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Maître Messages : 10553 Date d'inscription : 01/04/2008

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] D'homme ? Mais c'est... un dieu ! On ne peut pas le cerner comme un homme, et je ne l'ai jamais vu pour de vrai, moi ! Tout ce que je connais de lui, ce sont les légendes à son sujet.
La question serait plutôt comment VOUS le trouvez !
...
Enfin... heu... si vous voulez en parler.

Il se rend compte qu'il s'est un peu emballé et craint d'avoir manqué de respect.

Maître Messages : 8212 Date d'inscription : 31/03/2008

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Vous savez, Olmer, j'ai des milliers d'années. Et j'ai été une déesse, moi aussi. J'ai du en perdre le statut pour survivre, et je ne regrette rien.

Mais croyez-moi. Quelles que soient les différences entre les hommes et les dieux, ces derniers ont aussi des faiblesses, des espoirs et des envies. Certains saignent. Tombent sous le coup de l'amour et de la colère, font des erreurs...

Cela me fait penser... Qui est la mère de ces dieux ? Est-ce que Torak les engendre à lui seul ?

Maître Messages : 10553 Date d'inscription : 01/04/2008

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Oui et non, cela dépend de ses enfants. Ainsi, on raconte que Karvas est né de la blessure qu'une épée infligea un jour à Torak.

Elle sourit aimablement. Cette histoire est si bête qu'elle ne l'étonne même pas.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Jolie histoire. Je pense que je demanderai aux cartes, malgré tout. Après cela, le silence maladroit qui règne semble emplir l'espace autour du pauvre Olmer.

Maître Messages : 10553 Date d'inscription : 01/04/2008

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] hum... Heu... Voilà, nous arrivons.

Aliénor est un peu surprise. En effet, la fameuse "chambre des jumelles", qu'on lui a instamment conseillé de voir, est située plutôt à l'écart des zones fréquentées. En fait, elle ne voit pour ainsi dire aucune trace récente de passage dans les parages.

Olmer époussette la poignée de la vieille porte qui ferme la chambre et l'abaisse, avant d'ouvrir doucement, avec précaution. Il semble vaguement nerveux. Le battant pivote avec un couinement, révélant une grande pièce où les rideaux qui masquent la fenêtre font régner une demi-pénombre. Pas la moindre trace de mobilier, ici.

Malgré l'obscurité relative, Aliénor commence à distinguer des dessins sur les murs.

Maître Messages : 8212 Date d'inscription : 31/03/2008

Dans la vie d'Aliénor, le suspense a une part tellement importante que ses premiers réflexes sont toujours les mêmes : elle use de psychométrie avec ses pieds afin de savoir qui vient ici, quand et pourquoi. Elle découvre que très peu sont venus ici, et toujours pour contempler les fresques murales et tenter d'en déchiffrer le sens. Elle peut sentir des effluves de pensées remontant à près d'un an, et pas plus de deux personnes n'y sont venues. Elles en sont reparties insatisfaites et pas plus éclairées.

Elle emmagasine un peu d'air, histoire de se faire de la lumière, et sa main s'illumine.

Maître Messages : 10553 Date d'inscription : 01/04/2008

Edition

Olmer, qui s'apprêtait à ouvrir les rideaux, s'interrompt et reste bouche bée devant le prodige qu'est en train d'accomplir la jeune femme.

Celle-ci découvre plus que de simples graffitis. Elle contemple une fresque qui couvre chaque centimètre carré des murs, mais aussi du plafond et du sol. Celle-ci est en couleurs, et incroyablement riches de détails. Elle représente des dizaines, des centaines de scènes entremélées, mettant en jeu des centaines de personnages... Mais Aliénor ne peut s'y tromper : tout cela concerne Torak, dont le visage occupe la place centrale au sol comme au plafond.
Avec sa capacité à comprendre le signifié, elle perçoit des concepts complexes, entremêlés... Et surtout agencés sans la moindre logique. C'est une prédiction, dessinée par une femme, c'est certain. Ce qui est certain aussi, c'est que son esprit était dérangé. Gravement.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Olmer, je voudrais que vous me rendiez un service.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Oui ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Laissez-moi ici, et fermez les portes. Si quelqu'un me demande, venez me chercher. Je crois que je vais rester ici pour admirer la fresque. Si ça ne vous ennuie pas, bien sur.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Non, bien sûr. Pas de problème. Je vais attendre dans le couloir.
...
Dites, si vous y comprenez quelque chose, vous m'expliquerez ?

