Uhmlaba

DONC. Les murs dépassent de niveau de la mer de 4+ mètres. Ils se trouvent dans l'eau, et donc oui, il y a de la plage. La nuit est sombre, éclairée par les très nombreuses étoiles par rapport à la Terre, et le ciel est découvert.

Le fort est éclairé de l'intérieur, mais des spots sont disponibles pour l'éclairer mieux.

Les navires ennemis sont juste éclairés de torches.

Et pour les dernières questions, oui, oui et oui.

Alors que les tambours sonnent de plus en plus fort à mesure que les feuxet les bateaux approchent, on sent la tension monter. Thomas passe voir Atridès, et lui montre un truc pour ses tirs : il y a un réglage qui s'appelle : vision magnétique, qui lui permettrait de viser les appareils qu'ils appellent "soniques". Plus tard, s'ils doivent fuir, il faut absolument que ces machines soient désactivées sur tous les poursuivants...

Lucy, elle, est partie se préparer et ne semble pas revenir.

Le temps passe, les cris des ravageurs excités montent, et l'adrénaline s'installe dans le corps de chacun des trois défenseurs.


La tension monte.

Installée en haut de la vigie, au-dessus de la lumière des projecteurs, Mia est quasiment invisible et entend bien le rester jusqu'à ce qu'elle ait une chance d'être utile.

Aussi, Atridès active cette nouvelle fonction, et y ajoute ces nouvelles données aux anciennes pour choisir sa première cible.

Voilà ! Ce grand catamaran portant des "soniques", beaucoup de marins et un peu d'artillerie ! Peut-être le navire amiral...
Il ajuste son tir, prend en compte les données affichées, et entend les détonations des armes ennemies.  

FEU !

Atridès tire par réflexe et voit un pan du mur en face de lui exploser au même moment, envoyant du bois pulvérisé dans sa direction ; heureusement en hauteur, il réalise alors qu'il vient de toucher simultanément le canon qui vient de faire la trouée, et son objectif initial : les éclats de graisse enflammée déclenchent quelques hurlements et mouvements à bord, et la réaction des ravageurs le surprend alors : Ils éclatent de rire, à part pour les malheureux brûlants.

Tom lui crie de redescendre, il rechargera. Il va falloir prendre le rythme.

Prendant ce temps, Les bateaux approchent et à cette vitesse, ils seront à la trouée dans un peu moins de dix minutes. Mia peut voir, malgré l'obscurité, que quatre petits bateaux rapides, un pilote et un homme avec une mitrailleuse laser à trépied sur chaque engin, qui se détachent du gros pour prendre les lieux d'assaut par les flancs, deux par deux.

Mia glisse ses doigts dans sa bouche et siffle du plus fort qu'elle peut pour attirer l'attention des hommes en bas avant de leur faire signe en faisant un 2 avec les mains et en faisant le geste de contourner le fort de chaque côté. Mais Tom est occupé à charger cette fichue machine, et Atridès à la remonter pour tirer de nouveau.

J'y vais ! Atridès, tu pourras recharger seul, fais attention à toi !

Thomas Meenie se met un fusil en bandouillère et un autre à la main. A vrai dire, il s'est sur-équipé. Il part du côté des logements, les pieds dans l'eau, et pose son arme entre les poteaux. Il commence à viser, pendant que Mia, de son côté, se demande où peut bien être Lucy. C'est maintenant qu'ils auraient besoin d'elle !

Ne la voyant pas revenir, et ignorant encore ce qu'elle va bien pouvoir faire, elle se laisse glisser jusqu'au toit du hangar le long d'un cordage, en prenant bien garde de rester dans les zones non -éclairées.

Au même moment, Atridès remonte la tourelle chargée, et une voix s'élève alors qu'une série de spots se braque sur un nubien géant, torse nu, muni d'une sorte de cône qui amplifie sa voix.

C'est fini, petit homme. Les ravageurs reprennent ce qui leur appartient !

Malgré l'envie d'envoyer une bombe incendiaire directement dans la tête du dernier intervenant, Atridès se raisonne et continue de viser les endroits qui feront "le plus mal" : les concentration d'hommes, de navires, ou même de carburant...

Autour de lui, Thomas a commencé à ouvrir le feu, et de petits bruits fusent de ses fusils à accélération magnétique, on entend vite des cris étouffés et des ricochets métalliques... Mia cherche du regard, ne trouve pas trace de Lucy. Inexorablement, les bateaux approchent en canardant de balles les troncs qui leur font face.

Les deux zodiacs du côté de Mia zig-zaguent en tirant eux aussi sur le bois : elle n'a pas été aperçue.

Atridès Enchaîne trois tirs comme son premier : il parvient à optimiser les tirs en appréciant correctement la zone d'impact. à trois reprises, hommes et matériel sont touchés alors qu'il monte et descend pour éviter les tirs ennemis, qui commencent à sérieusement s'orienter sur lui.

Mia voit alors les hommes se lancer tous d'un coup dans les plus petites embarcations, et des dizaines de moteurs s'emballent. Ce sont des hommes qui prendront l'assaut, mainatenant. Ils viseront soit les murs, soit l'entrée. En tous cas la fille-chat ne restera plus bien longtemps cachée.

Tant qu'il fait du dégât, Atridès est content. En plus, focaliser l'attention sur lui aide les trois autres. Donc, il continue. Il recharge, remonte la tourelle, vise de nouveau... Cette fois ci, le goulet d'étranglement que les petites embarcations vont sûrement suivre pour atteindre le portail.

Il y a de forte chance que ce soit son dernier, ou avant-dernier tir avant de devoir quitter ce poste.

Et pendant tout ce temps, Mia, tentant de contenir sa peur, reste cachée. elle voit le premier homme qui passe la muraille, de son côté de l'île. D'en haut, il ne pouvait pas la louper, et quand il saute à terre, il saisit une lame à sa ceinture et commence à crier :


DESCEND DE LA TOUT DE SUITE ET TU VERRAS PEUT ETRE LE SOLEIL SE LEVER DEMAIN !

Le cri du ravageur fait sortir Mia de sa transe et elle bondit hors de vue, entre le hangar et la remise.

La plupart ce des fous furieux sont torse nu, et celui-là ne fait pas exception. Et ses yeux son injectés de sang, et le blanc en est d'un jaune terne. Ils ont d'étranges cernes accentuées par les rares lumières.

Atridès vient d'essuyer une série de balles qui ont failli lui ôter une oreille, mais il entend malgré tout les cris de l'intrus.

Hors de question de perdre ce tir qu'il vient d'armer... Nouvelle visée... Ce navire qui dispose de "soniques". Atridès se souvient des consignes de Lucy. Et il ouvre de nouveau le feu avant de se laisser glisser de la tourelle. Il se dirige discrètement vers celui "qui ne verra pas le soleil se lever demain", main sur le glaive.

Qu'est ce que c'était que cette chose... Le ravageur reste en retrait, l'arme à la main ; Atridès peut manoeuvrer derrière les tonneaux et les machines disposées par eux pendant une vingtaine de mètres, mais il sera plus dur d'en faire autant sur les vingt prochains. Un autre ravageur passe le mur et attérit auprès de son camarade.

Je veux. Tuer.

Oh, tu vas tuer, mon Romeo. Il y a un petit malin qui croit pouvoir se cacher. Fais lui un calin, je vais m'occuper de l'autre.

Entendant cela, Mia dresse ses oreilles pour anticiper leur approche sans se faire voir.

