sais à qui m'adresser, maintenant.
Tu devrais douter. Elle a peut-être raison dans ses décisions, l'Accadienne, pour que ça se passe bien pour elle. Mais pour toi ?
Moi, je pense qu'elle t'a envoyé avec moi parce qu'elle sait que j'aime bien les jolies filles. Mais ce n'est pas elle qui est venue... Elle sait peut-être aussi que j'abuse un peu, parfois !

Ce sont.. des avances ?

Je ne sais pas si tu vas me croire, comme tu le fais avec elle, mais... A la base, même pas ! Juste une pensée à voix haute.

Par contre... Atridès tire ses épaules en arrière, faisant ainsi craquer quelques articulations. J'ai passé trois jours dans vaisseau des étoiles uniquement avec un mec, je n'ai pas envie de dormir, j'ai une très jolie chambre, et j'ai l'impression que tu a peur de me lâcher du regard. Et si tu as un peu de temps libre, plutôt qu'attendre à la porte... C'est toi qui vois.

 Eh bien, dit-elle sans se démonter, j'ai déjà des plans avec La Main, mais si tu veux nous rejoindre, il te trouvera peut-être une utilité ?

Euuuhhhh... Pffff... Ouais... Non.
Si tu avais eu des plans avec l'Intuition, je ne dis pas, je serais sûrement venu, mais avec La Main, non. Une prochaine fois ?
Je vais me balader. Bonne soirée !

A présent seul, Atridès est libre de choisir sa route.

Et il n’est pas là pour poser des problèmes. En fait, il fait exactement ce qu'il a dit à l"égérianne : il essaye de ressentir l'ambiance dans ce "château".
Puisqu'elle lui a annoncé que cet étage est accessible, il commence ici. Atridès fait le tour, observe les objets de décoration, salue d'un signe de tête les gens qu'il croise. Puis il ira sûrement vers les jardins...

Les gens le regardent vagabonder d'un oeil surpris, puis reprennent leurs activités après un formel salut. Ils sont en effet pour la plupart déformés ou d'une couleur atypique. Une femme verte semble parler aux plantes en pot, et Atridès est presque persuadé que la plante lui répond.

Il croise à plusieurs reprises un énorme tas de gelée rose mal agencée à forme vaguement humanoïde. On voit au travers tout son squelette et ses organes. Il tient une pique et il est dur de dire si son "visage" change avec ses émotions. En tous cas, il ne donne pas envie de s'y frotter.

Tous les objets non-métalliques sont faits de bois, ou de métal. Et tous ont dû être manufacturés par des mutants, car aucun n'a de marque de fabrication, pas de soudures, rien. Ça en perdrait presque de son charme.

Sur le chemin vers les jardins, Atridès emprunte un escalier ; celui-ci descend assez profondément et sur sa route se trouve un garde, humanoïde, celui-là..


On peut vous aider, monsieur ? Que faîtes vous ici à cette heure ?

Bonjour ! Je visite les lieux. C'est l'Oreille qui m'a dit que je pouvais aller jusqu'aux jardins. Atridès, enchanté, au fait...

Atridès ? Oh, alors ils ont réussi ! Je suis ravi, monsieur ! enfin, je veux dire, mon nom est Ravee. Mais je suis enchanté. pas enchanté-enchanté, mais vraiment content, quoi. Oh mon dieu c'est vous... Et vous venez pour me voir ?

Eh bien, c'était plus pour voir les jardins, je ne savais pas que tu étais là, l'Oreille ne m'a pas prévenu. Mais les jardins ne vont pas bouger, et j'imagine que tu dois rester là pour ton travail. On peut discuter un peu, si tu veux, Ravee.
Tu viens d'où, toi ? Moi, de Théopolis, la Terre des Dieux.


Oui, je sais. C'est génial, du coup vous devez connaître les faiblesses de chaque dieu. Vous savez, quand j'étais plus jeune, avec ma femme et mon fils, on est allés sur Théia, dans le bvras de la spirale Nord. Il y a du travail, là-bas, pour les mutants végétalistes. Ils ont sacrifié mon fils pour leurs récoltes, parce que je ne travaillais pas assez dur. Nikopol, qu'il s'appelait, leur dieu. Ma femme a fini par se suicider. Moi, j'ai fui... Mais ils m'ont maudit, et je ne peux plus enlever mon casque de travail.

Vous êtes notre seul espoir, Atridès. Merci d'être venu.

Je suis désolé, Ravee. Pour ta femme et ton fils... Les prêtres, c'est vraiment des salopards ! , dit-il en lui tapotant sur l'épaule.
Et si je peux t'aider, moi, je veux bien. Mais tu sais, je suis pas sûr d'être à la hauteur pour tout ça. Je fais mon héros, parfois, bien sûr. Mais c'est surtout pour impressionner les filles. Je montre les muscles, mais ça ne fait pas tout. Je sais que tu comprends ce que je veux dire.
Je ne vois pas vraiment ce que je peux faire pour toi...

Peu importe, maître Atridès. J'ai confiance en vous. Bon, soyons un peu académiques. Avez-vous de quoi allumer un feu sur vous ?

Euhhh.... Il se palpe les poches, n'y trouve qu'un bout de ficelle, deux coquillages d'Umhlaba, et un vieux biscuit que Jake appréciait plutôt. Plus le "truc" de l'Ange.

Non. Mais je peux aller en chercher, si tu en as besoin ? Mais il va falloir aussi du bois et.... Il jette un œil vers le plafond. La fumée ne va pas tirer, ici. Ce n'est peut-être pas une très bonne idée.

Parfait. Le feu est interdit, ici. Nous produisons beaucoup d'oxygène et la quantité d'hydrogène est démesurée. Vous savez, croissance accélérée et tout ça... Tout ici est plutôt inflammable. Atridès croit comprendre. On interdit toute forme de feu ou d'étincelle ici. Faute de quoi on se priverait d'oxygène. Venez. Je vais vous montrer le jardin.

Très bien ! Et donc, tout le monde a entendu parler de moi, ici, ou tu étais dans la confidence, Ravee ?

Tous ceux qui sont ici savent pour le projet. Et certains savent pour vous. On a quelques Théopoliens, parfois. Et sur votre chambre il y a un nom. Et ce nom... C'est le nom du libérateur.

Ahaha... Oui, et il y a un "A" comme pour mon prénom, et des loups autour, comme pour Lycopolis ! Petit rire un peu stressé. Ils sont complétement tarés ici ! Est-ce que j'ai une tronche de libérateur, moi ? En plus, ils sont contre les Dieux, et ils me traitent comme si j'en étais un !

Bon, bon, bon... Allons voir ces jardins !

Les fameux fardins valent le détour : Certains attirent des insectes luisants, probablement amenés ici juste pour éclairer. Le sol est de terre et de pierre, très irrégulier au lieu d'être juste plat, et on se croit dans une forêt la nuit, tant qu'on le lève pas les yeux au plafond. Il y a là une cave de la taille du château, avec plusieurs grands piliers massifs retenant la structure. De temps à autres, des souffleries gâchent un peu le silence qu'on peut apprécier ici.

Comme vous le voyez, on a plusieurs espèces d'arbres. On en tire résine, nourriture, matériaux, meubles... Avec mes pouvoirs, ce n'est qu'un jeu d'enfants. Et je connais personnellement chaque arbre depuis qu'il a été planté. Ce qui aide, vu qu'ils m'aiment bien et qu'ils feront, même sans manipulation, tout ce qu'ils peuvent pour moi. Ce sont de bons amis.

Ce sont tes amis ? Moi aussi, j'aime bien les arbres. Surtout les chênes. Les frênes et les charmes aussi. J'ai été élevé dans la forêt, par les créatures de la forêt.
Mes tantes étaient des Dryades. Aussi jolies que les Nymphes. Et des Hamadryades, aussi. Liées à un arbre jusqu'à sa mort. Et les Méliades... Les protectrices des enfants abandonnés dans la forêt. Elles étaient très gentilles avec moi. J'avais toujours les fruits les plus mûrs et sucrés. Les Satyres étaient jaloux, tu n'imagines pas !

Donc, c'est ça un "mutant végétaliste" ? Un peu comme une Dryade ? Tu t'occupes de protéger le jardin ? Et il y a des chênes, ici ?

Putain, ils me prennent pour l'élu. Il va falloir assumer. Et donc imposer mes idées, même si ce ne sont pas les leurs. C'est ce qu'ils veulent. Et mon idée, c'est qu'il y a des connards et des gens biens partout.
Ça, je l'ai vu et expérimenté.
Parmi les Dieux, les humains, et sûrement parmi les mutants. Ils n'accepteront pas. On verra bien...
Il faut que je parle à l'Intuition.

Oui. Les plus grands chênes de la galaxie, je pense. Ils sont vers le centre du jardin, avec les autres géants.

Ravee fait visiter le jardin au jeune théopolien, et il faut avouer que c'est un bel endroit. Sur les côtés, de la lumière stellaire est redirigée, surement par des miroirs, pour bercer cet endroit. Les souffleries retentissent à un moment.

Quand vous entendez ce bruit, éloignez-vous des turbines. Elles amènent du dioxyde de carbone. Devant l'air d'Atridès, il poursuit : C'est le gaz qui sort des hommes quand ils respirent. On aspire de l'air, mais ce qu'on expire est toxique à grandes doses. Comme des excréments, les plantes en raffolent. Et elles le changent en air, que nous pouvons alors respirer. Cet endroit est très autonome, et je suis fier du travail que j'y fais.

Je n'ai jamais entendu parler des dryades, mais leur nom est joli. Vous désirez peut-être que je vous laisse seul, maître Atridès ?

Comme tu veux, Ravee, comme tu veux... De toute façon, j'ai remarqué deux chênes qui sont à bonne distance l'un de l'autre, donc je retournerai dans ma chambre prendre des draps et me faire un hamac. Autant dire que tu vas me revoir dans le coin assez souvent !
Mais oublie le "Maitre". Atridès, c'est bien assez !

Dis, comment tu t'es retrouvé ici, toi ? Après ta fuite ?

Ravee s'assied et entreprend de souffler sous son masque.

Oh. J'ai erré pendant un temps dans une capsule de transfert avant que le Corps me retrouve sur Lilip-8-1. J'étais intégré à une troupe de mutants en fuite. Le Sélénium me poursuivait, ainsi que les autres.. A la demande des agents de Nikopol !

J'ai entendu parlé du Sélénium. Une immense entreprise, avec plein de moyens, c'est ça ? Eux aussi ils sont contre vous ?

S'ils savaient... Je ne sais pas. Ils étaient pour une relation diplomatique harmonieuse avec les habitants de Théïa. Mais ils ne nous ont jamais retrouvés. Le Corps était là au bon moment, avec les ressources nécessaires pour mettre fin à notre errance.

Je ne crois pas que le Sélénium soit corrompu. Mais ils ont pour mission de prévenir les guerres avec l'extérieur. Ce sont les esclavagistes de Théïa. Nous n'aurions jamais dû leur faire confiance.

Ah... Je... Je ne comprends rien à tout ça. Il y a deux semaines, je n'avais jamais quitté ma planète, tu sais. J'imagine que les sept m'expliqueront tout ça en détail.
En tout cas, je suis content de discuter avec toi. T'es le premier mutant que je vois. Vous êtes tous mutants, ici ? Et... Il y a des mutantes aussi sympa que toi, ici ? J'dis ça, c'est pour savoir, c'est tout...

HAHAHAHA ! Le sauveur serait un homme à femmes ? Oui, nous avons des mutantes ici. Elles sont toutes très gentilles. Tout le monde n'est pas muté, mais la plupart le sont ; cet endroit sert de refuge et nous donne un but.