Aliénor ne s'étonne pas qu'Olmer ne connaisse pas le secret de cette fresque. Personne n'a du pouvoir le lui expliquer. Tout cela est incroyablement complexe, mais aussi très chaotique, comme si Sorcha avait tenté de retranscrire toutes une série de visions lors d'un gros trip à l'acide ! Elle comprends très vite qu'il va lui falloir longtemps pour en saisir toutes les subtilités, si seulement elle en est capable.

Une fois Olmer sorti, elle s'attèle à la tâche, en essayant de commencer par le plus facile. Déjà, elle peut déterminer qu'il y a vaguement un ordre chronologique, même si il n'est pas toujours très bien respecté. Tout commence par l'image de Torak au milieu du plancher et se termine par la même image au centre du plafond.

Le premier cercle de dessins autour de la représentation du dieu des Mondes mouvants, au sol, décrit un être mortel. Torak n'a donc pas toujours été un dieu, c'est bien ce qui est sous-entendu. Il y est représenté comme un des chefs d'une espèce puissante, issue d'un âge de chaos, qui s'oppose à une autre race qui elle veut instaurer l'ordre. Ces derniers étant représenté comme des humanoïdes ailés, il n'y a guère de doute sur leur identité : Des anges, ou plutôt des proto-anges, cherchant à bâtir l'Impérium. La conclusion, c'est que Torak est né durant la troisième ère ! Il fut un farouche opposant des anges, remportant même plusieurs batailles contre eux.

Un peu abasourdie par cette découverte, Aliénor continue de tenter d'interpréter les dessins du deuxième "cercle", qui s'étendent jusqu'au pied des murs. Heureusement, cette partie est encore assez facile à déchiffrer. On y voit Torak rencontrer un ange. Il y a profusion de scènes représentant différents aspect de cette rencontre, qui doit forcément être primordiale. Torak et l'ange semblent s'être battus, avant de se parler, de tenter de se convaincre l'un l'autre, jusqu'à ce que finalement le futur dieu se rende à l'être ailé. Aliénor doit utiliser ses nanites pour restaurer ce passage, en partie effacé, mais une fois rétabli, on le voit clairement s'agenouiller devant lui, mains tendues, comme pour lui offrir sa soumission.

Torak prend ensuite les armes contre sa propre espèce, ayant fait sien l'idéal de l'Impérium. Il est souvent représenté au côté du même ange, d'ailleurs. L'intention de celle qui a dessiné tout cela était de signifier qu'un lien particulier unissait ces deux-là, un lien à une échelle qui n'a rien d'humain. On y trouve de la soumission, de l'amour, du respect, et d'autres concepts étranger à la jeune fille qu'est Aliénor.
Toujours est-il qu'après un temps indéterminé, probablement quelques heures, elle a déchiffré les sens les plus évidents des dessins du plancher. Elle sait toutefois qu'il lui faudra y revenir pour découvrir toutes les subtilités qui lui sont encore cachées.

Le bas des murs représente l'impérium, et le début de la frustration de Torak. Celui-ci semble avoir eu du mal à trouver sa place dans l'Impérium une fois celui-ci instauré. Après tout, il était un chef de guerre, pas un être de paix. Lui et "son" ange sont toutefois toujours représentés côte à côte très souvent, le second tentant de convaincre le premier de rendre les armes pour de bon. Aliénor devine que ce passage, quoi que très court dans la fresque, dure plusieurs millions d'années. En fait, il mène jusqu'à la décadence de l'Impérium. Celle-ci, quoique cette période soit peu expliquée, semble être la résultante du départ des anges vers un niveau d'existence supérieur, à moins que ce départ soit provoqué par cette même décadence. Difficile de dire quel évènement provoque l'autre.