Ô Romeo, mon Romeo ! Je suis ici, viens me rejoindre ! , annonce Atridès en se découvrant un peu. Pourquoi j'ai dis ça, moi ?

Tuer ! hurle le ravageur ravagé en se mettant à avancer en pressant le pas, arrosant à la ronde avec son espèce de fusil à répétition.

Attends, Roméo, att... putain, quels cons, ces convertis. Bon, changement de plan. Je sais que t'es pas un Meenie, petit. Et l'autre non plus. Vous venez d'où, bon sang ? Allez, sors de là qu'on cause, je te ferai pas de mal...

Mais Mia s'est dissimulée sous le rebord du toit du hangar, dans l'obscurité, et ne compte pas bouger avant qu'il soit à sa portée.

Le théopolien se remet à couvert.

Erreur. C'est moi qui fait du mal, ici. Tu es coincé ici avec moi. Tu as deux minutes pour prendre la fuite, ou je m'occupe de toi et de tes hommes. Un par un... Petit. Je continue avec qui ? Désigne-le.

Atridès, après avoir parlé, change de position, toujours dissimulé au mieux. Le but, c'est de ne plus être à l'endroit attendu, attaquer, tuer, se replier. Mais il faut voir comment les choses se déroulent.

Affolé par un mouvement, le grand Roméo tire et gâche ses munitions bêtement. C'est une vraie brute, un homme qui est contrôlé par ses instincts plutôt que l'inverse. Malgré tout, le danger est certain, et il fera probablement tout pour mettre la main sur Atridès. Plus loin, l'autre lève un sourcil et commence à crier :

Attends ton tour, toi ! Je m'occupe du fuyard. Et il se remet à chercher Mia derrière les caisses, les renversant à coup de pied.

De l'autre côté de l'île, à l'est, Thomas arrête de tirer pour contempler la situation. Nos amis l'ont dans le dos, aussi ne le voient-ils pas, mais il leur crie :

REPLI ! Ne les engagez pas, on doit se replier ! Où est Mia ??

Plutôt soulagée par l'ordre donné par Tommy, Mia se glisse de sous le rebord du toit jusque sur le toit dès que le ravageur lui tourne le dos et elle rampe rapidement sur la hangar dans la direction du sous-marin.

Pour se replier jusqu'au sous-marin, Atridès constate qu'il va devoir traverser une bonne zone à découvert. Avec le malade mental qui canarde, ça va être dangereux.
Aussi, il décide de tenter de se débarrasser du "petit" maraudeur. Celui qui donne les ordres. Le "gros" risque de paniquer, de nouveau tirer partout et il ne doit plus avoir tant de munitions que ça.

Prenant son couteau par la lame, celui qu'il avait récupéré dans la station et qui lui servait à vider les poissons, Atridès se relève de derrière les caisse, et le lance. Il part en tournoyant vers sa cible.
Le théopolien se remet à couvert juste à temps pour esquiver la prochaine volée de tirs. Il ne voit pas si il a pu faire mouche, mais les cris du "petit" fusent alors sous le bruit de la mitrailleuse.

Et à ce moment là, la mitrailleuse s'arrête. Un juron, un bruit de mitrailleuse atterrissant sur le sol, et Roméo se met à beugler de rage. Ses pas se dirigent rapidement vers le couvert du théopolien.

Le ciel se couvre alors, cachant la lune.

De son côté, Mia a pu aller de l'autre côté du bâtiment, et elle a alors un point de vue imprenable sur la scène : Les ravageurs commencent à s'engouffrer par le trou derrière Atridès. Thomas arrive près d'elle et se met en joue pour couvrir le théopolien si besoin. Il la cherche des yeux, et on peut lire le désespoir dans ces derniers. Et surtout, elle peut voir au Nord, le catamaran s'avancer, tracté par le sous-marin. Lucy est donc prête.

Un des deux ravageur blessé, l'autre qui a vidé son arme, la nuit qui se fait plus noire... C'est le moment pour Atridès de se replier vers la zone prévue, tout en restant vigilant face à son poursuivant. Il peut voir s'ouvrir une partie de la palissade ; le catamaran qui les attend de l'autre côté doit être prêt.

Quant à Mia, elle bondit du toit pour atterrir près des deux hommes.

Lucy est prête. Elle nous attend.

Thomas ne répond pas à Mia faute de temps. Roméo arrive en chargeant, et il lui tire une rafale de balles en pleine tête. Les cris des ravageurs emplissent alors la nuit par dizaines, alors qu'ils foncent à travers le trou percé plus tôt. Thomas arrose en couvrant la fuite des jeunes, qui sautent prestement sur le catamaran.

Un homme se détache nettement dans la foule, qui passe devant tous les autres, torse nu, sans crainte. Et il semble savoir ce qu'il fait, car les balles de Thomas rebondissent sur sa peau comme s'il était fait d'acier brut.

Tu as été prévenu, petit homme ! Tout ce que tu as est à moi, désormais, et ta vie est finie. Ce soir, je violerai ta femme pendant qu'elle boira ton sang ! Tu m'entends, petit homme ? CE SOIR !

Thomas marmonne quelque chose, puis fait demi tour pour sauter à son tour. Derrière leur chef, les ravageurs ont pointé leurs armes, et un déluge de balles atteint le bâteau. Thomas écarquille les yeux sous le coup de la douleur, et tombe à moitié dans l'eau, le bras sur la coque...

Immédiatement Mia se précipite, oubliant les balles qui fusent autour d'elle, et attrape Thomas pour l'empêcher de sombrer.

Atridès !

Ehh merde ! Couche-toi, Mia !
Le jeune homme attrape d'une main le bras de Thomas, et de l'autre cherche dans l'eau une prise, une ceinture, son pantalon, quelque chose pour le faire basculer dans l'embarcation.
Il s'est arrangé pour se retrouver entre les tirs d'un côté, et Mia et Tom de l'autre.

Trois piqures distinctes viennent lui vriller l'épaule et le dos, mais il parvient sans mal à faire monter Thomas qui, s'il n'avait pas été là, courrait à une mort certaine. Tous trois restent un moment là, à terre, tandis que les balles fusent.

Mia peut entendre le chef des ravageurs leur hurler de fouiller l'île ; ils ont gagné un temps précieux, car s'ils avaient poursuivi immédiatement, la situation serait devenue tendue.

Les deux hommes saignent, mais la douleur n'est pas vraiment intense.

Tom ? Tom ? Vous avez piégé l'île, c'est ça ? , dit-il en observant les blessures de Thomas. Il est finalement moins blessé qu'Atridès, qui, une fois qu'il se meut, commence à ressentir la douleur. Il a juste un peu de mal à respirer.

Du point de vue de Mia par contre, c'est une série de trois flots de sang et des blessures assez sales, sans point de sortie : les projectiles sont encore dans leurs corps.

T'en fais pas... Lucy a le détonateur. Mia, tu sais où est la trousse de premiers secours, je t'ai montré avant hier. Tu peux... Aller la chercher ?

Oui ! J'y vais tout de suite ! s'exclame Mia en filant chercher la trousse de soin.

Sur l'autre bout du catamaran, Jake regarde vers l'île, et une minute plus tard, plusieurs explosions se font entendre, puis la radio se met à bipper.

Tu sais faire les premiers soins, Mia ? Occupe-toi de Tom, dit-il sans attendre de réponse à sa question.

