Le High Noon

Finalement, Atridès rentre assez tard. Il dort très bien, et assez longtemps. Mia, le lendemain, s'éveille comme d'habitude,
et l'Ange, de son côté, est en train de monter un fusil à lunette assez imposant.

La Neko est assez surprise de le voir faire un truc inattendu : une fois son arme montée, puis chargée, il accroche les munitions, des sortes de petites seringues, sous son poncho et ensuite... Il pose la main sur l'arme, qui disparaît dans une petite gerbe de lumière, comme si elle était numérisée et absorbée dans un ordinateur invisible !

Et Atridès, les bras et les jambes en croix sur son matelas, ronfle. Il s'est couché très tard, ou très tôt, selon la façon de voir.
Après avoir contacté et négocié avec les prostituées, il est retourné au vaisseau, légèrement éméché, pour prendre prendre les croquettes et de l'eau, puis les apporter à Jake. Mais le chien était introuvable à l'arrivée d'Atridès. Quelle que soit la manière dont il s'y est pris, il est soit parti, soit entré. Alors Atridès est simplement reparti se coucher.

Il est bien le genre de garçon à dormir longtemps, mais aussi à se réveiller facilement quand il y a du mouvement autour de lui. Aussi, dès que Mia et l'Ange commencent à s'agiter dans le vaisseau, il grommelle, se retourne sur son oreiller deux ou trois fois, puis se lève en se grattant les cheveux.

Hey. C'est le grand jour, alors j'espère que ta gueule de bois passe vite. Ton haleine empeste. J'imagine que c'était nécessaire pour tes prévisions, mon gars. L'Ange ne semble pas être certain d'approuver ou de désapprouver.

Ça va, je n'ai pas la gueule de bois...
Et de toute façon, je n'ai rien à faire aujourd'hui, moi. Jake est sûrement déjà rentré dans la cuisine, et j'ai préparé la diversion que voulait Mia.

C'est bien. C'est très bien.

Mais... C'est quoi cette histoire de gueule de bois ? demande la jeune fille en dévisageant Atridès avec curiosité. Son visage est tout à fait normal, non ?

C'est une expression, Mia. Ça veut dire avoir mal à la tête au réveil, après avoir bu trop d'alcool du soir. C'est pas mon cas.
Et toi, tu es prête ?

Tout à fait. Impatiente, même !

Et ainsi, L'Ange, Mia, Atridès et Laurelson se retrouvent en fin d'après-midi.
Laurelson leur explique qu'il (ou elle) a piraté leurs communicateurs il y a bien longtemps.

Hahahaha ! Leurs codes de prog sont teeeeeellement vieux !

Ceci mis à part, Laurelson leur explique aussi qu'il devra, à son grand regret, les accompagner. Il a eu beau essayer, il peut contrôler les caméras et les portes de l'extérieur, mais les archives des blueprints sont dans un réseau différent. Et s'ils ne veulent pas être pris la main dans le sac ou laisser des copies derrière eux, il va devoir analyser toute l'infrastructure.  

Oh, si vous voyiez vos têtes ! Eh ouais, je viens avec vous ! Alors, on fait comment ? Toi, t'es un tueur, toi... t'es la distraction, et toi... D'ailleurs, pourquoi j'arrive pas à trouver d'infos sur vous deux ?

Peut-être parce qu'on s'arrange pour que rien ne filtre à notre sujet ?

Sinon, comment vas-tu faire pour suivre Arwen ? D'après ce que j'ai compris, je ne suis pas capable de l'accompagner vu sa façon de faire, alors toi...

Ma taille me permet d'aller à plein d'endroits. Et puis... J'ai ça. Totalement légit'. L'enfant sort une carte de travail d'un groupe d'assistance informatique. Je bosse avec leur boîte de maintenance informatique. J'en ai fait une pour tout le monde, au cas où... On se dirait que je suis trop jeune.

C'est une mauvaise idée.

C'est une super idée !

Sauf que je n'y connais strictement rien en informatique. En fait, Atridès progresse très vite : hier, il a appris à se connecter au réseau local. Et à comprendre le principe des écrans "tactile", et des petites touches pour écrire dans l'écran. Ah, aussi, que "l'informatique", c'est la science associée à ces trucs là...

D'accord avec l'Ange. Et puis on ne change pas un plan à la dernière minute sans bonne raison.

Moi j'aurai préféré dicter ce qu'il faut faire et rester au chaud, mais je ne vois pas comment. Ou alors il faudrait que je trouve un moyen de prendre le contrôle à distance... Dans ce cas, je vais aller préparer un boîtier. Je te dirai comment le brancher, si vous ne pouvez pas me faire entrer. Mais ça va prendre un certain temps et on ne pêut pas le laisser branché. 'Faudra le reprendre.

Moi je préfère ce plan là.

Moi aussi, même si ce ne sera pas moi à l'intérieur. Ça parait plus... Propre ?

Okay. Je reste dans mon van. Prenez les communicateurs d'oreille. Et je suis tes mouvements avec, minette. Hihihi.

La nuit tombée, Mia et l'Ange se sont postés dans la chambre d'hôtel. Atridès a rejoint ses "employées" dans une ruelle de l'autre côté du bâtiment, et est actuellement attablé à une terrasse adjacente.

De son van jusque dans les écouteurs Laurelson, de nature bavarde, se tait enfin. L'ange ouvre la fenêtre, appuie le lance-grappin modèle longue distance au dessus de son épaule, arme, et tire en un instant.

Tchoc. La pointe se fiche dans le rebord de cérabéton. Les turbines de l'appareil vrillent, et le câble se tend.

N'oublie pas de me prévenir cinq minutes avant que tu aies besoin de ta diversion, Arwen. , dit-il discrètement dans son communicateur, pour que les catins ne l'entende pas. En attendant, il discute tranquillement avec elles devant un verre. Qu'il leur a offert.

C'est rare, d'avoir un client de votre genre. Vous devez avoir une famille aisée, pour vous permettre nos services, si... jeune.

Eh bien mon père, il... Il dirige un monde. Avec mes oncles et mes tantes. Mais j'en suis parti, et je vole de mes propres ailes, maintenant.
Bien, vous vous souvenez de ce que je veux ? Vous regarder...
Faite ça bien. Sensuel. Comme si vous étiez pressées de rejoindre la chambre de l'une d'entre vous, et que, au coin de cette rue, vous ne pouviez plus vous retenir. J'aime bien les scénarios de ce genre. Et je suis tellement blasé de ne pas pouvoir en faire partie...

Bien reçu, lui répond Mia.

Joli tir, Ange. Pile au bon endroit. A moi de jouer, maintenant, ajoute-t-elle en enfilant son sac à dos avant d'enjamber le bord de la fenêtre.

Et c'est pieds nus que Mia commence à marcher sur le fil. Sereine, elle sourit, se sentant exactement à sa place.

Elle marche d'abord, et peut voir "la danse des petites choses", en bas, alors que les hovercars parcourent le clair obscur de la rue dans des flashes de lumières colorées. Les passants vaquent à leurs occupations, et la police ne regarde pas en l'air. Elle se permet une accélération significative: maîtrisant déjà la tension et la résistance de la corde, de petits doigts de pied d'acier s'agrippent à celle-ci de plus en plus aisément à mesure qu'elle prend de la vitesse.

Elle arrive d'un bond félin de l'autre bout de la corde, sur la façade des bureaux inoccupés. Ses griffes s'enfoncent dans le béton synthétique aisément. Elle penche alors tout son corps, à la force de ses doigts de pied, se plie vers l'arrière, et pose ses griffes de la main, synthétiques celles-là, sur la vitre. Avec son électro-aimant, elle fait pivoter la poignée de la fenêtre, pousse de la main, et lâche le mur des pieds pour s'accroupir sur le rebord de la fenêtre.

A l'autre bout, de la fenêtre de l'hôtel, le grappin se rétracte. L'Ange finit de ré-enrouler le câble, fait un signe du chapeau, et lève le pouce.

Mia répond d'un hochement de tête puis vérifie que son oreillette fonctionne bien avant d'envoyer le signal à Atridès.

Tu peux envoyer le spectacle. Dis-moi quand c'est bon.

Elle descend ensuite lentement dans la pièce et chausse ses lunettes avant de scanner l'étage à travers les murs. C'est moins simple qu'il n'y paraît : Pour le moment, elle n'est à peu près sure de l'utilisation que de trois des dix lentilles : La première cache tout ce qui n'est pas vivant, et permet effectivement de voir les corps nus, mais dans une teinte bleue. Regarder au travers de ça équivaut à se croire dans le vide et les murs deviennent invisibles sur dix mètres. La seconde permet d'afficher toute matière dans un dégradé qui les rend transparents, permettant de voir à travers les murs sans trop s'y perdre. Elle sait aussi qu'une troisième permet de voir la chaleur, mais c'est tout pour le moment.

Deux gardes se croisent dans le couloir adjacent, à dix mètres d'elle environ. Ils s'arrêtent et se mettent à contempler un écran portable. Elle peut les entendre émettre des bruits de surprise et d'excitation.

Très bien, mesdemoiselles, montrez-moi ce que vous savez faire. Et, quelques secondes plus tard : Lancé. Diversion dans moins de deux minutes.

Les filles commencent à s'embrasser tout en allant vers l'arrière du bâtiment, à l'ombre des autres.
Ils arrivent tous trois dans la ruelle grillagée, assez sombre à part pour quelques spots ici et là, maintenant. Comme convenu, les filles se lancent dans des ébats et des caresses tandis qu'Atridès s'occupe de les regarder, pour le moment .

Tu es certain que tu veux juste qu'on s'exhibe pendant que tu regardes ? On a assez de clients moyens, quand on a un type bâti comme ça, ne pas pouvoir y toucher, c'est...

Chuuut... Peut-être après. Faite comme si je n'étais pas là, pour l'instant. Ne me regardez pas. Évidemment, le théopolien est hors du champ de "l’œil".
Ça marche ?

Oui, ça marche. J'entre en piste.

Mia enfile son masque et s'approche de la porte. Un dernier coup d’œil à travers le mur pour s'assurer que les deux vigiles sont toujours absorbés par leur écran, puis elle se faufile à l'extérieur, dans leur dos, sans le moindre bruit. Elle a dix mètres à parcourir jusqu'à un coude du couloir, qui la placera hors de vue des deux gardes, puis encore vingt jusqu'à la pièce où elle doit s'introduire, celle juste à côté de la salle du hub.

Il y a deux caméras sur le trajet, une dans chaque couloir. Elle ne peut totalement sortir de leur champ de vision, mais longe tout de même les murs pour minimiser tout ce qui pourrait attirer le regard, tout en masquant ses lunettes d'une main : C'est la seul chose qui puisse envoyer un reflet, le reste de sa tenue étant mate et aussi neutre que possible.

Ensuite, il n'y a plus qu'a espérer que la diversion organisée par Atridès soit effectivement divertissante...



Il se passe quelques minutes avant que ça ne prenne, et Mia commence à s’inquiéter, mais finalement un appel retentit et les gardes rangent vite leur appareil pour se diriger à l'autre bout de leur couloir, vers les fenêtres.

En bas, les cuisiniers sont sortis vider les poubelles. En voyant le spectacle, ils se sont mis à siffler et s'approcher du grillage. Atridès n'a eu qu'à faire comprendre aux femmes qu'il aimait qu'elles se montrent à tous, à l'abri du grillage, et le spectacle a commencé. Les fenêtres de plusieurs bureaux contenant des gens curieux du bruit, se sont ouvertes, les employés nocturnes se sont appelés les uns les autres... Et Atridès réalise que sa stratégie n'était pas très bien chronométrée, et de fait trop efficace ; maintenant, pensait-il, il ne rentrerait jamais par cette face du bâtiment.

Mais Jake se mit à aboyer : L'animal attendait derrière une cloison de grillage sectionné, avec un uniforme de gardien gris avec une casquette, et un de leurs appareils de communication attendant dans un sac en papier plein de bave. A l'abri des poubelles il put se changer et entrer sans qu'on lui porte attention. Maintenant maître-chien, il découvre l'entreprise Ford.

Il passe les cuisines, débouche par erreur dans le restaurant de l'entreprise, et doit en ressortir par l'entrée pour enfin arriver dans le couloir central amenant aux ascenseurs. Et personne ne lui a jeté un regard, si ce n'est une vieille femme de ménage qui lui a regardé les fesses pendant un temps troublant.

Atridès se balade donc, équipé des deux systèmes de communication : celui de Ford et celui de Laurelson. Il écoute ce qui se dit sur le premier canal. Il ne prend qu'un peu de temps pour gratter la tête de Jake. Il prend l'ascenseur, et le chien se met debout, et appuie sur le bon étage. De la musique joue pendant la montée.

C'est un bon chien, ça !

Mia se faufile, et la voix modifiée de Laurelson reprend : Tu devrais arriver dans le petit couloir en "U"
qui n'est qu'un accès partagé entre ton bâtiment et l'adjacent au vôtre. De ton côté, la maintenance et du leur, les laboratoires et les pontes. Tu auras des tas d'armoires métalliques et des tonnes de disques durs. Tu cherches le numéro P2148C.S51. Tu l'ouvres, y'aura deux cables plats, tu les vires du disque dur et tu me branches sur les trous. Et tu attends. Mia arrive en effet à cette porte, mais elle a un code. D'après le modèle, un code à huit chiffres.

C'est là que le kit de piratage pour serrures numériques entre en jeu. Mia pose les électrodes sur le boîtier et allume son écran. Huit chiffres, ça ne devrait pas être trop difficile. Mais le boîtier est étrangement vieux, et le démonter serait long et bruyant.

Tu t'en sors ?

Le modèle de serrure est trop vieux pour que je le pirate. Je vais devoir improviser.

Mia glisse ses doigts sous le meuble informatique et les ressorts pleins de poussière. Elle souffle ensuite ladite poussière sur les touches du clavier.

Essaie 36732122.

Les chiffres apparaissent, et ce sont 3 6 7 2 et 1. Mia tente le coup, et la serrure s'ouvre. Elle arrive dans une grande pièce de huit mètres sur trois, bardée de banques de données. Elle trouve aisément le bon, et branche l'appareil de Laurelson.

Bien joué. Dis-moi dès que tu auras le contrôle des caméras, dit Mia en rangeant son matériel.

Au même moment, l'ascenseur s'ouvre pour Atridès. Un garde le voit au moment de sortir de la cabine...

Salut. Et Atridès continue son chemin.

Eh, qu'est ce que tu fais là, viens voir en bas ! y'a deux pauvres filles en chaleur qui s'exhibent, Pat a appelé les flics !

Des filles en chaleur qui s'exhibent ? Tu m'étonnes que je vais aller voir ! Ça sera la meilleure intervention de sécurité de ma carrière !
Mais pourquoi Pat a appelé les flics ? Je me charge de la sécurité extérieure. Et en plus, je suis sûr qu'elles ne font de mal à personne...

Dis lui de les rappeler, qu'ils ne viennent pas et que l'on gère. Comment on justifie notre salaire, sinon ? On va passer pour des cons...

Oh c'est que deux filles en chaleur qui finiront la nuit en dégrisement, ça ne leur fera pas de mal. Et puis on est pas autorisés à sortir sauf en cas de poursuite. T'es nouveau ? Je savais pas qu'on avait des chiens en intérieur...

Atridès va donc vers la fenêtre, comme pour voir ce qui se passe dans la rue. Et il repense au conseil de l'Ange : ne jamais laisser quiconque remettre en cause ses capacités, ou ses attributions.

Moi, j'ai le droit d'aller à l'extérieur. Maître-chien... Et pour l'intérieur... Allez, on a le droit de se mettre au chaud cinq minutes pendant sa ronde, non ? Tu ne vas pas me balancer, quand même, mon pote ? Atridès n'y connait rien en informatique, mais la façon de penser des plantons, ça, il sait. Il a été sur les murs si longtemps...

Oh putain ! Elles sont canons ! , dit-il en regardant les filles de son perchoir.

Mec, on peut pas faire ça... Elles ont l'air bien éméchées, mais aussi de passer une bonne soirée. On va pas les laisser finir en cellule ? T'as jamais été dans leur situation, à tirer un coup tranquillement dans une ruelle ? T'aurais aimé finir chez les flics ? Il ouvre la fenêtre.

Bah, trop tard, les voilà. Autant profiter du spectacle. Et puis c'est vrai qu'elles sont bien gaulées...

A ce moment-là, une voix puissante résonne, et tous se redressent l'échine en cachant leurs mains dans leurs dos avant de se retourner. Les réflexes.

Qu'est ce que c'est que ce bordel, messieurs ?

Rien, monsieur ! Couché, Jake...
Juste des filles dans la ruelle, monsieur ! Rien d'important, tout va bien, monsieur.

Je veux tout le monde sur le qui-vive ! Et vous, Ajoute-t-il vers Atridès, Avec moi. J'ai un mauvais pressentiment... Et le voici qui se dirige droit vers Mia, tandis que les gardes referment la fenêtre et repartent faire leurs rondes.

Oui, monsieur ! Je vous suis...

Du côté de Mia, les chiffres défilent sur le pad du hacker.

J4ai le contrôle des caméras depuis belle lurette. Y'en a une vicieuse qui t'aurait chopée sinon, ma belle. Oh, tu es beau toi mais Laurelson l'implaccable est après toi... Tieeeeeeens.... Oh.

Oh. Laisse-moi encore euh... trois ou quatre minutes, tu peux faire ça ?

Bien sûr. Un problème ? demande Mia en remettant ses lunettes pour surveiller les alentours. Jake et Atridès ont rejoint les gardes. Des sirènes de police résonnent au loin.

Moins un problème qu'un délai, vraiment, mais c'est du beau boulot, leur sécurité intégrée. Ça calcule,
mais ils ont un process qui m'a ralenti. Malin. Mais j'ai coupé tout accès extérieur et notre ami sur le disque dur va aller se reproduire partout, effaçant du même coup les fichiers particuliers qu'on est venus chercher. Encore deux minutes.

Pas de problème. On a toute la nuit.

Mia remet ses lunettes pour surveiller les alentours. Atridès a l'air de maintenir les gardes à distance pour le moment.
Et puis soudain, un cri retentit près des gardes : un autre homme vient d'arriver. Il rabroue les autres bruyamment. Au même moment, toute l'équipe peut entendre...

Ha Ha ! Pas si fier quand je t'administre la méthode Pasteur, hein ? Je connais ton coooooode.... Plus qu'une quarantaine de secondes, collègues.

Les silhouettes reprennent leur route alors que Mia est toujours en attente dans la pièce isolée quand deux d'entre elles, dont Jake, se mettent en route vers sa cachette. Elle peut entendre la voix d'Atridès, mais aussi celle, plus volumineuse, d'un homme sur les nerfs.

Mia ne comprend plus rien : Pourquoi diable est-ce que Atridès et Jake sont ici ?!?

Encore longtemps ? Dépêche-toi, il y a un truc pas normal, là !


Elle se tient prête à débrancher avant de refermer la porte de l'armoire informatique et de se cacher.

A mesure que le chef de la garde approche de la porte, le coeur de Mia se serre.

Allez... Alllez ! On est à la dernière barre de chargement, Arwen. Vingt secondes...

Et pendant qu'elle parle, la silhouette des gardes et du chien s'approche de la porte...

Ouvrez-moi ça, garde.

Mia hésite : Elle pourrait se cacher dans la gaine de ventilation par laquelle elle est entrée, mais devrait alors laisser en place le dispositif de piratage

Gagner encore quelques secondes... !

Jake, gagne du temps ! murmure-t-elle juste assez bas pour que seul Jake puisse l'entendre.

Oui, monsieur ! Atridès regarde la porte et le système d'ouverture. Putain, où est-ce que j'ai mis ma clé ? dit-il en fouillant ses poches.
Mais vous savez qu'il n'y a rien d'important derrière cette porte, monsieur ? 'Fin, je crois, je n'y suis jamais rentré, en tout cas.

Vous ignorez le code, n'est-ce-pas ?

A ce moment-là, Jake lève les oreilles et commence A regarder de droite et de gauche avant de se mettre, soudainement, à aboyer en regardant en direction d'une porte proche ; il y met tout ce qu'il a : dos courbé, pattes déployées, comme s'il était prêt à bondir... dans la mauvaise direction.

Bon chien... J'ai comme dans l'idée qu'on a un intrus, garde.

Trois. Deux. Un.... C'est dans la poche ! Tu peux le retirer. Le perds pas, c'est la seule copie existante. J'ai effacé ce bébé de toute leur base de données, et je leur ai refilé tellement de virus qu'ils doivent déjà être en train de verdir.

L'ange intervient à son tour :
S'il devient un souci, amène-le près d'une fenêtre, Atridès. Ou utilisez vos soporifiques, s'il le faut. Maintenant, tout est bon pour sortir de cet endroit sans perdre quelqu'un.

Oui, monsieur ! Je vais voir tout de suite...

Atridès ouvre la porte, qui bien entendu donne sur une pièce vide. Jake continue de renifler le sol, frénétique. Mia peut les voit à travers la porte, dos tourné et en train d'inspecter l'autre côté du couloir. La marge de temps pour passer derrière eux avec les gardes qui ont repris leurs rondes est assez courte.

Quelqu'un que Jake ne connait pas a du passer par ici, monsieur.
Je me demande s'il y a "des caméras qui ont enregistré"... , annonce Atridès en récitant les termes qu'il a appris. Mais il met un petit accent dedans. Comme pour demander l'information auprès de Laurelson. Si c'est bon, l'endroit est parfait pour neutraliser le chef et repartir tranquillement.

Quant à Mia, elle n'hésite pas. Elle ne prend même pas la peine de refermer la porte complètement derrière elle et se faufile rapidement vers la salle où elle a découpé une fenêtre, se fiant à ses lunettes et à son ouïe pour l'avertir du danger. Elle garde une main libre, mais l'autre est déjà glissée dans son sac, prête à sortir une fumigène si besoin.

Atridès suit le capitaine, armé de son taser, dans la pièce de bureaux vide, et lui saisit la bouche et le nez d'une main, l'immobilisant au cou et au bras armé de l'autre. Mia repart avec le butin après que l'Ange déploie à nouveau le grappin, et Atridès repart par où il était rentré, et le gang se retrouve dans le quartier des bars. Même l'Ange semble de bonne humeur, et le sentiment est contagieux : Mia se sent libérée de ses soucis pour un temps au moins, Jake est fier de lui, et Laurelson saute dans tous les sens.

Oooooh yeah.

Maintenant, on va lui envoyer ce bazar en le remettant à la poste, comme prévu. Et demain, ciao les poteaux, Laurelson va se faire dorer la pilule sur Trexa. Vous faîtes quoi avec votre part ?

Moi, je vais vous inviter dans un bon restaurant pour fêter notre réussite ! Oui, toi aussi, Jake. Et le reste, je vais l'économiser.
Je risque d'avoir des dépenses imprévues assez vite...

Moi je ne sais pas encore. Je vais peut-être bien suivre les conseils de thomas et en mettre de côté au cas où... Après m'être fait un ou deux petits plaisirs.