Les dessins représentent ensuite une autre discussion, forcément très longue, durant peut-être même des années, entre Torak et l'ange. Ce dernier semble contraint de repousser Torak, sous la pression des siens, afin de pouvoir s'élever avec eux. L'influence des autres anges est à l'évidence cachée à Torak, qui croit alors être rejeté par... Celle qu'il aime ? Sans ses capacités particulières, Aliénor n'aurait jamais relevé ce sens caché, mais c'est bien là. C'est d'amour véritable qu'il s'agit, mais à une échelle qui n'a rien d'humain, à tel point qu'il a fallu tout ce prologue pour en ébaucher le début. On parle là d'un amour de force à ébranler des galaxies... D'une force suffisante pour faire entrer Torak dans une rage noire lorsqu'il croit être trahi, une colère telle qu'il lève son bras contre son aimée... Et la tue !

Et les autres anges, se sentant responsables pour avoir contraint leur soeur à abandonner celui qu'elle aimait avec tout autant de force, et ayant ainsi provoqué sa mort, se retirent, laissant le meurtrier impuni. Mais sa punition, Torak se l'inflige de lui-même. Dévoré par ce qu'il vient de faire, il se retire du monde.

Cela est l'évènement charnière de toute la fresque. Aliénor est arrivée à mi-hauteur des murs à ce moment là, et les dessins sont interrompus par une frise qui fait le tour entier de la pièce. Elle représente Torak immobile, seul. L'idée de l'artiste était de signifier que le dieu en devenir est resté isolé pendant longtemps. Vraiment très longtemps. Des milliards d'années, sûrement. La frise représente aussi toutefois une forme d'ascension, une évolution vers un stade d'existence plus élevé, mais sans rapport avec celui qu'on pu connaître les anges.

Il faut un moment à la jeune femme pour retrouver l'endroit où "sortir" de la frise : L'histoire reprend avec une autre rencontre avec un ange, différent celui-là, représenté avec des ailes noires. Celui-ci vient trouver Torak et lui parler, et il lui révèle la vérité : Son aimée n'a jamais voulu le repousser. Ce sont les autres anges qui l'y ont contrainte.
L'idée de colère représentée par l'image suivante est si intense, et Aliénor est si profondément plongée dans son interprétation, qu'elle ressent elle même la rage l'étreindre jusque dans ses tripes, une fureur qui fait presque exploser son coeur, lui fait tourner la tête, serrer les poings à s'en faire saigner !

Incapable de maintenir la lumière, la voilà dans l'obscurité, expérimentant une infime fraction de l'ire d'un dieu cosmique...

Elle commence par laisser la pression s'évacuer, lentement. Elle ressent un peu de peine pour le dieu, mais réalise tout de même qu'il est un danger pour le reste du monde. Elle décide de prendre un cliché en trois dimensions de la fresque, afin de pouvoir la diffuser en tridéo autour d'elle plus tard. Elle en profite aussi pour en enregistrer les détails dans un enregistrement de pensées, au cas où.

Une fois cela fait, elle matérialise une pizza. Il faut bien se nourrir. Elle reste à ce moment dans l'obscurité, mange, puis profite de l'occasion pour vérifier si l'esprit d'Olmer est toujours présent. Parfois, elle reste des heures à déchiffrer les choses complexes, et cette fois ci, c'était un "texte" massif.

Les trois quarts de son esprits partent donc vérifier si l'esprit du guide lui est accessible. Elle y cherche surtout une réponse à la question primordiale qui la taraude depuis qu'elle a vu cette pièce : Qui sont les jumelles ?

Une fois satisfaite, elle décide qu'elle pourra revenir demain, et qu'en attendant, elle peut toujours lire les scans, maintenant qu'elle les a à disposition.

Olmer s'étant endormi dans le couloir, assis contre le mur, entrer dans son esprit et feuilleter sa mémoire est un jeu d'enfant.

Elle apprend ainsi que les jumelles ont été parmi les premiers oracles à venir habiter le château, il y a plusieurs milliers d'années. Il s'agissait de deux célestes, les premières qu'ait recruté Torak, et sûrement les plus clairvoyantes parmi tous ceux qui ont vécu ici.
La première, No, est aujourd'hui l'oracle personnelle de Torak. Elle a quitté le château il y a longtemps pour le servir. son départ eut lieu après que sa soeur, Ki, ait dessiné cette fresque, avant de mettre fin à ses jours. D'après les histoires qu'a entendu Olmer, elle n'avait déjà plus toute sa tête avant, mais cela a empiré après cette série de vision, à telle point qu'elle s'est suicidée.