Je prend la radio, Lucy m'a expliqué comment ça marche... Dont acte. Atridès a un peu de mal à se souvenir de tout, mais il finit par appuyer sur les bons boutons.

Thomas ? Tom !? Tout va bien ? On a tout le monde ?

Euh, c'est pas Tom, c'est Atridès. Tout le monde est là, Mia est indemne, Thomas et moi on est légèrement blessés par leurs armes à projectile. Rien de trop grave.  

D'accord. Je vais avoir besoin de toi, soldat. Je n'ai pas de visuel. Il faut que tu me préviennes sur ce canal, dès qu'ils approcheront de trop près. Pendant que vous assuriez la défense là-bas, j'ai déposé sur leurs navires principaux des explosifs et des ... bah, laisse tomber, on va dire des explosifs. Je peux les faire pêter à tout moment, mais il faut encore attendre au cas où. Prenez soin de Thomas, il va faire celui qui n'a rien, mais je n'ai que lui au monde, okay ?

Ça marche !

Pendant ce temps, Mia trouve dans la trousse des items qu'elle ne connaît pas bien, mais il y a des pansements, une bombe de spray cicatrisant, des pinces métalliques, une seringue, des médicaments de diverses formes... Et tout un tas de choses inidentifiables.

Ca va aller, chaton. Pique-moi juste avec la seringue, une seule fois, pas trop près mais pas trop loin de la zone touchée. Lucy fera le reste plus tard. Et si je m'effondre, pas de panique. C'est juste un anesthésiant, mais on en a peu. Et il en faudra pour Atridès.

D'accord, fait Mia, pas trop rassurée mais s'exécutant de son mieux.

Atridès, les ravageurs nous suivent ?

A ce qu'ils peuvent voir, il leur reste une dizaine de navires, surtout les plus gros : Les explosions sur l'île ont dû être dévastatrices et réduire leur nombre drastiquement. Mais il doit y avoir un peu d'ordre dans leur barbarie, car ceux qui pilotent semblent ne pas être descendus des bateaux. Ces derniers ont fait le tour du brasier fumant, et entamé la poursuite. Mais Lucy a un temps d'avance, et se dirige vers les huit piliers...

Oui, mais ils sont encore loin...

Atridès, on arrive près de l'endroit où vit la pieuvre !

Ah. Et donc, on fait quoi ? demande le théopolien en rejoignant Mia et Tom. Ce dernier, allongé au sol avec le dos sur la paroi, garde le sourire en partie gràce aux anesthésiants, mais aussi pour conserver le moral des troupes intact, Atridès le voit bien. Il n'a jamais du diriger d'hommes, mais il sait ce qu'il faut dire. Un militaire.

Vous, rien. En fait, si. Mia, tu vas devoir décider pour Atridès. Il est salement blessé, et l'anesthésiant va le ralentir mais lui faire oublier la douleur. Ca va s'ouvrir s'il force. Alors je veux que tu assures sa protection, et toi, Atridès, tu vas obéir à Mia. Vous vous protégez l'un l'autre. On a nos soniques d'allumés. Ça sert aussi pour se localiser, et localiser les fonds et les bateaux proches. Donc on sait qu'on va aller au dessus de la pieuvre, mais l'idée c'est de saboter leurs vaisseaux à couvert de bonne distance. Et laisser la pieuvre faire le travail. Je crois que toi, tu dirais qu'on les laisse à Poséïdon. Ou Neptune ? Je ne sais jamais lequel c'est. Et on devra affronter ce qui restera. tôt ou tard.

Le vieux grincheux barbu, Maître des Océans, c'est bien Poséïdon.
Par contre, je ne veux pas d'anesthésie. A chaque fois qu'un de mes potes a eu droit à ça, il s'est réveillé avec une jambe ou un bras en moins. Dans le meilleur des cas... J'ai pas trop mal, ça va aller. Leurs armes, c'est de la camelote !

Par contre, je veux bien que Mia veille sur moi. Je ferai attention à elle aussi, bien sûr.
Et elle me prend en main quand elle veut... Petit sourire lubrique, qui s'estompe quand il tourne le visage vers elle et la détaille des pieds à la tête. 'Fin, quand tu seras un peu plus grande. Désolé, petite.

Pour leurs bateaux, Lucy les a piégés. Je lui demande de les faire exploser par radio quand on aura passé la pieuvre, c'est ça ?

...

En tout cas, pas de problème, je t'obéis, Mia. De toute façon, j'ai toujours été merdique en tant que chef... En tant que subalterne aussi, maintenant que j'y pense. C'est peut-être pour ça que je me ballade toujours seul, d'habitude.

C'est moi qui doit donner les ordres ? Heu... C'est que... Je n'ai jamais fais ça. J'obéis, d'habitude.

Et puis... Je ne sais pas vraiment quoi faire. Comment est-ce qu'on peut désactiver leurs soniques ?

E.M.P.

Lucy l'a posé sur le plus gros bateau. Les autres restent toujours en formation autour de celui-là. Tu n'es pas obligée de donner des ordres, Mia. Ce garçon est plutôt censé ; mais prends-en soin, empêche-le de faire des choses insensées. Moi... Et Thomas sombre dans l'inconscience, les laissant entre eux.

Tommy !

Respire, Mia, respire.

Bon, on a un E.M.P. Reste à se souvenir exactement où le déclencher... Oui ! Les soniques vont détecter les piliers. Atridès, tu peux t'occuper de Tommy, s'il te plait ? Je vais m'occuper des soniques et de la radio, d'accord ?

Parfait ! A tes ordres, sergent Mia ! , répond Atridès avec un bon sourire. Sourire un peu forcé, il faut bien le reconnaître. Il souffre de ses blessures, même s'il n'a pas voulu l'avouer.

Atridès commence à basculer Thomas sur le côté : personne n'a envie qu'il avale sa langue... Puis il fouille dans la trousse médicale. Il n'est pas soigneur, loin de là, mais il a vu beaucoup de blessures, et il sait ce qui doit être fait pour donner un peu plus de temps aux médecins pour intervenir. Désinfecter si on peut. Il renifle quelques fioles, mais ne sent pas d'alcool, donc il passe aux pansements. Empêcher trop de sang de sortir...

Une fois arrivés sur la zone des piliers, La radio se remet à sonner et Lucy le leur annonce, ce qui est bien, car dans le noir, impossible de savoir. Par contre, Mia voit clairement que les ennemis approchent à grands pas. Le sous-marin est lent, freiné par son bagage.

Le moment venu, Atridès signale Lucy, et on entend un étrange son suivi de sept petites détonations. Sept bateaux coulent, et il n'en reste plus que quatre. Le grand convoi, deux zodiacs et une sorte de voilier de belle taille. Excepté ce dernier, tous s'arrêtent, leurs machines étant désactivées. Les flots commencent à s'agiter.

D'énormes tentacules viennent claquer partout sur la surface de l'eau, provoquant des remous qui envoient volent les petits bateaux tandis que deux tentacules attirent le gros sous les flots. Le voilier est renversé comme un fétu de paille, et le catamaran menace de sombrer à son tour...

De justesse, Atridès se rattrape sur sa lame en la plantant dans une paroi, alors qu'il cherche un cordage pour se retenir.

Mia, elle, se retrouve jetée en l'air, tout comme Thomas et Jake. Le premier vole un instant près de Mia. Elle pourrait probablement s'accrocher à un cordage, mais pas Thomas qui est inconscient. Si il tombe à l'eau, c'est fini pour lui, alors Mia fait la seule chose qu'elle peut faire : Elle pivote en l'air, prend appui des deux pieds sur Tommy, et pousse de toutes ses forces, en espérant qu'elle parviendra à l'envoyer dans l'écoutille du bateau restée ouverte. Cela la propulse en arrière, loin de tout appui.