On va repartir dès qu'on aura été payés. C'était... marrant de travailler avec toi, Laurelson. Tu peux laisser un message à cette adresse si jamais tu as besoin d'un collaborateur.

Cool, venant de l'Ange en personne.

C'est mérité. Tu es vraiment douée dans ce que tu fais. C'était impressionnant !

C'est vrai. A part l'Ange et moi, qui avons un peu glandé, vous avez toutes et tous été impressionnants ! Bon chien. Bien joué !

Après avoir dignement fêté leur opération, avoir posté leur colis, et s'être séparés bons amis avec le hacker, les quatre sources se rentrent au vaisseau. l'Ange, qui ne dort presque jamais, va nettoyer ses armes, et les autres prennent une pause méritée. Leurs rêves, enfin, ne sont plus que de calmes et amusants souvenirs étranges au réveil.

En fin de matinée, Shussler passe à l'Ange un appel de Niklos Haarkon, qu'il fait afficher pour que les trois autres puissent voir.

M'sieur, comme promis, vous avez eu votre marchandise, et nos coordonnées bancaires. Nous attendons le paiement.

Vous vous moquez de moi, j'espère. Il n'y a eu aucune marchandise. L'appareil était vide, et vous ne verrez pas un seul crédit !

Haarkon, ne faîtes pas l'idiot avec nous. Que Laurelson ait fait quelque chose à vos données APRES notre travail, ça ne nous regarde pas. Et si c'est le cas, vous voudrez l'attraper, auquel cas je vous suggère de rester en de bons termes avec nous. D'ailleurs, quelle que soit la situation, vous ne voulez pas de nous en ennemis.

... Bien. Rendez-vous dans l'entrepôt treize des docks sud. Je vous y rejoindrai avec votre argent, mais je veux des explications, et je veux mes plans ! Maintenant j'ai des rendez-vous, je ne peux pas rester sur cette ligne trop longtemps !

On verra ce qu'on peut faire. Mais la communication a déjà été coupée.

Bon, finalement, on va devoir arrêter de glander, tous les deux.
Parce que je suis pas "chasseur de prime", mais là, il y a une petite odeur de sang qui se profile.

Warf !

Heu... Oui, j'ai le même sentiment qu'Atridès. Que ce soit juste un mauvais payeur, qu'il ait vraiment été roulé par Laurelson ou qu'une troisième partie ait intercepté le colis, il va falloir s'attendre à ce qu'il ne laisse pas couler comme ça.

On doit y aller tout de suite, là, Ange ?

T'as envie de laisser ça refroidir ? Les règles sont simples, et ce type est à un doigt d'apprendre pourquoi on paye l'Ange. Tu fais ce que tu veux. En disant cela, il fait disparaître les armes prêtes à l'emploi en passant son bras au dessus, et réajuste son chapeau. En route pour l'entrepot 13. Vous n'êtes pas obligés de venir.

Arwoof !

Exactement, Jake ! Je viens aussi.
Juste le temps d'aller chercher mon glaive et mon bouclier sur ton vaisseau.

Oh, je ne dis pas qu'il ne faut pas y aller, juste qu'il va falloir être prudents.

Nous trois, on doit se montrer, mais pourquoi ne pas envoyer Jake en éclaireur avant ? En se faisant passer pour un chien errant, il pourra peut-être nous dire si c'est une embuscade, non ? Et si on y va par la grande porte, il pourra être nos renforts.

Enfin... désolée, Ange. Ça c'est plutôt ton rayon. Je ne veux pas avoir l'air de... enfin, tu vois ce que je veux dire.

Il faut battre le fer tant qu'il est chaud, mais oui. Jake, tu veux bien faire l'éclaireur, mon pote ?

Waif !

Et nous on retrouve le type, l'argent, et s'il est gentil et qu'il dit "s'il vous plaît", on envisage un supplément pour régler son problème. En avant, Arwen et Vagabond.

De retour dans le quartier des docks, mais plus au sud, cette fois, les sources marchent côte à côte dans les larges rues de bitume désertées. Des tonnes de générateurs à micro fusion, alignés tous les six mètres, décorent le fond marin en dépassant des eaux. Et sur le sol, devant eux également, les entrepôts maritimes, dont l'entrepôt 13.

Jake en revient bredouille. Il semble vide.

Moi j'y vais.

J'arrive, mais... juste une seconde.

Cette histoire d'entrepôt vide ne plaît guère à Mia. Elle se dit que si quelqu'un veut la peau de l'Ange, tout en connaissant sa réputation, il préfèrera un moyen indirect, aussi elle chausse ses lunettes pour scanner l'entrepôt, à la recherche de quelque chose de caché, comme des explosifs.

Sans les lunettes, il est déjà évident que la zone doit être réaménagée sous peu. Mais d'ici, elle ne voit rien de tel avec les lentilles qu'elle utilise. Ce sont de grands entrepôts vides, mais il y traîne toujours des restes. Une bombe pourrait avoir mille formes. Par contre arrive, de l'autre côté du bâtiment, une silhouette d'enfant à lunettes. C'est Laurelson, et il... ou elle est armé. Pistolet à la main, il se cache et va de mur en mur comme dans un film de policiers.

Laurelson est là, de l'autre côté du bâtiment. Elle ne veut pas être vue, apparemment, et elle a une arme de poing.

Je vais aller avec l'Ange dans l'entrepôt. Pour vous deux, dit-il à Mia et Jake, je pense que ce ne sera pas trop dur d'attraper discrètement Laurelson...

Les garçons se rendent donc à l'intérieur via une légère pente. L'Ange a la main sur son revolver. Ils ne manquent pas de croiser Laurelson, qui ne les avait pas vus, occupé qu'il était à être "discret".

L'Ange grogne tout bas, et l'enfant sursaute.  

Vous, ici ? Vous avez du culot ! Où est mon fric ? C'est l'autre Arwen qui vous l'a mise à l'envers, c'est ça ? JE VEUX MON ARGENT !

Tu te l'es fait mettre à l'envers, c'est sûr. Mais pas par nous, ni par Arwen. On est dans la même situation que toi. On pensais que c'était toi qui avait effacé le... Le truc.
Qui t'a dit de venir ici ?

A l'extérieur, Mia a sagement suivi la consigne d'Atridès avec Jake et, puisqu'elle entend que les autres ont trouvé Laurelson à l'intérieur, elle décide de faire le guet.

Fais attention, Jake. Il y a quelque chose de pas normal.

Le chien, au repos, lève la tête et dresse les oreilles. Doucement, il commence à groûler en direction de la sortie des docks. Ça prend un certain temps, mais Mia finit aussi par entendre plusieurs véhicules arriver.

Le client, bien sûr ! il a dit que je devais m'arranger avec vous, que quelqu'un devait bien avoir les plans ! Elle est où, la voleuse ?

On est tous des voleurs, ici, kid. Calme-toi... La main de l'Ange vole plus vite que l'oeil de l'enfant, et le mercenaire se retrouve avec l'arme de ce dernier. Et pointe ça ailleurs. Il ne peut y avoir qu'une seule raison de nous réunir ici... Cours, Atridès ! Et il empoigne le hacker pour se mettre lui aussi à courir de toutes ses forces.

Mia et le chien les voient sortir au moment où, fatidiquement, l'entrepôt 13 explose dans un fracas de tonnerre. Les garçons sont projetés en avant, Mia est juste secouée et jetée au sol, mais avec Jake, ils n'ont rien. Atridès encaisse le choc mais s'abîme le bras dans la manoeuvre. Et l'Ange émerge de gravats et de fumée avec l'enfant, juste sonné.

C'est là que les véhicules de police allument leurs phares et leurs sirènes...

Il faut se tirer ! J'ai pas envie de massacrer tous ces gardes qui ne font que leur boulot ! , Atridès vient de passer son bouclier au bras.

Mia profite de la confusion et de l'écran de fumée pour se trouver une cachette.

Schussler ? Tu m'entends ? On est dans la merde. Est-ce que tu peux téléporter cinq personnes à bord ?

Je n'ai que quatre balises, mademoiselle. Et cet ordre appartient au capitaine.

Jake, viens là. Tu sais rentrer au vaisseau tout seul, grand, pas vrai ? C'est bien. Rejoins-nous.

Et toi, gamin, attrape.  Shussler, téléporte tout le monde. Un éclair plus tard, et les voici dans le vaisseau. Atridès, reste avec notre invité(e), je dois parler à Mia. En tête à tête.

Hahahaha ! On s'est téléportés ! Le trip ! Oh la vache, ce truc fait ça ?

Mia s'écarte donc avec l'Ange, et ses vieux réflexes prennent le dessus.

Je te jure, Ange, je n'y suis pour rien ! Je n'ai pas échangé les modules, ou quoi que ce soit de ce genre !

Hein ? J'espère bien que tu n'as pas fait ça. Non, ça c'est notre client qui a voulu nous baiser. Ce qui m'ennuie, Mia, c'est que tu ne peux pas aller partout révéler que j'ai un téléporteur intégré dans un vaisseau... magique. Laurelson est un pirate et un gamin, qui sait quels dégâts il peut causer ici ?

On garde le secret. Ça va pour cette fois, mais sois discrète à l'avenir !

D'accord. Désolée, j'ai paniqué. Je ferai attention, promis.

Et maintenant... On fait quoi ?

On retourne à côté et on en parle avec les autres. Mais plus un mot de travers, ou on aura des ennuis !

Pendant ce temps de l'autre côté de la porte...

Ohhh... C'est chez vous, ici alors ? Ou c'est juste chez l'Ange ?

C'est chez l'Ange. Arwen et moi, on voyage avec lui pour un temps, donc on peut dire qu'on est co-locataires.
Tu as un vaisseau, toi ?

Non, je voyage en première classe, mais je paye double et je dois toujours trouver quelqu'un pour jouer mon oncle ou ma tante, c'est chiant.  Tu veux ton propre vaisseau ?

Ah ouais ! J'aimerai bien ! Mais je ne sais pas piloter. Arwen pas trop non plus, je crois.
Nan, pour l'instant, celui de l'Ange, c'est très bien... On s'entend bien tous les quatre, donc c'est parfait.


Tous les quatre ?

Ah oui. Le quatrième... C'est un secret. Il ne se montre jamais, à part si l'on sait regarder...

Et donc, tu voyages seul ?

Mais Laurelson n'a pas le temps de répondre, juste de tiquer : les deux autres sont déjà de retour.

Messieurs-dames, on nous a engagés. On ne nous a pas payés. Et on a essayé de nous tuer ET de nous faire arrêter.

Juste la partie qui parle d'argent, ça m'irrite. Vaisseau, tu fais remonter ça au High Noon.

Wooooh.... Tu bosses pour la Mafia du noyau ?

Quelque chose à redire ?

Non, il a merdé, le gars. Il le mérite.

Je te le fais pas dire. Mais la prime qu'il y aura sur lui dans quelques heures, on va la récolter nous-même.

Heu... et qu'est-ce qu'on doit faire pour ça ? demande Mia, un peu inquiète.

On le choppe. Si on veut jouer, on accepte de perdre.
Laurelson saura le retrouver, et nous, on saura l'attraper...

Mort ou vif. Et s'il connaît ma réputation, il connaît aussi ma préférence.

 Woah woah woah, sans moi ! J'assiste de loin, moi, je fais pas dans les meurtres ou quoi, d'ailleurs ce flingue est un tranquillisant. Tant pis pour l'argent, je le mettrai sur une liste noire de hackers. Il recevra des virus.

Tant qu'à faire, autant le chopper vivant. Ce sera plus pratique pour se faire payer.
Ce qui n'empêche pas de tout faire pour qu'il salisse ses sous-vêtements...

Moi non plus, je ne participerai pas à un meurtre. Je pensais plutôt à lui piquer tout son fric, lui faire perdre sa compagnie, ou le piéger pour l'envoyer en prison, ce genre de choses...

Pauvre type. Je le plaindrais presque... Il va prendre cher !
Nous avoir tous ensemble sur le dos, plus les différents moyens de pressions que chacun d'entre nous avons sous la manche...
'Fin, moi j'en en ai aucun, mais la phrase a du style. Pas mal, mon grand.

Mais, en fait... Il est vraiment complétement con, ce type ? Il embauche des pros de plein de disciplines complémentaires, avec un hacker, un assassin, une voleuse, un mercenaire, et... "un type mystère", et il décide de la faire à l'envers ? Sérieusement ?

Oui, je suis plus d'accord avec un projet où personne ne meurt.

Oh, pitié... C'est pourtant pas compliqué : on le fait aller quelque part, on le tue, on emmène son cadavre et on va toucher la prime.

Ca ne sera pas ce qu'il nous doit, mais...

Ca serait pas mieux d'avoir l'argent, justement ?

Oui, comme dans "PLUS d'argent", en fait. Beaucoup plus.

C'est le plus important, c'est sûr. Même si je comprends la position de l'Ange.
La réputation, c'est primordial. Si des gens apprennent que l'on peut tenter de nous doubler et rester tout de même en vie, ça va créer des vocations. Il va falloir le pourrir sérieusement, le "patron". Sans le tuer, je suis d'accord. Un marquage au fer rouge sur le front, indiquant le mot "voleur" ?

Haha, ouais, ou le goudron et les plumes !

Mais sérieusement, sinon, vous comptez faire ça comment ? Moi tout ce que je sais faire c'est tirer, saisir, partir.

C'est super simple ! En fait, il faut tirer, mais pas sur lui, le saisir, et partir.
Laurelson va nous le retrouver en cinq minutes. Et s'introduire chez lui, désactiver les sécurités, ce sera du gâteau pour Arwen.
Et nous, on va se montrer et le faire cracher tout ce qu'il peut.

En parlant de faire cracher, c'est qui, ce type ? Je sais que l'on a les bases, mais je suis sûr qu'avec les données de Laurelson, on en saurait plus, et ça peut aider.

Oh, je suis sûre que Laurel peut nous dire ça.

Alors... Niklos Haarkon... Magnat de l'aérospatiale, des télécommunications, du sport et du jeu. Oh. Il ne travaille pas POUR Volkschiff. Volkschiff travaille pour lui. C'est le patron, qu'on a vu. J'ai plein d'images de lui en train de serrer la main du maire de Shangrila, du premier homme du Sélénium, de Matthews, le magnat des news... Homme à femmes, amateur d'art terreste...

Il a beaucoup d'amis.

En gros, il n'avait pas vraiment besoin de nous et voulait nous niquer dès le départ, en imaginant être couvert par la suite par ses amis.

Et les choses auquel il tient le plus, c'est son prestige et son argent. Il s'agit de prendre les deux. Déterrer son sale passé, et vider ses comptes...

Mais ce type, il est doué ou riche et stupide ? Parce que ce n'est pas malin... Pour ce qui est de son argent, on ne peut pas le voler...

Quoi que.

Dans deux jours, il doit annoncer un projet "révolutionnaire" au congrès des sciences de Nuco. "Sous la direction de Niklos Haarkon, Wolkschiff Inc. a certes vu ses engins accusés de défaillance, mais a aussi monté ses ventes de +30%. Le gouvernement Séclanti déclare qu'une série d'échanges commerciaux de vaisseaux pourrait intervenir dans les trois ans..."

Mais bon, je vais pas vous faire l'article entier : son nouveau projet, c'est celui de Ford. Celui qu'on vient de voler... Des moteurs à courbure spatiale.

Bon, au moins on sait ce qu'il en est...
Eh, j'ai une idée !
On lui repique son projet et on le remplace par un truc ridicule. Fini la réputation, fini l'argent ! On l'a déjà fait une fois...
Et nous, on aura le dossier, non ? On pourra le vendre. Sûrement vachement plus cher que ce que nous a proposé Haarkon.
Pourquoi pas au Séclantis...

Donc pour vous, on y va et on le kidnappe ? Ou on se rend à sa petite présentation et on l'accuse de vol ? Dans les deux cas je pense que ça ne sera pas si simple que ça...

Bah pour ce qui est de le kidnapper... On ne peut pas juste le téléporter ?

Il faudrait qu'il porte la balise à un endroit non protégé. Ça serait difficile, nous quatre on ne peut plus l'approcher.

Pourquoi le kidnapper ? Si on arrive à reprendre son projet, et si, bonus, on arrive à le faire sans qu'il s'en rende compte, sa réputation est foutue... Et on a un truc échangeable contre beaucoup, beaucoup d'argent.

Eh, j'ai peut-être une piste : Haarkon et sa compagnie n'ont pas autant de recherches sur la technologie qu'on a volé que Ford... On pensait voler ça à des voleurs, mais il semble qu'on l'aie volé tout court...

Ah... Et ça nous aide parce que... ?

Bah c'est illégal. Comme nous recruter tout court. Et faire sauter des bâtiments sur les docks aussi, j'imagine. Et puis... Ford fera tout pour récupérer son bien.

En gros, tu suggères d'aller parler à Ford ?

C'est une option.

Ils auront quelqu'un sur place, un intérêt à récupérer... Et on a le même ennemi. Ca se tente.

Je sais très bien que je ne suis pas le plus malin de la bande, mais pourquoi passer par Ford ? On l'a volé à Ford, on peut le voler de nouveau à Haarkon.
Pas besoin d'aide, pas besoin de partager... Et l'humiliation de cet enculé sera aussi sévère. Voir pire.

Un second vol, ça parait nécessaire. Tu saurais nous trouver les spécificités de ses bâtiments, Laurelson ?

Je cherche...

Quoi qu'on lui fasse, il faut que ça soit vite et radical. Ca veut dire peu de préparation, ça ne me plaît pas.

Faut savoir improviser, aussi. Et si on lui faisait un Double Smiling Jack ? Vous savez, le Smiling Jack c'est celui où on lui propose un achat irrésistible et pendant les échanges, on lui fait signer un truc qui n'a rien à voir ? Et le Double Smiling Jack, c'est que pendant les échanges, une autre équipe le cambriole.

Mais il nous faut soit un partenaire qu'il ne connait pas, soit une bonne raison d'échanger avec ce fils de Flark.

J'suis sûr de pas avoir tout compris...

En tout cas, moi, je ne connais personne... 'Fin, aucun partenaire qui pourrait faire l'affaire.

Quant à une bonne raison d'échanger, ça parait logique : on n'a pas envie de le tuer parce que c'est une huile, mais on ne peut pas non plus le laisser nous baiser sans perdre notre réputation. Donc on veut un accord. Un accord, sinon on est obligés de le tuer à plus ou moins long terme... Il risque d'accepter, non ?
Le problème, c'est qu'il nous a niqué une première fois. Rien ne nous dit qu'il ne va pas essayer de nous niquer une deuxième fois, surtout s'il y a pris goût !

Moi non plus je ne connaît personne pour faire équipe avec nous. Mais toi, ange ? Tu as dû croiser pas mal de monde, depuis le temps, non ?

Et puis si on veut qu'il accepte de faire un nouvel échange, il faudrait trouver quelque chose qui en vaille la peine à ses yeux. Qu'est-ce qu'il pourrait désirer suffisamment pour prendre ce risque ?

... De grosses ventes de son nouveau projet, pour pouvoir financer la construction et le vendre dans le même élan. Il faut un dignitaire étranger, ou une autre grosse corpo, ou remplacer sa secrétaire, je ne sais pas...

Si on doit l'approcher on peut engager un cinquième homme. Ou sinon, j'ai deux masques holographiques Luxans. Avec un bidouillage ils feront paraître humain.

Paraître être quelqu'un d'autre ? Ce serait parfait ! Et en plus, on n'aurait pas besoin de cinquième, donc on se garde quatre part ! Super !

Parlé comme un vieux professionnel du vol... Commente l'Ange en sortant de la pièce pour revenir de la cuisine, une réplique plus tard, avec deux sortes de couronnes.

Oh, je ne suis pas vraiment un voleur. J'emprunte les choses qui me sont indispensables, c'est tout... Mais je sais ce qu'est le partage, donc... Quatre parts, c'est mieux que cinq.

Et je peux faire ça, reprogrammer. Il nous faut deux identités, un modèle "grand" et un "petit" ou deux grands ?
Lesquels y vont ?

Pendant que Laurelson bidouille les masques, l'Ange passe au poste de pilotage avec Atridès et Mia.

Bon, les enfants, j'ai une furieuse envie d'aller régler ce problème moi-même, à ma façon. C'est bien beau toutes vos discussions mais le temps presse et je n'ai rien à perdre. Atridès a raison. On le chope, on lui propose deux solutions, et on lui fait choisir celle où il nous paye.

Ah. Une proposition où je comprends ce que l'on dit, simple et efficace. Ça me va.

D'accord, approuve Mia, qui n'a de toute façon pas l'habitude de contester.

Mais... Il doit s'attendre à nous voir tenter quelque chose contre lui, pas vrai ?

... C'est pour ça que c'est gentil d'acquiescer, les enfants, mais je vais y aller solo, je pense. Si vous voulez l'attaquer sur un autre plan, allez-y. Récupérer les plans, le décrédibiliser, ruiner la fête... Donnez-vous-en à coeur joie.

En effet, il a peut-être préparé quelques protections supplémentaires vu qu'on ne s'est pas laissés arrêter. Mais qu'importe.

Tu es sûr que tu ne préfères pas qu'on couvre tes arrières, juste au cas où ?

Oui, même si je suis sûr qu'il peut se débrouiller ! Ou on voit ce que l'on peut faire sans toi, à trois, avec les filles !

Euhhh... Tu es bien une fille, Laurelson ? J'ai un doute parce que tu as joli visage, mais... il tape un peu ses pectoraux... 'Fin, tu vois ?

Afin de lever tout doute dans sa tête, Mia chausse ses lunettes pour vérifier si elle et Atridès ont raison.

Ouais, je vais faire comme si je n'étais pas vexé. Je ne vois pas trop ce que ça change.

Mais Mia, à force de bidouillages de lentilles, finit par réaliser que le sexe de Laurelson est interne.

Ça ne change rien ! Juste de la curiosité !
Et ne t’inquiètes pas, tes seins grossiront après avoir eu un bébé ! Évidemment, Atridès n'en sait strictement rien, il répète juste bêtement ce qu'il a entendu dire par une vieille rebouteuse d'un village proche de Lycopolis.

Bon, sinon, un plan pour pourrir Haarkon, Laurelson ? Mia ?

Ce qui serait bien, ce serait de l'enregistrer pendant qu'il avoue ses crimes....

Enregistrer ? Comme quand j'ai décidé quelles catins je voulais et que l'ordinateur le gardait dans sa mémoire ? Donc... Atridès essaye de faire le malin, comme s'il comprenait vraiment le principe.
Ça suffit comme preuve, ici, d'avoir sa voix dans la mémoire d'un ordinateur ?


 Légalement, non... Mais  le public et la loi, ce sont deux choses différentes. Si on fait écouter des aveux le jour de son grand annoncement, ses clients y réfléchiront à deux fois avant d'acheter !

Ah ? Dans ce cas là, c'est un bon plan. Reste à trouver un moyen de parler avec lui et enregistrer ce qu'il dit.
Ce sera peut-être plus compliqué et moins rentable que de voler le dossier sur son truc, là, sa technologie...Par réflexe, Les jeunes se tournent vers l'Ange... Qui n'est déjà plus là.