Si tu veux, je peux te trouver une carte des étoiles. Tu pourras comprendre comment est organisée la fédération humaine par rapport aux autres espèces de notre galaxie. Si ça t'intéresse, bien entendu.

Ça m'intéresse, bien sûr. J'aurais l'air moins bête quand je discuterai avec les autres. Mais ce n'est pas pressé.
Ce qui m'intéresse encore plus, ce serait de rencontrer les autres gens qui sont ici. 'Fin, ceux qui peuvent, ceux qui ne sont pas de garde ou d'astreinte. Et qui veulent bien... On peut faire ça ici ? Le temps de les faire venir, je pense que je vais m'arranger pour monter mon hamac.

Ne prenez pas cette peine, monsieur. Il sera plus confortable et plus aisé de dormir à même les arbres. Ils vous confectionnent en ce moment même un lit de branches et de mousse. Libre à vous d'y apporter vos draps.

J'irais volontiers avertir les autres, mais c'est le Corps qui se charge des instructions, et les miennes sont claires : cet endroit est essentiel, et il est ma responsabilité. Si vous voulez me voir, il me faudra une dispense ou tenir vos réunions en ce lieu.

Mais c'est exactement ça que je suggérais ! Puisque je vais m'installer dans les jardins, autant s'y réunir. Si tes compatriotes sont curieux et veulent me rencontrer, ils sont les bienvenus ici !
Et je te l'ai déjà dit, ce n'est pas "monsieur", c'est Atridès. Je ne suis pas ton supérieur, à part si tu te considères comme mon inférieur. Ce serait étrange. Ce n'est pas l'égalité qui motive votre mouvement, du moins en partie ?

Je... J'imagine que si. Mais il faut bien respecter la personne qui vient pour vous diriger ! Je... Bien, je vais essayer d'appliquer vos préceptes...

...Atridès.

Je reviens, faîtes comme chez vous.

Merci. Et tu sais, on peut mépriser quelqu'un que l'on vouvoie, et respecter quelqu'un que l'on tutoie. C'est même souvent le cas. En tout cas pour moi...

Le géant s'absente, l'air pensif derrière son masque. Atridès se retrouve seul dans cette portion du jardin, qui répand malgré sa nature cloisonnée une ambiance tamisée et tranquille. L'absence d'animaux est surprenante ; on s'attend à un bruit mais aucun vent ni insecte ne vient perturber la scène...

Atridès se dit qu'il a eu une riche idée d'échanger sa chambre contre ce coin agréable. Il suffira de retourner dans ses quartiers pour les ablutions. Et il s'allonge dans son berceau de branches. Comme lorsqu'il était gamin.

La nuit d'Atridès, sans grand vent ou sans bruit, est simplement parfaite. Il pense aux nymphes et aux femmes qu'il a rencontrées, toutes ces femmes de toutes les couleurs, cette mer infinie d'Uhmlaba et celle, noire et immensément plus grande encore, qu'est l'océan des étoiles. L'on dit que Poséïdon veut cet océan là, et qu'il se bat actuellement avec Ouranos pour le décréter sien.

Le réveil, au contraire de la nuit, est plutôt bruyant. Enfin, pas ce genre de bruits sourds ou désagréables, mais plutôt ce bourdonnement qu'émettent vingt ou trente voix qui tentent de garder un silence respectueux.

Comme... Dans un temple, en fait.


Devant lui se tient une petite foule de mutants. Il en compte sept qui n'ont ni forme ni couleur anormale, mais les autres ont soit des yeux étranges, soit des bras supplémentaires, une peau verte, rouge ou orange, ou encore des mains palmées et des yeux d'insecte.

L'ensemble rappelle le cirque de Mia, parce que c'est à la fois ridicule et horrifiant. Pourtant, yeux d'insectes ou non, chaque regard porte un intérêt et un attrait certain pour Atridès, et à son réveil, une clameur muette s'empare de l'assistance.

Atridès se redresse, complétement nu à part son bandana, sur sa branche perché.

Oh. Il attrape son pantalon.

C'est... Euh... Il l'enfile rapidement.

Bonjour à tous... !

Vous êtes là depuis longtemps ?

Vingt minutes, je dirais.

Alors c'est lui ? Je le voyais plus grand.

Il a l'air jeune...

J'aime bien son look, moi... Rrrrr.

Il se laisse glisser de l'arbre, et les salue.

Je suis content de vous rencontrer. J'avais vraiment envie de parler avec vous ! J'ai plein de questions pour vous, mais avant, si vous en avez pour moi...

J'en ai une, oui, enchaîne rapidement l'homme en uniforme. Il paraît que vous n'êtes pas convaincu par la cause que nous défendons. Est-ce juste un bruit de couloir ?

Ah j'en ai une aussi ! J'en ai une aussi !

On va peut-être le laisser répondre, avant, Morticia.

Mais pourquoi tu m'appelles toujours Morticia ? Moi c'est Lucie.

Je sais.

Eh bien... Je ne vais pas vous raconter ma vie. Peut-être plus tard, mais ça n'a pas grand intérêt.
Quand j'étais gamin, on m'a parlé de ma prophétie. Pour moi, c'était juste un moyen de me garder en prison, auprès des prêtres.
Et puis on m'a emmené ici. Et franchement pas dans des conditions idéales... Et on me reparle de prophéties.
Alors la cause...
Je n'en sais rien pour l'instant. J'ai bien quelques heures pour me remettre les idées en place, non ?
Vous vous sentiez comment pendant vos premières heures ici ?

En sécurité, monsieur Dès.

Le fait que le plus grand, fort, et rocailleux d'entre eux réponde ça ne laisse aucun doute : il parle au nom de tous et tous acquiescent silencieusement. Sauf Ravee, qui murmure au géant de pierre :

Juste Atridès, en fait. Et il n'aime pas trop qu'on l'appelle monsieur...

Oui. En sécurité. Je suis d'accord, mon grand. Il s'approche du "leader" et lui attrape la main.
Moi, je me suis senti en sécurité, mais un peu isolé et limité. Comme dans un vêtement un peu trop serré. Tu t'appelles comment, mon ami ? Moi, c'est Atridès.

André. André Balbeau. Mes ancètres étaient français, mons... Euh... Atridès. C'est moi qui ai construit cet endroit, pour l'ensemble.

Félicitations. C'est une jolie architecture. Un peu comme celle de chez moi. Toi aussi, tu as eu une sale histoire, comme Ravee, et tu as trouvé refuge ici ? Qui te poursuivait ?

Ma famille. Ceux qui viennent de la Terre ont souvent un dieu unique. Et pour eux, les mutants ne sont pas des créatures naturelles, et donc doivent mourir.

Pas mal d'entre nous ont ce genre d'histoires.

Je peux poser ma question ?

Vous avez quel âge, monsieur ? demande la fillette, qui doit avoir à peine onze ou douze ans.

J'ai presque 18 ans, Lucie ! Et toi, tu dois avoir treize ans, c'est ça ? Atridès exagère volontairement l'âge. Les gamines veulent paraître plus vieilles, les vieilles veulent paraître plus gamines, et les deux adorent êtres flattées.

Hihihihi ! Non, j'ai neuf ans, mais je suis une mutante précoce. Je sais faire des trucs cool : je rends le métal mou. Au début je trouvais ça nul, mais il parait que c'est super pour fabriquer des choses avec.

Et comment ! De la fusion à froid ! Ça résout presque tout les problèmes pour fabriquer de belles pièces. Si tu te trouvais un maître forgeron, il serait à tes genoux !
Je suis vraiment content de vous rencontrer, vous savez ? Vous avez vraiment tous l'air très gentils. Moi, je me balade seul le plus souvent, alors, ça fait plaisir de voir du monde !

Et toi, c'est quoi ton pouvoir ?

Eh bien... Euhhh... Je suis immortel. Au début, je trouvais ça nul, mais il semble que ce soit super pratique... Mais pas très utile pour vous filer un coup de main.

Comme toi, alors ! lance-t-elle à la femme qui se décrit comme étant "la sécurité".

Non, Morticia. Moi, je suis invulnérable. Lui est immortel. C'est pas pareil.

Les autres sont éberlués par la réponse d'Atridès, et se regardent les uns les autres.

Bah... Immortel, invulnérable, contrôler la roche, le métal, ou les végétaux... On ne va pas se la mesurer, non ? En plus, quand on est immortel, j'ai l'impression que les gens se privent un peu moins pour vous tuer.
Ce qui est très désagréable... Chacun son truc, non ?

Au final, aussi étranges soient-t-ils, les mutants semblent assez sympathiques, si ce n'est pacifiques. Ce sont des réfugiés pour la plupart, mais certains sont des parias, ou des convaincus. "Morticia", ou Lucie, est en fait une enfant de mutants, et son père est le premier à avoir posé des questions : luii est un ancien du Sélénium, un agent spécialisé dans l'analyse de données, quoi que ça puisse vouloir dire. Elle est née ici, ce qui veut dire que l'endroit existe depuis près de dix ans, au moins...

On va se prendre un petit-déjeuner ensemble ?

Oui, Atridès. Il continue de dire ce nom comme si c'était celui d'un roi... Mais on progresse. Je me suis permis de cueillir des fruits, pour commencer.

Et pendant qu'ils mangent des pommes et des oranges issues des arbres alentours, certains s'en vont chercher de quoi sustenter tout le monde. Bientôt, un vrai repas de céréales et de jus de fruits, de pain et de miel les régale et la conversation continue.

A midi, ou du moins ce qu'on lui dit être midi, certains sont partis vaquer à leurs occupations quotidiennes, mais d'autres comme la petite sont restés tout du long pour discuter. Leurs questions sont assez innocentes, à part pour le père de Lucie, qui semble assez méfiant, finalement. Mais c'est bien le seul.

La fille invulnérable, elle, n'est pas curieuse. Mais à part sa cicatrice au front, qu'elle cache sous ce maquillage rouge, elle est vraiment très belle. Pourtant ses yeux lui laissent penser qu'elle est bien plus sage qu'elle ne devrait l'être pour son âge.

Atridès continue de discuter aimablement avec eux, parlant de leurs histoires, de leurs goûts, de leur ressenti du lieu.
Des siens.
Il reste toujours simple. Comme s'il savait faire autrement ! C'est rafraichissant pour ceux qui sont dans le même état d'esprit que lui.
Pour ceux qui intellectualisent plus... Eh bien, c'est étrange et dérangeant. Certaines phrases les font tiquer. Tellement "déiste" et "anarchiste" en même temps.

Les Dieux s'amusent avec nous. C'est normal, nous sommes leurs jouets... Il n'y a pas de ma à ça. En fait, je crois qu'il faut agir comme le chaton face à son maître. Tant que l'on se fait caresser, c'est bien. On se laisse faire et on ronronne.
Et si ce n'est plus notre humeur, on s'en va. Et on donne un petit coup de griffe si "le grand" se montre trop insistant.
Le truc, c'est qu'il faut les éduquer, les "grands". Qu'ils comprennent quand on veut et quand on ne veut pas.

Et soudain, tout le monde arrête de parler pour regarder Atridès avec un mélange d'incompréhension et de jugement dans les yeux. Le silence devient presque palpable.

Qu'est-ce que vous avez tous, à me regarder comme ça ?

Nous ne sommes pas des chatons. Et les dieux ne sont pas humains. Ils veulent régir nos vies, et il est hors de question qu'on leur montre la gorge ou qu'on se laisse faire. Cet endroit leur est indétectable, nous nous en sommes assurés. Et nous en ferons autant pour le reste de la galaxie, si c'est ce qu'il faut.

En tous cas, nous ne serons plus jamais leurs jouets.