Jake vient rebondir sur Atridès qui pourrait le rattraper mais la douleur vrille son bras gauche... C'est le chien, ou lui.

Le jeune théopolien est sûr d'être un demi-dieu, et de ne rien craindre. A part peut-être la colère de ses parents, oncles et tantes, frères et sœurs, cousins et cousines. Il imagine que Jake est de la famille, que lui non plus ne risque rien, mais il n'en est pas complétement sûr, donc... Le chien avant lui.
Il bloque Jake pour le faire retomber sur les filets du catamaran, et pour lui... Eh bien, il fait son maximum pour ne pas finir à la flotte, mais c'est peine perdue ! Il voit le chien tenter de se dépêtrer des filets tandis que le bateau tangue dans l'autre sens, l'empêchant de retomber où il l'avait prévu.

Il s'accroche du bras droit, mais la rambarde humide est glissante, et d'un coup le voici dans l'eau. Au loin, il peut voir la bête débattre ses tentacules dans son imposante immensité. Le bateau principal des ravageurs est en train d'être déchiqueté dans tous les sens, et il peut apercevoir quelques lumières portées par des nageurs improvisés. Mais la bête est précise, et les fauche un par un, et seuls quelques heureux arrivent jusqu'à la surface, survivants pour le moment à la furie de la nature.

Quand Atridès remonte enfin, le catamaran est toujours aux prises avec les vagues. Pas très loin de lui, la tête de Mia émerge également des flots.


Le sous-marin remonte alors, et rapidement, les deux sources se retrouvent sur sa carlingue plate, et l'on voit apparaître les chaines qui retiennent le catamaran. Une écoutille s'ouvre tandis qu'ils montent, et Lucy arrive.

Ca a marché ? Sur le sonar, on dirait que oui...

Mais à la surprise de tous, le voilier, lui, a résisté. Par contre, il semble avoir abandonné l'idée de les poursuivre et a viré à tribord pour éviter la mort par pieuvre géante.

Tous regardent la scène, tandis que les eaux se calment petit à petit. Ils ont vaincu une bonne centaine de personnes. A quatre.

Et puis Lucy s'approche du catamaran, et va chercher son mari.

Tout le monde va bien ? Et maintenant ?

J'imagine que l'on va s'occuper des blessures, et mettre une bonne distance entre nous et eux...

Oui, allons panser ces blessures et trouver une terre hospitalière, mia, tu viens m'aider à transporter Tom ?

Rrrrr.... Grogne le chien, en regardant vers les piliers. Puis sa tête semble suivre une trajectoire vers le sous-marin, et soudainement, ce dernier se cabre comme un cheval effrayé, fait de métal tordu. Le bruit de l'explosion ne se fait entendre qu'à ce moment-là.

Le sous-marin emporte dans son élan le catamaran, qui manque de chavirer mais se rétablit assez vite. Habitués, les passagers parviennent à ne pas retomber à l'eau. Mais Le sous-marin se met à sombrer, et il est accroché au bateau, par ces chaînes...


Oui, je sais, Jake : je suis d'accord avec toi... On ne peut pas être tranquille trente secondes, ici ! Et Atridès utilise la solution de facilité. En fait, c'est quasiment toujours celle qu'il utilise en premier. Après, on voit... Il sort son glaive, avance vers la chaîne, lève son arme au dessus de sa tête, et l'abat de toutes ses forces en hurlant.
RHHHHHAAAAHHHHHHH ! Et encore, s'il faut. Et encore une troisième fois, toujours au même point faible qu'il a estimé. La douleur s'amplifie, et le sang se met à couler de plus belle sur son dos. Il frappe comme un forgeron écraserait son marteau sur une pièce de métal posée sur l'enclume.

Lucy laisse Thomas, et sort un pistolet qui crache un faisceau de lumière sur les chaînes. Lorsqu'elle les touche, elles mettent quelques secondes à fondre. Atridès Obtient un résultat moins simple, mais le temps presse et à deux, ils pourraient y arriver.

Impuissante à aider Atridès et Lucy, et voyant que tous les autres sont encore sur le bateau, Mia fait la seule chose qu'elle peut faire : Elle grimpe rapidement au sommet du mât pour tenter de voir quelque chose sous leau et surveiller les ravageurs. A peine grimpée à la moitié du mat, ses yeux s'écarquillent : Une main est venue se poser sur le flanc du bateau, puis une autre. Elles sont larges et noires, et la seconde se pose lourdement sur le pont, équipée d'un appareil de propulsion marine - c'est le chef des Ravageurs !


Je vous avais prévenus ! Votre vie prend fin CE SOIR ! Mais désormais, vous partirez dans une lente agonie, l'un après l'autre. Et vous, enfants, si vous vous rendez, vous pourriez survivre.

Lucy n'attend pas un instant ; dès qu'elle réalise qui est sur le catamaran, elle abandonne la dernière chaîne pour tirer directement dans la poitrine du barbu. Le rayon semble s'écraser sur le torse du géant, se changeant en fumée à son contact. Jake est en position, la tête au sol, babines retroussées, les pattes tendues et prêtes à sauter.

Mia coupe une des cordes qui montent au mât d'un coup de griffes et la jette à Atridès.

Attachez ça à la chaîne et coupez-la !

Et elle saute pour atterrir sur le pont face au colosse tout en repérant bien où est l'autre extrémité de la corde.

Jake et moi on va le distraire ! Criez quand ça va céder !

Jake a très bien compris quel était son rôle. Il saute de droite et de gauche en groûlant, vers le géant qui n'en a cure. Alors qu'il avance, le chien se jette à son molet, et se fait emmener tant l'homme ne réagit pas à sa présence.

Atridès ne comprend rien du tout à ce que Mia veut faire, mais il s'exécute. Il attache rapidement la corde à un maillon de la chaîne, puis recommence à frapper de plus belle sur cette dernière.

Dans moins de dix secondes ! Et après, je viens mettre une fessée au guignol...  Il a beau faire le fier, son bras et son dos lui font de plus en plus mal, et il sait par expérience qu'il ne va pas tenir très longtemps comme ça. Mais il lui restera surement assez de force pour entraîner ce type avec lui au fond des océans...

Alors qu'inexorablement, le ravageur avance vers Lucy qui se refuse à bouger, faisant barrage de son corps à son époux inconscient...

Mia coupe et attrape l'autre bout de la corde et vient se mettre devant Lucy, en veillant tout de même à rester juste hors de portée de bras du colosse. Même si elle n'a jamais insulté personne de sa vie ou presque, elle connaît quelques jurons et lui en lance un qu'elle a entendu au cirque... qu'elle ne le comprend pas totalement.

Hé, sac de bites ! T'as l'air fort comme un chêne, mais en fait c'est juste que t'as une tête de gland, non ?

Petite fille, tu ne sais pas à qui tu t'adresse. Je suis Sunu l'intouchâble ! Mon sang ne coule que si je le désire. Et les hommes se plient devant moi, de gré ou de force. Je suis l'antéchrist. Je suis le fils du diable en personne, je suis l'alpha et l'oméga, je suis....


...Capable de tenir un monologue très longtemps, assez pour qu'Atridès en finisse avec la chaîne, semble-t-il.