Euh... Il est où, le cow-boy ? C'est impressionnant, je l'ai pas entendu bouger ! Vous êtes surs qu'il ne va pas... enfin, je sais que c'est l'Ange, mais bon. Vous pensez pas qu'il fait une connerie ?

Si, si. Mais il a l'habitude de faire des conneries.
Ça va passer, il va s'en sortir. Bon, on récupère les plans et les aveux ?
C'est vous, les génies, les filles... En plus, si on peut se faire passer pour n'importe qui, ça va être facile. Il est marié ? Si oui, j'imagine qu'il doit tout raconter à sa femme.

C'est un peu tard, je suppose... Schussler ? Tu sais où est parti l'Ange ? Tu captes sa balise, s'il te plaît ?

 Bien sûr, Mia. Il a demandé à être téléporté sur le toit de Volkschiff Industries. Je peux aussi confirmer qu'il n'est pas très patient, lorsqu'il a été vexé. Je lui ai déconseillé cette approche, mais je suis tenu de lui obéir.

Bon... Est-ce qu'on se lance dans le piège avec lui ou est-ce qu'on reste en retrait pour lui venir en aide si il se fait prendre ?

Ça fait des années qu'il se débrouille très bien tout seul.
Je ne vois pas pourquoi ça changerait aujourd'hui. Il est doué, expérimenté, et bardé d'équipement en tout genre...
Si on sent qu'il y a un problème, on foncera, bien sûr. Mais pour l'instant, on risque plus de le déranger qu'autre chose.

'Fin, je crois... Et puis Schussler nous préviendra en cas de soucis, non ?

On devrait travailler à trois sur une autre approche. Mais bon, moi... J'ai pas vos capacités, les filles. Je débarque, je ne comprends rien à rien à votre monde.
Sur un monde "off-tech", comme l'Ange dit, je gère, mais ici...

Bah... Si l'Ange lui met la main dessus, on n'aura pas besoin de prévoir autre chose, et si il a des problèmes... C'est à le sortir du pétrin qu'on devrait se préparer.

Schussler, tu peux suivre l'Ange en direct ?

Oui, tu as sûrement raison, Mia. Atridès à l'air un peu gêné, et se met un peu en retrait.

Bien sûr, Mia. Seuls d'épaisses protections pourraient me priver de ce privilège. Mes balises font partie de moi, pour ainsi dire. L'Ange a pénétré le bâtiment. Son allure est lente et régulière.

Sachez ceci : Il n'ignore pas que je peux aussi me servir de mes balises comme d'oreilles. Il doit se dire qu'au pire, s'il n'arrive pas à capturer Haarkon, il pourra le faire parler. Mais il est dans mes fonctions de prendre soin de lui, et je pense qu'opérer hors-contrat en solo est une mauvaise idée. Si vous désirez l'assister, je mets à votre disposition toute mon aide.

Heu... Si tu peux suivre l'action, tu peux le ramener si ça tourne mal, n'est-ce pas ?

J'en aurais la capacité, s'il n'avait expressément demandé de ne pas le faire. Il a tendance à mettre mes priorités d'action à l'épreuve assez fréquemment.

Wow. Un vaisseau intelligent. Et on dirait pas une IA. Et il gère la téléportation et les communications. Trop fort.

Il ne veut pas que tu le ramènes en cas de pépin ? Mais... Pourquoi ?!?

Parce qu'il veut se prouver qu'il n'est pas rouillé, et qu'il peut réussir sans aide technologique ?
Ou parce que son plan, c'est de se faire capturer pour que l'adversaire se sente en confiance et qu'il se mette à parler ?

'Fin, c'est ce que je me dirais, à sa place...

Pendant ce temps, Laurelson, qui ne semble jamais quitter son écran, pianote en arrière-plan.

En tous cas leurs défenses, c'est autre chose que chez Ford... Comme s'ils s'attendaient à moi, en fait. Il y a une parade  à chacun de mes modes opératoires habituels, jusque là...

On pourrait prendre en otage un membre de la famille de quelqu'un d'important ? Il nous ferait rentrer sous la pression...

Heu... Mais ce serait mal, non ?

Je passe sur le kidnapping aussi. Moi je mange pas de ce pain là.

Je préfèrerais aussi éviter l’illégalité hors-contrat. Et pour le moment, Haarkon l'est toujours, d'ailleurs. Peut-être que mademoiselle Laurelson pourrait y travailler : certains de ses ennemis pourraient être intéressés par un contrat à saisir de suite.

pas con, je m'y colle. On verra ce que ma base de virus peut faire contre les réseaux Haarkon, sans moi.

Non, mais mon otage, je ne l'aurais pas torturé, hein ? Et je l'aurais bien nourri...
'Fin, de toute façon, vos plans compliqués, je n'y pige rien... Je peux peut-être rejoindre l'Ange pour lui filer un coup de main pour son idée, à la place ?
Ou je prépare le repas.
Ou je fais une sieste. J'hésite.

 Je peux vous envoyer au point de départ de l'Ange. Dîtes-moi quand vous serez prêt.

Bah, faut simplement que je prenne mon bouclier, mon glaive et mon sac à dos. Sac à dos comportant les affaires qu'un soldat théopolien ou même un vagabond emporterait et qu'il a pu assembler sur le vaisseau, bien avant ce moment : eau, rations de survie, corde, de quoi faire du feu...
Et aussi un moyen de communiquer avec toi, et ton truc pour me ramener ici "par magie" si ça tourne mal.
Puisque tu pistes l'Ange, j'imagine que tu pourras me guider...

Je m'occupe de rassembler mes affaires. Je reviens dans une minute.

Je peux m'occuper pendant une petite heure avec le vaisseau, et rester en contact avec vous, si tu y vas. A moins que tu aies une autre idée ?

Non, fait Mia en soupirant d'un air résigné. Je vais aller avec Atridès... En espérant qu'on ne fera pas empirer les choses.

Une fois prêts, Atridès et Mia l'annoncent simplement au vaisseau,
puis ils en disparaissent. Leur corps réapparaît quelques mètres au-dessus du toit d'un immeuble massif, d'où sortent tous types d'antennes et de conduits d'évacuation fumants. Après un atterrissage surprenant, Atridès repère rapidement une entrée de service encore ouverte. Un employé tient la porte de son corps inerte, une cigarette à moitié consumée encore au bec.

Mia essaie ses lunettes mais se trompe de lentille de départ. Quoi que représente cette lentille, le bâtiment se trouve dans un champ sphérique. Seuls quelques rares étages ne sont pas compris dans ce champ. Le reste est normal : les couloirs se dessinent ainsi que les contours des gens. Ici, les gardes vont par paires.

Le chemin est tracé, Mia... Et Atridès passe donc devant, bouclier en position, mais sans le "truc de force" enclenché, et glaive sorti.
Comme il aperçoit qu'elle utilise ses lunettes bizarres, il ajoute :
Si tu vois des obstacles sur le chemin, préviens-moi.

Mia lui indique au fur et à mesure ce qui les attend, personnes endormies comprises. Les deux amis descendent encore de deux étages, et la piste de gens étouffés ou piqués par des dards soporifiques les mène face à un couloir étrange : Tout, même le sol, est recouvert d'un matériau blanc et propre.
Mia peut voir sur le digicode de l'entrée que quelqu'un a utilisé une poussière quelconque pour trouver le code.

Derrière la porte, le couloir tourne sur la gauche, mais on ne voit rien d'autre de l'entrée.

Il est passé par là. Atridès se met donc en route.

On dirait bien, oui... Mais attends, laisse-moi le temps de regarder.

Tous les sens aux aguets, Mia chausse ses lunettes, tentant de voir ce qui les attend. Au cas où, elle essaie aussi d'autres lentilles...

Aucune forme de vie à l'intérieur. Par contre, certaines lentilles détectent des réseaux complets de lignes de lumière, qui doivent être de l'électricité, et une autre fait apparaître des pulsations bleutées assez loin d'eux.

Certaines lentilles rendent la vue totalement floue ou obscurcissent littéralement toute vision. Elle peut aussi entendre des voix très étouffées, surement à plusieurs portes d'ici.

Pour Atridès, il ne s'agit que d'un couloir extrêmement propre.

Mouais... J'aurais vraiment dû tester ces trucs avant. Bon, on a pas le choix... Autant avancer.

Le couloir tourne à gauche puis à droite, et Mia arrive dans une zone où les lunettes lui permettent de réaliser un peu mieux où ils se trouvent : le couloir d'entrée amène dans une sorte de mini-complexe isolé. La portée des lunettes est limitée, mais cet étage et probablement celui du dessous sont comme un bâtiment séparé, encastré dans le premier : il dispose de sa propre isolation, de ses propres alimentations, etc. Sa forme est cubique, et creux en son centre : seul l'ascenseur de service semble passer au travers, sans pour autant pouvoir s'y arrêter.

L'entrée est la seule disponible, et de ce fait c'est probablement aussi l'unique sortie.

La bonne nouvelle, c'est que dans cet endroit aseptisé, Mia détecte facilement l'odeur de l'Ange, et il est bien passé par ici.

La mauvaise, c'est qu'après peu de temps, deux cloisons sortent du sol et leur ferment l'accès : les voici piégés !

Ah. Ça doit être un piège...
Bon, pas grave, il suffit d'être subtil : trouver l'endroit le moins solide, et défoncer le mur !

Atridès a découvert un truc marrant sur son bouclier : Il a fait tailler les bords au laser pour un faire une arme à part entière, mais en testant... Il s'est rendu compte que s'il posait la tranche sur un objet et qu'il activait le champ de force, son apparition brutale détruisait encore plus sûrement la cible qu'un coup violent ! En faisant les deux à la fois, frapper ET activer au bon moment son hoplon, ça devrait être encore plus efficace qu'une hache !

Il pénètre très mal dans le revêtement blanc, qui semble faire plus de cinq centimètres de profondeur. Mais à l'allumage du champ, une grande partie du revêtement mural éclate ; quelques débris viennent griffer le bras du jeune homme. Un peu de sang mais rien de grave.

Derrière la chose blanche, une paroi de métal a été crevée. Et derrière, toutes sortes de fils et de lumières.


C'est quoi ces trucs ? C'est pas comme l'intérieur des ordinateurs ?
On peut en faire quelque chose, ou je continue de défoncer le mur, Mia, Laurelson ?

Il nous faut une sortie, de toute façon. Fais juste attention à ne pas toucher aux câbles.

D'accord, Mia, je vais essayer de ne pas trop les toucher. Mais il y en a partout ! On dirait un nid de vipères.
Et je ne suis même pas sûr qu'il n'y a pas plusieurs mètres de granite derrière ça...
Aussi, Atridès continue son travail de sape. Désactiver puis activer le champ de force pour obtenir le même résultat que précédemment, et de puissant coups du tranchant du bouclier entre deux. En trois coups, il a entaillé un trou permettant à une Mia de se faufiler, mais en effet, les murs sont bardés de câbles en tous genre. Et au quatrième coup, Atridès reçoit une décharge électrique avant de s'effondrer au sol, inconscient. Dans un haut parleur, la voix de Niklos Haarkon résonne :

Je vois que vous ne manquez pas de ressources. Mais moi non plus. Cette salle fait deux étages du bâtiment. Elle est remplie de pièges dont vous n'avez pas idée, et votre ami qui vient de se prendre deux mille volts ne se relèvera jamais.

Alors, soyez sage et je viendrai décider de votre sort plus tard. Comportez-vous bien, et je pourrais être magnanime...

devant Mia, le corps inerte d'Atridès s'effondre dans un râle. Son cœur se serre : même en sachant qu'il ne mourra pas bien longtemps, la vue reste saisissante.

Elle met un moment à reprendre son souffle, mais finit tout de même par se calmer. Elle chausse ses lunettes et cherche une issue quelconque à cette situation, tout en continuant à jouer le seul rôle qu'elle puisse encore tenir : Celui d'une distraction en faveur de l'Ange.

Dites, monsieur... Pourquoi vous ne nous avez pas simplement payé ? Vous êtes assez riche pour ça, non ?

Votre ami "l'Ange" comprend, je pense. L'argent n'est qu'un moyen. C'est la réputation qui compte. "L'homme qui tua l'Ange". Le fameux Ange, soi-disant immortel. Imbattable. Inégalé. Battu par un Haarkon. Mais si l'on en revient à l'argent, je n'ose imaginer le montant des enchères que je pourrais organiser. Oh, combien de gens seraient prêts à payer pour avoir cette tête ?

Hahaha. Oui... J'aurais pu vous payer, mais le plan était tout autre. Une pierre, deux coups. Et plus.

Pendant ce temps, Mia se renseigne sur son environnement. Rien de ce qu'elle peut voir n'est réellement rassurant, au contraire : les murs qui l'entourent sont pleins, et visiblement mobiles. Elle peut voir des presseurs hydrauliques articulés derrière certains panneaux. D'autres endroits sont constitués de pièces plus fixes, et sont visiblement des pièges : on y trouve des tuyaux flexibles, des gaines de câbles, et des appareils dont il est difficile de déterminer l'usage. Mais il semble que le piège tendu à l'Ange était assez vicieux.  

Mais... Vous réalisez que rompre un contrat avec l'Ange vous met sur la liste noire d'un tas d'autres gens très dangereux, n'est-ce pas ?

Je suppose que je n'aurai plus qu'à mourir. Comme vous, je le crains. J'ai commencé à siphonner l'air de votre section. Bonne chance, je retourne à notre Ange immortel.

Un déclic marque la fin de la communication.

Soudain, une lumière apparaît. Mia enlève ses lunettes et s'ébahit : la lumière forme des spirales qui deviennent un disque aux contours instables, mais toujours composés de motifs stylisés. Le disque se met à grandir jusqu'à ce qu'un scaphandre en émerge, jaillissant du portail pour s'affaler plus loin dans le couloir. Elle entend des bruits de douleur étouffés. L'individu a eu le souffle coupé, ce qui se comprend.
Un silence s'installe, et alors que le portail se referme, le scaphandre dit :

Euh, salut. J'espère que je ne dérange pas ?

La bouche grande ouverte, la fille-chat regarde alternativement le scaphandrier et l'endroit où se trouvait le disque de lumière avec un air ahuri.

Heu... Non ? Bonjour ? parvient-elle à articuler après quelques secondes. C'est un humanoïde, mais son scaphandre n'est pas d'une technologie locale. On dirait que ses cheveux sont argentés et ses yeux rouges, mais c'est peut-être le reflet du scaphandre qui fait ça.


Sans vouloir abuser de votre temps, on est où ? demande le scaphandre en se grattant la tête... enfin le casque, puis il regarde sa main bêtement.

Où on est ? Heu... dans la tour Haarkon... à New Mexico, sur la planète Eastern.

Je m'appelle Mia... Et vous ?

L'étranger porte une tenue aussi étrange que lui,  est bardé de capteurs reliés  par un motif textile en forme de lignes. De plus près, il a réellement les cheveux blancs et les yeux rouges. Ça ne choque pas spécialement la jeune Neko, mais si ces traits sont naturels, ils sont rares et dignes d'intérêt. Il a un air juvénile et fasciné par tout ce sur quoi se porte ses yeux. Il se tient près d'un corps humain inerte, de belle taille et armé pour tuer et une alien clairement pas en tenue civile. Et il a l'air d'un touriste.

Un touriste bien équipé en forme de ticket de sortie.


...ne t'inquiète pas, tout est prévu, c'est pour suivre le plan, nianiania. Ouais bah on voit bien que c'est pas elle qui est perdu pendant des mois après ! Pfff...
L'étranger parle dans sa barbe un moment, l'air songeur tout en regardant autour de Lui.


Euh pardon ! Je manque à tout mes devoir. Vadran, enchanté Mia. Lâche Vadran en enlevant son casque avant de lui tendre la main.  
Bon sinon vu ta tenue, je suppose que c'est toi qui a fait ça et que donc tu ne compte pas t'éterniser.  
Ça me va, on y va, tu m'expliques un peu plus où on est autour d'un repas ? Parce que j'ai rien compris et super faim ! Dit le jeune homme tout sourire.

Mmmm... En fait, mon ami Atridès et moi, dit-elle en désignant le grand costaud allongé par terre, on est piégés dans cette tour. Mais si vous pouvez refaire votre sorte de... heu... de porte, là, et si vous pouvez nous emmener, je serais ravie de vous offrir le déjeuner, ajoute la file-chat avec un sourire attendrissant.

Bah faut voir les murs mais ça ne devrait pas poser de problème. Mais il a l'air bien sonné, va falloir le porter. Si c'est pas toi, qui lui a fait ça ? Demande Vadran en posant sa main sur le mur avant qu'il ne se transforme en un halo de lumière.

Il s'est électrocuté sur ces câbles, là, mais il est juste assommé. Par contre, il va falloir m'aider pour le porter, si ça ne vous dérange pas. Il est... heu... un peu lourd.

Vous faites ça avec un appareil, ou... ? demande Mia, l'air étonnée, en désignant le cercle de lumière.

Comme pour conjurer un sort, Atrides choisit ce moment pour grogner et poser une main à terre,  une autre sur ses cheveux hirsutes.

Mia et Vadran le regardent reprendre doucement conscience.

Cool qu'il se réveille, ça sera moins lourd. Et non c'est moi moi qui fais ça, pas de matériel, c'est magique !! Puis Vadran se rappel qu'il avait promis à Jason d'arrêter de parler trop vite, oups ! Il manque encore d'entraînement. Mais bon c'est une longue histoire, on verra plus tard esquive t'il. Sinon vous êtes coincés et armés, vous ne faisiez rien d'illégal au moins ?

Heu... C'est à dire que... Si, en fait. On est entrés par effraction. Mais, se hâte d'ajouter Mia, c'était pour essayer de porter secours à un ami qui s'est fait piéger par le proprio de cette tour, un vrai sale type.

Vadran réalise seulement maintenant que la jeune fille a des oreilles de chat. C'est une Neko ! Il se demande un instant s'il est revenu dans la galaxie voisine... mais le grand qui s'éveille est tout ce qu'il y a de plus humain.

Vadran semble un moment absorbé dans ses pensées,  le regard fixé sur les oreilles de Mia, puis il le tourne vers Atridès, revient sur Mia, ouvre la bouche comme pour parler mais finalement la referme. Puis d'un coup il se tourne vers le portail.

Suivez moi, il sera toujours temps d'éclaircir tout cela plus tard. Si Sorcha veut que son éclaireur soit ici, il y a une raison, et si j'ai bien compris la situation, mieux vaut ne pas trainer. Et puis au pire il sera toujours temps de vous ramener ici ! Lâche t'il avec un large sourire avant de pénétrer dans le portail.

Heu... d'accord, fait Mia, ne sachant quoi dire d'autre, avant d'attraper Atridès sous le bras pour le tirer vers le portail. Le grand gaillard aide largement, sans quoi la jeune fille serait littéralement écrasée sous le poids. Mais son expression laisse à penser qu'il a mal ou que quelque chose ne va pas ; et effectivement, le choc électrique l'a rendu rigide par endroits. Ses bras ont des spasmes irréguliers, et sa mâchoire est coincée.

Néanmoins, les trois passent la porte de lumière, Vadran en premier. De l'autre côté, il trouve un déconcertant spectacle : sur la droite du portail, près d'un mur doté d'une porte, un homme flotte dans les airs, les membres écartés, comme tiré de toutes parts par une force invisible : certainement les générateurs de champs de force dirigés vers lui, au sol. Sur la porte, on peut lire l'inscription "Haarkon N, C.E.O."

Un regard vers la gauche révèle l'homme derrière le bureau. Entre lui et la scène, un mur de champs de force émanant du plafond au sol en passant par les murs, plus un matériau ressemblant à du verre épais. Et derrière lui, la ville.




Mia émerge avec Atridès, et ils découvrent l'Ange, qui n'a perdu que son chapeau, est bien entendu le prisonnier.


Fascinant.

Il appuie sur un bouton. L'ange émet un cri de douleur alors que les champs se resserrent. Sa jambe cède dans le même bruit que lorsqu'on coupe un chou avec un bon couteau.


Je veux vous entendre le dire : "Je comprends qui dirige, ici."

Vadran ne peut retenir une grimace au son que viens de produire la jambe.

Et maintenant Mia, c'est ton ami à droite et monsieur Haarkon est le proprio je suppose ?

C'est ça... , annonce Atridès en essayant de se décontracter les muscles. Puis il répond au "dirigeant" :
Tu ne sens pas les problèmes arriver, depuis que tu a pris la mauvaise décision de nous trahir ?

Niklos Haarkon bouge sensiblement la main. Les projecteurs de champs s'intensifient, et le bruit recommence. L'Ange ne hurle pas,
mais son visage se convulse sous l'effet de la douleur alors que ses bras se disloquent à leur tour.

J'attends. Je n'aime pas attendre, sinon je cherche à me distraire.

Tu... devais l'appeler "Arwen". T'as merdé, petit. Pête-lui la gueule, je te pardonnerai, murmure l'Ange en manquant de défaillir. Mais non.

Arrêtez ça ! Je... Je comprends qui...

Mia essaie de s'exécuter, d'obéir à Haarkon, mais quelque chose l'en empêche. La façon dont ses compagnons affrontent l'adversité, elle l'a toujours admirée... alors ce n'est pas pour s'humilier aujourd'hui en face d'eux. Sentant quelque chose monter au fond d'elle, elle retrouve sa confiance.

Non. Vous ne pouvez m'obliger à rien. Libérez-le, s'il vous plaît.


Bon bon bon, si on se calmait. J'avoue que je ne sais pas trop ce qui se passe, je ne suis qu'un touriste de passage mais si j'ai bien suivi, nous sommes chez vous monsieur Haarkon.
Je ne sais pas comment vous en êtes arrivé là mais si nous sommes bien chez vous, effectivement vous dirigez.
Cela étant dit, diriger je veux bien, torturer c'est autre chose. Alors je propose qu'on vous laisse diriger chez vous si ça vous plaît et que nous on prenne nos clique et nos claques et que l'on rentre tout les quatre bien sagement chez nous, cela convient à tout le monde ?

Tout en parlant, Vadran essaye d'ouvrir un portail sous le pauvre individu qui a l'air de déguster.  Avec un peu de chance, si ça parasite le champ de force il tombera dedans.

Sérieusement ? S'il vous plaît ? Et de la négociation ?

De son côté, Atridès réajuste son bouclier, reprend son glaive fermement en main, et d'un sourire mielleux :

Elle n'aime pas le sang. Et elle sait que si tu ne le libères pas très vite, je vais t'étriper, sale lâche...

Le corps de l'Ange glisse dans le sol, et retombe dans les bras de Vadran, qui chancelle mais ne tombe pas. Le portail se referme. Haarkon, qui allait parler, s'abstient et effleure un autre bouton.

Vous n'êtes pas sortis de mes pièges. Vous l'avez récupéré, mais vous ne sortirez pas d'ici vivants.


Vadran allonge délicatement l'inconnu par terre son regard tourné vers celui de Mia
Occupe toi de lui, j'ai à faire.