J'espère pour vous. Moi, je donnais juste mon avis. Je ne sais pas ce que vous avez en main.
Moi, j'ai toujours utilisé la méthode du chaton, pour que les Dieux ne se mêlent pas trop de ma vie. On prend du bon temps là où on peut, on griffe et on s'en va si le moment et l'endroit est désagréable... Il n'y a pas de mal à ça.

Alors tu veux être un chaton, Mmm ?

C'était une façon de parler, ma jolie... Après, faut voir ce que ça implique.

Je ne comprends pas... tu veux qu'on fuie ?

Pas vraiment. Une méthode qui marche pour un ne marche pas pour cent... Et puis, je ne suis pas en train de monter un projet, je discute avec vous !
Ce que je voulais dire, c'est que les Dieux ne sont pas humains, mais il fonctionnent pareil. Mais en beaucoup beaucoup plus... Euh... Difficile à gérer. Il y a peut-être moyen de trouver un accord entre eux et vous.
D'après les textes, ça s'est déjà fait des dizaines de fois...

L'ambiance devenant étrangement tendue pour certains, Ravee et la fille invulnérable prennent sur eux de rappeler à tous qu'Atridès arrive à peine, et que tout cela est très nouveau pour lui, alors qu'eux baignent dans cette ambiance et ont des attentes démesurées.

Le mutant le plus inquiet, le père de Lucie, qui se nomme Damon Sky, est le seul qui ait vraiment à ronger son frein, et il finit par accorder aux autres qu'Atridès a besoin de s'acclimater et de comprendre leur parcours avant de devenir le chef de la résistance qu'il voit en lui.

Il finit par se retirer en emmenant sa fille, qui part à contrecœur et fait des signes au Théopolien jusqu'à ce qu'elle ne soit plus en ligne de vue. La suite se passe un peu mieux, mais principalement parce que le sujet de conversation change pour revenir à des thèmes plus communs.

On explique au jeune homme les différentes nourritures disponibles au château, le fonctionnement des horloges à aiguilles, et le rythme décalé de chacun pour assurer des services continus sur les endroits essentiels à la survie de tous, comme la serre, la salle des machines et le département occulte, où des des réfugiés Accadiens s'occupent visiblement de la sécurité magique du site.

Ca n'a pas l'air de te surprendre...

Si si, un peu quand même. Pas l'architecture ou l'organisation, ça, c'est presque comme chez moi. Il n'y a pas d'insectes ni d'animaux dans la serre. Ça, c'est étrange. La salle des machines est vraiment impressionnante, je n'avais jamais vu ça !
Et le département occulte, alors là... Il lève les mains en signe d'incompréhension complète.

Bah, on s'en balance, au fond. Moi, tu sais, tant que je suis bien payée...

Ah ? Je ne savais pas que vous étiez payés. Je voyais ça plus comme une communauté, où l'on est logé, nourris et blanchis en échange de son travail.

Dis, tu dois avoir eu plein de femmes, avec des yeux pareils. Et... le reste.

Non. Non, pas tant que ça... Si on ne compte pas les "professionnelles" pendant le service militaire, et celles où j'étais surtout motivé pour qu'elles m'offrent un repas chaud et un lit pour la nuit, à peine une vingtaine.
C'est une drôle de question...

Bon, je vais retourner faire ma ronde, moi. Je vous laisse.

La plupart des gens s'en retournent, sauf la fille-panthère et l'homme de roc, et bien entendu Ravee.

Après le départ des gens, Atridès prend ses marques et s'installe confortablement dans sa forêt intérieure. Ravee est toujours dans les environs, et sa compagnie est simple mais amusante. Il est souvent d'accord avec le jeune homme, et écoute ses opinions, ses histoires et ses théories avec attention et avidité. Lucie repasse fréquemment le voir, ainsi que quelques curieux, mais la plupart le laissent tranquille, car à l'évidence, le jeune théopolien tient à son intimité. Les jours qui suivent, il découvre des lieux jusque là inconnus : il y a diverses salles, dont celle d'entraînement, que ce soit au tir ou aux armes. On y trouve souvent le Poing qui s'entraîne. Le vieil homme a une énergie débordante, et dans ses yeux on peut lire une affection pour Atridès qui frôle le lien paternel, ou celui qu'on trouve entre un élève et un maître.

Bien entendu, vient un moment où un affrontement entre les deux hommes est proposé. Leurs talents à l'épée sont comparables, mais l'expérience du Poing et sa force physique sont sans égal, et Atridès sent pour la première fois depuis longtemps un véritable écart en sa défaveur : Même le nubien invulnérable d'Uhmlaba n'aurait pu lui résister bien longtemps dans un duel à l'épée, Mais le poing, lui, le peut clairement...

Haha ! jolie passe, l'ami, où donc as-tu appris ça ?

Haha ! Sûrement au même endroit que toi ! Sur les remparts de Lycopolis ! Si ça tombe, vu ton âge, mon sergent-instructeur était un de tes frères d'arme... Sacrée peau de vache, celui-là...
Les marches forcés avec nos sacs de vingt kilos avant même le levé du soleil, à avancer comme des cloportes, en courbant le dos... M'en souviendrais toujours !

Comme Atridès n'a pas à faire à un "fragile", il en profite pour s'amuser un peu. Plusieurs fois, alors que les lames sont bloquées, il tente de saisir le Poing pour l'amener au sol et continuer en luttant. Mais chaque fois, le Poing dévie sa lame, refusant l'affrontement pour laisser Atridès passer et le gratifier d'une tape du plat de l'épée avant de reprendre ses marques. Atridès ne se laisse pas toujours faire, cependant, et si le vieux Lycopolien est plus fort et plus rapide, il ne se bat pas forcément beaucoup mieux que lui. Mais il connaît maintes passes d'armes qui lui ouvrent l'esprit et lui donnent des idées originales.

Le pugilat s'engage plus tard, après une pause pour souffler et boire un peu d'eau. C'est là que le jeune homme réalise que sa force physique est hors normes : peu d'humains, jusque là, ont démontré de telles capacités sans pouvoirs surnaturels. Cet homme serait Hercule en personne, qu'Atridès ne serait pas surpris ! Mais vient une heure où même lui a besoin de souffler, et la discussion s'engage alors près de la fontaine.

Ha... Tu ne me ménage pas, et j'aime ça, gamin. J'aimerais le rencontrer, ton instructeur. Il a su t'apprendre l'épée, pour sûr.

Je me demandais... Connais-tu l'histoire de la fondation de Lycopolis ? J'imagine qu'il n'y a plus guère de loups, par là-bas, de nos jours ?

On m'a appris que le fondateur de la Cité a été élevé par une louve, avant de devenir un grand héros.
Et il reste des loups... Certains dans la ville, domestiqués. D'autres, sauvages, à l'extérieur. Mais on ne les tue pas. On les repousse juste quand ils approchent trop du bétail. Leur présence, c'est bon pour "l'image", m'a dit un jour un officier. Ça fait peur aux étrangers, des hommes qui cohabitent avec eux... C'était déjà comme ça a ton époque, non ?

Non. A mon époque, les hommes craignaient les loups. Cet animal était le symbole de la nuit, de l'unité, et on l'arborait pour montrer à quel point on peut être féroce et familial à la fois. J'ai toujours le médaillon du loup. En l'honneur de ma mère. Elle a eu beaucoup d'enfants, tous de féroces guerriers. Je crois être le dernier.

Ha ! "Pour l'image"... Le héros dont tu parles est sorti de nulle part. Il voulait se venger des hommes, sans savoir qu'il en était un aussi. Jusqu'à ce qu'il comprenne que certains hommes pouvaient être ralliés. Et puis sans qu'il s'en rende compte, les hommes l'avaient domestiqué.

Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire... Moi aussi, j'ai été élevé hors des hommes. Moi aussi, je les ai rejoins. Tu penses que j'ai été "domestiqué" ? Je suis toujours allé où je le voulais. J'ai essayé, et si ça ne m'allait pas, au revoir... Même l'armée.
A part aujourd'hui. Et encore, si je ne suis pas parti, c'est parce que je voulais rester pour voir comment ça se passe ici...

Je ne sais pas, jeune homme. Peut-être es-tu apprivoisé, mais je ne le crois pas. Tu n'es plus sauvage, ça, c'est certain. Mais on peut se civiliser sans se laisser apprivoiser. Il suffit de ne pas se plier aux exigences des autres sans réfléchir.

Bref. Tu comptes rester ici longtemps ? On s'y ennuie rapidement...

Pour l'instant, ça va. Les mutants sont très sympas avec moi ! J'essaye de mieux les connaître. Mais il me font un peu flipper... Ils ont l'air si désespérés, ils attendent tellement de moi, alors que... Enfin, tu vois ce que je veux dire, Poing.
... Enfin, non, peut-être pas.
Je les aime bien, je voudrais bien les aider, mais moi, je suis un soldat de Lycopolis. Et il me regardent comme si j'étais un Dieu omnipotent. Je ne veux pas les décevoir.

Je voudrais que vous m'expliquiez tout. Ce que vous avez déjà prévu, ce que vous savez... Je ne veux pas me planter lamentablement devant eux, tu comprends ? Alors, il me faudrait encore un peu de temps ici.

Oh, ne t'en fais donc pas pour tout ça. S'il y a bien une chose que l'on ne veut pas que tu deviennes, c'est bien un dieu omnipotent. Quant aux explications, tu as bien dû comprendre que nous sommes déjà en guerre depuis longtemps. On n'a pas besoin d'un poing si ce n'est pour frapper. Mais nos frappes sont précises, voire chirurgicales. Tout repose sur les prédictions de l'accadienne. Parfois, nous frappons un innocent, mais qui est appelé à devenir un pion ou un tyran. Mais ce que je préfère, c'est déjouer les plans d'un dieu trop puissant pour être abattu.

En vérité, je ne suis pas l'élément le plus important de notre lutte. Je suis l'instrument basique. Et pour les plans, il y en a tant en cours que je ne saurais t'en trouver un spécifique.

Non.

Par contre, je peux t'éduquer. Que sais-tu des dieux, en fait ?

'Faudra vraiment que je vois votre Oracle, si elle veut bien m'accorder un entretien en privé...

Et pour les Dieux... Il hausse les épaule. Pas grand chose. Ils sont immortels. Il y en a des sympas, d'autre beaucoup moins sympas.
Certains s'intéressent au humains, d'autres non. Ils ont de grands pouvoirs, mais ça varie selon le Dieu.
Ils aiment bien les offrandes...

Ah ! Et ils peuvent faire des enfants avec les mortels ! Il parait que l'un de mes parents était un Dieu.

Oui, mais comment les dieux naissent-ils ? Pas en faisant des enfants, ça je peux te le dire. Penses-y. Certains de nos dieux sont nés d'une côte, ou du cerveau même de Zeus.

Non, en fait, les dieux sont faits de la foi des hommes. Et plus d'hommes croient en eux, et plus puissants ils sont.

Heureusement, dans notre âge moderne, les Terriens ne sont plus très croyants, surtout en ce qui concerne les anciens dieux. Et leur dieu unique n'a pas d'influence directe, et pour une raison ou une autre, n'est jamais apparu.

Enfin bref... Tout ça pour dire qu'un dieu a besoin des hommes pour exister. La foi fait vraiment des miracles. Des miracles de forme divine.

Tu es sûr ? Parce que si c'est le cas, vous l'avez, votre victoire sur les Dieux !
Il suffit de leur dire que s'ils font chier, on arrête les offrandes et les prières. Hop, fini, au revoir !

Après, il suffit de négocier...

Ce serait bien si c'était possible. Mais à ce que j'ai compris, ce sera plus difficile. D'une part, parce qu'ils sont comme nous, ils ne veulent pas mourir. Et pour ce qui est de les menacer, ça ne marcherait pas. Les dieux du mal n'ont que peu de prières, et pourtant leur pouvoir est grand lui aussi : parce que la foi, ce n'est pas juste la dévotion et la prière. C'est aussi la crainte, la popularité, les contes, les légendes, les métaphores...