Fini ! Crie Atridès à Mia deux ou trois secondes avant de libérer la chaîne. Sans se retourner vers le "diable" :

... Toi, tu es une petite merde ! , dit-il en le coupant. Le fils d'un sous-fifre rejeté par son dieu ! Oui, il a entendu parlé de certaines religions terriennes.

Moi, je viens de la Terre des Dieux. Moi, je ne suis pas un imposteur. Moi, je suis un fils de Dieu. Fuis, pauvre Mortel ! Atridès avance vers lui, le regard dur, le sabre au clair dès que l'amarre est détruite.

Quant à Mia, dès qu'Atridès a crié, elle a couru droit vers Sunu et fait mine de sauter pour en fait se laisser glisser et passer entre ses jambes. Mais le sol mouillé ne glisse pas assez et le géant la voit venir ; il pose son pied sur son estomac, et force un peu pour la maintenir au sol. Tout l'air présent en Mia semble s'écouler en un seul souffle.

A qui crois-tu parler, avorton ? A ces mots, il se remet à avancer vers Lucy, mais le chien à sa jambe semble l'ennuyer, et il tente d'agripper Jake par le col. Mais ce dernier lui lâche la jambe et esquive sa main, de justesse.

Pour Atridès, le temps semble ralentir.  

Pfffff... C'est encore pour ma pomme, tiens... Aller, voyons voir si vraiment tu ne saignes pas !

Atridès avance vers lui pour l'empêcher d'atteindre Lucy. Il fait tournoyer sa lame dans le but de focaliser l'attention du colosse sur son glaive, mais il compte bien lui décocher à la place un puissant coup de pied chassé destiné à l'envoyer par dessus bord. Le ravageur ouvre les bras et bombe le torse, laissant une ouverture totale au théopolien. Son bras armé se lance vers l'arrière, ce qui accompagne le coup de pied à merveille. Le nubien accueille le coup de pied sans heurt, sans recul, rien. Atridès se serait presque fait mal au pied. Mais au moment du contact, tous les belligérants entendent un étrange "pop". Un bruit minime, mais clair et sec, qui n'a pas sa place à l'issue d'un coup de pied.

Le ravageur fronce les sourcils, conscient que ce bruit vient de lui.

L'autre bruit qu'on entend est celui d'une corde qui se déroule de plus en plus vite. Une de ses extrémités est tirée vers le fond par la chaine brisée, elle-même reliée au sous-marin en perdition. L'autre extrémité... Eh bien quand le colosse l'a plaquée au sol du pied puis a été distrait par Jake, Mia l'a nouée autour de sa cheville sans même qu'il s'en rende compte.

Pfffff... Ce coup-ci, je vais vraiment prendre cher. Ils ont intérêt à me remercier dignement quand je me relèverais d'entre les morts. Lucy va devoir me faire de bon petits plats, et en quantité... Si elle s'en sort. Évidemment, Atridès n'a pas fait attention à la corde nouée par Mia. Il est plutôt concentré sur son adversaire.

Bon, mon pied ne suffit pas pour toi... J'aurai cru. Passons à l'épée, Mortel. Et ce coup-ci, il frappe du glaive. Fort. Il vise le même endroit, le torse. Mais le bruit de corde filant contre le sol devient sec et tendu, et le ravageur n'a que le temps d'écarquiller les yeux avant de se faire tracter à toute vitesse vers le fond, suivant le sous-marin qu'il avait lui-même coulé. Le voilà entraîné par dessus Mia, Il se cogne dans Atridès qui n'arrrive pas à porter son coup correctement, mais qu'à cela ne tienne : Le géant est en mauvaise posture. Il tente tant bien que mal de se retenir à la rambarde avec ses pieds ; mais le poids le fait pivoter vers l'océan, et dans un grand plouf, le silence retombe à nouveau.


Tous essoufflés, les trois survivants éveillés se regardent, pris de fatigue, de douleur, mais aussi de soulagement.

J'ai loupé quelque chose ?

Kof, kof ! tousse Mia. Quelques péripéties, mais tout va bien, maintenant.

Elle tente de se relever malgré la douleur lancinante dans ses côtes.

Bien joué, petite ! C'était sacrément malin, et je n'ai rien vu venir... Tu m'as évité pas mal de coups dans la tronche !

J'imagine qu'on va devoir se contenter du catamaran, Tom. On a perdu le sous-marin. Lucy explique, devant la face de son mari affichant une incompréhension mêlée aux effets de l'anesthésiant : On s'est aussi débarassés de Sunu. On a vaincu les ravageurs. Mais si elle semble fière, elle n'a pas l'air soulagée pour autant. Il faut vous reposer, vous soigner, et remettre le bâteau en état. On va dériver un moment, et avec tous les impacts... J'espère que les systèmes n'ont rien.  

Cet engin est blindé, chérie. Ca va aller.

Bah pas les voiles.

En effet, les trous sont légion et les voiles auront besoin de réparations.

Des voiles, ça va, c'est pas ce qu'il y a de plus difficile à réparer. Mais une ou deux petites heures avant pour soigner mes blessures. Et il s’affale confortablement dans les filets...

Heu... Vous êtes sûrs qu'il ne risque pas de remonter, l'autre ?

Il est réputé pour être invulnérable, mais même s'il survit, on dérive encore alors il n'aura probablement pas moyen de nous rattraper.

Et en effet, la fin de la nuit se passe sans heurts. Les moteurs n'ont pas été touchés, et Thomas ne plaisantait pas en parlant du blindage de l'appareil. Seules les voiles ont subi des dommages, et le catamaran repart donc et l'équipée met le cap au Nord. Après une séance durant laquelle Lucy retire les balles du dos d'Atridès, ce dernier et Thomas finissent par dormir, pendant que les filles remplacent les voiles et jouent aux cartes. Au lever du soleil, Mia n'a plus mal aux côtes, et Atridès pense n'en avoir que pour un jour ou deux à garder le bras gauche dans un linge.

Puis les garçons prennent en charge la matinée. Thomas prépare les filets de pêche, et Atridès l'aide ensuite à faire l'inventaire pendant que les filles vont dormir.

Tu sais, gamin, c'était très con ce que tu as fait pour m'aider. Merci. Je crois sincèrement que je serais mort, sans toi.

Bah, c'était aussi pour Mia. Et puis on est sur le même bateau, faut se serrer les coudes... 'Fin, évidemment qu'on est sur le même bateau, c'est une expression !

Cette image devait bien prendre son origine quelque part. Ecoute, Atridès, à ce sujet, je voulais te dire... Il est possible qu'on tombe sur un assassin d'ici à notre arrivée au complexe du sélénium. Il n'en a pas après vous, alors si jamais moi et Lucy, on se retrouvait en danger à nouveau, je ne veux pas que tu recommences à jouer les héros. Tu comprends ?

Vous n'avez pas à encaisser nos balles.

... Huuuumm...

... Oui, je comprends. Mais toi, il y a un truc qui t'échappe. C'est pas grave, tu vas vite t'en rendre compte. Atridès aide activement pour les filets : et il a une bonne raison pour cela ! Il sait très bien que "lancer des filets" implique "ne rien faire" pendant un bon moment, après !
'Faut bien que les poissons arrivent...

Dis, tu voudras bien changer mes bandages, avant que les filles se lèvent ? Comme ça, il comprendra.

... Et vu qu'on n'est qu'à deux, tu me parles de cet assassin ?