Puis il se tourne vers l'homme derrière le bureau, un large sourire carnassier sur le visage.

 Tu vois, il est libre et Atridès n'à plus de raison de t'étriper.  Mais mon gars, tu as commis une lourde erreur, quand un touriste vient demander sa route, on ne le menace pas de mort, encore moins quand ce touriste est l'éclaireur élu de la déesse Sorcha!!! Fini t'il en hurlant avant de se retourner.
Ça en jette non ?
Et sur cette étrange question du touriste immature qui à l'air de s'amuser comme un petit fou, une nouvelle lueur apparaît. Une seule, qui aussitôt vacille et s'éteint. Vadran réessaie, mais cette salle, d'une manière ou d'une autre, est protégée contre ses portails.

Hein ?
Bon plus de portail alors, tu me complique les choses, va falloir improviser.

Atridès regarde "l'envoyé de la déesse" avec un air mi-figue, mi-raison...

Tiens, prend ça, l'Ange. Il lui remet l'appareillage de téléportation sur son vaisseau. On va s'occuper de ce minable.
Et il avance vers ce Niklos, tandis que Mia reste en retrait, au chevet de l'Ange, non sans appréhension quant à la suite des évènements.

Haarkon regarde Atridès avancer. Son visage est légèrement hébété l'espace d'un instant. Puis ses sourcils se froncent et il reprend d'un air assuré :    

Ne soyez pas ridicule. Il est impossible de pénétrer cette barrière. Que pensez-vous accomplir ?

Derrière eux, l'Ange pose l'index sur sa bouche en regardant l'accadien et la neko. Puis il indique son communicateur de poignet : il enregistre depuis un bon moment. Enfin, l'Ange fait tourner ses index dans des sens opposés, face à face : le signe universel pour "gagner du temps".

Les deux jeunes gens réalisent alors que ses membres brisés ne le sont pas. Plus aucune douleur sur son visage...

Ce que je compte faire ? Passer ta soit-disante barrière, et te taper dessus jusqu'à ce que tu nous donnes l'argent que tu nous a promis pour le vol avant de nous la faire à l'envers...
Atridès continue d'avancer, glaive en avant, l'air très sûr de lui. Et pour cause : cette barrière, il ne la voit pas. Au pire, si c'est le même genre de système que sur son hoplon, il suffira de fracasser le mur autour.

A les voir répartis sur le sol, les murs et le plafond, on dirait de gros cercles qui projettent le champ en dizaines de faisceaux, formant un circuit devant l'oligarque.

Alors que j'ai encore toutes les cartes en mains ? Je ne crois pas, non. Vous n'êtes que des criminels et des moins que rien ! Maintenant que je possède, moi seul, les recherches sur ces moteurs et que leur prototype va subir une regrettable défaillance... Vous n'êtes que des témoins gênants ! Si je ne peux pas vous capturer, je vous tuerai.

Atridès commence à frapper le sol du bouclier, puis active son champ. Trois capteurs explosent. Haarkon écarquille les yeux. Le théopolien brise trois autres projecteurs au sol, et Haarkon active une commande.
La luminosité cesse dans la salle, ne laissant que les projecteurs, le hoplon et la tenue de Vadran pour éclairer. Mia est clairement la plus à l'aise.

L'Ange fait apparaître un pistolet dans chaque main et commence à se joindre à Atridès en visant les projecteurs du mur de droite.

L'air commence à se raréfier...

Vadran ouvre un portail dans leur salle, direction une salle voisine. Ça fera toujours une porte se sortie au cas où la situation tourne mal, et bien sûr,  il réenfile son casque. L'air revient aussi vite que Vadran en perçoit le départ, et le portail est une excellente source de lumière.

On peut voir, à travers le plexiglas, le visage cramoisi d'Haarkon. Alors que le mur de champs a disparu, Atridès commence à frapper dans le mur. Lorsque celui-ci, au bout de plusieurs coups de l'Ange et d'Atridès, se fissure, l'oligarque n'en peut plus ; ses doigts activent plusieurs commandes, et le mur recule alors, et le sol lui-même se détache. La température monte très vite et on peut entendre des réacteurs s'activer dessous : La pièce tout entière est un appareil volant !

J'aurai ma revanche.

L'Ange rengaine ses armes dans le néant. La lumière revient, et avec elle, la voix de Shussler :

Enfin ! Tout va bien ? Dois-je vous rapatrier ?

L'Ange ramassez son chapeau et le remet en place avant de répondre au vaisseau vivant.

Ça ne tardera pas, mais je sens que tu vas devoir prévoir... disons 75 kilogrammes supplémentaires quand je rentrerai. Mia s'est fait un nouvel ami.

Tout ça pour ça... Maintenant qu'il n'est plus la, quelqu'un peut me dire où je suis ?

Dans l'espace terran, sur la planète Eastern. Vous venez de loin, pas vrai ?

Ça dépend du sens de ta question. À l'origine, d'Accadia, dernièrement, de chez toi.
Et oui ça fait une Trote mais en portail ça va vite.
Sinon enchanté, Vadran dit il en tendant la main à l'homme au chapeau.

Heu... Comment ça, de chez moi ? demande Mia en haussant un sourcil.


Bah de chez toi. De chez les Nekos quoi ! De Dakria plus exactement. D'ailleurs tu fais quoi ici, tu es venu comment ?

Mia ne peut cacher sa surprise et est  prise de court ; mais avant qu'elle ne puisse émettre une quelconque réponse, des bruits retentissent au loin : les autres ne l'auront certainement pas encore entendu, mais plusieurs hommes lourdement armurés semblent arriver derrière eux. Devant eux, le vent et le paysage urbain vu d'en haut de la tour, désormais amputée de ses derniers étages. Derrière eux, la rétribution de la justice.

Heu... J'entends les renforts qui sont en train de monter. On devrait y aller !

Oui. On sera plus tranquille pour discuter un peu plus loin. Tu peux nous ramener sur ton vaisseau, l'Ange ? En tout cas, Atridès a les sourcils légèrement froncés lorsqu'il pose son regard, de temps en temps, vers le nouveau venu.


L'Ange agrippe Vadran .

Retour.

Et tout le monde se retrouve à bord du vaisseau. L'Ange matérialise un cigare et l'allume.

Okay, on va faire dans l'ordre : Merci à tous de vos initiatives. J'aurais pu m'en sortir seul, mais c'était mignon.

Ensuite, à toi aussi, merci. Mais... Tu es qui au juste ?

Yeah, pas mal le vaisseau ! Vadran regarde autour de lui. Il a l'air quelque peu dissiper comme garçon.

Euh pardon. On reprend, comme je le disais, je m'appelle Vadran. Je suis originaire d'Accadia, fils du gouverneur Morbidal si vous voulez tous les détails. Mais bref, je suis parti de chez moi il y a.... Plus de deux ans je pense, j'avoue que je n'ai pas trop compté. Et me voilà ici, je suppose pour vous rencontrer. Et vous ?

Si j'ai bien suivi, il y a Mia, Neko. Atridès, Théopolien je suppose. Et toi avec ton chapeau, tu ne t'es toujours pas présenté. Mais bon remarque je ne t'en veux pas, la situation était un peu spéciale et puis il paraît que je parle beaucoup. C'est Jason qui le dit. Il va être trop content quand je vais vous présenter. Et Tildy encore plus, son peuple doit lui manquer. On a pas eu le temps de recruter notre équipage comme prévu, le départ fut un peu... Précipité. Vadran marque une pause.
Je parle encore trop ?

Non, non... J'ai pas tout compris, il va falloir que tu reprennes quelques points, mais...
Bon... Déjà, merci pour le coup de main. Et... C'est quoi cette histoire "d'envoyé d'une déesse" ? Tu n'es pas un prêtre au moins ?

Ah ça non ! Je suis le troisième fils de la famille alors je devais devenir prêtre, mais je n'ai jamais été vraiment assidu et j'ai... Je suis parti avant la fin de mes études. Pour rien au monde je ne veux y retourner. C'est juste la déesse Sorcha qui a des plans pour moi et joue avec mon portail de temps en temps. D'où ma venue, à la base je sortais juste réparer le vaisseau, mais je ne suis pas sorti du portail au bon endroit. La déesse Sorcha, l'oracle d'Accadia, vous connaissez ? C'est elle qui a découvert les Nekos, quand elle est partie avec la sorcière, et c'est grâce à elle que nous avons le tarot et.... Je m'éloigne encore.

Mais non, je ne suis pas un prêtre. J'ai découvert un message qu'elle m'avait laissé sur la planète Neko il y a des cent ans qui me disait de ne pas me méfier de mon portail, tout est prévu. Et me voici ! Du coup je suppose que dans les plans de l'orikan, je devais vous rencontrer !

Je m'éloigne encore je crois...

Bon, alors mettons les choses au point. Maintenant qu'on t'a remercié, il faut que tu saches que tu parles trop. Mes aïeux...

Bref, je suis l'Ange. L'ange laisse une pause dramatique, mais le visage de Vadran n'évoque que l'attente. Tu connais Mia et Atridès. Le vaisseau s'appelle Shüssler.

Et je n'ai jamais croisé autant de sources en aussi peu de temps. Une tempête gronde.

Tout le monde sent que la déclaration est logique, sans vraiment en comprendre les ramifications. Vadran, qui découvre à la fois ses dons et son environnement, sonde machinalement ses environs. Il sent un esprit en trop, près de Mia. Comme si un fantôme se trouvait juste devant elle. Son esprit touche presque celui de la chose, mais sa portée est encore faible...

Du point de vue des "mercenaires", Vadran est étonnant par son équipement, mais il l'est plus par son attitude nonchalante. Ils réalisent à peine qu'il est immortel comme eux, et n'ont qu'à en croire les paroles de l'Ange. Mais lui n'en est pas si surpris. En fait, on dirait qu'il est excité de rencontrer d'autres immortels.

L' Ange, c'est marrant comme nom. Shussler par contre c'est plutôt cool. Mon vaisseau s'appelait RMS, mais il est mort lâche Vadran non sans une pointe de tristesse dans la voix . Sinon Jason n'arrête pas de me dire que je parle trop. Peut être que tu l'aimerais bien. Et oui, Sorcha a un plan depuis des dizaines et des dizaines d'année. Alors je suppose que tu as raison. Une tempête gronde. Nous sommes 3 élus dans mon équipage, alors tu en verras peut être encore plus regroupés bientôt , dit il en riant, plein d'inconscience

Mia ouvre la bouche, avec un millier de questions sur le bout des lèvres... mais la referme sans rien dire et reste un peu en retrait, préférant laisser parler les "grandes personnes" de sujets qui la dépassent. L'Ange n'a pas ce genre de considérations.

... Une source Accadienne, hein ? A part le surfeur des airs, je n'ai jamais entendu parler d'une source Accadienne. Tu as quel âge, gamin... Un instant, le cowboy estime tour à tour Vadran et Atridès. Dix-huit, dix-neuf ans ? Où tu vis ? Et euh... si j'ai bien compris tu avais un vaisseau vivant ? Où tu l'as trouvé ?

Plan sur des dizaines d'années ? Elus ? Neko ? Soupir.

Atridès vient se placer au côté de Mia, légèrement en retrait lui aussi.

Et sinon, tu as enregistré ce que Haarkoon a dit, comme prévu ?

L'Ange s'en est chargé, en fait.

Houla, houla doucement les questions ! J'ai 18 ans en effet. Je vis partout est nulle part, je suis l'éclaireur, je voyage continuellement. Accadia, des vaisseaux egerians, drass, la planète Eole, Dakria, Polyphème... J'ai déjà vu pas mal de chose pour mon âge. Quant au vaisseau.... Ça je peux pas le dire. Par contre tu me présenteras le surfeur ? J'aimerais trop rencontrer un de mes semblables ! Il est sympa ? Il ressemble à quoi ? Et aussi il a quoi comme pouvoir ? Et vous d'ailleurs ? D'où tu fais apparaître ton gros cigare ? Et Vadran, qui s'était un peu calmé, recommence à parler à toute vitesse, excité par autant d'interrogations.

Des pouvoirs ?
Non... On n'a pas de pouvoirs. A part être immortels, bien sûr. Mais Mia est agile et discrète comme personne, et c'est la meilleure acrobate que j'ai jamais vu.
Quant à moi, bah, je sais me défendre, et je suis doué pour fabriquer toute sortes de trucs de mes mains. Je cuisine pas mal, aussi.

QUOI ???!  Pas de pouvoirs ? Mais c'est pas possible, une source à forcément des pouvoirs. Moi je fais des portails, le barbu fait apparaître des cigares, des flingues et ne sais pas quoi d'autre, Jason il peut do... Vadran s'arrète net. Ah, vous êtes forts, vous avez failli m'avoir. Mais on ne me bluffe pas si facilement ! Dit il avec un large sourire, hyper fier d'avoir réussi à tenir sa langue pour une fois.

Dans la pièce, il sent malgré tout une sorte d'incompréhension venant des trois participants. Ils se regardent les uns les autres, comme pour vérifier, mais à priori, non, les pouvoirs de Jason ne les intéressent pas plus que ça.

Et moi non plus, je n'ai pas vraiment de magie. En tant qu'Accadien, j'aurais cru que tu reconnaîtrais vos disques de stockage. Un dans chaque manche. Avec capteurs psy et lecteur génétique.

euh... Ouais je dois bien avouer que ça colle. Tu es fort ! dit Vadran avec un petit... Énorme brin de mauvaise foi dans la voix. Ça fait 2 ans que j'essaye de retourner sur Accadia mettre la main sur un de ces disques entre autre. Je n'en avais pas sur moi lors de mon départ. Tu en as de la chance, tu n'en aurais pas en trop par hasard ? Parce que là j'ai encore paumé mon surf, mon tarot et j'en passe. Ça serait quand même bien pratique !

Va falloir te débrouiller sans tout ça. On a toujours pas récupéré notre argent, et on a surement pas intérêt à traîner ici. Mais on a nos preuves vocales, au moins. Reste à trouver comment les utiliser.

Shussler, en orbite le plus vite possible.

Bien reçu, Ange. Je lance les procédures. Comptez quinze minutes.

Un chien approche, ainsi qu'une jeune personne aux cheveux roux et hirsutes. Tous deux restent silencieux, même si le chien s'approche pour renifler la jambe du nouveau venu...
Et Vadran sent alors sa source ! Le seul mortel ici semble être la tignasse rousse qui fait semblant de pianoter un pad holographique.

Vadran, qui n'a pas tout compris à ce que l'ange vient de dire se préoccupe plutôt du premier animal source qu'il rencontre. Il s'accroupi en lui tendant la main pour lui permettre de la sentir avant de le caresser. Le chien laisse faire, et jappe un léger aboiement. Puis Vadran se redresse pour saluer le garçon roux.

Salut, Vadran, enchanté !

Salut. Laurelson. Tu travailles avec eux, aussi ?

Non.

Oh, cool. Je peux regarder ton armure ? Ca vient d'où ?

Ça c'est un scaphandre de combat éolien, ça vient d'une galaxie lointaine.
Sinon, c'est possible de continuer à faire connaissance en mangeant ? Je meure de faim perso. Et il s'est passé quoi avec ce Haarkon pour en arriver là ?

L'ange regarde Atridès et Mia, et fait une moue dure à déchiffrer. Il a rarement l'air satisfait. Puis il hausse les épaules.


Je peux faire à manger, s'il faut. J'ai des réserves au cellier.

... Sinon, Haarkon, c'est un type qui a proposé à notre équipe une grosse somme d'argent contre des croquis technologiques.
Et il n'a pas tenu sa parole. Non seulement il n'a pas payé contre remise des plans, mais en plus il a essayé de nous capturer.

Alors l'Ange est parti frapper à sa porte pour explications. Et il l'a très mal reçu. Alors on a rappliqué...

Et toi, tu faisais quoi avant de rappliquer à ton tour ? Petit à petit, les gens se séparent : L'Ange va vers le poste de contrôle. Laurelson et Jake se posent à terre et plusieurs écrans apparaissent d'un mini holoprojecteur. Le chien pose la tête sur ses pattes avant pendant que le hacker traite un fichier quelconque. Atridès et vadran vont vers la cuisine.

Se souvenant que Vadran a mentionné venir de chez les nekos, Mia dresse les oreilles pour mieux écouter sa réponse...

Et bien, comme je le disais on revient de la planète Dakria, ou l'on était parti cherché Tildy, une amie. Cela nous à pris un peu plus de temps que prévu car notre vaisseau s'est écrasé. Heureusement que les Nekos sont super sympa, ils nous ont bien aidé. on faisait un saut sur Accadia avant de repartir pour le territoire Neko, ou Eolien on ne savait pas encore. On a eu une petite avarie, j'ai utilisé mon portail pour sortir réparer et patatras !!! Quelque chose à cloché, je me suis retrouvé ici.

Mouais... C'est une sacré coïncidence que tu te retrouves pile au bon moment pour nous aider, et avec des informations sur la race de Mia... Tu ne m'en veux pas, mais j'ai comme un doute !
En plus, tu as l'air de connivence avec les Dieux, et tu parles tout le temps. Pas bon, ça...

Bon... Passons.

Première chose : manger. Je peux faire un ragoût, il me reste de la viande, des légumes et du riz. , dit-il en sortant un couteau et en se mettant à éplucher avec aisance ce qui ressemble à un navet.

Deuxième chose, tu vas expliquer ce que tu sais des Nekos à Mia. C'est une orpheline, elle ne connait a priori pas son peuple, et je suis sûr qu'elle veut en entendre parler. Mais tu ne lui retournes pas la tête, hein ?
Je t'ai a l’œil...

Vadran bugue sur les légumes qu'Atridès est en train de préparer mais est soudain sorti de sa transe par son ventre qui gargouille de plus en plus fort.

Quoi, une orpheline ? Mais c'est horrible de ne pas savoir d'où l'on vient ! dit Vadran qui à l'air sincèrement triste. Je vais la voir, dis moi quand c'est prêt surtout !

Puis Vadran ressort de la cuisine pour aller parler à Mia.

Salut. Je ne te dérange pas ?

Non, pas du tout ! fait Mia, ravie de pouvoir enfin parler librement avec Vadran.

Vadran s'agenouille au côté de Mia. Atridès vient de m'expliquer ta situation, je crois qu'il ne m'aime pas, lui murmure t'il. Si tu veux je peux te raconter comment c'est chez toi, enfin ce que j'en ai vu tout du moins. Je n'ai visité qu'une planète du système Neko, Dakria. Et aussi je peux essayer de contacter Tildy, c'est une Neko, comme toi, et aussi une élu. Enfin les Nekos disent un avatar. J'essayerais de contacter l'équipage avec com tout à l'heure. s'il ne sont pas trop loin,  ça marchera peut être et sinon Jason et Laurelson auront peut être une idée pour augmenter la portée. J'avoue que c'est pas trop mon truc tout ça...

J'ai bien peur de ne pas avoir la portée, Vadran. On pourrait leur laisser un message via un terminal, par contre. Dit la voix émanant du communicateur de Vadran. Tu sais, ma mémoire n'a pas d'images de Dakria à cause de son champ anti-technologie, mais on peut lui montrer Tildy.

Sur l'écran du bracelet bien intentionné, apparaît une jeune fille aux oreilles de chat ; Ses cheveux, ses sourcils et ses oreilles sont blancs. Elle a l'air d'affectionner les maquillages rituels.

Mais quel con ! il va se faire pister.Vadran montre à Mia l'image avec un sourire gêné.Euh voici tildy donc...

Fascinée, Mia fixe l'image.

C'est une neko, alors ? Comme moi ?

Les nekos... Ils ont un monde rien qu'à eux, alors ?

Oui c'est une Neko. tu as vu ses petites oreilles, les mêmes que toi. Par contre elle à les cheveux blanc, c'est très rare pour ton peuple.

Quand à un monde...Je vais essayer de faire court pour que tu connaisses la base.

En fait ils possédaient tout un système solaire, comme les humains. Ils avaient deux sources aussi, on les appelle des avatars chez les Neko. Atla et je ne me souviens plus du nom du deuxième, désolé. Elles avaient disparu et le dévoreur est arrivé et il a mangé 13 des planètes Neko. Les anciennes sources humaines l'ont combattu, les Neko ont repris le contrôle et les Avatars sont revenu...Vadran marque une pause et semble réfléchir.

Bref. Atla est revenu sur Dakria, elle vit en haut d'une montagne où les Nekos font des pèlerinages. Mais en revenant, elle à brisé le voile, du coup Dakria est une planète mystique pleine de magie mais où la technologie à cessé de fonctionner. C'est pour ça que l'on s'y est écrasés et que je ne suis pas sur de toute l'histoire. Dakria vit coupée du reste du système Neko et ce ne sont que de vieux récits de légendes que j'ai pu glaner par ci par là... Vadran marque une nouvelle pause pour laisser Mia digérer le flux d'information qui lui parvient.

Je sais qu'il y a Dakria donc, la planète mystique, Oneka, la planète mère des Nekos mais qui est devenue inhabitable, radioactive et instable. Nous en avons vu une autre sur le radar, qui semble fonctionner normalement, mais n'avons pas eu le temps d'y aller. Je compte bien aller voir ça. tu pourrais venir avec nous si tu veux ?

Oh oui, j'adorerais... mais...

...mais la nature craintive de Mia reprend le dessus.

C'est très loin, non ? Et puis je ne parle même pas leur langue, et je ne sais rien des nekos. J'aurais l'air de... d'une étrangère.

Vadran se gratte la tête en marmonant.
 Hum... On peut aller sur l'exploreur en portail, 3 jours pour arriver à l'octogone et paf Dakria... Pour le reste du système c'est plus long... Je pense qu'on peut être sur Dakria en 1 semaine, le reste du système est plus long à atteindre. Mais on peut envoyer un vaisseau faire la route pendant qu'on visite Dakria.... Non ça irait vite ne t'inquiète pas. Mais bon on verra cela plus tard. Vous avez des affaires à gérer ici si j'ai bien suivi. Et puis il faut voir si le voyage intéressé tout le monde.
Par contre je peux t'apprendre le Neko si tu veux. J'ai eu le temps de le parler. On a du temps pendant les voyages. Je te donnerai des cours !

Oh oui, j'adorerais !

Vadran apprend donc à Mia 2-3 mots de base pour commencer, puis demande s'il a une chambre de passage pour s'occuper d'envoyer un message à Jason, voir avec com pour se localiser un peu mieux dans la galaxie et autre occupation du genre en attendant le repas.

Mia va donc demander à l'Ange si elle peut accéder aux demandes de Vadran.