Notre tâche est monumentale. Mais nous pensons qu'en alliant un contrôle de la population, une modification des coutumes, des archives, etc nous pourrions les affaiblir assez pour qu'à la fin, en frappant directement dans leur face, ils puissent enfin tomber.

Mais moi, je ne serai peut-être pas celui-là. C'est ton destin.

Ah... Bah, ouais, mais...
C'est compliqué votre système, non ? Ça va faire mal... Contrôler les populations, modifier les coutumes... Je ne sais pas vraiment ce que vous mettez dedans, mais ça sonne mal à mes oreilles.

Je suis sûr que l'on peut parler avec les Dieux. J'aime bien me battre, mais plus pour m'amuser. Quand c'est sérieux, discuter c'est souvent moins fatiguant.

On ne sait pas ce qu'une simple menace pourrait provoquer chez eux, dans leurs discussions entre Dieux. Certains n'y croiront pas. D'autres si. Il pourrait y avoir des alliances, des discussions, des négociations entre eux. Certains pourraient nous rejoindre...
Ça foutrait le bordel chez eux, déjà. Cibler certains Dieux plutôt que d'autres pour en avantager un plutôt que l'autre.

Devenir les arbitres, en somme.


... Non ?

Je ne suis pas là pour argumenter, il faudra voir ça avec les autres membres du conseil. Ta méthode est peut-être la bonne, l'avenir le dira. Mais certains dieux doivent mourir, et ça c'est certain.

Ah... Et vous avez déjà votre liste ? Nikopol est dedans, j'imagine...

Malheureusement, non. Je suis surpris que tu le connaisse. Nous ne sommes pas pour les dieux esclavagistes. Mais si l'occasion vient, nous n'hésiterons pas à frapper. Nous nous concentrons sur les dieux des hommes. Théopolis, Akathla, Nugard, ce genre de choses. Dans un premier temps, nous frappons les cultes des dieux malins. Au moins, le public ne peut pas s'en plaindre.

D'ailleurs, nous cherchons encore une figure médiatique appropriée. Mais j'imagine que les explications scientifiques et les relations publiques, se montrer aux yeux de tous, ce n'est pas ton fort ?

Ce n'est pas le mien, en tous cas...

Pour Nikopol, c'est Ravee qui m'en a parlé...
Les explications scientifique, non, ce n'est pas mon truc. Parler aux gens, ça va... Les gens m'aiment bien, le plus souvent.

Non, vraiment, il va falloir que le conseil m'explique tout dans le détail ! Et aussi que je comprenne mieux un petit détail qui me dérange...
Mais vu que tu viens de Théopolis, je suis sûr que ça t'a dérangé aussi...

Le fait que tu sois peut-être un demi-dieu ? Je n'y crois pas.

Il y a ça, même si ce n'était pas de ça dont je parlais.
Et moi, j'y crois. Sinon, comment un gamin comme moi arriverait presque à tenir tête à un vétéran aussi incroyablement fort que toi ? Et en plus, je trompe la mort à chaque fois, donc...
Mais c'est vrai qu'être un demi-Dieu me mettrait le cul entre deux chaises, ici, non ?

...

Non, en fait, le problème, c'est Théopolis. Les Dieux, c'est normal, là-bas. Alors, c'est sûr, pas grand monde aime les prêtres, et on se plaint parfois des Divinités.
Mais au final, les gens les aiment bien. Ça fait partie de la culture.
Si tu faisait un vote sur l'agora, la majorité du peuple voudrait garder les Dieux. Et moi, aller contre le peuple, ça me met mal à l'aise...

J'ai eu ce genre de questionnement aussi. Mais nous ne forcerons personne, ça ne marcherait pas. Nous allons changer les gens, et ce sont eux qui ne voudront plus de dieux. Ça te paraît impossible, mais ça ne l'est pas. On me l'a assuré, comme on m'a assuré que ce ne serait pas vraiment mon travail. Tu sais, il parait que tu as le pouvoir d'achever un dieu, et ça ce n'est pas rien.

Ne t'en fais pas pour tout ça. Tout ce que nous voulons, c'est réussir à te montrer notre vérité. Tu choisiras ce que tu veux ensuite, mais si nous pouvions faire cela, nous ne partirions pas en guerre de suite. Le plan est fait de plans faits eux-mêmes de plans et de patience.

La plupart ne vivront pas pour en voir la fin. Mais toi, si.

C'est compliqué, tout ça... Mais puisque tu m'assures que j'aurais du temps, je pourrais me forger une opinion, voir venir, réfléchir à tout ça. En fait, j'aime bien les mutants qui sont ici et donc...

Attends... Tu as dis quoi ? Je peux achever un Dieu ? D'où tu sors ça ?


Eh bien je l'ai déduit. Tu n'es clairement pas assez fort pour en affronter un physiquement. En tous cas, pas encore. Et détruire un dieu est presque impossible, mais on m'a assuré qu'un jour tu pourrais le faire. Donc achever semble un terme approprié.

"On m'a assuré..." L'Accadienne ? Il faut que je la vois.

C'est elle le centre de tout, n'est-ce pas ? Elle peut nous recevoir dès maintenant, j'imagine...

Ne fais pas ça, fils. Cette femme... Cette femme n'en est plus une. Elle a un plan, et elle EST le plan. Je ne pense pas qu'elle te recevra, et c'est très bien comme ça. Elle ne parle jamais. Et si elle désire communiquer, elle le fait directement dans la tête des gens. Et pourtant, on ne comprend toujours pas.

En tous cas, je ne la comprends pas. Mais j'ai appris à lui faire confiance. Ne t'en fais pas, elle te recevra quand elle voudra.

Atridès, pourtant, a le sentiment qu'il y a plus à savoir sur cette femme ; et il ne peut s'empêcher de penser que le Poing n'a peur de rien, excepté elle. Le pourquoi reste vague, mais troublant.

Donc, c'est une femme qui n'est plus une femme. Qui dirige les fils du destin... Non, qui vous dirige. Qui voit le futur, qui choisit qui elle rencontre ou pas, à qui tu donnes toute ta confiance sans la comprendre.
Que tu aimes, respectes, et dont tu as un peu peur... C'est ce qui se rapproche le plus de la définition d'une Déesse.

Atridès a un petit sourire involontaire.

Je reviens sur ce que j'ai dit. Il faut que je la voie. Mais vite, et seul à seul.

Tu pourras lui dire que c'est important. Et que si elle refuse, j'en m'en irai.

Tu... ne reviens sur rien, donc. Ecoute, je le ferai. Mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée, et ... Eh bien, je t'aurai prévenu.

Tout de suite, donc. J'y vais. Et il se lève, ramasse ses affaires, et laisse le jeune homme.

Mais qu'est ce que je fous là ? Entre les mutants plutôt sympas, ceux qui suivent sans savoir pourquoi, ceux qui ont peur, ceux qui attendent beaucoup trop... Pfff...

Je ne sais même pas pas pourquoi je n'ai pas rappelé l'Ange pour partir d'ici.

Ah, si. Ravee et la gamine...

Atridès ressort son glaive. Et il fait quelques exercices. Machinalement.

Et Mia, elle est où ? J'espère qu'elle va bien et qu'elle ne fait pas plus de bêtises que moi...

Après le départ du poing, Atridès fait ses exercices un moment et puis, comme le Poing ne revient pas, il finit par se rendre aux salles d'eau avant de réaliser qu'il a faim ; il sait où se trouve la cantine, et tombe sur l'heure du déjeuner de la petite Lucie Sky, qui lui fait alors de grands signes de la main, bien qu'ils soient quasiment seuls avec le personnel de la pièce des hommes et femmes en tablier blanc, portant à la fois un chapeau de papier et un air monotone sur le visage.

Eh, Atridès ! Je suis là aussi ! C'est super !

Salut Lucie ! Je suis content que tu sois là, je n'aime pas manger seul...
En plus, tu vas pouvoir me conseiller des plats !

Je peux venir m'installer à ta table ?

Bien sur ! Tu as pensé à travailler le métal, il paraît ? On a plein de trucs super pour ça, ici. J'ai même une pièce à moi, et une forge à l'ancienne, et des machines d'usinage, et plein de trucs. Je n'aurais jamais cru dire ça, mais c'est toute ma vie, maintenant. On a un super département de recherche, c'est super. Et ils me demandent tous des trucs tout le temps et tout. Et il y a les mineurs. Et des tas de choses super.

Alors si tu veux fabriquer un truc, je serais in-dis-pen-sable ! C'est super, non ?

C'est une excellente idée ! Je sais un peu me servir d'une forge, mais avoir l'aide d'une experte comme toi, ça ne se refuse pas ! Merci beaucoup...

En fait, je pensais me forger un bouclier. Chez moi, c'est l'arme principale, mais je n'en ai pas. J'ai un glaive, dit-il en montrant la lame à son côté, mais pas son indispensable grand frère.

Pourtant, en y réfléchissant, je me demande si c'est une bonne idée. C'est encombrant, et ça ne passe pas inaperçu. Personne n'a ça, dans vos mondes. Les gens vont encore me regarder bizarrement si je me trimballe avec un "hóplon" accroché dans le dos...

Mon père dit toujours que nos yeux doivent voir les liens avant de voir les différences entre les gens. Si tu veux un hop-long, peu importe l'avis des autres ! C'est quoi, un hop-long ?

Il a raison, ton père...  Mais quand même, entrer avec un bouclier dans une cité libre et en paix, c'est mal vu...
Alors, un hóplon, c'est un bouclier en forme de disque. Avec un symbole sur l'avant, pour montrer de quelle section on fait parti. Un peu plus d'un mètre de diamètre. Le contour est en métal, pour frapper avec, mais le centre est en bois, sinon, ce serait trop lourd pour les marches et les manœuvres... Alors, il y a évidemment les lanières pour... Un moment de réflexion.

Attends, je vais te montrer !

Tu as du papier, une plume et un encrier ? Je vais te dessiner ça !

Tu es un artiste ? On peut pas utiliser un pad, plutôt ? Ou plutôt, viens, on va manger chez moi, y'a tout ce qu'il faut pour faire des plans.

Ça me va, je te suis ! Mais qu'est-ce que c'est qu'un pad ? Bah, je verrai bien...

Atridès comprend ensuite : l'atelier jouxte la salle de Lucie, qui est un mélange de poste de conception et un endroit où jouer. Sauf que les jouets de l'enfant brillent ou son composés de lumière, qu'elle peint l'air lui-même avec des gestes des mains.

En parlant (sans discontinuer), elle reprend la descriptions d'Atridès et dans l'air apparait l'illusion de ce qu'il décrit. Elle change une portion en bois, une autre en métal, juste en agitant les mains. En quelques minutes, une représentation assez fidèle de ce qu'il désire flotte sous ses yeux.

C'est exactement ça que j'avais en tête ! C'est super, Lucie ! , dit-il en approchant son doigt de l'illusion, comme un gamin cherchant le "truc" dans un tour de magie. Le doigt passe au travers de la lumière qui compose cette chose. Lucie essaie d'expliquer comment fonctionne chaque chose, mais les mots de sa réponse sont autant de nouvelles questions. Il s'agirait de projecteurs holographiques. Qui font des illusions de lumière dans l'air.


J'utilise ça pour pré visualiser mes projets. Mais ton truc, c'est vieillot, quand même. On doit pouvoir faire mieux, plus résistant, et même y mettre des fonctionnalités autres.  On pourrait même t'en faire un fait d'un champ de force, ça ne prendrait que la taille d'un poignet. Ce serait plus discret, tu avais envie de faire dans le discret...