Ouais. Ouais... C'est pas évident, quand j'y pense. On ne l'a vu que deux fois. Une fois, de très loin, et on a fui. La seconde fois c'était durant une mission sur Lemnos, une petite planète à la lisière de la fédération. Pas si loin. On devait capturer un gros producteur de drogue.

Il ne paie pas de mine, c'est un homme moyen. Pas grand. Pas l'air costaud. Pas d'arme favorite. Et rares sont ceux qui l'ont vus et sont restés en vie pour le décrire. Il est brun, à priori. Cheveux courts. Pas de cicatrices apparentes. Il aime le noir et le blanc, parle peu. Et il est réputé pour aller au bout de ses contrats, ce qui doit l'ennuyer dans notre cas, vu que ça fait six ans qu'on lui échappe. On ne sait même pas lequel de nos anciens ennemis aurait pu placer ce contrat.

Et pourquoi vous en avez aussi peur ? Tu viens de me décrire un monsieur "tout-le-monde", sauf qu'il est plutôt acharné.

C'est surtout un homme qui tue sans jamais échouer ; si on est encore en vie, c'est qu'il n'a jamais eu l'occasion de nous approcher.  On est les seuls encoreen vie après l'avoir vu, et ça ne doit pas lui plaire. On a peur de lui parce qu'on est des pros, et même pour nous, sa réputation fait froid dans le dos. A tel point qu'on nous a retirés du service. Le Sélénium ne met pas ses agents à la retraite comme ça, c'est du jamais vu.

Donc, il y a un assassin motivé qui est après vous, il n'aime pas qu'on puisse le reconnaître, et donc il ne laisse pas de témoin. Et nous, on est collé à vous...

Ça va être des vacances ! , dit-il allongé sur le filet du catamaran, regardant le ciel étoilé.

Wow. Ta plaie est pas si grave que je pensais, en fait. Elle t'a retiré les balles, pourtant. La plaie devrait être ouverte...

Je me rétablis vite. C'est pour ça que j'ai fait écran, c'est pour ça que je me suis mesuré à Sunu, Sutu, je ne sais plus... Le chef maraudeur, on va dire.

Je ne risque pas grand chose. Je suis un... Héros, sur Théopolis. Si j'étais un simple mortel, j'aurai pris mes jambes à mon cou, tu sais ?

Mais ça reste injuste. Et si tu... Attends un peu. Mia et le chien sont comme toi, aussi ?

Ça, faudra leur demander toi-même, Tom. Mais c'est une bonne question...

Vous... Vous n'avez pas survécu par miracle au crash... Vous êtes d'entre eux. Qu'est-ce qui vous a amenés sur la station, au juste, tous les trois ?

Moi, je suivais une jolie petite égérianne. Ses cheveux, son sourire, et avec un de ces beaux petits culs... Tu n'imagines pas !

... Jake, il était avec sa famille d'adoption. Ce sont eux qui ont eu un problème en premier lieu. Et Mia, elle travaillait pour un cirque, qui était sur place.

C'est le destin, tout simplement, tu sais ?

Tu sais quoi ? Je ne crois pas au destin. Vous, ici, maintenant ? Vous nous avez autant aidés que, j'espère, nous vous avons aidés. Il y a peut-être des destinées, mais pas de destin.

Je ne suis ni prêtre, ni philosophe, je ne peux pas argumenter sur le "destin".
Je suis pas non plus très éduqué, pas très malin, je suis un gros branleur, mais je sais quand il faut se serrer les coudes. C'est normal, en temps de guerre.

Après on repartira tous de nos côtés... Et on verra bien. Mais il faudra que vous preniez soin de Mia. C'est une chouette gamine qui en a chié dans la vie, et elle sera vraiment très bien avec vous. Jake aussi.
Lucy cuisine bien, elle est gentille et attentive, toi, tu es marrant et solide. Ça sera bien pour eux.

Tu crois vraiment qu'on va faire ça ? On a pas une vie faîte pour jouer les nounous. Tu peux trouver mieux que deux agents poursuivis par un assassin, mon garçon.

A ce moment, Jake relève la tête. Une des filles se réveille, semble-t-il.

Quand Mia se réveille, la mer a disparu. Le catamaran est arrêté au bord d'une grotte merveilleuse, aux couleurs rayonnantes ; la lumière vient de percées au plafond, et de l'eau s'écoule d'entre les rochers arrondis, empilés les uns sur les autres. L'endroit semble immense, même s'il est bas de plafond. Et au loin, se trouve une silhouette de petite taille, enroulée dans des écharpes et autres manteaux, qui ne fait pas très attention à elle, et gravit les rocher en silence, doucement.

Waouh ! C'est vraiment magnifique !

Chaque goutte qui tombe dans l'au fait un bruit éthéré, et fait écho dans toute la grotte. L'étranger avance en marquant fréquemment des pauses ; il cherche à droite et à gauche, et se penche occasionnellement pour regarder sous les pierres. Un instant, il se retourne, le visage dans la lumière, et Mia sait qu'elle le connaît, tout en étant certaine de ne jamais avoir vu son visage.

Ah, te voilà.

Heu... Désolée, dit Mia avec gène, j'ai l'impression qu'on s'est déjà rencontrés, mais...

Manifestement le jeune homme n'est pas surpris.

C'est ton rêve qui fait ça. On ne s'est jamais vus. Ici, les lois sont différentes de celles de la vie éveillée. Quel est ton nom ? Moi, tu peux m'appeler Traum.

Bonjour, Traum. Moi c'est Mia.

Où est-on, exactement ?

Bah, dans ton rêve. Ca doit être un endroit important pour toi, ou un souvenir lointain. Parfois, c'est l'avenir. On rêve du futur plus souvent qu'on ne le pense. Je crois que c'est parce que notre cerveau n'est pas fait pour percevoir le temps de façon linéaire, il... Oh, pardon, je me suis encore mis à divaguer. Venons-en au fait, je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir maintenir la connexion.

Mia, les tiens ont besoin de toi. Je suis venu voir si tu veux qu'on vienne te chercher.

Les miens ? Mais... Je n'ai plus personne, moi. Je ne comprends pas, désolée.

Oui, j'imagine, tu es apparue comme ça, déjà adulte, c'est rare. Je fais partie d'un groupe de jeunes stellaires. L'un de nous est comme un radar, il peut sentir nos semblables sur des distances folles. Il m'a indiqué ta position, et j'ai navigué jusque dans ton rêve. Ca a mis un peu longtemps, mais me voici. On réunit tous nos semblables, parce qu'on nous poursuit. Et ceux qui nous pourchassent pourraient s'en prendre à toi, aussi.

Désolée, je dois être idiote, mais... Je ne comprends pas la moitié de ce que vous dites. Ce... C'est quoi, un stellaire ?

C'est comme ça qu'on appelle les gens comme toi et moi. On a un pouvoir énorme à cause de l'énergie stellaire en nous, comme... ... ... Et c'est comme ça que ... ... ... Tu comprends ?

C'est dur de dire s'il le fait exprès ou non, mais ce Traum a un problème de connexion.

Désolée, mais je ne vous entends plus très bien. Vous dites qu'Atridès a raison ? Qu'on est devenu des sortes... heu... de dieux ?

Mia se sent un peu bête d'avoir posé cette question, mais trop tard. Parfois, la bouche de Traum bouge juste sans paroles.

.... des interférences.... Commun... Le... grave.... dire.... puissant qui m... avec toi. Il a d'abord l'air ennuyé, puis semble souffrir ou lutter. Son visage se crampe, sa main se lève, et il disparaît. Mia se retrouve seule dans la grotte.