Et cela fait près de onze heures qu'elle est ici. Il est surprenant que le jeune homme soit encore là.

Aliénor sourit. Il dort vraiment comme un bébé. Soudain, elle ne sourit plus.

Elle prend soin d'absorber toutes les énergies résiduelles ici, dont les traces de son passage. Puis elle sort de la pièce, sans bruit, et cette fois-ci, ce sera à Aliénor de porter le jeune homme jusqu'à sa chambre. Rien de difficile, il sait très bien où elle se trouve, et Aliénor est largement assez forte pour cela.

Elle prend l'homme dans ses bras, et l'amène chez lui, avant de se rendre dans ses propres quartiers.

En pénétrant dans la chambre d'Olmer, elle découvre qu'il vit dans un cagibi comparé à elle ou aux oracles. La pièce est un peu en désordre, mais bien tenue. Il y a des livres un peu partout, dont plusieurs probablement en court de lecture : Ils sont ouverts ou ont des marque-pages. ils s'agit de l'histoire des mondes mouvants, d'études concernant ses peuples, mais aussi de romans, choses plutôt surprenante, mais après tout quelle civilisation n'a pas ses romanciers.
...
Quoique, après réflexion, des tas de cultures n'en ont pas : Les drass, les teknits, etc.

Elle le dépose dans son lit, où il continue de dormir comme un bébé. Il devait vraiment être épuisé. Elle entre à nouveau dans son esprit, et déplace ses souvenirs. Hier, il a montré la chambre des jumelles. "Sorcha" y est restée cinq minutes, puis est rentrée chez elle. Il est ensuite retourné chez lui, a lu son livre (elle déplace juste le passage d'hier à aujourd'hui) et s'est endormi. Durant seize longues heures !

Quelques minutes plus tard, la voilà de nouveau dans l'immense pièce vide qui lui sert de résidence. Par précaution ultérieure, elle teste avec un double psychique les défenses de cet endroit... et réalise qu'elle en est prisonnière. Quelque chose de surnaturel l'empêche de partir. Bon à savoir.

Comme elle n'a pas besoin de beaucoup de sommeil, elle en prend le plus possible, peaufine ses cartes, et exécute un tirage à propos du passé pour s'assurer qu'elles fonctionnent, et pour se refaire la main. Rassurée, elle sort au petit matin, et se dirige vers la chambre des jumelles à nouveau.

Se fiant aux sens de sa Source, Aliénor parvient sans mal à éviter toute rencontre sur le chemin, y compris Olmer qui s'est réveillé entre temps.

La voilà de nouveau dans la chambre, prête à recommencer son étude de la fresque... Lorsqu'elle réalise que quelqu'un est venu ici entre-temps. Les traces psychiques ont été effacées soigneusement, comme elle-même l'avait fait en quittant la pièce, et elle ne peut distinguer de pensées lisibles. Toutefois, l'empreinte reste identifiable : C'est celle de Granmof.

Elle espère sincèrement être plus douée que cet étrange personnage dans l'art de dissimuler son passage, et hésite un moment avant de reprendre. Mais les informations contenues ici sont trop importantes pour être laissées de côté. Et elle veut tout.

Elle abaisse ses énergies autant qu'elle peut, ne gardant pour elle que ses facultés intellectuelles améliorées, et reprend la lecture de la salle.

La suite de la fresque décrit ce qui arrive après le coup de colère de Torak. On le voit prêter un serment, puis se lancer dans une longue quête. Celle-ci est d'abord initiatique. il recherche les éléments mythiques qui vont finir d'assoir sa nature de dieu. Le terme de cette quête, aux passages plutôt obscurs, indique une renaissance.
Difficile de situer ce moment dans le temps... Mais au terme de cette quête, on voit un Torak renouvelé rencontrer deux femmes. Aliénor reconnaît sans mal Ki et No, les jumelles. Grâce à elles, il parvient à conquérir une arche de l'ancien temps, des mondes contenus dans un espace fini, dans un vaisseau géant, en fait. Il défait ses propriétaires et se proclame dieu unique de ces mondes.