Oui, je ne sais pas trop ce qu'est un champ de force, mais si tu dis que c'est bien, je te crois. On pourrait faire ça !

Mais quand même... J'aime avoir du solide dans les mains. Une bonne épaisseur de métal entre moi et les coups. J'imagine que tes champs de force, c'est comme tes illusions, ça marche... Mais ça n'existe pas vraiment.
On peut faire les deux en même temps ?

Et puis, pour la discrétion... Le truc, c'est que je voudrais ne pas avoir de problèmes quand je rentre dans une Cité, que ce soit peu impressionnant. Mais si je sors mes armes, je veux que ça se voit, et que les ennemis sachent qu'ils ont du soucis à se faire !

J'ai vu une porte, ici, qui se déploie en tournant. Elle ne prend pas de place, puis elle remplit tout l'espace. Atridès parle du sas de pressurisation en "iris". Ça serait possible, ça ?

Je sais, je suis un garçon compliqué, et un peu antinomique.



Wow, tu connais tellement de mots, c'est super.

"Antinomique", c'est un mot qui viens de chez moi, alors, c'est facile.
Les mots qui viennent de chez toi, j'ai plus de mal...


Mais on va trouver l'objet parfait. On pourrait faire un objet qui irait de ton épaule à ton coude, qui se déroulerait pour former un rond. Mais la structure perdrait en solidité ce qu'elle gagnerait en utilité.

Un champ de force, c'est ce qu'on a de plus résistant en termes de résistance aux énergies, donc aux armes à feu standard. Ça arrête les objets solides en dispersant leur vélocité, donc c'est différent. Mais ça utilise une batterie, qu'il faudra recharger de temps à autres.

Après, on peut juste faire un gros objet de structure simple. Ça arrêterait n'importe quoi, mais ça serait lourd. Et impossible à ranger.

Tout est faisable, mais tout a une contrepartie.

Euhhh... Oui. Je ne comprends rien de ce que tu racontes, mais j'ai confiance en toi. Je suis sûr que ce sera parfait.
Par contre, si je dois me mesurer à des Dieux, on ne peut pas se permettre de perdre en solidité. Ils tapent fort, et c'est ce hóplon qui va prendre leurs coups ! Tant pis pour la discrétion... En plus, si c'est gros, on peut mettre dedans les objets qui stockent l'énergie pour la Force qui arrête les armes à feu.

Et je veux forger avec toi !

Ça tombe bien, je vais avoir besoin d'un forgeron "à l'ancienne". Mais tu comptes t'arrêter à un bouclier ? Ou ça va dans un ensemble ? Tu veux pas des trucs, genre, des boussoles et des gps avec jetpack et tout ça intégrés dedans ? Comme... une armure ? Avec des trucs pour voler.

Euhhh... Évidemment, pas mal de mots échappent à Atridès.
Mais il sait reconnaître quelqu'un de beaucoup trop enthousiaste. Comme une tornade. Les gens trop enthousiastes, c'est comme les tornades, il faut les calmer gentiment. Sinon, ça part dans tout les sens et ça devient dangereux.
Malgré tout, voler...

Oui, me déplacer comme un oiseau, comme Icare ! Ce serait génial ! Si ça marche mieux que pour Icare...
Mais commençons par le hóplon ! On verra après pour les autres trucs, n'est-ce pas, Lucie ?

Oui, bien entendu. Il faut que tu voies comment on va faire...

Lucie prend un temps pour montrer à Atridès en faisant des dessins dans l'air (des holos). Elle pense lui faire un bouclier massif, et intégrer au métal un autre composé, mais seul un vieux forgeron peut faire ça. Elle parle d'une sorte de métal d'étoiles. Seulement, ce genre d'objet, une fois fait, est très difficile à défaire, et très cher. Elle veut donc s'assurer que ce soit le bon choix.

...et voilà pourquoi je pense qu'on devrait faire une plaque épaisse et lourde, mais y caser un de ces "machins qui enlèvent du poids" et un système de champ de force.

Oui, ça me semble bien. Et pour ton métal d'étoile, je pense que je peux m'en sortir. Il faudra tester les alliages, les température de chauffe et la trempe sur de petites quantités, bien sûr, mais ça ira !
J'ai déjà travaillé du métal des étoiles, tu sais ? En fait, il n'a travaillé que de simples météorites contenant un alliage naturel fer-nickel. Mais à Théopolis, c'est déjà un honneur. Surtout pour quelqu'un qui n'est pas maître-forgeron.

Wow. Ca va être su-per. J'avais un feeling qu'on allait s'amuser. On doit juste se mettre d'accord sur la forme et la taille. Tu décris, et je fais les ajustements. ensuite on fera un moule.

D'accord, je sais faire les moules en argile.
Alors, le plus important pour un bouclier de hoplite, c'est la courbure. C'est ça qui permet de dévier les coups sans que la structure soit mise en danger. Il faut que les attaques "glissent". Pas trop courbé, pas trop peu... La taille, c'est 1m10 de diamètre, et la forme, c'est un simple disque légèrement bombé.

Une fois qu'il sera forgé, je... Si tu veux bien, j'aimerais que tu aies l'honneur de choisir le symbole qui sera peint dessus. C'est très personnel si l'on n'appartient plus à une phalange, mais vu tout le travail que tu as fait pour moi, c'est la moindre des chose !

Atridès décrit les détails. Les attaches qui doivent permettent une bonne prise en main au combat, mais aussi une fixation "en sac à dos" pour les marches. Les bords en un métal différent du centre. Les rebords, c'est pour frapper. Il se doit d'être tranchant. Le centre, c'est pour résister et repousser.
Il passe un peu de temps pour déterminer où se trouve le truc qui active le champ de force. Il doit être accessible par la main qui tient le bouclier, mais ne doit pas être déclenché par mégarde.
"Ce qui enlève du poids", après avoir compris que c'est un élément plutôt fragile, Atridès suggère de le mettre vers le bas. Les coups viennent plus rarement de là.

Je n'aurais jamais cru rencontrer une maitresse-forgeronne de ton âge. Et qui soit une fille... C'est incroyable ! Ton père doit être très fier de toi !

Oui, il l'est. Il dit que mon don n'aurait jamais trouvé meilleur usage ailleurs. On fabrique des trucs de dingue ici, tu sais ? Des technologies meilleures que celles de la Fédération. Bon, en petit nombre, mais quand même.

Alors, le synthétiseur de moule...

Avec admiration et horreur, la demoiselle démontre comment le moule se fait seul grâce au dessin holo. Lucie explique qu'autour, les machines taillent le métal au laser, et qu'en fait, ils n'ont que deux choses à faire : fondre le métal avec son matériau spécial, et venir le couler ici.

On fera ça demain, si tu veux bien. Le temps de recevoir les matériaux du stock.

Dans l'heure suivante, le Poing revient, porteur de nouvelles :

Eh bien, Atridès, elle m'a dit : Je le verrai le jour de Noël.

Ah ! Parfait ! Merci, Poing, de lui avoir posé la question pour moi...

Attends... C'est quand, le jour de Noël ? Bientôt ?

C'est le 25 décembre. Nous sommes le 28 octobre. Il reste 58 jours. Mais au moins, tu as une date...

Quoi ?!? 58 jours sans avoir un simple quart d'heure pour me parler ? ... Elle se fout de ma gueule.

Bon, il y a plein de personnes que j'aime bien ici, donc je ne vais pas partir comme un voleur. Je vais sûrement rester encore quelques jours.
Mais à Noël, je serai loin d'ici. Rester comme un planton à attendre que son excellence l'Intuition daigne se sortir les doigts du cul, très peu pour moi ! Connasse.


Tu n'as qu'à revenir pour Noël. C'est une tradition Terrestre, mais c'est intéressant. Tout le monde doit rapporter des cadeaux, qui sont emballés dans du papier de couleur. Un jour de festin.

Mais l'Intuition me dit aussi que finalement, le devoir m'appelle. Du grabuge sur Zinco. Se reverra-t-on, Atridès de Lycopolis ? Serons-nous alliés ?

Moi, je veux bien revenir, mais ça va être compliqué sans savoir où l'on est, et sans vaisseau des étoiles...
Et si on sera alliés, eh bien, je n'en sais rien. Je t'aime bien, Poing, mais j'évite de m'engager dans des trucs de cette ampleur sans bien comprendre où je mets les pieds.
Et ça, c'est l'Intuition qui m'expliquera. Ça dépendra d'elle...


Ecoute, si elle fait quelque chose ou si elle décale un rendez-vous, il y a toujours une raison.

Tu ne voudrais pas venir avec moi ? Tu verrais ce que je fais. A moins que tu ne préfères rester pour la petite fille. Elle est un peu jeune, tu le sais ?

Hé ! J'avoue que j'aime bien les femmes, mais je ne touche pas aux gamines ! Tu me prends pour qui ? C'est simplement qu'elle est sympa, naturelle, et qu'elle est forgeronne...

Et aller avec toi... Pourquoi pas ? C'est joli, Zinco ? Il y a quoi a y faire ?
Mais justement, on fabrique un hoplon avec Lucie. Je ne vais pas pouvoir partir avant demain soir...

Non, j'imagine que c'est très bien que tu restes ici. Le reste du conseil te verra bientôt, je te demande juste de ne pas partir avant cela. Ils préparent des propositions pour la suite, écoute-les pour moi, s'il te plaît. Et sinon, bonne route. Mais "Ne pars jamais à l'aventure sans ton cheval et ton couteau".  L'adage a raison.

Au revoir, Atridès.

Au revoir, Poing. , dit-il en lui saisissant le poignet. Un salut de soldat.
Je resterai ici pour travailler avec Lucie, et j'attendrai le conseil. S'ils n'abusent pas sur les délais !

En tout cas, fais attention à toi. Que les Dieux soient... Euh... Bonne chance, je voulais dire...

Ainsi Atridès passa-t-il quelques jours sur Démopolis à façonner un bouclier potable avec Lucie. Toute la partie manuelle repose finalement sur la capacité d'Atridès à incorporer dans le métal les éléments étranges que la jeune fille lui soumet. La "poudre d'étoiles", comme elle vient à l'appeler, est une chose marron des plus étranges, et son poids est très trompeur par rapport à la quantité.

C'est donc une entreprise assez complexe de le répartir dans des métaux que, de plus, l'adolescent n'a en fait jamais travaillé.

Mais il ne se laisse pas avoir par les difficultés. Lucie met ses connaissances à parti ; elle explique qu'un peuple appelé "japonais" a apporté quelques innovations il y a longtemps à l'art de la forge ; Alors Atridès mèle trois métaux pour les rendre à la fois souples et durs. Il fait plusieurs plis aux couches de métal, frappe au marteau parce que bon, le frappeur automatique fait un joli travail, mais pas maîtrisé.

Et quand il amène le métal chaud jusqu'au moule, l'aspect gratifiant de la réalisation lui est presque enlevé. Les machines se chargent des détails restants. Refroidir le métal, affiner la coupe, polir.

Toutefois, le résultat est beau. Mais il est impossible à soulever ! Heureusement, La petite Lucie ajoute ses gadgets, et Atridès finit de préparer les sangles.

A la fin, le Théopolien se retrouve avec un bouclier trop léger, mais il est possible de faire des réglages. Le motif sur le devant est une simple étoile à cinq branches, blanches sur le métal sombre.


Alors maintenant, on va euh... bon, on va prendre une empreinte génétique. Ca veut dire qu'on va donner un peu de ton sang à ton bouclier, et il n'y aura que toi qui pourra le soulever. Qu'est-ce que tu en penses ?