Mmmm... C'était vraiment bizarre. On dirait qu'il essayait de me dire quelque chose d'important...

Et du coup, elle commence à admirer la grotte. Celle-ci est magnifique, et chaque rocher est d'une couleur unique. La lumière est chaude, l'eau est claire, et à mesure qu'elle avance, la grotte devient plus étroite, et puis s'agrandit de nouveau. Plusieurs couloirs partent de gauche et de droite. Cependant, Mia remarque avant l'embranchement une couverture et des bols de pierre, manifestement taillés dans les roches locales. Certains sont placés spécifquement pour récolter l'eau de pluie avant qu'elle ne tombe par terre.

Le seul son local, c'est le bruit de l'eau, qu'elle coule ou qu'elle tombe goutte à goutte. Tout cela est fascinant de réalisme. Par contre, Mia commence à se sentir fatiguée, aussi elle va s'allonger sur la couverture pour dormir un peu, tout en se posant une question inédite : "Est-il possible de rêver dans un rêve ?"

MIa se réveille alors que la longue nuit est encore sombre. Les garçons parlent sur le pont, Lucy dort encore dans le lit voisin. Il semble que dormir dans un rêve, c'est s'éveiller dans un autre. Elle se sent étrangement éveillée et en forme. En fait, elle n'a même plus mal.

Plus loin sur le pont, les choses sont similaires pour Atridès, même s'il a encore mal, les plaies se referment proprement. Ce n'est pas le cas de Thomas, mais il ne semble pas s'en inquiéter.

A l'arrière, le filet à poissons se remplit.

Mia profite de ce moment de calme pour questionner Atridès.

Atridès ? Je peux te demander quelque chose, si ça ne t'ennuie pas ?

Tes blessures ont vraiment disparu... C'est toujours comme ça ? On ne peut vraiment pas mourir ?

Ha ! Tu vois, heureusement que la vérité sort de la bouche des enfants !

Pour les blessures, oui, c'est toujours comme ça... Pour la mort, eh bien, je ne sais pas trop. Il y a plusieurs fois où je n'aurais pas dû me relever, ça, c'est sûr ! Une lance qui te traverse le torse, souvent, c'est la fin...
Mais même Heraklès s'est fait tuer, donc... Le noir et la fille-chat se regardent et concluent silencieusement qu'il ne sert à rien de relever.  

Et donc c'est tout nouveau pour toi, petite. Mais pas pour monsieur A. Intriguant...

Et c'est de naissance, pour toi ?

Je crois. Forcément, c'est devenu plus flagrant pendant mon service militaire, mais avec le recul, même gamin je guérissais vite.
Je n'avais pas d'autres humains avec moi pour comparer, évidemment, mais une jambe cassée qui se ressoude en moins d'une semaine, j'ai appris par la suite que c'est vraiment rapide.

Et tu ne gardes jamais de cicatrice ? dit-elle en regardant le torse nu est impeccable d'Atridès. Ça veut dire que moi, je ne suis pas née comme ça, ajoute Mia en portant inconsciemment la main aux les marques sur ses joues.

Non, jamais de cicatrices... Mais c'est vrai que c'est bizarre que tu en aies. , dit-il en regardant de plus près les joues de Mia. Tu les a eu quand ?

Eh bien... Quand j'avais à peu près treize ans... Elle déglutit. Je me suis échappée et... Ils se sont assurés que je n'oublies jamais que je ne devais pas recommencer.

Ah.
Désolé de t'avoir rappelé de sales souvenirs. En tout cas, maintenant, tu t'es échappée pour de bon !

Mais je ne comprends toujours pas comment on peut devenir une demi-déesse du jour au lendemain...
Bah, c'est pas grave, l'important, c'est que tu en sois une !

Je ne sais pas... Ces histoires de dieux, c'est... heu... Un peu trop nouveau pour moi. Je ne crois même pas aux dieux, mais je ferais mieux de garder ça pour moi, peut-être.

Ça a peut-être un rapport avec ce qui s'est passé sur la station, juste avant... eh bien... l'accident. Quand j'étais prisonnière de ce type bizarre, celui avec le masque effrayant, il disait que... Qu'il voulait me voler mon corps, et devenir immortel. Et puis il y avait toutes ces machines autour de... Je ne sais pas comment le décrire... Il y avait une source de lumière vraiment étrange.

Compor t'a rendue comme ça ? Et il projetait de voler ton corps... C''est plus clair, maintenant. Mais c'est le dernier type qui devrait posséder un tel pouvoir...

Vous le connaissez ?

Par briefing interposé. On a fait capoter son plan qui consistait à infiltrer le Sélénium il y a bientôt dix ans de ça. On nous annonce fréquemment sa mort, mais il refait toujours surface.

Compor est le fils de magnats de l'énergie. Il a toujours été riche, et depuis que ses parents sont morts dans d'étranges conditions, il a fait partie des plus grandes fortunes de la fédération. Mais il a dilapidé tout son argent dans des entreprises farfelues. Magie, technologies interdites, mythes terrestres... il traîne dans les endroits les plus étranges depuis toujours.

...

Enfin... Maintenant, il est mort, comme tout le monde sur la station.

Ce serait bien qu'il le reste, cette fois.

Dis, Mia, tu comptes faire quoi, maintenant que tu es libre ?

Moi ? Je... Aucune idée. Atridès m'a demandé la même chose, et j'ai dit que j'aimerais bien voir de jolis endroits, mais... Je n'ai aucun moyen de voyager, pas d'argent... Rien, en fait.

Bah, une fois au complexe du Sélénium, on vous arrangera un petit quelque chose. Je ne peux rien promettre, mais nos voix seront entendues. Et toi, Atridès ? Tu connais ta prochaine destination ?

Pas encore. C'était Joie qui me servait de guide dans mon voyage entre les Étoiles. Puisqu'elle a rejoint les Enfers, je vais devoir me décider seul.
Je trouverai bien une destination sympathique...

Après quatre longs jours et de longues nuits de navigation, Tout le monde est relativement las des fruits de mer. Parfois, des algues permettent de faire des soupes trop salées (le filtre à eau ayant été touché par les balles). Heureusement, au matin du cinquième jour, Une île, beaucoup plus grande que celle qu'ils ont quittée, fait son apparition au loin. On peut y voir une luxuriante végétation, des dizaines d'habitations, et donc certainement plus, toutes soit en dômes de métal, soit en constructions de bois. D'ici, deux petits ports abritent des bateaux de petite taille, et un navire extraordinairement grand, qui doit représenter un dixième de l'île à lui seul. Il doit faire dans les huit cent mètres de long, et probablement un peu moins de la moitié en largeur. On dirait bien un vaisseau de plaisance.

Mia a été perturbée, ces derniers temps. A chaque fois qu'elle trouve le sommeil, ses rêves habituels ont été remplacés la grotte. Toujours la même. Traum n'y est jamais revenu, et la fillette a eu l'occasion de l'explorer de fond en comble. Et chaque fois, elle finit par s'y endormir, et se réveille ainsi. Elle a trouvé trois sorties, jusqu'ici : l'entrée par la mer où elle est arrivée, une seconde, assez similaire si ce n'est qu'au lieu de la pleine mer, elle débouche sur une plage de galets colorés, et une dernière, qui donne sur le milieu d'une falaise. De là, elle a pu observer au loin des forêts d'arbres bleus. Mais la descente semblait dangereuse, et le sommeil la gagnait. C'était hier.