Avant que Mia ne passe la porte, le bruit d'une émission holovisée arrive du terminal de Laurelson. Un générique musical court est suivi d'une voix de commentatrice :

Bienvenue sur Mulder News. Nous coupons notre programme habituel pour avertir la population : Si vous voyez un de ces criminels, n'hésitez pas à faire un rapport exhaustif aux forces de l'ordre. Le tristement célèbre assassin sans nom, appelé "l'Ange de la mort", et ses partenaires de crime, qui n'ont pas d'identité enregistrée aux registres du Sélénium, a encore frappé : On sait que leurs noms sont Mia et Atrid, deux mutants sans pitié, et Laurelson, un hacker qui aurait réussi à effacer toute  trace de son existence. la jeune femme et les trois hommes sont dangereux, et nous vous conseillons la prudence si vous vous trouvez dans le secteur de Nuco. Les portraits des "criminels" apparaissent alors, et ces clichés ont clairement été pris dans les locaux de Haarkon... Ils se sont aujourd'hui attaqué aux bâtiments de Volkschiff, et l'on pense qu'ils ont aussi attaqué le département de recherche de Ford Industries.

C'était R. Scherbatsky, en direct de Mulder News.

Laurelson coupe, lève les yeux vers l'équipage, qui s'est vite réuni pour écouter, et précise :

Ca passe en boucle, sur presque tous les canaux. Ça a du lui coûter pas mal d'argent, pour aller aussi vite. On se casse ?

Non. On ne change rien.

Ah ? Heu... et on fait quoi, alors ?

On se fait discrets. On utilise les masques. On s'infiltre dans sa soirée, et on la ruine tout en sauvant nos réputations. Et ensuite, on tue ce type. Ou on le mutile à vie. Je ne suis pas encore décidé.

C'est risqué, l'Ange. On a que deux masques. Mais... J'ai une eu une idée qui pourrait être marrante. pendant que vous parliez de trucs louches avec l'albinos, j'ai piraté les mails du chef de la police locale... Et je lui ai envoyé un faux message pour l'inviter à la soirée.

Inviter la police ? Alors qu'on est recherchés ? Ce n'est pas... heu... un peu risqué ?

Si, mais si le plan marche, notre ami Niklos sera probablement arrêté et nous relaxés dans le même temps. Et puis il faut qu'il paye, en fait. Il vient de dire à tout le système solaire que j'étais un garçon, ce sale type. Pffff.

D'accord, mais... qui va porter les masques ? Et... Il n'y aura pas de détecteurs, ou de caméras qui peuvent voir à travers ?

Des détecteurs d'hologrammes ? Jamais entendu parler. Et qui va les porter... Ben, pas moi, je serai probablement votre renfort à distance.

J'ai pas besoin de ces trucs. Ça m'arrive souvent de devoir me déguiser. Quant au plan... Bon, j'avoue qu'il n'est pas entièrement prêt.

Il ne suffit pas de faire entendre à la foule le discours qu'il nous a tenu tout à l'heure ? lance Atridès de la cuisine.

Si. Le plus dur sera d'arriver à le diffuser pendant que la soirée bat son plein. Il va falloir s'introduire... D'ailleurs, Laurelson, voici l'enregistrement. Fais-nous un montage clair et concis, s'il te plaît.

Euh, okay.

Moi, je veux bien le masque.
Je suis plutôt bon pour me fondre avec les gens, passer tranquillement. Et je peux m'en sortir, à mains nues, en cas de problème.

Il me faudra juste quelqu'un pour me diriger quand il faudra faire des trucs de vos mondes. La technologie, tout ça.
Laurelson pourrait chuchoter à mon oreille pour me donner de bon conseils.

Encore lancé de la cuisine. Avec quelques bruits de vaisselle qui s'entrechoque. Et des jurons étouffés.

euh moi il n'ont pas donné ma tête, je peux m'infiltrer à votre soirée.

Ah ! Putain, merde ! ... Un nouveau juron qui sort violemment de la cuisine.
Et, étouffé par des crépitement de cuisson :

Pourquoi on ne pouvait pas avoir un vrai foyer ? Ces "unités de cuisson", c'est de la merde...
"C'est compact, et ça ne consomme pas d'oxygène"... Gniagniagnia... C'est surtout qu'il faut être Laurelson pour comprendre comment ça fonctionne, ce putain de truc à clavier !

Ouais ! Ça pourrait passer... , dit-il en reprenant. Mais Harkoon a vu ta tête. 'Faudra être prudent. Mais...

... Pourquoi tu veux nous aider, en fait, Vardan ? A part pour la bouffe...

C'est Vadran. Et j'ai mes raisons.
D'abord, je suis coincé là. Je peux pas rejoindre grav, Jason est parti rejoindre la flotte egerianne avec. L'exploreur Sigma est bloqué dans les télép... L'équipage est en train d'installer des trucs, on se fait chier dessus c'est nul. Et il est bien gardé, pas besoin de moi. RMS est mort... Ça limite les options.
Ensuite vos têtes me plaise, fin surtout Mia, jake et Laurelson, ils sont sympa , je suis sur que soeur sourire à un bon fond, toi je sais pas encore.
Troisièmement, quand votre problème sera réglé, peut être voudrez vous venir avec moi découvrir le monde plutôt que de jouer les mercenaires. Et qui se priverait d'un équipage immortel ?
Quatrièmement j'aime bien voyager et découvrir des trucs, là je vous découvre et c'est marrant !
Cinquièmement mon petit doigt me dit que Mia et Tildy sont faite pour se rencontrer. Je dois vérifier ma théorie.
Et enfin. À ma place, tu préfères planter des champignons ou aller à un cocktail ? J'ai rien de mieux à faire alors...

Atridès sort de sa cuisine et rejoins le petit groupe. Avec le rata.

Il jette un regard qui ne cille pas vers Vadran. Puis il soupire et dépose le plat.

Le pire, c'est que je suis presque certain que t'es un brave gars...
Mais tu donnes tellement l'impression d'être un nid de problème sur pattes, mec !

Bon, allez... Serre-toi.

Vadran commence à manger... À s'empiffrer plutôt.

Hum, c'est chuper bon ! lâche t'il la bouche pleine.
Mais tu chais, je penche que ch'est le lot des sourches de ch'attirait des problèmes...
Y'en a encore ?

Une fois tout le monde servi, sans oublier Jake, oui.
J'ai tendance à avoir la main lourde, il y aura du rab. J'ai fait ça vite, c'était improvisé, mais il y a aussi du vin pour faire passer !

Et il commence à servir les assiettes.

Donc on disait que je prendrai un masque, et il en reste un. Laurelson, non, Vadran, l'Ange et jake, pas besoin... Reste toi, Mia.

Oui mais... Je peux encore cacher les oreilles avec un chapeau, par contre la queue ça va être plutôt repérable.

Mais non, ça va aller. Ta queue, sous une robe, on ne la voit pas. Et puis les oreilles, j'imagine que le masque va gérer, non ?

Tu peux pas l'enrouler comme une ceinture ?

Si, je peux... avec les bon habits.

Bah si c'est une soirée gonflante comme je l'imagine, je suppose que pour les dames c'est robe de soirée... Ca t'arrange dans le cas présent.

Je vais encore devoir me raser la tête. Fait chier. Bref. On n'a que demain pour que tout soit prêt. Je vais aller nous acheter quelques costumes après manger. Vous pouvez venir, ou je prendrai vos mesures, c'est pareil.

Vadran, vu que tu veux absolument t'en mêler, il va falloir qu'on mette deux ou trois choses au point. Il y a eu assez d'imprévus ces derniers jours. Plus que dans toute ma carrière. Alors tes portes de lumière, c'est très bien, ça doit être très utile. Mais s'il y a la moindre chance que ton passé te rattrape ce soir, on a besoin de le savoir.

Non, non. Pas de souci de ce côté là. Pourquoi, ils t'inquiètent, mes portails ?

C'est pas ça, non ; mais je me fie à l'intuition d'Atridès. Tu sens les ennuis à plein nez, et tes histoires sont louches. Plus louches que celles de ces deux-là, et ils ont déjà pas mal de casseroles au cul...

Après le repas, Laurelson se met à fabriquer le montage des paroles de Haarkon ; Jake semble vouloir sortir : il en a manifestement besoin. Personne ne l'a laissé sortir depuis des heures, et sa vessie a atteint sa limite. L'Ange part faire des courses après s'être complètement rasé la tête et la barbe, et avoir changé de style vestimentaire, ce qui laisse les quatre jeunes sources, dont une canine, seuls et libres durant la journée.

Peu de temps après le départ de l'Ange :

Bon, il y a la vaisselle à faire. Et aussi sortir faire une balade avec Jake.
En se retournant vers le chien : Sérieusement, je pensais que tu t'étais habitué au toilettes pendant le trajet... Ah ouais...
J'ai capté : c'est juste une excuse pour sortir, hein ? Bon...

Qui fait quoi ? Moi, je vous le dit tout de suite, si je suis de vaisselle, je fais ça ce soir. Et ce sera un autre qui se tapera la popote le prochain coup.
Je sors. En faisant attention au déguisement.

Vous n'avez pas de robot pour la vaisselle ? Pfff, bon je m'y colle. Je sortirais visiter après ! Je ne connais pas Eastern. Tiens, voici mon numéro de com au cas où y'a besoin de renfort.

De robots pour la vaisselle ? Euh... Je sais pas. Il y en a peut-être. J'ai pas demandé...

Puis il prend le "numéro de com'" et part vers sa cabine pour se changer. Trouver une tenue qui le rende difficile à reconnaître. De là, il lance juste : Tu sais, je ne crois pas que j'aurai besoin de renfort pour me balader en ville. C'est pas la guerre, quand même...

Rwarf !

Je devrais peut-être en profiter pour essayer le masque, et une autre tenue... juste pour voir si le déguisement fonctionne.

Laurel, tu sais comment ça marche ?

Mmmmm ? Hein ? Oh, les holomasques. Ouais bah c'est pas compliqué, c'est un gadget de bourgeois. ça s'applique sur le front et le cou, et il y a des lentilles fournies à se mettre sur les yeux. Elles servent d'écran de sélection. On valide avec les yeux, tout sera écrit. Tu peux faire un visage à partir de rien, ou scanner une personne et la reproduire. Tu verras, c'est pas dur.

Et en effet, le plus difficile (surtout pour Atridès, qui écoute et regarde) étant de poser les lentilles. Les éléments du masque se collent facilement à la peau par succion, et un affichage demande alors à Mia de paramétrer ses préférences. En bougeant les yeux, Mia peut changer d'option, et en clignant deux fois rapidement, valider ses choix. Le premier de ces choix est : "preset, custom ou copie".

Atridès suit le protocole qu'engage Mia, mais bloque sur les lentilles... Poser son doigt sur ses yeux ? Impossible. Les yeux... L'endroit que l'on touche à peine avant de rendre aveugle à jamais un pauvre type. Même pas besoin d'enfoncer les doigts très loin. Toucher doit sûrement suffire.
Il essaye plusieurs fois sans succès. Il y a de fortes chances que Mia doive à terme s'en occuper à sa place, peut-être aidée de quelqu'un pour empêcher le théopolien de trop se débattre.

Pendant que Mia essaye son masque et qu'Atrides regarde, Vadran se coltine la vaisselle. Une fois cela fini, il part flâner en ville. Après tout, c'est la première fois qu'il a l'occasion de visiter une cité terrane où il n'est pas la star locale. Et il a besoin de réfléchir.... D'après le Mulder news, il a tout de même proposé son aide à des terroriste. Il n'y croit pas, il est sur que Mia est la bonne, mais n'arrive pas à cerner Atridès, et L'Ange est tout de même présenté comme un assassin de renom... Comment peuvent ils se retrouver avec lui... ?

Bah, il va profiter de la visite et posera ses questions ce soir. Il ira dans le centre ville donc, faire les boutiques de fringues, laisser un message à Jason dès qu'il sera seul, voir comment on vit ici, et visiter une bibliothèque municipale pour en apprendre plus sur la colonisation d'Eastern serait bien également. Tant qu'à être sur place, autant continuer à étendre ses connaissances.

Et soudain, il réalise que Com peut largement se connecter à la base de données de la dite bibliothèque ; Tandis qu'il finit d'essuyer les plats, ce dernier entreprend de lui faire un résumé vocal de ce qu'il y a à savoir :

Alors... On s'en fout... On s'en fout... Ah ! Eastern est une planète dite "de la seconde vague".
Il y a les planètes "Exodiques", les premières colonisées, celles de la première vague d'expansion...
Et en tant que planète de seconde vague, Eastern est la plus éloignée à l'est des cartes de navigation,
d'où son nom. Après, c'est le vide pendant pas mal d'années lumières, avant de rencontrer les dangereux Teknits.

Son climat aride rend la vie coûteuse, et ce sont d'abord les entreprises privées qui s'y sont installées, utilisant des milices privées pour faire régner l'ordre. Techniquement, le Sélénium gère Eastern, mais dans les faits, la plupart des habitants de la planète vivent et son employés grâce aux corporations. Le climat explique aussi pourquoi seul un quart de la planète est habitée. Le reste de la planète fournit de l'énergie grâce à des champs de billes solaires ou de centrales éoliennes ou géothermiques.

Voilà. Le reste, c'est pour les touristes...

Bien allons voir cette planète aride de plus prêt alors !
Vadran pose son torchon et s’apprête à partir en promenade mais en sortant de la cuisine, il s’arrête net devant la scène et ne peut s'empêcher de pouffer

Besoin s'un coup de main Mia ?

Mia est en plein essai du masque, et le spectacle est en effet surprenant : son visage est lisse et sans précision, symétrique et c'est difficile d'y croire. Ses yeux vont de gauche à droite comme si elle était en train de faire une crise. Mais à mesure que le temps passe, son nez s'affirme, ses yeux changent de forme, ses oreilles disparaissent et d'autres apparaissent, plus bas. Des oreilles bien humaines. Sa couleur de peau devient plus claire, des couleurs pigmentent les yeux...

Mmmm... Ça va ? Ça ne fait pas trop bizarre, demande la jeune fille quand son apparence s'est enfin stabilisée.

Ça change... Mais oui, tu ressembles à une humaine. Je vais essayer aussi.
Sinon, après la promenade de Jake, on fait quoi ? J'ai entendu parlé de "cinéma". Comme un théâtre, mais en faux. Et puis 'faut aussi que je vois ce qu'il y a dans les échoppes des grandes villes de chez vous.


bonne idée, on pourra discuter de vos projet et de ce qui vous à mené ici. À toi donc Atridès.

Ce qui nous a mené ici ? Rembourser une dette, c'est tout.
On veut retrouver des gens. L'Ange nous aide pour ça, nous on l'aide en échange, c'est tout. Et sa mission d'origine a un peu mal tourné.

Ça va ? J'ai l'air normal ? En fait, Atridès n'a que très peu modifié son apparence.

super. Rien à redire. Je pense qu'on est prêt pour une virée. Sinon, recherché par les forces de l'ordre, un directeur d'entreprise renommé qui veut votre mort, des gens perdu, une mission qui tourne mal.... Et c'est moi l'aimant à embrouille ?

Pas faux...

Bon, on va faire du shopping, alors ? Quelqu'un sait comment on s'habille pour le genre de soirée à laquelle on va ?


Oooh oui, je ne le sais que trop bien ! Merci papa et ses réceptions à rallonge.

Oh putain !
Non seulement il attire les emmerdes, il a maille à partir avec les Dieux, il se mêle de nos affaires, il a de la répartie, il plaît à Mia, et c'est le genre de gars à avoir des projets... C'est les pires !
Mais en plus, c'est un "fils à papa" de la noblesse...

Le pire, c'est qu'il a l'air plutôt sympa, malgré tout...

Soupir.

Ouais, bon, on va acheter des vêtements... Et après, je vais au "cinéma". Et faire les boutiques. J'ai vu un kit d'outils polyvalents et miniaturisés dans une vitrine. J'en veux un. "Vintage Swiss Army Tools". Nom à la con, mais ça à l'air chouette.
Peut-être aller voir des filles, après, aussi !

Allez, viens, Jake, on va pisser...

L'arrivée en ville n'est pas vraiment une découverte pour Mia et Atridès, mais pour Vadran, ça reste la première planète de la fédération qu'il visite. Les Terriens sont si bruyants et amassés les uns sur les autres ! La ville lui parait très dense et colorée, voire luisante : tous ces panneaux lumineux pour faire l'apologie d'une boisson ou d'un holofilm... Ils croisent des vendeurs de rue, avec leur étal flottant. Les magasins regorgent de jeunes filles de toutes les couleurs (enfin, du rose au noir en passant par toutes les teintes intermédiaires, mais pas de peaux bleues).

Jake est enfin soulagé, et reste avec Atridès, qui regarde durant des heures (ou ce qui semble être des heures) les deux gamins s'émerveiller devant des vêtements. Il semble qu'ils ne puissent pas choisir leur propre style, et que le "costume trois pièces" soit de rigueur.

Après avoir vu les prix et le reste, ils conviennent de repasser chercher leurs costumes respectifs une fois ajustés, demain. Mia n'y connaissant pas grand chose, elle s'est fiée aux conseils des vendeuses et espère que sa tenue conviendra.

Atridès en a profité pour demander sa route vers les cinémas, et au sortir des magasins de vêtements, ils arrivent dans l'hyper-centre... à quelques rues à peine de l'entreprise de Haarkon. Et les voici enfin face au fameux cinéma. un complexe de grande taille pouvant recevoir huit fois trois cent personnes. Les grands escaliers amènent une petite foule vers une entrée ; chacun se dirige naturellement vers des bornes éparpillées dans une grande salle pour y retirer un ticket. Atridès est un peu perdu, mais un agent arrive alors près du petit groupe et s'adresse alors au grand gaillard :

Excusez-moi, monsieur, mais le chien doit rester dehors, merci de votre compréhension.

Jake fait demi-tour, mais sa gueule est de plus en plus expressive, ainsi que ses yeux, et on sent qu'il en a assez de siester devant les devantures.

Vous n'avez qu'à y aller sans moi. Je vais faire un tour avec Jake, d'accord ?

Et toi, Jake, où est-ce que tu veux aller ?

Vof vof Wooo rrwf. Woorif. Wourirrrrr... Jake exhale bruyamment en sautillant de droite à gauche, la langue pendante à gauche. Il semble fier de... sa prononciation ?

C'est une bonne idée... Donc j'imagine que je vous rejoindrai dans un parc ? C'est le meilleur endroit pour se défouler !

Je pars faire un tour aussi alors, si tu veux courir Jake j'ai une super idée !

A quoi tu penses ?
Au surf gravitique ! Tu connais ? Tu va voir je te montre et tu vas passer une super journée avec Jake.

...


A quoi tu penses ?
Allons chercher un parc, vous aller voir !

Il n'en faut pas plus pour que Jake se mette à sautiller dans tous les sens, courant d'un coin à un autre  en se retournant sans cesse pour vérifier qu'on le suit bel et bien. Il semble savoir où aller, et aboie parfois pour signaler par où passer. Nos amis se retrouvent à slalomer entre les passants durant quelques minutes. Vadran ignore comment, mais Mia semble ne jamais le perdre de vue.

Quand il s'arrête enfin, les autres comprennent pourquoi le chien n'en faisait qu'à sa tête : Dans la Ville, caché par les gratte-ciels, se trouve une énorme étendue dallée de pierre, entrecoupée d'un ruisseau parsemé de petits ponts. On y trouve aussi des abris pour se cacher du soleil. La chaleur y est Plus supportable, et il y a même un peu de végétation, principalement des cactus et des palmiers.

Là, Jake peut donner libre cours à ses envie d'accélération, et les rares passants deviennent pour lui des participants à un jeu de "esquive les humains".  

Mia ayant repéré un marchand de glace non loin de là, elle demande à Vadran...

Tu veux une glace ? Il paraît que c'est délicieux et j'ai toujours voulu essayer. En plus, par cette chaleur...

Tandis que le chien s'amuse, les amis s'éloignent et font leur achat. Avant même leur retour, ils entendent des aboiements. D'abord Jake, puis au moins trois autres. Et ils jappent tous en même temps, leurs maîtres peinent à tenir leur laisse. Jake, lui, bondit dans tous les sens, tout excité.

Mia ne s'en inquiète pas vraiment, plus intéressée par ce que Vadran peut lui apprendre, aussi elle l'invite à s'asseoir avec elle sur un banc.

Dis, Vadran... Tu veux bien me parler un peu plus des nekos, s'il te plaît ?

 Oui bien sur avec plaisir. Je t'ai raconté les grandes lignes de l'histoire de ton peuple, mais je peux te raconter plus en détail la vie sur la planète Dakria. Je n'ai visité que celle là. Tu veux savoir quelque chose en particulier ?

Atridès, de son côté, se retrouve à choisir un holofilm. Il a le choix entre "l'arme mortelle", un film romançant les aventures de deux agents du Sélénium, "Le nouveau Reich", un film historique portant sur un chef de guerre fou qui voulait décimer tout un peuple, et "Micro et Macro", un film d'insertion sensorielle dont la description est assez sommaire, mais positive. Le reste ne présente pas d’intérêt réel.

Atridès aime bien l'Histoire en général, et les histoire de chefs de guerre en particulier. 'Fin, celles de ses officiers étaient toujours fascinantes. Souvent enjolivées, mais fascinantes. Aussi, il se tourne vers "Le nouveau Reich".
Mais comme il doute encore un peu de son choix, et que toute cette foule le trouble un peu, il en profite pour demander à un des autres spectateurs qui se rend dans la salle :

Il est bien ce film ? J"ai pas suivi les critiques...

Lequel ? Oh, ça. C'est du vu et revu, quoi. Des centaines de réalisateurs s'accrochent à l'image des Nazi. C'est comme les singes ou les kaiju. L'été dernier c'étaient les vampires. Mais il paraît qu'ils n'ont utilisé que des armes d'époque ou des reproductions fidèles, et les effets spéciaux sont assez rares. En fait, ce sont les jeunes étudiants qui s'en régalent : c'est mieux qu'un livre d'histoire !

T'exagères. Les mecs qui jouent ces rôles sont allés sur Attuma-V pour s'entraîner dans des conditions similaires à celles de la Terre pendant trois stages de deux semaines d'immersion. Il paraît qu'ils avaient des boîtes de conserve à l'ancienne, avec un truc pour couper dans le métal, et que c'était trop la merde pour manger, rien que ça.

T'es mignon, chéri, mais ça n'en fait pas un bon film. On dirait surtout que les acteurs cherchaient à échapper à leurs femmes. Un bon film, c'est bouleversant. Là, tu réalises juste que la "guerre mondiale" était gratuitement cruelle.

Je suis pas d'accord. Au moins dans ce film, avec les deux héros de camps adverses, tu te rends compte de ce que c'était d'être un soldat nazi. J'aurais presque de la sympathie pour eux, c'est bien joué.

C'est choquant ce que tu me dis là.

Ecoute mec, va le voir, et tu sauras.

Perte de temps et d'argent.

Bah, j'ai du temps et de l'argent, alors...
En tout cas, merci pour l'avis. J'imagine qu'on se sépare ici. Les mains toujours dans les poches, il se dirige vers l'entrée de la salle correspondante. Tout le monde se sépare donc, et Atridès approche du portique menant à sa salle, quand une main se pose sur son épaule. C'est une des deux filles.

On doit se quitter maintenant, mais on peut se retrouver après nos films. Ils durent à peu près autant l'un que l'autre. Moi, c'est Aniès, au fait.