C'est une bonne idée ! Mais... Si je tombe au combat, eh bien... J'aimerai que ceux qui se battent à mes côté puisse le récupérer !
On peut faire en sorte que mes amis puissent aussi le soulever ? Toi, en premier lieu. Et peut-être d'autres, plus tard...
En tout cas, Atridès a déjà sorti son glaive, puis sert la lame de sa main gauche. Le sang coule, et pas qu'un peu !
Évidemment, il donne ensuite son sang au bouclier : il le laisse couler comme une offrande sur sa surface.

Ah ! Mais qu'est-ce que tu fais ! Ca va pas ? Merde merde merde, une bande, vite !

Non, non, laisse ! Il faut une belle offrande pour que ce hoplon devienne puissant. Et ça ne va pas me tuer...
Je nettoierai après si tu veux.


Mais il ne me fallait qu'une goutte de sang, et on doit l'insérer dans le petit truc là, pas sur tout le bouclier !

Et malgré ses réticences, la petite sort des bandages et entreprend de soigner le jeune homme. Puis elle récupère un peu du sang, et l'insère dans l'appareil étrange au dos de l'objet.

Voilà... Tu es vraiment bizarre, quand même. Moi, si je guérissais vite, je ne me blesserais pas exprès pour autant ! Tu ne sens pas la douleur ?

Mais !? Je ne savais pas qu'il fallait une seule goutte de sang d'offrande !

... Et si, je sens la douleur, mais... C'est un très bel objet. Il mérite un peu de douleur.
C'est lui qui va me protéger. C'est lui qui va prendre la douleur à ma place, à la place de mes frères. Alors... Il le mérite.

L'enfant semble y penser tandis qu'elle bande la main ensanglantée.

Tu n'as jamais fait parti d'une phalange. Tu ne peux pas comprendre ce qu'un bouclier représente. Ce ne n'est pas que pour soi.
C'est aussi pour l'ami à sa droite, et celui à sa gauche.

les sourcils de Lucie se froncent sous le coup de l'incompréhension.

Je suis un solitaire, mais quand l'ennemi est en face, il faut serrer les boucliers avec ses frères. Sinon, c'est fini.
Quand l’ennemi n'est pas là, amuse-toi et profite de ta vie...

Alors, fais ce que tu peux pour ne pas avoir d'ennemi.

En tous cas, s'il te plaît ne fais plus ça, je supporte pas la vue du sang.

Il fallait me le dire avant, je ne l'aurais pas fait devant toi, Lucie. Désolé. Je ne le referai plus.

Alors, on doit faire quoi, après ?

La jeune fille se remet les idées en place, regarde à droite et à gauche, et sort quelques pièces métalliques d'une caisse.

On va juste percer ici et là. Et puis insérer les dispositifs. Poser les fermoirs et les sangles. Et tu pourras aller l'essayer. Les bords sont très coupants, comme tu l'as demandé. Ils ont été aiguisés au laser...

...

En gros, avec de la lumière. C'est ce qu'on a de mieux pour rendre une arête tranchante.  

Le travail terminé, Atridès réalise que le regard de l'enfant sur lui a changé pendant cet échange. L'un comme l'autre sentent le malaise, et des silences maladroits commencent à s'installer. Heureusement, il est tard, et très rapidement, elle part se coucher, laissant Atridès et son nouveau bouclier faire connaissance.

Atridès décide de retourner vers sa "chambre", lui aussi. Enfin, vers la serre... Ce n'est que là-bas qu'il commence à tester un peu son arme.
Il pense un moment a frapper un arbre avec le bord du hoplon pour juger de son tranchant, mais se ravise. Il ne sait pas lequel d'entre peut être abattu pour permettre aux autres de pousser, et Ravee ne serait pas ravi qu'il fasse du mal à ses protégés.
Aussi, il mime quelques manœuvres pour sentir la prise en main, et essaye le "champ de force". Voir ce que ça fait. Il active le bouton tournant que lui a montré Lucie. Un halo bleuté entoure maintenant le bouclier. S'il le pousse vers la droite, le halo dépasse de vingt centimètres de chaque côté du bouclier. S'il est plutôt vers la gauche, le halo est plus coloré mais ne couvre plus que l'objet.

Puis il tente de manier le bouclier sans l'aide du "truc qui fait flotter". Son bras est alors entraîné violemment vers le sol, et il doit retirer l'objet avant de réactiver l'appareil. Ce truc pèse des tonnes !

Puis il va se coucher dans les branches de son chêne. Assez content de sa journée

Atridès rejoint Morphée, et rêve de chiens, de chats, de fillettes qui jouent autour de lui dans la forêt de ses mamans. Leurs présences en est un peu agaçante alors qu'il se repose, bien sûr, mais normale. Au final, il s'y habitue.
Après tout, lui aussi courrait partout en hurlant quand il était gamin. Et personne ne disait rien...

Il se retourne dans son lit de mousse onirique, pour tomber nez à nez avec son bouclier. Qu'est ce qu'il fait là ? Inutile dans les bois...

C'est ce qu'il se dit alors qu'il sent que son médaillon commence à chauffer. En fait, il commence à lui brûler la peau...

Il se relève sur les coudes, et la voix encore pâteuse :

Ah mais non, quoi encore ? Entre la marmaille et les animaux, pas besoin de plus... Je peux me reposer à un moment, non ? Atridès prend son pendentif et le retire. En regardant tout de même vaguement ce qui se passe. Mais dans sa main, le médaillon n'est plus que tiède, et il reprend bientôt sa tiédeur coutumière.

Hasard ou non, à cet instant, une alarme se met à retentir par intermittences. Un son puissant, qui emplit certainement chacune des immenses pièces de la bâtisse ; il se passe quelque chose !

Mais... ? Atridès, qui a tout de même l'habitude de réagir aux signaux de branle-bas de combat, se laisse glisser de sa branche, enfile son bouclier au bras, et sort son glaive.

Il se met à courir à petite foulée vers l'entrée de la serre, afin d'atteindre le premier sas. Sur sa route, il croise Ravee, mais celui-ci dort à même le sol, Et on peut voir des branches se déplacer doucement pour s'enrouler autour du grand bonhomme masqué.

Eh ! Ravee ! Putain, c'est l'appel aux armes ! Tu vas te faire engueuler par l'officier ! Merde, grouille ! Atridès s'apprête à lui envoyer un bon coup de pied dans les côtes pour le réveiller, mais se ravise. Sûrement parce qu'il commence à se remettre les idées en place. Il n'est pas sur les murailles de Lycopolis, il n'est plus soldat, Ravee n'est pas son frère d'arme, il n'a pas d'ordre à donner et encore moins de coups de pied.

Néanmoins, il connait le genre de terribles sanctions infligées pour un garde qui s'endort en service, et il ne veut pas que Ravee les subisse. Aussi le jeune théopolien décide de le secouer un peu. Du pied, vu que ses mains sont occupées. Mais le géant reste endormi, et les lianes et les branches forment rapidement un entrelacs tel qu'il sera bientôt impossible de les démêler sans un outil approprié.

Même une personne au sommeil lourd se serait réveillée, c'est certain. Ravee doit être possédé. Une magie inconnue règne ici.

Atridès s'arrête quelques secondes pour réfléchir à la meilleure attitude à adopter.
Il n'y connait rien en sorcellerie, il ne peut donc pas espérer réveiller Ravee. Et même s'il avait un moyen de le sortir de l'emprise d'Hypnos, avec ces entraves, ça prendrait un temps fou de le libérer... Alors que la Cité est certainement attaquée.

Eh merde... Désolé, Ravee.

Le théopolien continue son chemin, toujours à petite foulée, hoplon dressé et glaive en main, comme le sergent-instructeur "peau-de-vache" lui a appris : la "marche d'intervention". Un bon rythme pour se déplacer rapidement, mais permettant également de ne pas arriver épuisé face à l'ennemi.

Avançant rapidement par intermittence, Atridès se retrouve au niveau de l'escalier. Un regard furtif, personne en vue. Il gravit les marches ; dans le couloir extérieur, il voit la fille-chat (on dirait qu'il est poursuivi par les filles-chat, décidément). Elle dort elle aussi, lovée sur elle-même.

C'est au moment où il se demande quoi faire que la voix retentit. Il met un moment avant de réaliser qu'elle vient de l'intérieur de sa tête.

Le bâtiment est attaqué. Si vous êtes encore conscients, signalez-vous en pensant très fort votre nom. Vous n'êtes pas seul, mais nous devons rapidement nous réorganiser.

Atridès !

En tout cas, il continue d'avancer. Quand l'ennemi attaque, c'est souvent par la porte. Aussi, il se dirige vers l'entrée, là où il est arrivé avec l'Ange.

L'intuition va te guider, mon enfant. Les cartes avaient tort : nous allons devoir nous rencontrer plus tôt que prévu. Nous ne sommes que peu à avoir échappé à l'influence ennemie, mais nous pouvons encore mettre en place nos défenses. La main se dirige vers toi pour te porter assistance. Je monte aux étages supérieurs pour tenter de réveiller le département occulte.

Pendant ce temps Atridès a pu arriver dans les couloirs intermédiaires et croiser plusieurs mutants, dont le père de Lucie, assoupis à l'improviste. Certains étaient attablés, d'autres devaient marcher ; certains se sont probablement fait mal au passage, mais cela n'a pas semblé suffisant pour les réveiller.

Je vais vers le hangar des vaisseaux des étoiles. Qui attaque, et avec quoi ? Ils sont où ? , pense très fort Atridès en continuant d'avancer vers son objectif actuel.

Je ne sais pas : ils sont probablement bien équipés, car leurs pensées sont indétectables. Je me demande s'ils ont pénétré le bâtiment ou pas.

ATRIDES ! Dit la main en arrivant au pas de course. OU SONT CES BÂTARDS, QUE JE LEUR ARRACHE LA GORGE ?

Bah, j'en sais rien, moi... Et l'Intuition non plus. Je me suis dit qu'ils ont dû entrer par le le hangar, comme moi. Donc, j'allais voir.

Bonne idée. Je vais leur faire passer l'envie de nous casser les couilles, à ces .... quelques injures inédites plus tard... Mais tu n'es pas armé plus que ça ? Tu ne voudrais pas une arme à feu, plutôt ?

Sans cesser d'avancer :

Je veux bien une de vos armes à distance au cas où, mais je ne sais pas m'en servir. Je n'en ai jamais touché une.
Et le moment ne me parait pas adapté pour apprendre.

Par contre, je devrais pouvoir bloquer leurs tirs avec mon bouclier, et si j'arrive au contact, alors là... Ça va leur faire tout drôle !
Je suis sûr qu'ils n'ont jamais été entraînés au combat à courte distance. Pas comme un hoplite, du moins...
Petit sourire méchant.

Les deux nouveaux compagnons d'arme avancent, chacun à leur façon. La main a tendance à faire quelques enjambées, pose son dos à couvert près d'un coin, et jette furtivement un regard avant de se poser l'arme tenue des deux mains, visant un ennemi imaginaire.

Car aucun ennemi n'est découvert durant leur investigation. Au bout d'un temps, l'alarme cesse ; eux continuent l'exploration : la fameuse garde invulnérable est endormie près de la porte, qui n'a ni pu être ni été forcée. Comme l'endroit est dépourvu de fenêtres, peu d'endroits sont à couvrir.

Et une demi heure plus tard, les gens commencent à peu près tous en même temps à s'éveiller.

Merci, messieurs. La situation est de nouveau calme. L'équipe technique a revu leurs relevés. Un vaisseau furtif est passé à quelques miles à peine de nous après l'assaut initial, mais ne s'est pas arrêté. L'équipe du département occulte a concocté une défense qui, nous l'espérons, nous réveillera dès qu'une attaque similaire se reproduira.

Rha... Ces saletés. Ce n'est pas une manière de faire la guerre !

Ne vous en faîtes pas, main. Vous et Atridès avez été très utiles. Nous devions savoir si quelqu'un avait pénétré ici, et vous avez pu nous confirmer que non. Bon travail.