Le passage suivant montre la naissance successive des enfants de Torak. Le premier naît lorsqu'il affronte un des derniers maîtres des Mondes Mouvants, lors de sa conquête de ceux-ci. Torak est blessé par une épée lors de cet affrontement, et de sa blessure naît un dieu guerrier.

A priori, les légendes dont parlait Olmer sont à prendre au pied de la lettre. Torak étant devenu un être mythique, il fonctionne comme tel. Après tout, les dieux auxquels a déjà été confrontée Aliénor ne sont pas tous nés d'un utérus non plus !

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Damned. Il faudra penser à extraire le passage où elle doute du pauvre serviteur de son esprit. Il s'agit de lui plaire totalement. En plus d'avoir un premier apriori sympathique, il doit certainement être des plus utiles, par ici. Tant pis pour les restreintes morales.

On a donc affaire à un dieu pur et dur, forgé par "Lucifer" après une vie monstrueusement longue qui ressemble à une courbe de croissance, façon exponentielle.

Mentalement, Aliénor l'intègre au schéma mental qu'elle se constitue, et dans lequel elle donne une forme géométrique à tous ceux qu'elle a croisés jusque là. Elle ne serait pas surprise qu'il soit lui aussi un "céleste". Et les solutions favorites d'Aliénor, parler ou détruire, sont vouées à l'échec. Sa forme est étrange, haute et en englobe d'autres, à cause de... Ce vaisseau, en fait.

Elle s'intéresse donc de très près, de manière microscopique s'il le faut, à la fresque. L'histoire en est fort intéressante. Mais pourquoi faire cela avant de se suicider ? C'est une voyante et une source. Si elle l'a rencontré avant de mettre fin à ses jours, c'est qu'en faisant cela, elle prévenait les autres.

Aliénor en a appris beaucoup, mais elle ne peut se permettre de passer à côté de quelque chose. Elle passe en revue les diverses sensations procurées par sa source, et ne laisse rien au hasard. La nature des matériaux, l'emplacement du lieu, tout. Et juste pour être sûre, elle relit les passages qui l'ont marquée. Elle commence par le vaisseau.

Le "vaisseau", qui ne fait qu'un avec le concept des Mondes Mouvants, est décrit comme une chose très ancienne, mais moins que Torak ou l'Impérium. Toutefois, il n'est pas le sujet central de la fresque, et son histoire n'est que fort peu détaillée. En s'en emparant, Torak s'est surtout accaparé une arme... Qui est aussi bien plus que cela. L'adoration de tant d'êtres a surtout servi à décupler sa puissance en tant que dieu.

L'artiste, Ki, s'est totalement oubliée en reproduisant ses visions. Sa personnalité n'apparaît que peu, sauf dans les passages où elle se représente avec sa soeur. Cette dernière était passion là où Ki était raison, mais quand cette même raison l'a quittée, elle a voulu laisser un dernier héritage. Il est toutefois trop tôt pour qu'Aliénor comprenne à qui il était destiné.

Elle doit joindre Sorcha. Elle commence à prier. Elle matérialise une statuette de son épouse, confectionnée par sculpture par poches dimensionnelles, contenant une mèche de ses cheveux ainsi que sa bénédiction, chose sur laquelle Aliénor avait bien insisté.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Sorcha, j'espère que tu peux m'entendre.

Je suis dans un endroit fait pour contenir les Oracles et les faire travailler. Je vais bien. J'ai vu une salle qui a été faîte par la jumelle. Elle décrit la vie de Torak. Ennemi de l'Impérium avant sa création, il en est devenu un fervent partenaire, convaincu par un ange. Ils ont subi leur ascension, et il n'a pas pu les suivre. Trahi, il tue son ange, qu'il aimait visiblement plus que tout. Et le déchu, une fois les autres partis, lui a révélé la vérité : que c'est le groupe des anges sur le départ, qui a forcé son aimée à partir sans lui. Il veut donc la vengeance, parce que c'est ça qu'il cherche : un moyen d'accéder au paradis. J'espère que tout va bien pour vous. Je suis désolée. Vous me manquez.

Je t'aime.

Aliénor n'attend pas de réponse. Elle ne peut qu'espérer que sa prière ait atteint Sorcha.