Atridès se dit que lui donner un nom théopolien ou un nom "de code", ce n'est vraiment pas une bonne idée pour la discrétion.
Aussi, il en profite pour détailler le jeune fille de haut en bas avant de répondre. Mouais. Correcte, sans plus. Un peu trop plate...

Tommy. Premier nom "terrien" qui lui vient. Peut-être un des rares qu'il connaisse en fait !
Ouais, on verra bien si on se recroise... Et il passe le portique. Derrière, un couloir sombre amène à une salle circulaire, sombre elle aussi. Seules quelques lumières brillent faiblement au plafond. Chacun s'assied à une place numérotée, dans cette sorte d'amphithéatre, une configuration assez proche de ce qu'il connaît sur Théopolis, mais cette salle a en son centre un appareil recouvert d'un dôme de verre, qui finit par s'illuminer alors que les plafonniers s'éteignent.

Des gens semi-transparents apparaissent alors au-dessus du dôme. Leurs voix viennent des murs, mais ce n'est pas gênant.

Des annonces de marchands résonnent mais personne n'y prête attention. Puis tout s'éteint. Les voix se stoppent, un silence religieux tombe sur la salle.

Des écrits terriens apparaissent dans les airs, et ne disparaissent que pour être suivis par d'autres. Puis la musique monte, et l'on voit la Terre. La planète d'origine des humains ; Atridès la reconnaît facilement, parce qu'elle est présente un peu partout dans leur culture. L'image se rapproche alors du globe, et vise un de ses continents, jusqu'à devenir une carte, que des lignes imaginaires viennent diviser en pays : France, Allemagne, Grande Bretagne...

Et une voix retentit, expliquant heureusement les détails à connaître pour saisir le contexte :

"En l'an 1939, le continent de l'Europe était considéré comme le plus évolué du monde..."

Et le film démarre enfin, une fois tout cela expliqué. Il suit en effet l'histoire de deux hommes, très similaires : une jeune épouse, un enfant à venir, mais des leaders différents, et une culture opposée.

L'anglais résistant devient pilote, l'allemand aussi. Les allemands sont conquérants, mais ils pensent faire le bien. Les anglais sont indécrottables, et fiers. Les allemands mettent des peuples entiers à mort.
Les Alliés inventent une bombe sale qui finit d'achever la guerre par la peur ; le film se termine avec un soldat perdant, jugé pour ses crimes et exécuté, alors que l'autre, qui a suivi un parcours similaire et aussi controversé, est félicité et retrouve sa famille.

L'expérience est saisissante. On se sent comme un fantôme qui regarderait les meilleurs moments d'une histoire : on est incapable d'intervenir, et pourtant on aimerait mettre en garde les personnages.

A sa sortie, ses muscles sont tout endormis, et il s'étire quand la voix d'Aniès l'interpelle à travers la foule. Il lui faut un moment pour la retrouver des yeux, tant elle est menue.

Alors, c'était comment ?

C'était très bien ! J'ai trouvé le film vachement beau, on avait l'air en plein dans l'action, et j'ai appris plein de choses ! Non, vraiment mieux qu'au théâtre...
Le seul truc dommage, c'est qu'il n'ait pas plus montré les fantassins : toujours les pilotes les héros, alors que c'est ceux au sol qui ont dû en chier le plus...
Et le tien était sympa aussi ?


Attends, tu aimes le théâtre ? J'adore le théâtre ! Ils produisent "Phèdre", dans quelques jours, si tu veux. La jeune femme a manifestement arrêté d'écouter quand Atridès a prononcé le mot théâtre. En tous cas sa joie indique qu'elle rencontre peu d'amateurs.

Oui, oui, j'aime bien le théâtre. Tout le monde aime bien le théâtre, j'imagine... Elle m'invite ? Elle, elle me veut... Nouveau regard un peu plus appuyé vers le corps de la jeune fille.
Mouais... Vraiment trop maigrichonne. Mais pour un soir, elle ne sera pas si mal... Par contre, elle a l'air collante. 'Faudra me tirer assez vite après me l'être faite.

... Mais "Phèdre", tu disais ? Ça ne serait pas une pièce sur l'histoire de Phaedra ? La fille du roi Minos ? Celle qui s'est suicidée à cause des manipulations d'Aphrodite ? Pauvre fille. Encore une qui aurait du un peu plus se méfier des Dieux...

Bon, écoute, je te donne mon numéro de communicateur.
Tu m'appelles, et on voit ça ? Là, je dois récupérer mon chien. J'ai du le laisser pour rentrer dans le cinéma, et il va s'inquiéter...

Okay, moi j'y serai en tous cas. Ca se joue au Luxor. Bonne  journée, alors, Tommy.

La fille se retourne plusieurs fois, Atridès en est certain. Lui se rend vers la position des communicateurs de ses amis. Cet objet est vraiment pratique, se dit-il, quand il arrive près de leur position. Des aboiements de toutes parts le font réagir, et le spectacle est surprenant : des gens semblent tous courir après un chien spécifique, mais tous les chiens semblent surexcités. Jake s'en donne à coeur joie, ignorant l'accadien et la neko qui, glace à la main, discutent sans trop se préoccuper des facéties de leur ami canin. 

Un peu plus tard, Atridès arrive au parc. Dès qu'il voit le spectacle qu'offre Jake, il ne peut s'empêcher d'éclater de rire bruyamment. Peut-être que des gens lui lancent à ce moment des regards étonnés.
Après avoir repéré Mia et Vadran, il pense un instant à aller s'allonger loin d'eux contre le tronc d'un arbre.
Mais il se ravise...

Il décide plutôt de continuer à avancer au milieu du ballet que forment Jake et les autres chiens, se dirigeant plutôt vers leurs "maîtres".

Vadran se met à décrire la vie sur Dakria, ses aventures, la faune, la flore. Au fur et à mesure de son récit, des images commencent à apparaître à Mia. Elle peut voir, sentir et même ressentir tout ce que le jeune homme lui raconte. C'est comme un rêve éveillé. Elle pourrait presque croire qu'elle est en train de faire la rencontre des Nekos, mais en condensé.

Elle voit mille détails, dont le visage de son ami Jason, dont il parle tant. Il a un œil rouge et un vert, et ses cheveux sont verts eux aussi. Ils habitent un vaisseau magique où tous les objets sont vivants, et elle peut les voir sur le point de s'écraser sur Dakria. Comment ils ne s'en sont sortis que grâce à un portail et une sorte de robot sphérique volant.

Elle les voit sortir à la nage d'un calme océan, et être accueillis par des nekos comme elle, aux pelages variés. Elle voit même des hommes neko, et ils sont assez beaux selon ses standards. Elle découvre une terre de magie sans technologie, où Vadran et Jason ont pu apprendre les bases de la langue. Malheureusement, ils se reposent beaucoup sur leurs communicateurs pour traduire, mais heureusement, ceux-ci n'étaient plus fonctionnels sur Dakria. Sans s'en rendre compte, Mia vient d'apprendre beaucoup de mots et de grammaire en un clin d’œil.

Elle les voit arpenter les routes sur des animaux ou des chars à voile, parfois même des tapis enchantés. Elle voit les marchés de la côte du continent.



Elle voit leur parcours en bateau sur l'océan, pour pêcher des trésors. Elle voit le village dans lequel ils ont rencontré Tildy. Elle les voit expliquer à la jeune femme toute blanche que le destin les amène et que les dieux les ont guidés jusqu'à elle. La petite pêcheuse saute sur l'occasion sans réfléchir.

Elle voit le pélerinage, où les nekos de Dakria arpentent les quatre coins du continent pour s'approcher de Atla, leur avatar, sorte de dieu vivant. Et leur déception quand ils se rendirent compte que cette chose n'était plus réellement parmi nous, juste une sorte de lumière semi-consciente dans un temple.

Et comme le débit de Vadran est rapide et erratique, Mia est bombardée d'information. Elle voit des forêts, des plages, des montagnes et des villes, des objets enchantés et des gens qui appellent les morts. Elle voit des forêts.




Au bout de quelques minutes qui semblent être des heures, Vadran se rend compte qu'elle à l'air "dans ses pensées".

Ça va, Mia ?

Du point de vue d'Atridès, rien ne semble particulièrement avoir changé.

O... Oui... Ça va. C'était... intense ! dit-elle le souffle court et un début de larmes dans les yeux. Il y avait... tellement de choses !

C'est la première fois qu'on me montre des choses par télépathie, alors... C'était bien de la télépathie, hein ?


Oui c'était bien de la télépathie. Je suis désolé Mia, je n'aurait pas du faire pénétrer mes pensées dans ta tête comme ça. Je ne savais pas que je pouvais faire ça je.... Je ne le ferais plus sans ton accord bien sur, je... Je suis vraiment désolé.

Vadran a l'air terriblement géné. Il se mort la lèvre ne sachant que dire et se lève pour partir.

Hé, attends ! C'était pas grave. En fait, c'était même très bien, ajoute la jeune fille avec un petit sourire rassurant. Tu m'as appris tellement de choses d'un seul coup !

Vadran grimace un sourire.

C'est gentil. Mais je vais rentrer avant que ce genre de chose ne se reproduise. Je vais devoir le contrôler un minimum et rapidement. Il ne faudrait pas que cela arrivé demain pendant la soirée par exemple.
Et puis Atridès vient d'arriver, allons voir son impression sur le cinéma !

Un peu plus loin, Atridès jette un coup d'oeil vers Vadran, fronce un sourcil, puis retourne son attention vers Jake.
D'ailleurs, il va vers le chien d'un pas nonchalant. Jake est en train de palabrer autour d'un attroupement canin impressionnant. Toute la foule de chiens jappe ou crie, de  petits aboiements aigus. On peut bien voir que le centre de l'attention canine est Jake, mais les priorités des maîtres restent leur chien, aussi pense-t-il que personne n'aura remarqué autre chose qu'un chien sans laisse.

Wer-fi ! Mwer-fi ! Fait le chien à Atridès, attirant le regard d'incompréhension d'une dame, qui reste un moment à regarder l'animal qui hoche de la queue.

Atridès vient s'assoir à côté de Jake, histoire de rassurer d’éventuels passants inquiets de voir un chien supposément errant, mais aussi pour murmurer, une main vaguement devant la bouche :

De rien, on refait ça quand tu veux. En plus, c'est Mia qui t'a amené ici, donc le "merci" c'est pour elle... C'est vrai que ce serait chouette que tu vois plus souvent des membres de ta race !
Ce qui me fait penser qu'il faut que je te présente une chienne, si un jour on retourne chez moi. C'est presque une copine.

Atridès repense à cette "fille de Cerbère" avec qui il a partagé sa nourriture la fois où il s'est aventuré comme un idiot, seul dans les Terres Sauvages. Partage de nourriture uniquement motivé par le fait de ne pas servir de nourriture, lui, d'ailleurs... Mais au final, ça s'est bien passé !

Ça doit te manquer, une jolie chienne, de temps en temps, non ? Tu préfères les grandes ou les petites ? Elle, elle est vraiment très grande. Pelage noir, oreilles pointues, yeux jaunes. Ne pas préciser les trois têtes, ça va peut-être le bloquer...

Une voix familière derrière lui le sort de ses pensées.


Alors Atrid , ce cinéma ?

C'était vraiment très bien, je me suis bien amusé, 'faudra que je me refasse ça. Et c'est "Atridès". "Tommy" tant que je porte le masque...

C'était une histoire sur une des grandes guerres de la Terre. Des pilotes de vaisseaux, leurs familles, une opposition entre l'"Axe" et les "Alliés". Puis ce qui arrive aux vaincus et aux victorieux : "Honte au vaincu, gloire au vainqueur".

Assez réaliste, l'histoire. C'est bien comme ça que ça se passe, le plus souvent...

Et sur la technique du spectacle, génial ! C'est la première fois que je vois un truc de ce genre... Les acteurs semblaient être juste à côté de toi, mais en fait, ils n'étaient pas là ! Il y a même une fois ou je me suis mis à couvert derrière le fauteuil d'en face, avant le feu grégeois, tellement c'était réaliste !

Mieux que le théâtre, comme je disais à une fille tout à l'heure...

...

Et toi, tu as discuté avec Mia ? Tu ne lui as pas retourné la tête, hein ? Simplement expliqué comment fonctionne son peuple ?

Bah... En fait j'ai eu un petit souci. Je ne lui ai pas tourné la tête hein ! Juste montré chez elle. C'est le problème. J'ai développé de la télépathie et je ne la contrôle pas. Du coup elle a vu son peuple, mais il faut que je contrôle vite ce nouveau pouvoir.

Non, c'est bien si tu lui a montré l'endroit d'où elle vient...
Mais tu as développé de la "télépathie" ? Attends... Télé patheia... "Sentiments à distance" ?

Houla ! On part de loin. Mais oui on peut dire ça tu y es presque. Certain peuple humain ou extraterrestre d'ailleurs sont télépathe.  En fait maintenant je peux.... Comment dire... On va dire projeter mon esprit dans le tiens pour te parler ou te montrer des souvenirs ou ce genre de chose... Je sais pas trop comment expliquer ça. Mais il faut que je m'entraîne pour que demain cela ne m'arrive pas par erreur alors si tu veux je te montrerais, comme ça tu comprendras.

Si tu veux. Vas-y, fais, envoie ton esprit dans le mien.
Montre-moi la fois où vous en avez le plus chié, avec le type dont tu parlais, Jason...

L'effet n'est plus aussi rapide ni aussi précis, mais se souvenir tout en partageant cette pensée n''est pas si difficile une fois que Vadran se rappelle ce que disait Jason. Atridès voit par les yeux de Vadran un gringalet aux cheveux verts hurler comme une fille devant une sorte de monstre robot. Et la chose lui transperce le torse d'un tentacule perçant. Vadran se cache alors, et le souvenir se stoppe.

Impressionnant !

Mais... Ça veut aussi dire que tu peux lire les pensées des gens, non ?

En théorie oui. Mais seulement les pensées de surfaces. Ce qu'ils pensent au moment même, pas fouiller tout leur souvenir.
Après Jason m'a expliqué que les gens entraînés pouvaient le sentir. Et comme je suis débutant, ce n'est pas trop à tenté. On peux parler aussi. Avec Jason on utilise ça tout le temps.

Le soir venu, la petite équipe retourne sur Shussler. L'Ange s'est trouvé un costume noir et une cravate rouge, s'est rasé le crâne et se plaint constamment de la difficulté d'empêcher ses cheveux de pousser ; en effet, ses poils poussent à une vitesse démesurée.

Le lendemain, Laurelson leur donne leurs invitations ; elles sont nominatives, et la jeune rouquine est assez fière de la façon dont elle a procédé pour les faire envoyer. Une histoire de prestataires...

Le lendemain est calme ; manger, dormir et préparer le matériel sont les occupations principales de L'ange et de Mia, et même Atridès se prépare ; Laurelson lui donne des cours de diction pour tenter d'effacer son accent.

Arrive enfin le jour J. L'après midi leur semble longue, mais tout est prêt : ce soir, ils se mêleront à la soirée et ont chacun en leur possession un appareil que l'un d'eux devra brancher sur la console dirigeant les diffusions holo, afin de transformer la présentation de Haarkon en aveux.

Vers dix huit heure, Mia met sa robe, aidée de Laurelson, bien qu'aucune des deux ne soit particulièrement habituée à ce genre d'accoutrements.

Je ne sais pas comment tu fais pour porter une robe. Et les rubans, là c'est quoi, une ceinture ?


La même scène se déroule pour les garçons : le costume trois pièces n'est pas vraiment le fort d'Atridès, mais Vadran et l'Ange ont plus l'habitude.


Laisse-moi voir ta cravate, va. C'est assez simple quand on a le coup, mais la première fois il faut se faire aider.

Voilà. Ça te va plutôt bien.

Oui, là c'est mieux. Je pense qu'on est prêts !

Oui ! Mais j'aime pas trop la cravate, quand même... C'est ridicule !

Tu parles ! Tu as vu cette robe ? C'est légal de porter aussi peu de tissu ? demande une Mia un peu embarrassée en tentant de rajuster la mince bande de ruban qui lui couvre à peine les fesses.

Ah ouais, je n'ai vu que ça ! Pour la loi, je ne sais pas, j'y connais rien...
Mais moi, ta robe, j'aime bien. C'est... Juste ce qu'il faut !

Parfois, attirer les regards est la meilleure couverture. Apprenez bien vos identités, qu'on ne se fasse pas griller trop facilement.

Un bip retentit sur son communicateur. Mmm ? Oh, les voitures sont là. C'est parti, les enfants. On en a deux, pour arriver séparément. Mia, tu es avec Atridès. Moi et vadran, on ira ensemble.

Et Jake... Tu surveilles Laurelson, d'accord ?

Warf ! Non, je peux être utile aussi, vous faîtes chier à m'abandonner tout le temps ! Warf, warf, warf ! De toutes façons, je ferai ce que je veux. Là.

Vadran ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire, fait un clin d'œil à Jake puis se dirige vers la porte.
Et bien en voiture, Simone !

Simone, c'est le nom de code de l'Ange ?

C'est pas un nom de fille, ça ? demande Mia en allumant son com pour voir ce que Laurelson a préparé pour elle.

Laissez tomber. Alors verdict, quels sont vos nouveaux nom ? demande Vadran en regardant également Com.

Moi j'ai des papiers et un portefeuille avec une grosse étoile dedans. Ça veut dire quoi, Sheriff ? Je suis censé être le Shériff de Angelleville, sur la planète Southam.

Je serai Caerula Sangwiss, une... danseuse venue de New Salem. Oh, j'ai déjà entendu parler de New Salem... Le Magicien disait tout le temps qu'il en venait, comme si c'était une source de fierté.

Et moi, je serai... attention, mystère... Hein ? Fait un Vadran étonné de voir ses propres papiers d'identité qu'il avait pourtant perdus lors de son saut réçent. Bah, je serai Vadran Mordibal, on dirait.

Elle m'a donné une identité de garde du corps Accadien. Patrick Garette. Bonne excuse pour les armes. Et même pour les disques. Elle pense à tout, la gamine... Et elle a des oreilles qui traînent, aussi.

C'est à dire que j'ai piraté vos com' depuis un bon moment, quoi. Ça vous a quand même sauvé les miches, et j'espère bien recommencer, dit le com de Mia. D'ailleurs, Vadran je ne sais pas de quel genre de firewall le tien est équipé, mais c'est le top. J'arrive pas à le repérer pendant assez longtemps pour m'y accrocher. Du coup t'es en solo, je devrai passer par l'un des trois autres pour te parler, à moins que ce soit toi qui appelle. Ou que tu me laisses entrer.

Vadran tapote sur Com dans tout les sens, tel un génie de l'informatique. Com, tu peux laisser nos quatres loustiques te joindre ?
C'est bon Laurelson, ça devrait être bon !

Quoi ? Non non non, pas moyen ! Tu aimerais ça, qu'on modifie ton code source ?

Et juste les laisser nous joindre, c'est possible ? J'avoue que je comprend rien à ces histoires de codes, mais un communicateur qui communique,
c'est tout de même pratique...

On peut avoir un résumé de pourquoi on se trouve à cette soirée, Laurelson ? Au cas où...


Ca ne fait jamais de mal. Comme Haarkon nous a doublés, on l'a fait parler. Quand il pensait avoir l'Ange à sa merci, il en a trop dit. J'ai fait un montage de ce qu'il a dit pour que ce soit bien clair pour tout le monde que ce type arnaque tout le monde. Avec les appareils que je vous ai passés, je vais prendre le contrôle de leurs écrans holo et des enceintes, et comme toute la soirée tourne autour de ses amis et ses clients, qui le voient comme un homme habile en affaires qui veut faire avancer l'humanité, on va révéler le pot aux roses... Et le fait qu'il a commis des crimes. J'ai fait vos invitations, mais pas seulement.

J'ai invité des gens importants. Des représentants de la loi locale. Des gradés du Sélénium. Ce genre de gens. D'après la liste des invités y'aura du gratin. Des ambassadeurs, des chefs planétaires, des industriels... Et même quelques aliens. Alors ridiculisez-le bien comme il faut, et prenez des photos de quand il se fera arrêter.

Oh, désolé, je me suis mal exprimé... Je me demandais pourquoi "nos fausses identités" étaient à cette soirée. Genre, qu'est-ce qu'un shériff de Southam fait à la réception d'Harkoon ?

Et pourquoi il est accompagné d'une danseuse de New Salem...

Oh. Oui, c'est vrai que je ne vous ai rien dit... HAarkon a fait des recherches visuelles et sait qui est Vadran. Comme on a que deux masques, ça ne servait à rien de le déguiser. Alors je lui ai mis un garde du corps, vu que monsieur est un noble Accadien. Et qu'il est passé à leur news pendant les trois dernières semaines, non-stop. Il vous a pas dit, ça ? Le mec est la coqueluche de Réati. Ils avaient un héros sur Accadia, et maintenant lui sur leur lune.

Je suis balaise mais je pouvais pas cacher ça.

Pour vous deux, la danseuse a en fait une invitation pour entrer... parce qu'elle est censée faire un show pendant la soirée. Elle a décommandé, mais c'est moi qui ai reçu son mail. Et je l'ai détruit. J'ai piraté son site et remplacé son visage par le modèle numérique du masque de Mia, sur toutes ses photos.

Et le Shériff est un type occupé qui a reçu une invitation mais n'a pas réservé de vol. Il ne viendra pas. D'après le dossier que Ford avait sur lui, il sera bientôt muté sur Nuco pour chapeauter la police du district industriel de la ville, où se trouve donc Ford et Volkschiff.    

Je vais devoir danser ? Pas de problème.

Par contre... heu... Je suis supposée avoir une tenue de scène ? Parce que si je dois danser là-dedans, ça pourrait vite devenir très embarrassant...

Bah, la plupart des danseuses que j'ai vu n'étaient pas habillées plus chaudement, tu sais. Oh non, même beaucoup moins. Si tu savais... Hihihi.
Je pense que c'est normal...

Ca fera l'affaire. En fait avant d'arriver, tu devrais prendre une cape. Ca fera son effet quand tu la laissera tomber. J'en ai plein, tiens. Une noire. C'est ta couleur. Elle se matérialise directement dans sa main, et il la lui tend avant qu'elle finisse de se matérialiser.

Merci ! fait Mia, ravie d'avoir quelque chose pour se couvrir.

Ils finissent par se rendre chacun dans leur voiture, ce qui les amène au Palais du Louxor, qui se trouve être un grand hall de culture, pour l'occasion loué pour la soirée annuelle de Volkschiff. La devanture est bardée d'ampoules à basse intensité qui luisent d'une lueur dorée au dessus du gigantesque tapis rouge. Les véhicules se garent sur des places temporaires, et des majordomes viennent aider les dames à sortir de leur véhicule et porter les affaires des personnes plus âgées. Le grand étalage de richesse est ahurissant, des fourrures aux brillants, les coiffures élaborées, les équipements hi-tech, les serviteurs robotiques, plates-formes gravitiques, ambassadeurs et gardes du corps, les dignitaires et les militaires, les politiques et les escrocs...