Non, mais attends... Ils sont tous complétements cons ici... Pense Atridès sans contrôler le fait qu'il soit en communication mentale. Personne ne lance une attaque qui met hors de combat plus des trois-quart d'une garnison pour ensuite repartir comme ça. Ce serait dévoiler une stratégie basé sur la surprise sans en tirer profit. Il y a forcément un coup fourré. Même un gamin de cinq ans pourr... Oh, merde.
Désolé. Je crois qu'il faudrait rester vigilant, Intuition. 'Fin, vous savez ce que je pense.

Oui, mais tu n'as pas tort. Il semble que quelqu'un nous ait repérés et ils ont décidé d'enquêter avant d'attaquer. Ou de nous contacter. Qui sait ?

Ce qui est certain, c'est que notre place forte a été découverte. Je ne sais pas par qui, mais ce n'est pas une personne ordinaire. Tu vas devoir partir, Atridès de Lycopolis.

C'est pas vrai... Elle essaye encore de m'esquiver, la jolie petite blonde ! Elle a peur de moi où qu...

Eeeeh meeeeerde, je me suis encore fait avoir !

Désolé, Intuition. Mais je voudrais parler avec vous avant de partir. On a le temps ?
J'ai une information que vous n'avez pas encore et que je ne vous donnerai qu'en face à face. Mon médaillon qui a chauffé avant l'attaque.

...

Eh merde. Pfffff....

J'en ai marre.

Tes conventions sociales ne me touchent pas. Je sais qu'il est flatteur dans ton pays de trouver une femme jolie, et j'en prends note. Mais je n'ai pas de sentiments tels que tu peux les ressentir.

Main, guidez donc ce jeune homme en salle de réunion, s'il vous plaît. Je vais le recevoir.

Elle ne prévoit pas un événement... Elle change d'avis... Elle est bien étrange, en ce moment... Allez, on y va, gamin. J'aime bien ton style, c'est dommage de ne pas avoir pu nous battre ensemble.

Ouais, bah, moi je n'en suis pas fâché... Une bataille évitée, c'est une bonne bataille. Pas de morts, pas de blessés qui agonisent, pas de mères et de sœurs qui pleurent, ça me va parfaitement.
Il arrivera bien assez vite, ton combat à mes côté, vu comme le vent tourne. On ne peut jamais être tranquille. Soupir.

C'est où, la salle de réunion ? Celle où vous m'avez reçu au début ?

... En tout cas, je ne suis pas officier ici, mais si je l'étais, je doublerais la garde pour un bout de temps, j'ordonnerais une fouille minutieuse de la Cité, et je lancerais des éclaireurs pour suivre et identifier les assaillants.

Oh, je suis certain que la procédure est déjà lancée. Et oui, c'est bien cette salle. Je t'accompagne malgré tout, parce que comme tu le dis, l'attaque avait peut-être pour but de retourner l'un des nôtres contre nous ou un truc du genre. Saletés de magiciens...

Après quelques minutes de marche, les voilà dans la salle à la grande table. Cette fois, au centre du "U", deux sièges face-à-face sont disposés, et l'Intuition y est assise, son sourire immuable sur le visage. Elle ressemble presque à un automate, avec ses machines réparties partout sur son costume. Elle regarde le Terrien, et..

Très bien. Je vous laisse.

Puis elle regarde Atridès, lui fait signe de la main pour qu'il s'asseye, et puis semble attendre en le regardant droit dans les yeux, sans changer d'expression.

Il s'assoit, l'air pas plus impressionné que ça.

Bon, ce n'est pas trop tôt. Je sais que c'est toi qui dirige, ici, Intui...
Non, Intuition, j'aime pas... C'est quoi ton vrai prénom ? Si tu ne me le donne pas, j'en choisirai un.
Qu'il te plaise ou non.

Elle continue de sourire, et acquiesce de la tête.


...

Très bien.

Désormais, pour moi, tu es Agathà. C'est un prénom de chez moi. Et il est joli, je trouve.

Donc, Agathà... Ce que je voulais savoir, c'est ce qui a créé la première étincelle de votre mouvement. C'est toujours par le début qu'il faut commencer, non ? Et, s'il te plaît, j'aimerai entendre ta voix.

Elle prend son index gauche entre les doigts de sa main droite, et fait tourner une sorte de bague sur son gantelet. l'index se met à luire. Elle écrit alors dans un Théopolien acceptable : "Je suis muette. Accepte-le."

Bon, si tu es muette, ça va être difficile de l'entendre de ta voix...
Tu peux faire ça par écrit ou par la pensée, comme tu veux.

Que voulais tu me dire ? Nous avons bien des choses à faire. Ce rendez-vous ne peut pas durer éternellement.

Comme je te le disais il y a une minute, je voulais connaître la genèse de votre mouvement.

Très bien. Mon peuple a vécu sous l'influence d'un dieu. Quand elle nous a quittés, elle avait laissé tout ce qu'il fallait pour que nous suivions la voie qu'elle avait tracée. Moi-même, je suis l'Archiviste. Je prédis l'avenir, je réunis les prédictions des autres médiums. Et je choisis lequel sera le meilleur.

Maintenant, l'humanité n'est plus uniquement le peuple Accadien. Et je sais ce qu'il faut pour que l'humanité survive, et évolue dans le bon sens. Ce mouvement est là pour prouver ces théories, et agir pour que certaines ne se réalisent jamais. Alors j'ai trouvé et réuni les opprimés et les puissants en un lieu unique, pour en faire une force capable, à terme, de faire bouger les choses. C'est tout ce qu'il y a à savoir.

Ah.

Et c'est quoi tes théories ? Qu'est ce qu'il faut pour que l'humanité survive ? Et aussi, quel rapport avec votre inimitié pour les Dieux ?

Et surtout... Qu'est ce que je viens faire dans tout ça ?

Bien. A mesure que nous parlons, on me signale tout ce que je dois superviser, et vraiment, cet entretien devra bientôt être abrégé.

Mais pour répondre à ces questions, tu dois d'abord apprendre des choses sur toi, sur ce que tu es, et sur ce que tu peux être.

Tu es issu des dieux. Tu es issu des hommes. Et tu es une source immortelle. Ton influence potentielle est immense.

En tant qu'homme, tu disposes du libre-arbitre que les dieux n'ont pas.

En tant que divin, tu disposes d'un lien avec les dieux dont nul autre ne peut profiter.

Et en tant que source stellaire, tu influes sur les probabilités. Aucun dieu, aucun prophète ne peut prédire ton avenir réel, et ce depuis que tu es tout petit. Et pourtant, durant la période précédent l'acquisition de ce pouvoir, des prédictions te concernant ont été faîtes.

Depuis, ce n'est plus possible.

Maintenant que tu as ces éléments en ta possession, tu dois comprendre que l'avenir de l'humanité, sans éléments extérieurs comme ces sources de pouvoir, est très sombre. Sans vous, l'humanité ne résisterait ni à ses ennemis, ni à elle-même. Il faut prévenir cela. Mais le souci, avec les prédictions, c'est que si les gens les apprennent, elles peuvent parfois diverger. Surtout si l'on est, comme toi, aussi particulier.

C'est pourquoi nous, les Archivistes, les prédicateurs, les médiums, devons ne vous en alerter que dans certains cas. Et c'est pourquoi je ne répondrai pas à ces questions. Je comprends que ce soit terrible, mais tu dois vivre dans le présent, et forger ton avenir au fur et à mesure. S’inquiéter de ce qu'il faut faire, c'est mon travail.

Grâce à la télépathie, aucun concept n'est flou ou incompréhensible.

Oh... Je... C'est... Intéressant.
J'ai encore plein de questions, mais puisqu'il faut faire vite, je vais en garder une seule. Non, deux.
Pourquoi avez-vous un problème avec les Dieux ? Et c'est quoi une Source, pour toi ?


Pour ce qui est de ta seconde question, c'est compliqué, mais je résumerais ça ainsi : Les sources sont un outil qui permet d'influer sur le destin. C'est... L'imprévu. On ne peut prédire leur influence, et elles peuvent faire autant de bien que de mal.

Pour la première question, je ne peux répondre que par une question : Crois-tu que les hommes devraient être dirigés par quelqu'un ? Et si oui, les dieux sont-ils vraiment les mieux placés pour ce rôle ? Ou penses-tu que les hommes devraient se diriger eux-mêmes ?

Tu es jeune, alors ne réponds pas. parcours le monde, et fais-toi ta propre idée. Pour l'heure, nous avons des intrus ; et étant donné ce qui vient de se passer, je ne crois pas que ce soit une coïncidence. Je dois gérer ce problème, et toi... ça ne te plaira probablement pas, mais il va falloir te cacher. S'ils viennent ici après ton arrivée, ce n'est probablement pas un hasard non plus. Il se passe trop de choses imprévues.

Il y a probablement d'autres sources à ta recherche.

Me cacher ? Je sais me défendre... Et je te rappelle, Agathà, qu'il y a un quart d'heure, j'étais en première ligne avec la Main.
J'y vais.

"Agatha" lève la main, comme pour protester, et ne replie que le pouce vers l'intérieur de sa paume. Aussitôt, sans bien qu'il sache pourquoi, Atridès est percuté par une force invisible, projeté vers l'arrière avec sa chaise, qui se brise en morceaux à cause de la puissance de l'impact. Le Lycopolien roule au sol au moins huit fois, et ne s'arrête que grâce au mur. Le choc était violent et inattendu, et sa tête tourne encore quand il réalise que son épaule droite est meurtrie et douloureuse. Alors que l'accadienne se lève, la main toujours dressée vers le haut, elle dit dans son esprit :

Tu n'es pas prêt.

Plus par esprit de survie, ou par la force de l'entraînement militaire, ou les deux, Atridès se redresse sur un genou, attentif et prêt au combat, sa main fonce vers son glaive.
Ce dernier est déjà sorti de quelques centimètres du fourreau, quand il arrête son mouvement.
Si Agatha lit son esprit, elle sait que ce n'est certainement pas par peur qu'Atridès s'interrompt. Ou par résignation.
Simplement que son adversaire est une jeune femme avec qui il vient de discuter amicalement.
Et donc, il ne la frapperait pas. Alors, pourquoi mettre la lame au clair sans s'en servir ?

Mais... Tu n'as jamais appris à parler avant de frapper ?
Ah non, c'est vrai que tu ne parles pas...

Pourquoi tu ne veux pas que j'y aille ? Je suis plus fort que la plupart de tes gardes d'élites, et je suis immortel, je ne risque rien. C'est complétement con de ta part de me demander de me cacher !!

Tu n'es pas prêt. Que feras-tu, et que ferai-je, moi, si tu viens à disparaître aux mains d'une personne qui te dépasse en âge, en expérience et en puissance ?

Est-ce toi, seul, qui gagne les guerres dont tu parles si souvent ? Ou suis-tu les ordres d'un général plus expérimenté ? Un jour, peut-être, tu dirigeras ces lieux. Ce jour-là, tu sauras qu'il faut savoir qui est l'ennemi avant de l'affronter. Tu n'es plus un simple soldat, Atridès. Tu es important.

Je ne te perdrai pas bêtement.

Les intrus sont dans nos murs, et gardés. Nous allons les rencontrer et les soumettre à un interrogatoire. Tu pourras les voir s'ils ne représentent pas de danger. Mais eux ne doivent pas te voir, ni apprendre ta présence.

Il rengaine sa lame avec claquement sonore.

C'est pas faux... Tu ne pouvais pas me l'expliquer avant de me balancer contre le mur ? Pfff... Les femmes et leur impulsivité...

Atridès se relève, se masse un peu l'épaule, et remet son bouclier en bandoulière dans le dos.