Elle se remet au travail, malgré la fatigue. Quoi qu'il soit difficile de situer précisément ces évènements dans le temps par rapport au reste du "récit", les passages suivants décrivent une par une les naissance des enfants de Torak.

Une fille, à l'image de l'aimée de Torak, pour qu'il n'oublie jamais son visage.

Un fils, innocent, né des derniers mots d'amour prononcés par Torak avant qu'il ne se fasse entièrement vengeance.

Une autre fille, née de la chair même de Torak, d'une beauté mortelle, créée lorsqu'il s'est volontairement coupé de tous ses appétits charnels.

Un autre fils, monstrueux, incarnation de la haine, arme forgée pour tuer ce qui ne peut l'être.

Soigneusement, elle efface à nouveau les énergies qu'elle a laissées. Maintenant, elle va voir Granmof. C'est l'heure de râler ; elle veut ses matériaux. Elle tente d'en sentir l'aura, et part se balader dans ce qui sert de rue à cet endroit.

Mais alors qu'elle quitte la chambre des jumelles, Aliénor sent comme une agitation dans le château. Sa Source lui indique que la plupart des présences des niveaux supérieurs, et surtout les "spéciales", sont en train de se rassembler, mais surtout elle en sent deux nouvelles, d'une force monstrueuse, au centre de cette réunion. Elle connaît la première, celle de Karvas, Seigneur des Epées, mais pas la seconde.

Se doutant que si elle veut trouver Granmof, c'est là quelle doit chercher, elle décide de s'en approcher. Toutefois, un coup d'oeil rapide à travers les yeux de l'un des plus faibles d'esprit présents lui en apprend tout de suite davantage.

Dans un immense hall, la plupart des résidents sont venus à l'appel de la visiteuse, dont elle reconnaît le visage pour l'avoir déjà vu dans une vision.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Vous n'êtes qu'un tas d'inutiles ! Sans les visions de Garath, nous serions passés à côté ! Peut-être que je devrais tous vous livrer à lui un par un. En sacrifiant des soit-disant voyants, peut-être bien que ses prophéties seraient encore plus justes, non ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Vous avez probablement raison, maîtresse.

Face à elle, Granmof est le seul qui ne soit pas agenouillé ou à plat ventre. Les autres montrent des signes de soumission, de crainte, voire même de terreur pour certains. Même les autres oracles qu'Aliénor a déjà rencontrés ne sont pas tranquilles malgré leur statut, c'est évident.
Se tenant plusieurs pas derrière elle, les bras croisés, Karvas est impassible et silencieux.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Mais... Ma Dame... Comment aurions-nous pu... Nous venons seulement d'arriver et... se risque l'une des voyantes pour essayer de se défendre. Commencez par celle-ci, Granmof !

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Quoi ? Non ! Pitié, ma Dame ! Je...

Mais elle s'interrompt lorsque la main de Granmof se referme sur son cou et la soulève de terre. Aliénor sent brièvement les énergies du gardien du château se décupler, mais il ne lui faut guère de force pour étrangler la femme juste assez pour la réduire au silence.
Derrière la déesse qui vient de prononcer cette sentence, son frère Karvas ne cille pas, mais Aliénor croit avoir deviné une brève lueur dans son regard. Il n'approuve pas.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Pitié ? Pfff ! Assurez-vous que son agonie soit longue !

Maintenant, au travail, les autres, ou vous subirez le même sort !

Granmof, convoquez-moi les quatre... non, les cinq "vrais" oracles dans la salle rouge. Je veux avoir une petite conversation avec eux ! Et prévenez les deux qui n'ont pas encore daigné se montrer qu'il leur en cuira si ils n'arrivent pas en courant !

Il semble qu'il soit l'heure d'aller voir ce qui se passe là-bas. Aliénor réunit ses forces ; jouer les filles humbles tout en incarnant Sorcha... drôle d'histoire que celle-là. Mais avec un peu de chance, elle tirera ses cartes du jeu en utilisant la perche qu'elle a déjà lancée à Karvas. Elle se hâte donc.