Tout y est. Atridès le comprend aisément ; cet endroit regorge des puissants de ce monde, et chacun est à leurs petits soins.


Et il en fait partie à son tour ! Un majordome en rouge, avec une ridicule petite toque sur ses cheveux roux vient lui faire une courbette, et lui demande son invitation ; même chose pour Mia. Ils doivent être jumeaux. Il y a un moment d'incompréhension dans le regard du majordome de Mia et il demande :

Vous arrivez... ensemble ?

Malgré l'évidence de la réponse, la question laisse un léger silence.

Oh oui, réponds Mia avec un grand sourire. J'ai croisé ce gentleman à l'astroport et il a proposé de m'escorter ce soir. Je suis beaucoup plus rassurée avec lui ! ajoute la jeune fille en s'accrochant au bras du "shériff".

Euuh... Exactement.

Bien, veuillez me suivre. Nous sommes supposés vous amener en coulisses, madame, mais je suppose que vous avez le temps, le spectacle n'est que dans trois heures. Venez trouver un des majordomes à tout moment, pour cela.

Si vous voulez bien nous suivre...

Et sans attendre la réponse, le majordome escorte le couple, bras-dessus bras-dessous, jusqu'à l'entrée ou tout le monde se canalise. Le rouquin numéro un annonce les visiteurs, et un androïde avec de faux cheveux en bouts de métal pointus annonce avec une voix de haut parleur :

Madame Sangwiss et monsieur le Shériff Reeves, de Southam.

Il semble faire ainsi avec tout le monde, et l'on entend rapidement :

Monsieur Aram Keating, illustre hôte holovisé, et mademoiselle Neige, de Terra Secunda.

Monsieur Ellon Compor, directeur général du groupe Compor, et dame Grimhilde.

Monsieur Vadran Mordibal, de Réati, et suivants.

Compor ? Eh merde...
Compor. Ça va aller, mademoiselle Sangwiss. Vous n'êtes pas toute seule, cette fois-ci.

Oui... dit Mia en resserant son étreinte sur le bras d'Atridès avec tout de même une certaine inquiétude. J'espère seulement qu'il ne peut pas nous reconnaître, ajoute-t-elle en se retenant pour ne pas se retourner.

De leur côté, Vadran et l'Ange sont accueillis avec déférence. La majordome, lorsqu'elle voit l'invitation de Vadran, le regarde en écarquillant un instant les yeux puis se reprend :

Monseigneur Mordibal, votre mère vous attend à l'intérieur.

Ma mère ? Ou son corps plutôt. J'espère qu'elle n'a pas investi chez wolkshir ou je sais pas quoi. Il faut. Que je la prévienne rapidement.
Vadran regarde son invitation.

Un problème mademoiselle ? Et appelez moi Vadran je vous en prie, j'ai l'impression d'avoir l'âge de mon père sinon. lui dit il en souriant.

J'aimerais ça, monseigneur. Mais pas pendant le travail, je le crains. Si vous voulez bien me suivre...

L'Ange reste dans son rôle, silencieux et froid, et la femme ne lui adresse même pas la parole. Quand Vadran arrive à l'entrée, un robot énonce son nom très haut dans la salle et tout le monde peut l'entendre. Abee Mordibal, la mère de Jason, est bel et bien là ; quand elle entend son nom, elle s'excuse et s'en vient vers lui, les mains croisées derrière le dos, un air faussement dur sur le visage. Comme d'habitude.

Tu as fait vite, Vadran. Elle jette un coup d'oeil à l'ange, et sous ses lunettes, un sourcil s'élève brièvement. Je dois avouer que je ne m'attendais pas à te voir si rapidement.

Vadran sait bien qu'il a un corps artificiel devant lui, elle ne doit donc pas pouvoir user de télépathie.

 En effet, j'ai fait vite. J'aurai l'occasion de vous expliquer cela et d'autres informations que j'ai pour vous, d'ailleurs. Mais quand nous aurons trouvé un endroit plus discret.

Je crains qu'un tel endroit ne soit pas disponible ce soir. Ecoute... Je suis ici pour renégocier des traités commerciaux avec la Fédération Terran. Le peuple égérian travaille avec le Sélénium, mais aussi avec des privés, ce que vous appelez des "entreprises". Mais les Terriens sont mesquins, et veulent l'exclusivité. Comme ils le font avec leurs femmes. Comme... Comme ton père. Néanmoins, pour le bien de tous, je joue le jeu.

Quand Haarkon m'a dit que tu allais venir, j'ai été surprise. Pourquoi es-tu là ?

Pendant que Vadran écoute, Com affiche sur son écran un résumé écrit de la discussion de Laurelson,
Mia et Atridès.

Nous allons juste assister à la soirée, madame. Vos affaires semblent importantes, mais si je peux vous faire une suggestion, vous devriez les reporter.

Et vous êtes...?

Un garde du corps concerné, madame. J'ai un sixième sens pour ce genre de choses.

Inutile de vous inquiéter pour moi, jeune homme. Il ne peut rien arriver à mon intégrité physique, Vadran pourra vous le confirmer.

 Je confirmé en effet. Mais je confirme également ce qu'il dit. Ne faites pas affaires avec Haarkon et si si déjà fait, retirez vous TRÈS vite et privilégiez lui Ford. Je vous expliquerai plus tard.
Merci Com.

Eh bien nous aviserons après la présentation, j'imagine... Mais je m'en souviendrai.

Au même moment, les communicateurs de Mia et d'Atridès sonnent. C'est leur hacker préférée.

Ooookay.
On est dans la place, et aussi, vous êtes sur écoute. Tout le monde l'est, mais j'utilise vos coms pour diffuser du bruit blanc, et je m'en sers comme module d'écholocation. Bref, tout ça pour vous dire : LA console qu'on vise est au sous-sol, donc hors de la soirée, dans le local technique. Vous voyez le dôme central au-dessus de vos têtes ? Eh ben pile sous ce dôme.  

Et en effet, le plafond en forme de dôme abrite un diffuseur Holo. Pendant qu'ils regardent la scène, ils peuvent voir entre autres le quartet de cordes qui joue sur une petite scène, une femme aux cheveux verts qui quitte un groupe d'entrepreneurs pour aller discuter avec "monseigneur Mordibal", et une foule de serveurs aux plateaux recouverts de boissons. L'un d'eux passe près d'eux et leur propose des coupes.

Atridès en prend deux, et en tend une à Mia.

Doucement, si tu n'as pas l'habitude.

Dis, Laurelson, fait-il en se tournant vers la Neko, afin que ce ne soit pas suspect si quelqu'un voit ses lèvres bouger, c'est par où le chemin pour la console ? Parce que j'imagine que ça va être pour nous deux. Pas tout de suite, mais bientôt.

Je suis pas sûre. j'ai jamais vu cet endroit, moi. Mais Mia doit pouvoir visiter un peu les coulisses ; j'espère que ça aidera.

Tu n'as pas trouvé les plans ? demande Mia en faisant elle aussi mine de parler à Atridès.

J'ai les plans, bien sur. Mais d'une j'y comprends rien, et de deux je sais pas où ils ont foutu ca. Mais il y aura un opérateur, pour sur.

Envoie-les nous quand même. On ne sais jamais.

Hé, c'est très bon, en fait, dit Mia après avoir goûté une gorgée de champagne.

On va se mêler aux invités pour l'instant. J'irai voir en coulisses un peu plus tard.

Elle finit son verre en s'avançant dans la salle avec Atridès tout en observant les invités, mais aussi la sécurité : gardes, caméras, issues possibles, etc.

Les réflexes "professionnels" de Mia sont toujours aiguisés. Son regard pourrait maintes fois s'arrêter sur les gens impressionnants, riches ou étranges, mais elle s'en tient à l'essentiel : Et elle est assez surprise de ne trouver quasiment aucune sécurité. Autant l'extérieur est envahi de vigiles, autant la salle gigantesque en est dépourvue, si ce n'est les quatre personnes de taille impressionnante se tenant devant certains murs, les mains croisées et la posture droite, assez près les uns des autres. L'un d'eux bloque l'issue de secours. Deux autres une double porte. Le dernier marche dans l'assistance, portant souvent le doigt à son oreille, et il observe un peu tout le monde.

Comme la salle semble avoir été louée (c'est habituellement une salle de spectacles), il n'y a pas de caméras à l'origine, et vu la technologie dont dispose Haarkon et ses habitudes paranoïaques, Mia mettrait sa main à couper qu'il aura fait équiper la pièce de sécurités discrètes. Pourtant, elle ne trouve rien.

Les plans leur arrivent, et Tout s'éclaircit alors pour la Neko : Il y a mille choses intéressantes, comme la trappe géante capable de faire s'enfoncer la scène toute entière à l'étage inférieur pendant les spectacles, La trappe plus petite intégrée à la première pour les tours de magie, Les enceintes intégrées aux murs tout comme les holoproj... Et les autres issues, plus communes ; maintenant qu'elle a les plans, elle peut voir que la double porte gardée donne sur l'étage du bâtiment.

Veuillez m'excuser, mais je vais devoir commencer à me préparer en coulisse, dit-elle au "shériff" au bout d'un moment, avant de prendre la direction de l'entrée des artistes en se préparant mentalement à tenir son rôle.

Très bien. Bon courage pour la représentation, mademoiselle.
Je vais aller saluer des gens, ça et là...

Mia part voir les majordomes, qui l'emmènent dans la foule jusqu'à la porte gardée. Atridès se retrouve donc seul dans la foule. Mais une main se pose finalement sur son épaule alors qu'il jette un œil à la foule, un peu hors de son élément.

Ah, à vous voir, vous êtes hors de votre élément, jeune homme. Laissez-moi deviner. Sheriff Reeves ?

Exactement, dit-il en réprimant son accent théopolien.
Merci pour votre invitation, Mr. Harkoon. Je ne suis pas habitué aux soirées mondaines, mais pour l'instant, ça me plait... Atridès lève sa coupe avec un petit sourire. Excellent.

Et tout ce district pourrait être vôtre à gérer. Finies les histoires glauques, bienvenue à la civilisation. Meilleur niveau de vie, l'assurance d'une carrière plus calme. Vos malfaiteurs seraient d'un autre calibre. Nous aurions bien besoin d'un homme comme vous, ici. Et vous auriez mon appui, bien entendu.

Quel genre de calibre, les malfaiteurs d'ici ?

Petite criminalité, quelques occasionnels braquages, mais vu la densité de la population, on les retrouve rapidement. Et vous auriez vos députés pour faire le travail dont vous ne voulez pas, que ce soit sur le terrain ou en bureau. Vous pourrez choisir un pourcentage de vos hommes, si vous avez des gens de confiance.

Oh, mais où sont mes manières... Connaissez-vous ma soeur, Daphne ?

Comme par magie, une des jeunes femmes qui discutaient ensemble un peu plus loin se retourne. Tout est décidément millimétré, et Haarkon semble déjà prêt à partir accomplir sa prochaine entrevue.

Oh, vous devez être ce shériff que Niklos désire tant voir reprendre la tête du district ! Il paraît que votre carrière est si fascinante, qu'il est prêt à vous faire changer de planète pour venir travailler pour, enfin, avec nous. Je serais ravie d'entendre vos histoires, cela doit être passionnant.

Sans vraiment s'excuser, Haarkon - le mâle - lui tape légèrement l'épaule, et comme s'il s'agissait d'une danse chorégraphiée, change de partenaire de discussion dans un mouvement fluide.

Enchanté, mademoiselle Haarkon.
Sacrément mignonne, sa sœur... Tant qu'a le mettre dans l'embarras, je la prendrais bien en supplément !
Mouais... J'aurais pas le temps, et il faut que je reste concentré sur la mission...
Ce serait avec plaisir, mais vous savez, ce sont souvent des histoires assez sordides. Pas le genre que l'on raconte à des dames de votre rang.
En tout cas, je suis toujours en période de réflexion, mais j'avoue que je suis de plus en plus tenté de travailler avec vous.

Il ne peut pas s'empêcher un petit sourire charmeur.

Quel dommage. Vous savez, les "dames de mon rang" aiment aussi s'encanailler, parfois. Mais qu'à cela ne tienne. Promettez-moi juste de considérer l'offre de mon frère, et nous aurons, je l'espère, le loisir d'écouter vos histoires, aussi sordides soient-elles, quand vous serez en poste. D'accord ?

Promis. Mademoiselle, je ne veux pas abuser de votre temps, mais j'ai été très heureux de faire votre connaissance. A très bientôt, je l'espère.

Mia part voir les majordomes, qui l'emmènent dans la foule jusqu'à la porte gardée ; derrière, un escalier monte et un autre descend. On la prie de les suivre vers le bas ; Elle parcourt le couloir qui suit jusqu'aux loges.

Eh bien, je vous laisse. Le spectacle doit avoir lieu après la présentation, qui elle-même... devrait arriver dans l'heure. Quand vous serez prête, il faudra encore attendre un peu et l'on viendra vous chercher. L'holo-opérateur est au bout du couloir, c'est lui qui active la plate-forme, la fumée, la musique, et l'image. Il est un peu ronchon, mais il parait qu'il est doux comme un agneau avec les dames. Vous avez de la chance, dans un sens.

D'accord. Merci. Je vais aller le voir tout de suite, dit Mia avec un petit sourire avant de prendre la direction que le groom vient de lui indiquer.

Le couloir est plein de salle de stockage ou de loges, et en effet au bout de celui-ci, une grande double porte coupe-feu abrite tous les équipements audio et vidéo, en vrac parmi des centaines de câbles. Immédiatement, le vieux gros bonhomme qui était penché sur l'ensemble fouillis se redresse et se retourne, malgré la discrétion naturelle de la petite Néko. Le bon point, c'est que la fente dépassant de son pantalon bas disparaît. Le mauvais, c'est qu'il fait un peu peur. De la fumée s'échappe encore de son clope.

Mmm ? Qu'est-ce que vous faîtes ici, vous ?

Heu... bonjour ? Caerula Sangwiss, dit-elle en lui tendant la main. C'est moi qui assure le spectacle, tout à l'heure, continue la jeune fille avec son sourire le plus charmant.

L'homme la regarde sous ses lunettes, sans avoir l'air de réagir. Un petit malaise s'installe, et il finit par sourire, et par accepter la main. Sa poigne est molle et moite, comme le reste de son être.

Ah. La danseuse, c'est ça ? Vous êtes une curieuse ? On m'a dit que vous étiez exigeante sur les effets lumière, vous avez reçu mes messages ? Parce que je peux faire tout ce que vous voulez, mais vous avez intérêt à être millimétrée, moi je peux pas improviser. Vous voulez qu'on revoie tout ça ensemble, ou vous savez improviser ?

Je peux improviser si nécessaire, mais je préfère quand même quand c'est planifié proprement. Allez, montrez-moi ce que vous avez. Jolie installation, d'ailleurs !

Mmmff. Le Haarkon voulait pas de moi au départ ; i lvoulait que ce soit son propre gars. Mais c'est MA salle, MON matos, et il fait avec ou il va ailleurs. Et je crois qu'il l'a compris, maintenant. 'Jamais aimé ce type. C'est un serpent, vous devriez faire attention à ce qu'il vous paye ce qu'il vous doit. C'est pas pour rien qu'on a jamais deux fois les mêmes artistes...

Bref. Voyons la disposition des lumières. Je me suis basé sur une de vos vidéos, mais je n'ai pu commencer que ce matin.

Ils regardent ensemble la vidéo - heureusement, il s'agit de celle truquée par Laurelson - Et de temps en temps, cette dernière écrit sur le com de Mia :

Le drive que tu dois brancher doit rester branché. Il va falloir que tu arrives à le lui cacher, ou alors il faudra qu'on se débarrasse de ce mec.

Mia imprime mentalement l'information et continue.

Oui, c'est très bien, mais je voulais apporter quelque changements.

Tout en analysant la tridéo avec l'opérateur, elle se dit qu'elle aime bien ce bonhomme et sa franchise, et elle commence à craindre qu'il ait des ennuis à cause d'elle si elle met son plan à exécution à son insu.

Alors comme ça vous n'aimez pas beaucoup monsieur Haarkon ?

M'en fous, c'est juste un client. Ce que je n'aime pas, ce sont ses manières. Il se prend pour l'empereur du monde. Il pense pouvoir acheter toute la planète, et il y arrivera si on le laisse faire.

Vous savez ce que mon père disait toujours ? "On aurait dû se débarrasser de l'argent quand on a quitté la Terre". Mais non. On a gardé ce vieux système, on a tout refait bien proprement... Et on recommence les mêmes erreurs. C'est triste. Mais je divague.. Ecoutez, je vais aller chercher un café, je vous en prends un ? Après on voit vos affaires. Ça prendra cinq minutes.

Bien d'accord au sujet de l'argent... d'autant plus que j'ai un mal fou à le gérer comme il faut !

Oh, et je veux bien un café. Merci beaucoup ! Avec du sucre, s'il vous plaît.

Sitôt le vieil homme parti, Mia commence à chercher un plug qui soit hors de vue, derrière les consoles et boîtiers informatiques. Elle en trouve plusieurs.

Malgré le fouillis, tous les équipements sont branchés à des endroits spécifiques. La machinerie est composée de multiples appareils tous reliés, et il y a de l'ordre dans ce chaos. D'ici, il a tout de même accès à une vue de toute la salle, via l'holoprojecteur : ce dernier projette ici un petit hologramme de toute la salle, pour avoir une vue d'ensemble de la présentation. Et on peut zoomer à loisir.

Mia a déjà branché l'appareil et a pu commencer à jouer avec la machine pour voir ce que font les protagonistes principaux avant que le café n'arrive : Laurelson active déjà les commandes à distance.

Vadran se mêle au jet-set, avec une femme aux cheveux verts, un beau jeune homme, et elle reconnaît avec eux le maire de Shangri-la. Atridès observe autour de lui, un verre à la main. Haarkon parle avec Compor. La sécurité ne se doute de rien. Le vieil homme revient, lui tend son café - il est noir comme le vide intersidéral - et ils mettent au point un spectacle improvisé.

Eh bien j'ai impatience de vous voir à l'oeuvre, mademoiselle. Si la soirée vous déplaît après la représentation, je suis toujours là.

En attendant, Vadran, j'aimerais te présenter des gens.

Vadran lui emboîte la pas, suivi de l'Ange qui dévisage tout le monde sans aucune gène (de son côté, tout du moins). Soudain, Vadran ne sent plus autant sa source, ce qui veut dire qu'il s'est arrêté il y a quelques mètres. Il semble interloqué, et il cherche quelque chose. Soudain, Vadran comprend pourquoi :
Il y a une source inconnue, ici, dans cette soirée ! Elle doit être toute proche, mais qui est-ce ?


vadran Marque un temps d’arrêt, stupéfait.

Là ça devient interressant !

Puis il suis sa mère de plus belle, il aura tout le temps de chercher en discutant.

Voici deux personnes que je suis assez fière d'appeler mes amis : le maire de Shangrila, la planète qui fait parler d'elle ces dernières années au sujet des droits des I.A. ...

Un ami d'Abee-brand est mon ami, monsieur Mordibal.

Et un autre ami devrait nous rejoindre... Oh ce n'est pas vrai. Pour un gamin, il a un sacré talent avec les femmes.

En effet, un jeune homme, la vingtaine à peine passée, est en trian de faire un sourire ravageur à une dame d'âge mûr, et il est impossible de ne pas se rendre compte qu'elle en attend bien plus que ce qu'il ne lui offrira jamais ; néanmoins, lorsqu'il la quitte, elle a un sourire radieux. Et le voici qui revient, comme s'il savait qu'on parlait de lui.

Oh, excusez-moi. Madame de Haussy voulait négocier un peu de pub dans mon émission, vous savez ce que c'est. Oh ! Vadran Mordibal, c'est cela ? On nous a dit beaucoup de bien de vous ! Vous êtes la coqueluche des média Accadiens, paraît-il. Ca vous dirait, une couverture médiatique à la Terran ?

Trois choses sont remarquables chez le jeune homme : sa fougueuse bonne humeur en est une. Son assurance et son charisme en composent une autre. La troisème, Vadran ne la réalise que très tard, quand il arrête de parler et que leurs mains se serrent : C'est lui, la source.

Voici donc Aram Keating, le présentateur.

Vadran fixe le nouveau venu droit dans les yeux et ne le lache pas du regard tout en répondant.

Décidément Mère, vous avez des relations des plus surprenante ! Enchanté monsieur le Maire, Monsieur Keating. Et en effet, il faudra que l'on parle de votre projet.

Le maire n'était qu'un jeune moine quand je l'ai rencontré. Et Aram est le fils d'une vieille connaissance. Nous fréquentons juste les mêmes sphères...

Il est vrai que nos statuts nous imposent certaines rencontres. Mais c'est le destin qui nous unit. Mon chemin a suivi le chemin du destin. Et beaucoup de visages familiers se trouvent ici, d'autres destins qui tissent un motif avec moi. Cette soirée sera riche en événements. Dire que tu es mariée, Abee... S'il y a bien une femme que je n'imaginais pas mariée, c'est bien toi.

Nous sommes pareils, moineau. Nous agissons pour le bien de nos peuples avant tout. Le destin n'a rien à voir avec ça, ce sont nos volontés.

Ha ! La volonté peut faire plier un aspect du destin... Mais seulement un à la fois ! La tapisserie est bien plus grande que nous. Et je ne souhaite pas l’abîmer.

Qu'en pensez-vous, jeunes gens ?

Un peu perdu, Atridès mate les femmes, une coupe à la main. Certaines peaux ont décidément des couleurs qui lui sont tant étrangères qu'elles le fascinent. La salle n'est pas mal non plus ; si on lui retire tous leurs appareils scientifiques, Il reste un bâtiment bien ouvragé, bien décoré.

Il y a tant de gens qu'il ne sait pas trop vers qui aller, aussi reste-t-il en observation. Haarkon parle maintenant avec Ellon Compor, toujours masqué et bossu, il s'aide d'une canne. Il semble si pitoyable, maintenant qu'Atridès y pense. Une brindille,
facile à briser.

Puis compor lui serre la main, l'autre s'en détourne et se fait immédiatement suivre par un autre gorille en costume. Niklos Haarkon frappe alors dans ses mains, et hèle la foule en frappant une cuillère sur son verre. La musique s'arrête progressivement, et naturellement, les conversations suivent. Même la lumière faiblit. Il ne reste plus que lui, au centre de la pièce. Une lueur l'entoure, un spot invisible s'est braqué sur lui. Il sourit.

Mesdames et messieurs, bonsoir.

Toute l'équipe reçoit un message au même instant : Tout est en place, vous devriez filmer.

Je suis Niklos Haarkon, et aussi le visage derrière Volkschiff. Sur terre, nous étions Volkswagen. Mais depuis l'exode, nous n'avons jamais arrêté de voir plus grand. Des accélérateurs "Slingshot" en passant par les I.A. de contrôle et les derniers modèles de portes d'accélération spatiale, nous avons fait beaucoup de chemin depuis l'exode, poussant comme le vent pousse la voile d'un bâteau.