Je vais où, alors ?

Retourne dans la serre. J'entends que tu y as installé ta chambre. Nous allons les observer cette nuit, les interroger au matin, et nous nous réunirons avec toi ensuite pour en discuter.

Et à ce que je sais, tu t'es blessé toi-même, bien plus profondément, juste pour offrir ton sang. Tu as un peu traumatisé la petite Lucie ce faisant. Et si je ne l'avais pas fait, aurais-tu vraiment écouté ?

Allons, maintenant, je vais aller remplir mes obligations. A demain.

Mais non, la petite Lucie n'a pas été traumatisée. J'étais là, je le sais...
Et puis il fallait une offrande digne de ce nom.

Bon... J'y vais.

Et Atridès repart vers la serre. Mais pas en ligne droite. Il essaye de voir si ceux qu'il a rencontré et apprécié ici vont mieux. Dans les couloirs, des lampes rouges clignotent sans cesse. Ceux qu'il croise sont armurés, et les couloirs ne sont parcourus quasi uniquement que par ceux qui ont pour rôle de les garder. Le détour par la forge lui permet de trouver Lucie, qui s'y est réfugiée et travaille à assembler des armures et des fusils, visiblement à la dernière minute. Mais à part ça, personne n'était au repos.

Besoin d'aide, ma puce ? Agat... L'Intuition m'a demandé de ne pas aller au front, alors...

Hein ? Oh, c'est toi, Atridès. Oui, si tu veux aider, tu peux.

On est en crise, là. On a été trouvés, c'est pas bon....

T'inquiète pas, ma puce. Au pire, vous déménagerez et vous reconstruirez ailleurs. Il n'y a pas de danger pour l'instant, sinon, on m'aurait demandé d'être avec vos gardes.

Je t'aide pour les armures.

Un silence s'installe mais les deux œuvrent à l'assemblage plus efficacement ainsi. Il n'a fallu que quelques explications, dans l'esprit d'Atridès, la logique de l'enchevêtrement des pièces était limpide dès le début. Il se passe bien une heure avant que l'un des deux s'exprime.

Et à un moment, Atridès s'arrête en relâchant bruyamment une pièce d'armure sur l'établi.

... C'était une fausse alerte. La situation est gérée. S'il n'y a rien une heure après l'alarme, c'est que c'est bon.
On peut se détendre maintenant, j'imagine...

 On avait pas besoin d'être tendus. Mon père et les autres ne laisseront rien nous perturber. Ce qui m'ennuie, c'est qu'on va encore déménager. Je déteste quand ils font ça.

Pourquoi ? C'est plutôt agréable de changer d'air, non ?

Hein ? Oh, c'est toi, Atridès. Oui, si tu veux aider, tu peux.

On est en crise, là. On a été trouvés, c'est pas bon....

T'inquiète pas, ma puce. Au pire, vous déménagerez et vous reconstruirez ailleurs. Il n'y a pas de danger pour l'instant, sinon, on m'aurait demandé d'être avec vos gardes.

Je t'aide pour les armures.

Un silence s'installe mais les deux œuvrent à l'assemblage plus efficacement ainsi. Il n'a fallu que quelques explications, dans l'esprit d'Atridès, la logique de l'enchevêtrement des pièces était limpide dès le début. Il se passe bien une heure avant que l'un des deux s'exprime.

Et à un moment, Atridès s'arrête en relâchant bruyamment une pièce d'armure sur l'établi.

... C'était une fausse alerte. La situation est gérée. S'il n'y a rien une heure après l'alarme, c'est que c'est bon.
On peut se détendre maintenant, j'imagine...

On avait pas besoin d'être tendus. Mon père et les autres ne laisseront rien nous perturber. Ce qui m'ennuie, c'est qu'on va encore déménager. Je déteste quand ils font ça.

Pourquoi ? C'est plutôt agréable de changer d'air, non ?

Ici, "déménager" signifie "remettre ta vie entre les mains d'apprentis sorciers". Se faire téléporter en même temps que toute la structure et les autres gens... Moi, ça ne me met pas en confiance. Et puis il faut les entendre en parler !

"Oui, alors, ne t'en fais pas Lucie, On ne l'a pas encore testé mais il n'y a pas de raisons de s'alarmer, sur le papier tout fonctionne."

Vraiment... Aucune cervelle, les gars.

Ah oui, je comprends mieux pourquoi tu as peur... Les mots "sur le papier, ça fonctionne", c'est un vrai signal d'alarme pour moi. La dernière fois, je l'ai entendu pour un nouveau système de trébuchet...

Bien sûr, ça n'a pas fonctionné, et ça a failli détruire une portion de muraille !

Tu me feras penser à partir par mes propres moyens avant votre départ avec téléporteurs...

Tu t'en vas ?

Oui, dès que ça se sera un peu calmé ici.
Mais je reviendrai, c'est sûr.


Tu t'en vas où ? Tu sais ?

Aucune idée. Je verrai bien !

Tu dois retrouver des gens que tu connais, j'imagine ? Tu ne peux quand même pas errer sans objectif ?

Si.

Enfin, pas vraiment sans objectif. Découvrir le monde, c'est un objectif en soi. Même l'Intuition m'incite à ça.

Et retrouver des gens... Je ne connais quasiment personne dans les Étoiles, à part vous, Mia, Jake, l'Ange, Tom et Lucy, et je ne sais pas où ils sont. Et je ne veux pas retourner sur Théopolis, alors, je me baladerai seul...


Alors tu as bien des amis. Tu fais toujours celui qui n'a pas d'attaches, et tu parles plus de tes exploits que de toi, en fait. Dans ceux que tu as cités, je ne connais que l'Ange. Mais ce n'est quand même pas ton ami ? Et les autres, qui sont-ils ? Raconte, raconte, raconte !

Bah, des amis, c'est vite dit. Je ne les connais pas tant que ça.
Des "connaissances que j'aime bien", ça serait plus juste. Mais si tu veux que je raconte...

Mia, c'est une jolie fille-chat. A peine plus vieille que toi. Une artiste de cirque. Acrobate, danseuse, ce genre de choses... Très douée. Tout juste libre d'aller où elle veut, et donc un peu paumée. Un peu comme moi. Non. Encore plus paumée que moi, en fait...

Jake, c'est un bon chien. Au pelage roux. Mais un chien vachement intelligent. Il comprend tout ce que l'on dit. Il a perdu son maître. Un pauvre petit garçon qui est mort... Alors il est venu avec nous pour un bout de chemin.

L'Ange... J'ai passé du temps avec lui dans son vaisseau. C'est un chasseur de prime, et un assassin. Mais on a bu des coups ensemble, et... Je ne sais pas. Il n'avait pas l'air si méchant que ça. Un professionnel, pour le meilleur et le pire.

Tom et Lucy, c'est un gentil petit couple qui nous ont aidé. Un gentil couple de mercenaire à la retraite. Tom est un rigolo un peu gamin, et Lucy est très maternelle et fait vachement bien la cuisine.

'Fin, voilà. J'ai répondu à ta question ?

Oui, oui, fait-elle, distraite. Mais quand tu dis une fille-chat, tu veux dire comme Marlon ? Tu sais, la panthère qui t'aime bien, elle émet alors un petit rire propre aux jeunes filles, plein de sous entendus et d'émoi.

Non, pas vraiment comme Marlon... Elle n'a pas de pelage. De la peau, comme nous. Et des cheveux, de vraies mains.
Juste des oreilles de chat, des canines un peu trop pointues, et des yeux félins.
Et puis, avec un caractère de chat. Pas de panthère.

Et elle a un chien.

Euuuh... Non, on ne peut pas vraiment dire qu'elle "a" un chien, genre "possède". Jake traînait avec nous, c'est tout. 'Fin, il la collait toujours. Moi, à part pour la bouffe, jamais là. Pfff...
Mais ils s'entendait bien. Avec le recul, c'est vrai que c'est bizarre... Les chats et les chiens, normalement, ça se chamaille.
A part s'ils sont élevés ensembles, bien sûr...

Il y a une fille chat ici. Et elle a un chien. Dans les geôles de Lee, le type en pierre. Je dois prévenir mon père.

Une fille-chat et un chien, ici, dans les geôles ? Tu es sûre ?
Il faut que j'aille voir Lee... Vérifier si c'est eux.

Atridès et Lucie arpentent le couloir menant à l'entrée. Mais soudain, la petite arrête de répondre à toutes les questions qu'Atridès lui lance constamment à propos de la présence éventuelle de Jake et de Mia.

Il se retourne, et le cauchemar éveillé reprend : Elle est simplement tombée à terre, et elle dort la bouche grande ouverte.

Pfffff... Encore ? "L'équipe du département occulte a fait une défense qui nous réveillera si gniagniagniagnia..." On verra bien si les prédictions de l'Intuition sont correctes, pour une fois...

En tout cas, Atridès met Lucie sur son épaule, afin de voir si elle se réveille au cours de son trajet vers les geôles. Il parcourt à peine dix mètres ainsi, tourne dans le couloir et tombe nez à nez avec un individu : une femme bien éveillée, elle. A la façon qu'elle avait de regarder autour d'elle avant de se focaliser sur Atridès, elle découvre les lieux.

Eh, tu serais pas Atrideïs, des fois ? lance-t-elle avec un accent inidentifiable mais très prononcé.

Atridès pose délicatement Lucie au sol. Sans répondre pour l'instant.

Quelques pas en avant vers la femme.

Qu'est ce que tu lui veux, et qu'est-ce que tu viens faire ici ? Le ton n'a pas l'air d'être des plus chaleureux, mais le jeune homme n'a pas porté la main à son épée. Après tout, c'est juste une femme...

Je viens le chercher, et libérer une fille appelée Mia qui est emprisonnée ici. Ça ne va pas poser de problème, j'espère ? Elle pose la main sur son étui à arme à feu, manifestement pour signaler à quel point elle se sent prête à faire face à un éventuel problème.

J'espère pas. Les problèmes, je préfère les éviter si je peux.
Justement, j'allais vers les geôles. Tu me suis ?

...

Bon, et Atridès et Mia, ils t'ont demandé ton aide ? Tu es une de leurs amies ?

Je suis l'amie d'un ami de Mia. Elle nous a appelés, on est là, et on a pas cent sept ans. Tu veux partir ou pas ? (On m'avait dit pour le mode "médiéval-torse-nu". Très seyant.)

Tu peux emmener la petite si c'est important, pour ce que ça change...

Emmener la petite ? Pourquoi je ferai ça ? , dit-il en regardant l'amie de l'ami de Mia avec une expression d'incompréhension la plus totale.

Je vais vous aider pour sortir Mia de sa cage. Pour moi, je verrai après.
Et il vaudrait mieux pour vous accélérer. Tout le monde n'est pas endormi, loin de là, et ceux qui le sont vont se réveiller beaucoup plus vite que la première fois. Normalement.

C'est quoi ton nom ? , demande Atridès en menant la marche à vive allure vers les geôles.

Adie.
Nos partenaires respectifs sont juste au bout du couloir. Arrête avec le coup de "je suis pas Atridès". T'es à moitié à poil avec une épée, franchement... Y'a plus discret.

Je n'ai jamais dis que je n'étais pas Atridès, j'ai juste pas répondu... Mais c'est moi.

Et à cet instant, Atridès peut entendre l'aboiement joyeux de Jake, à quelques mètres de là. Puis quelques voix, au moins trois.

Jake ? Viens ici, mon gros !

CE POST NE DOIT PAS ETRE EFFACE

10xp

J'ai un peu modifié ton message parce que j'avais précisé bien plus haut qu'Atridès déposait lucie au sol avant d'avancer. Donc elle n'est plus avec lui.

SUITE SUR LE SUJET : TRAUMATISMES, fin de page 1.