Elle n'a qu'à se fier à ses sens pour rejoindre la fameuse "salle rouge", avant même que Granmof n'ait eu le loisir de venir la chercher. Il est trop occupé avec son fardeau, la femme qui se débat inutilement contre son étreinte tandis qu'il l'emmène vers les profondeurs du château.

La salle rouge n'a en fait rien de spécial, si ce n'est qu'elle est un peu à l'écart, que ses murs montrent les traces d'une peinture rouge délavée et qu'elle n'a pas de fenêtre. En arrivant, Aliénor constate qu'en compagnie des deux dieux se trouvent déjà le cyborg, la femme masquée de rouge et le nabot dégoutant, tous trois à genoux.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Ah, tout de même, vous nous honorez de votre présence !

Les mots sont prononcés d'un ton sirupeux, mais Aliénor sent clairement la menace sous-jacente... Et en même temps, elle ne peut détacher son regard de la déesse. Sa présence emplit toute la pièce, eclipsant même celle de son frère, qui reste discrètement en arrière. Dans le regard que lui jette ce dernier, un avertissement muet.

Aliénor garde sa contenance, son port et son sourire. Tout se passe comme prévu, et elle va devoir apprendre à composer avec l'ampleur du charisme des dieux si elle veut s'en sortir.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Je ne savais pas que vous étiez là, seigneur Karvas. Madame, je suis enchantée de faire votre rencontre. Les cartes ne mentaient pas au sujet de votre beauté. J'ai peur de ne pas avoir été conviée, mais je suis à votre disposition, cela va de soi. Quel est le problème ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Tout d'abord, le fait que tu sois encore debout.

Elle avance sur Aliénor et pose la main sur sa joue, fait pivoter sa tête à droite puis à gauche, l'examinant comme on le ferait d'une pièce de bétail.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Jolie. Si tu ne vaux rien en tant qu'Oracle, nous pourrions avoir une autre utilité pour toi.

Maintenant, soumets-toi.

L'ordre n'est pas prononcé en haussant la voix, mais Aliénor sent la menace mortelle qui se profile derrière ces mots.

Effectuer un geste aussi simple n'a plus rien de dégradant pour Aliénor. Elle trouve que ça "dégrade" plutôt l'opinion qu'elle se fait des gens. C'est donc avec le sourire qu'elle pose un genou à terre, écarte les bras paumes vers le haut, et baisse la tête.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Ma dame.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] C'est mieux.

A ce moment, un cinquième "invité" fait son entrée en catastrophe.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Me voilà, ma Dame, fait-il en se jetant immédiatement à genoux.

J'en ai vu une seconde, ma Dame, d'où mon retard.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Une deuxième plume ? Parfait. Tu seras récompensé... En n'étant pas puni pour ton impolitesse. Les autres, prenez exemple.

Où est-elle ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Dans un vaisseau, appartenant à un céleste, ma Dame.

Tout en se demandant où peut se trouver le norvégien, Aliénor garde la tête baissée et écoute sagement la suite de l'histoire. Il va falloir qu'elle trouve des plumes ???

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Et plus précisément ?

Elle s'impatiente déjà.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

J'ai sa trace. Je peux vous guider, dit-il en faisant apparaître une image en négatif... D'une plume d'ange, Aliénor en est certaine.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Parfait. Frère ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Nous sommes prêts pour un nouveau saut. Viens avec moi, toi, dit-il à l'homme au masque d'oiseau.

Tous deux sortent de la pièce, laissant les quatre autres oracles seuls avec la déesse, ce qui ne rassure pas Aliénor.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Bien, bien, bien...

Elle les passe en revue avec un petit sourire.

Toi, tu restes, dit-elle en pointant Aliénor du doigt. Les autres, hors de ma vue.

Ils s'empressent d'obéir, et Aliénor en est encore moins tranquille subitement, tandis que la déesse à la cruelle beauté la regarde.

L'avantage de cette proximité, c'est qu'Aliénor peut lire les pensées de la déesse avec un léger différé, en usant de psychométrie, et donc, sans violer ses pensées. Pour ce qui est du reste, elle reste immobile, et attend qu'on lui adresse la parole.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Rappelle-moi ton nom, déjà ?

Les quelques pensées perceptibles indiquent à Aliénor que la déesse ne l'aime pas beaucoup... A cause de l'intérêt que semble lui porter son frère.

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