Et ce bâteau est l'humanité.

Eh bien, mes amis, j'ai à nouveau une bonne nouvelle pour vous. L'espace lui-même n'est plus un problème : Je vous présente le moteur Argos, qui a lui seul révolutionnera notre façon de concevoir le voyage spatial. Je parle d'un vaisseau capable de dépasser, enfin, la dernière barrière qui nous retient : la vitesse de la lumière.

Dans l'espace au-dessus de lui, des lumières fluctuent, offrant un joli spectacle pendant qu'il palabre. A la fin de son discours, Les images se précisent pour former un logo et un moteur stylisé. Haarkon explique le principe d'altération de l'espace que déploie le moteur dans des termes très vagues, quand une tête de mort remplace soudainement la projection.




MESDAMES ET MESSIEURS, ON VOUS MENT. LAISSEZ MOI VOUS ÉCLAIRER : HAARKON A VOLÉ CETTE TECHNOLOGIE. PAR L'ARNAQUE ET LA TORTURE. LA PREUVE ? LA VOICI.

Apparaissent dans les airs, l'Ange, suspendu par les générateurs de champs de force, en pleine discussion avec l'hôte de la soirée. Abeebrand se retourne immédiatement vers Vadran, l'air inquisiteur. L'Ange, le vrai, a disparu. Vadran ne le sent plus et il est introuvable...

Oh putain... Les électrochocs, c'est peut-être pas nécessaire, si ?

On ne prend jamais assez de précautions. Je connais votre réputation.

Et tu m'as arnaqué quand même ? On ne trahit pas l'Ange, petit pdg. Ou on le paye. Tu m'as engagé pour voler les plans de Volkshiff, refusé de payer. Le cartel aura ta peau.

Ce n'est pas un cartel qui me fait peur. Je suis promis à de grandes choses. Trois assassins ne représentent rien. Mais tuer l'Ange, par contre... Maintenant, ou sont tes partenaires ? Je vais te vendre à prix d'or, ça financera la construction du moteur Argos. Mais je ne veux pas de mauvaises surprises. Alors ? Où ?

C'étaient des gamins. Ils ont détalé comme des lapins. Mais pas moi : tu t'en sortiras pas vivant.

Ne me faîtes pas rire.

On voit Haarkon activer des commandes derrière son mur de protection, et on entend des os craquer.




MAINTENANT QUE LES CHOSES SONT CLAIRES, NOUS VOUS LAISSONS A VOTRE PRÉSENTATION, MONSIEUR HAARKON.

Une image de moteur et un logo apparaissent, et la présentation reprend durant dix secondes avant que tout ne s'arrête.

En bas, Mia a juste assisté à la plus grande crise de panique de l'histoire de l'humanité, quand le vieil homme a retourné tout son équipement dans tous les sens pour trouver l'origine des perturbations. Heureusement, avant qu'il ne trouve, Mia l'avait récupéré, car le message était assez bref. Pour être certain que ça n'arrive plus, l'opérateur commence à débrancher toutes ses machines, une par une, en criant :

Non non non non non....

Hé ben ça ! On dirait que mon spectacle vient d'être annulé... fait Mia en faignant la surprise la plus totale.

Et dans le dos du vieil homme paniqué, la jeune fille s'éclipse discrètement puis reprend la direction de la sortie, vers la salle principale, sans cesser de jouer la comédie de la jeune fille perdue.

j'ai avancé un gros coup, et édité sur vadran et mia.

pour vadran en particulier, tu es libre de faire continuer cette conversation jusqu'à l'intervention de Laurelson.

Atridès sent le chaos arriver. Autant y aller de sa petite contribution...

Qu'est ce que c'est que cette histoire ?
Alors, c'est pour ça que vous vouliez que je collabore avec vous ? Pour vous assurer que les forces de police ne se mêlent pas de vos affaires ?

C'est indigne !

Rapidement, des gens sortent, d'autres vient, certains crient. Un homme ôte un masque similaire aux masques portés par nos amis : c'est monsieur Ford en personne ! Il etaye immediatement les faits. Le sheriff local, un homme à larges moustaches, s'approche pour lire des droits à celui qui est devenu l'accusé. La justice opère enfin.

Les lumières se coupent alors. Et une détonation retentit. Un cri suit les premières lumières de communicateurs qui dévoilent la scène : Haarkon est à terre, une balle fichée entre les yeux.

Les générateurs ne semblent pas vouloir se remettre en route, et la panique s'empare de la foule.

Là, c'est le moment de se tirer... Vite !
... Eh merde, elle est où, Mia ? Putain, dans les coulisses !
Et c'est donc de cette direction qu'Atridès se fraie un chemin. Physiquement, car il le faut. En fait, la plupart des gens tentent d'accéder à la sortie.

Heureusement, ils finissent bien vite par se heurter l'un à l'autre, et Atridès peut jouer des bras pour empêcher la petite Neko d'être bousculée. Leurs comms recoivent un message, mais impossible de vérifier avant d'être sortis. Ils finissent par retrouver Vadran avec le même groupe de personnes qui l'accompagnait, dehors, intacts. Les lumières de la ville révèlent alors à quoi ressemble chacun dans une situation de stress, et la plupart des gens sont déjà contenus par un barrage de la police : chaque limousine est donc là, à attendre l'autorisation de partir...


Ce qui leur laisse le temps de lire le message de Laurelson :

So long, suckers. And thanks for all the fish. Après sa lecture, leurs appareils surchauffent et s'éteignent dans un petit bruit de combustion.

Heu... J'ai encore un mauvais pressentiment. On ferait mieux de filer.

Tu sais où est l'Ange ? demande Mia à Atridès. Comme pour lui répondre, d'en haut du bâtiment, un homme à chapeau, fumant un cigare, et doté d'une barbe fraîchement repoussée et d'un poncho, hurle à l'assistance, police compris :

JE SUIS L'ANGE ! CRAIGNEZ-MOI, CAR NUL NE PEUT ME VAINCRE. PARLEZ DE CE SOIR, CAR LE MONDE DOIT SAVOIR : CEUX QUI ME BARRENT LA ROUTE FINISSENT COMME CEUX QUI M'ONT TRAHI !

Et la silhouette disparaît dans l'ombre, et la police, déjà dépassée, se désorganise assez pour que nos amis puissent filer.

Et gagner 40 xp chacun. On peut continuer un temps l'après-coup du chapitre, mais j'hésite encore à ellipser.

A Mia, avec qui il est resté le temps de la "mise au vert" :

Il y a pas à dire, il a la classe, l'Ange.

Quand il le veut bien...

Oui, c'est sûr, mais... J'aurais préféré qu'il choisisse de se contenter de l'humiliation, de ne pas le tuer à la fin.

Enfin, je ne vais pas être hypocrite non plus : Il avait dit qu'il le ferait. Je savais dans quoi je m'engageais, dit Mia avec tout de même un peu de tristesse. Je suppose que je suis vouée à rester une criminelle.

Atridès et Mia finissent par retrouver Vadran, ou plutôt c'est lui qui les retrouve : Il s'est échappé avec l'égérianne verte, un jeune homme et un vieux moine. Nos amis étaient en train d'écouter les aboiements lointains quand une porte de lumière apparaît à dix mètres de là.

Le temps que Vadran les repère en ouvrant des portes dans le quartier pour accroître la portée de ses perceptions, et le tour était joué. Finalement, même Jake finit par les retrouver.  

Maintenant, on peut peut-être parler de ce qui vient de se passer ?

Hummm... ?
Vous voulez parler du discrédit puis de l'assassinat de Haarkon ?
J'imagine que c'est dangereux d'arnaquer un professionnel du calibre de l'Ange... Il n'y a pas grand chose d'autre à en dire.

Mais comment étais-tu au courant en avance, Vadran ? Pourquoi es-tu ici ? Et sauf votre respect, jeune homme, vous pourriez avoir le courage de montrer votre vrai visage, avant de mentir.

Je montre mon vrai visage à qui je veux, vieille femme. Et je te connais pas.
Techniquement, j'ai pas menti. Alors tes remarques sur mon courage, tu sais où tu peux te les carrer ? Sauf ton respect, bien sûr...

Votre coeur a eu une arythmie ; si vous ne mentiez pas, vous cachiez quelque chose. Et je vois à travers vos masques, aussi, Alors... Mais l'égérianne est interrompue.

Laisse, Abee. Je connais la jeune fille. Le fil de son destin a déjà croisé le mien. N'est-ce pas, mademoiselle Ô ? C'est donc une affaire confidentielle, n'est-ce pas ?

Oui... C'est le moins que l'on puisse dire.

Si nous nous croisons encore une fois, mademoiselle, nos fils deviendront une tresse.

Oh, je t'en prie, pas maintenant...

Quoi ? C'est une jolie comparaison ! répond joyeusement Mia, qui n'a pas du tout compris l'allusion.

C'est plus qu'une métaphore, jeune fille. Chaque vie EST un fil, et le destin les lie pour créer la tapisserie du temps. Nos chemins se sont croisés deux fois, et je ne crois pas au hasard.

Je crois que c'est cette même conversation qui a "lancé" la soirée... Peut-être certaines questions valent-elles de rester sans réponses. Néanmoins, une question me taraude... Quelqu'un pourrait me déposer ? Parce que je n'ai pas emmené mon sac, avec tout ce remue-ménage...

Très bien, on va faire vite et on parlera du destin plus tard si vous voulez bien. Atridès, Mia, voici ma mère. Accompagné du maire de Shangri-La que vous avez déjà croisé et celui qui cherche un taxi c'est M. Keaping.

Keating.

Ouais. On bouge maintenant ?

Évidemment. On n'allait pas se faire une bouffe tous ensemble, de toute façon... Allez, j'y vais moi. Vers le vaisseau, bien sûr.

Ah ? Ok, on y va alors. Vadran, tu repasses nous voir hein ?

Au revoir, dit Mia avec un sourire et un petit signe de la main en s'éloignant.

 ...
Vadran ramasse quelque chose par terre puis court derrière Mia. Attend Mia !

Il prend sa main dans la sienne et un petit halo de lumière apparaît.  

 Garde ceci avec toi, précieusement, je vous rejoins bientôt.

Puis il s' en retourne avec sa mère. Il a des choses a lui expliquer, et des questions pour Monsieur Keating. Mia elle découvre dans sa main un  étrange caillou chargé d'énergie mystique.

Elle sourit pour elle-même, ravie, même si ce n'est qu'une pierre.

Après leur séparation, Atridès se prend à penser à ce Aram Keating. C'est un demi-dieu, il l'a senti en lui serrant la main. Mais il y a autre chose chez lui, qui le rend... sympathique. Dommage de ne pas avoir pu lui parler plus longtemps. PAs comme l'égérianne, là... Et il ne sait quoi penser du moine.

Jake les suit, tandis que Mia aussi se retrouve pensive : ce moine aurait-il été sérieux, avec ses histoires de fils ? Comment une égérianne peut-elle avoir un fils accadien ? Mais surtout : Il était charmant, ce Aram... Elle se prend à l'imaginer dans d'autres circonstances... ce doit vraiment être un garçon agréable.

A bord de Shussler, l'Ange est là, en train de remonter ses armes.

Alors ? Vous êtes prêts à partir ?

Moui, mais... et Laurelson ? Elle a juste filé ou... ?

C'est qu'elle nous a traités de "suceurs" dans son dernier message. Quand tu disparaît avec une insulte, c'est généralement que tu as joué un mauvais tour avant de partir, non ?

Pas à nous ,je ne pense pas. Elle a dû prendre peur. Et sa réaction logique aura été de quitter le navire et d'effacer ses traces, avec ce qu'elle estime être une signature stylée.

Bon. On aura pas eu d'argent. Mais je peux quand même tenir ma parole, vu que vous avez tenu la vôtre. Seulement, plus de rescousse, et plus d'invités sur ce vaisseau, on est d'accord ?

On a invité des gens sur le vaisseau ? Nous ? Naaan...
Et pour la rescousse, honnêtement je ne sais pas comment tu t'en tirais, sans nous. Surtout que Compor était peut-être déjà sur place...

Et crins-blancs ? Et l'autre, là, Keating. Ils repartent ensemble, j'imagine ?

J'en sais foutrement rien... Ils font ce qu'ils veulent.
Sympa Keating. Vadran aussi, bien sûr !

Tu parles. C'était quoi ton problème avec Vadran, d'ailleurs ?

Aucun problème avec lui. Un gars sympa.

Trop motivé, parfois, peut-être... Et qui tombe du ciel. Il arrive, il déballe tout... Oui, trop motivé. Une sorte de malaise.

Moi, je mets du temps pour accepter les gens, c'est tout.

Je peux respecter ça. Alors on décolle, Shussler. Mettons vite les voiles.

Mia, quel est le cap ?

Eh bien... Si je m'écoutais, je partirais tout de suite sur la piste des assassins de Tommy, mais... On a bien vu le genre de problèmes qu'un mortel comme Haarkon pouvait nous poser, alors une bande d'immortels menés par Frau Williams ? Ce serait probablement du suicide de foncer tête baissée dès maintenant.

Ils nous faut de quoi nous préparer, et peut-être même des alliés... des alliés qui ne risquent pas d'y rester. Tu saurais où trouver ça, toi ?

Moi, je sais... Et si c'est ce que veut Mia...

Bon, donc, on ne décolle pas.

Allez, je vais préparer le banquet. Appelez les invités.

Comment ça, on ne décolle pas ? Vous savez qu'on... Que j'ai la police aux fesses, là ? Vous restez si vous voulez, mais moi je ne peux pas.

Baaah, allez... C'est pas comme si ces ploucs allaient débarquer ici avant une semaine...
On a le temps.

Pfffff.... A quoi vous pensez ?

A qui, plutôt.
Et je pense que Mia a déjà une petite idée...

Tu veux Vadran ? D'accord. Mais... qui d'autre ?

Je ne veux personne d'autre.
Je suis bien, là, avec toi. Et avec Jake, et avec l'Ange.
J'aimais bien Laurelson et Vadran, aussi.

C'est toi et l'Ange qui voyez qui inviter pour une bouffe. M'en fous... Moi, je peux m'occuper de ce qu'il y aura dans les assiettes.

C'est bien beau, votre vendetta mais il vous faut plus qu'une source ou deux. Il vous faut quelqu'un de vraiment puissant, ancien... Le genre de personne qu'on ne fait pas bouger sans conséquences. Si on me compte, et que vous remettez la main sur Vadran (et qu'il accepte !) Ca ne fait que quatre personnes...

Winq.

... Ouais. Cinq. Bref, vous trouvez ça suffisant ?

Pour ce coup-là, plus, c'est mieux.

Mais si l'on trouve où ces pourris sont... et ça, c'est pour ça qu'on s'est associés, nous tous...
... Eh bien, on peut toujours envoyer une adresse et une date à des gens.
Genre Démopolis. Ou même votre "Sélénium". Et d'autres copains...

Plus on est de fous, plus on rit, non ?

Ecoute, Atridès, je suis désolée, mais... Je crois que l'Ange a raison. Une ou deux Sources de plus ne feront pas la différence. Et pour Démopolis et le Sélénium, ils pourraient peut-être nous aider, mais on pourrait aussi bien envoyer encore plus de gens à la mort en les impliquant.

Elle se tourne vers l'Ange.

Et si on était prêts à accepter ces conséquences... Vous sauriez où trouver quelqu'un d'assez ancien et puissant ?

Je ne sais pas. Je pourrais l'appeler, mais je ne pense pas avoir de réponse. Et puis... Comment tu veux intéresser des créatures pareilles ? Tes vendetta personnelles, ils s'en contrefichent. Il te faut de l'argent. Ou des ennemis communs.

Quand les gens ne peuvent pas lutter de manière conventionnelle, ils s'adaptent et trouvent  un autre moyen, Mia. Toi, tu ne peux pas vraiment lutter de front contre ces gars-là, alors tu dois d'abord t'informer. Comment on peut trouver des infos à leur propos ? S'ils tuent les amis des gens comme ça, sans scrupules... Ils doivent avoir des ennemis, avoir laissé des traces... Tu sais quoi d'eux ?

Manifestement, il tente volontairement de s'éloigner du sujet des "choses puissantes et anciennes".

Uniquement ce que m'en a dit mon "ami" dans le collier. Peut-être que je devrais avoir une autre conversation avec lui à ce sujet. Une longue conversation.

Voilà. Et on peut faire ça en orbite. On peut revenir quand on veut...

Du côté de Vadran, on marche vers l'ambassade de Shangri-La.

Tu sais,
Vadran, je suis bien content de ne pas t'avoir écouté. J'ai subi une attaque à base de spamming il y a vingt-sept minutes. On a cherché à me tuer en faisant surcharger mes composants.

Et moi donc ! Bien content que tu n'es pas écouté et que tu puisses me conseiller sur ton fonctionnement !
En tout cas je suis curieux de savoir comment ça se passe pour eux et surtout ce que Laurelson à bien pu faire.
Quand on y pense, c'est vraiment une drôle d'équipe...

Vadran reste quelque instant pensif, passant en revue ses nouveaux amis. Puis, sortant de ses pensées :
Bon sinon Mère, j'espère que cela n'a pas causé trop de remue ménage dans vos affaires ?

Ca m'aura permis de faire le tri dans mes choix. J'irai chez Ford pour les moteurs.

Euh... d'après les réseaux locaux d'information, Ford vient de déclarer que la perte des documents mettait en jeu la survie de sa compagnie. Et le conseil d'administration de Volkschiff nie avoir les plans en sa possession. Ils disent que le serveur privé de Volkschiff a été hacké pendant l'assassinat. A la minute près.

Vous êtes au courant de ça, monsieur Mordibal ? Le tout est réellement dit en lisant son appareil, sur le ton le plus gentil et le plus innocent du monde.


LA PUTE !! Je comprends mieux. Ça ne devait pas se passer comme ça.
Com, essaye de joindre Mia, Atridès où l'Ange régulièrement. il faut les prévenirs si leurs Com se rallume.
Nous nous sommes fait avoir, tout comme Haarkon et Ford.

Sinon vous comptez faire quoi maintenant, retourner à vos vies respectives ?

On enregistre demain soir l'émission de la semaine prochaine. Donc oui... Mais si vous voulez raconter cette histoire à quelqu'un, ça me semble un sujet fort intéressant ! Sa sainteté m'accompagne, c'est mon invité de la semaine.

Pour ma part, je vais devoir quitter la planète, oui. Tout ça remet en cause des engagements liés à celui-ci.

Que vas-tu faire, toi ?

Je ne sais pas encore. Retrouver Jason et Tildy ou Mia, Atridès et l'Ange. Dites moi monsieur Keating, vous ne voulez pas lacher votre boulot et partir à l'aventure par hasard ?

...

Pardon ?

Bah quoi ? Parcourir l'espace, découvrir l'univers, un monde dans limite ! Si ça te tente, on peut en parler, on a de la place sur le vaisseau.

Eh bien, j'imagine que c'est très flatteur, chez les égérians, mais vous n'avez pas des responsabilités sur Réati ? Moi, j'ai une vie toute entière dans ce quadrant. J'ai une amie qui m'attend, des parents, un travail que j'adore... Du coup j'espère que je ne vous heurterai pas en refusant, finit-il d'un sourire attendrissant. Vadran ne peut pas s'empêcher de l'envier.

Bon tant pis alors. Si un Jour tu changes d'avis, va voir ma mère, elle saura nous joindre. Au revoir tout le monde.

Puis Vadran ouvre un portail, direction Mia. Il a juste le temps d'entendre un "wow, c'est vraiment impressionnant..." avant que ses oreilles ne passent le portail. De l'autre côté...

Un Dé décidera de ce qu'il y a, de l'autre côté.

La pierre de Mia se met à vibrer. Elle la sort de sa poche, et elle se met à luire. Puis la lueur s'étend, et au dessus de la pierre, donc au dessus de la main de Mia, s'ouvre un disque de lumière, duquel sort un Vadran encore en costume de soirée.

Tout le monde est modérément surpris, Mais Mia est surtout rassurée. Et ravie.

Hé, Vadran !


Hey salut tout le monde !! Je vous ai manqué ?

En l'espace d'une demi-heure ? Tu n'imagines pas...


Je m'en doutais ! Mais je ne vous embêterai pas longtemps. Il va falloir que je rentre sur mon vaisseau, quand même. Et vous alors, qu'allez vous faire ?

En tout cas, le test est concluant. Mon caillou marche. Si vous avez besoin d'aide, t'auras qu'à me faire signe !

Ah et j'ai failli oublier, à propos du message de Laurelson : elle a pris tout les plans des moteurs, ni Haarkon ni Ford ne les a plus... Elle va sûrement les vendre très cher. Aucune éducation cette fille !

... Je n'ai pas saisi la moitié de ce que tu viens de dire, mais vu que tu es là... On va avoir besoin d'aide. Tu es certain que tu dois déjà repartir ? Et tes amis, là, Jason et compagnie...  Ils seraient prêts à nous porter assistance ?

Faut voir. Je peux toujours laisser un. Message pour demander. Mais la réponse va prendre du temps. Comme pour aller chercher mon champignon préféré. Ça urge ? Et si il faut encore tuer quelqu'un, Jason voudra pas déjà.

Oh, un moraliste. Bien. Autant ne pas l'appeler. Mais dis-moi, gamin, tu connais combien d'entre nous, en fait ?

 Nan, pas un moraliste. Un dieu de la vie. Il déteste tuer ! Même pour les nouilles il m'engueulait... 'Fin bref.

Dans l'équipage au sens large on est 4, répartis sur nos vaisseau. J'en ai déjà croisé 10 avec vous, plus une très ancienne. Plus que les anciennes sources terrestre. mais toutes n'ont pas voulu nous rejoindre. Et j'ai entendu parler d'autre mais pas encore eu le temps d'aller les voir. Pourquoi ?

En guise de réponse, L'Ange regarde Mia et Atridès, et attend.

Parce qu'on a un groupe de Sources à fumer.

Mais ça risque d'être très dangereux, même pour nous.

Atridès semble fulminer depuis l'annonce d'un Dieu de la Vie...

Et ton pote, dis-lui qu'il est le Dieu de "que dalle".
Tu ne peux pas être le Dieu d'un truc qui existait avant toi...

S'il a envie d'en parler avec moi, tu lui files mon adresse.


 Un groupe de source à fumer ??? Je peux savoir pourquoi ? Vous faîtes que tuer des gens en fait ?
Bon je dis ça, on vient de finir une guerre mais bon...
Et vous pensez les tuer comment ? Vous savez qu'on est immortel quand même ?

Vadran esquive volontairement les remarque d'Atridès, bien sur qu'on peut, mais il ne va pas se lancer dans un débat sur les différents types de dieu ce soir. Il est fatigué et Atrides a l'air limité sur ce sujet alors...

Ouais, fumer, pourrir... On n'est pas obligé de les tuer. Les laisser flotter pour l'éternité dans la Mer entre les Étoiles, ça me semble déjà pas mal !

Et on ne tue pas grand monde. Juste ceux qui s'en prennent à nous et massacrent nos amis.

idem