Thomas se remet assez bien, et Lucy l'empêche d'en faire trop. Elle semble inquiète, et pas uniquement pour son mari.

Atridès, par contre, est assez à l'aise...

Aussi, il passe son temps à rêvasser sur le bateau, observant l'horizon en fredonnant des chansons théopoliennes. Lorsqu'il s’ennuie, il occupe ses mains. Il a entrepris de fabriquer deux jolis peignes confectionnés à base d’arêtes de poisson. Bien nettoyés et agencés, ouvragés avec le peu d'outils qu'il a avec lui, le résultat est plutôt impressionnant. Ses mamans adoraient ça.
Il compte en un offrir un à Lucy, l'autre à Mia.

Et évidemment, il donne un coup de main pour la pêche et quelques tâches ménagères. S'il sent qu'il le faut vraiment...

C'est ça, le Sélénium ? demande Mia à Lucy en désignant l'île.


Non, c'est la première île d'un archipel assez étendu. Des quasi-villes y sont déposées. C'est un des plus petits, mais on y trouvera une antenne qui nous permettra de capter et d'envoyer plus loin. Je ne sais pas si vous le savez, mais il n'y a pas de satellites artificiels autour d'Uhmlaba.

Enfin, il n'y en a plus...

Ahh ! Donc on va enfin mettre pied à terre ? C'est bien... Tenez, j'ai fait ça pour vous. Il tend les peignes à Lucy et Mia.

Mais... Vous savez que votre assassin sera près de l'antenne, n'est-ce pas ?


C'est bien sur une possibilité. Voilà pourquoi la perte du  sous marin est si terrible. On a perdu les vivres, les communications à longue distance, l'armement eau-air, les armes, les vêtements... Mais on ne peut pas continuer le voyage sans aide, sauf si vous voulez rester plusieurs semaines en mer. Et on parle de semaines d'Uhmlaba, où jouer et nuit durent longtemps. On parle de mois standard.

Je vais peut-être dire quelque chose d'idiot, désolée, mais... C'est vous qu'il cherche, cet "Ange", non ? Et si Atridès et moi on s'occupait du ravitaillement pendant que vous restez cachés ?

Ah oui, c'est une très bonne idée, ça ! T'es vachement intelligente, Mia !

Je ne sais pas... ca semble être une bonne idée, mais... On a perdu nos creditubes, et il nous en faudrait un pour accéder à nos réserves d'argent.

Allez, laisse une chance aux jeunes. En plus, ils ont raison, on serait plus en sécurité. Et eux n'ont rien à craindre.

... J'imagine qu'on peut passer pour un bateau de pêcheurs et même vendre nos prises. La mer en est pleine, de toutes façons...

Qu'est-ce qu'il vous faut, exactement ?

Oui... Et s'il vous faut un "crédit-tube", c'est pas un de ces trucs que tu as trouvé dans l'épave de la station, Mia ?

Si, on en a récupéré deux, mais je ne sais même pas combien il y a dessus. En plus, on n'a pas les codes qui vont avec et si ils sont sécurisés il me faudrait un terminal pour essayer de les débloquer.

Elle les sort de son sac et tente d'afficher le solde en croisant les doigts pour qu'ils ne soient pas verrouillés. LE premier ne s'allume même pas. L'eau salée a du faire son oeuvre. Le second s'allume, mais le solde est plus que bas.

Parfait ! Si tu veux bien me le prêter, je vais le démonter et y implanter nos coordonnées bancaires.

Bien sûr, répond Mia en tendant le créditube à Tommy. Il l'emmène au poste de pilotage, et sort d'un tiroir des tas d'outils ; il démonte l'objet, et commence par le brancher sur un faux terminal bancaire. Mia est fascinée : il est en train de changer le compte d'un défunt en son propre compte, et elle peut voir exactement comment faire ! Sur son clavier, il vient changer quelques lignes de code, effectue un ou deux soudages, et prépare une colle spéciale pour que l'objet se referme correctement. Après quelques minutes, il est comme neuf, et on ne peut déceler la différence à l'oeil nu.

Voilà. On devrait avoir quelque chose comme cinq cent mille crédits sur ce compte. Largement de quoi se trouver à manger et des vêtements. Pour les armes, par contre, je ne crois pas que l'endroit en soit bardé. Ce qui nous laisse ma mitrailleuse et ses quelques balles restantes, mon pistolet laser, et ce que vous avez sur vous.

On va préparer des caisses pour le poisson et les petits poulpes, et aller accoster. On restera à bord, et vous irez faire les courses, comme prévu. Nous, on passera un appel au Sélénium. Prenez votre temps, on est pas pressés.

Ainsi, Lucy prépare une liste de fournitures pour chacun, de quoi réparer d'éventuelles avaries et, si l'occasion se présente, des pièces de rechange pour la radio et les équipements défectueux. Thomas donne le créditube à Mia, qui devient en un instant plus riche qu'elle ne l'a jamais été. Grisant.

Parfait ! J'adore faire les marchés ! Et j'avoue que mettre les pieds à terre, ça va me faire plaisir aussi...

Mia hésite à leur dire qu'elle exerçait le métier de voleuse en parallèle d'artiste de cirque, mais préfère se taire et empoche le créditube.

On y va maintenant ? Moins longtemps on reste, moins il y a de chance d'attirer l'attention.

En dix minutes, Lucy amène le bateau près du ponton d'amarrage, puis le couple part se cacher tandis qu'Atridès et Mia posent le pied sur le bois. Le soleil se lève encore et plusieurs autres navires, de métal ou de bois, anciens et nouveaux, se mélangent à l'arrivée alors que la brume se dissipe sous les rayons solaires.

Sur le port, un détail revient aux deux voyageurs : la plupart des habitants sont très noirs de peau, et eux dénotent largement. où qu'ils posent l'oeil, aucun blanc. Sans parler de gens à oreilles de chat... raison pour laquelle Mia a enfilé un bonnet.

Bon, vu que nous n'avons qu'un crédit-tube, on est obligés de faire les courses ensembles. Je te propose de d'abord faire le tour du village, repérer les commerces, tout ça.

Mia acquiesce. Un peu nerveuse, elle ouvre grand les yeux et les oreilles, cherchant les échoppes mais aussi à l'affut du moindre danger. Mais ici, personne ne semble armé. les gens semblent tous souriants, drapés dans leurs élégantes robes colorées. à quelques centaines de mètres du port, les masures les plus humbles font place à de la terre battue et des étals apparaissent. des familles se promènent et font leur inspection matinale des légumes, des objets manufacturés, assez semblables à ceux qu'Atridès confectionne, de nombreux étals de poissons, poulpes et autres mets issus de la mer, des épices, coquillages, bijoux, draperies et toutes sortes d'objets de tous les jours. Un seul étal ne semble rien vendre, et ne consiste qu'en une femme asse jeune, assise sur un tapis, qui reçoit une attention particulière de la population : la jeune femme parle quelqes minutes avec chaque personne, et chacun lui donne divers biens ou de l'argent local en la remerciant chaleureusement.

Les deux compagnons ne passent pas inaperçus, que ce soit pour leur couleur, leurs vêtements ou leurs oreilles, en ce qui concerne Mia.

Oh, qu'elle est mignonne ! Regarde, Hatton. Des étrangers ! D'où venez-vous ?

Atridès surveille évidemment ce qui se passe autour d'eux, mais reste plutôt détendu.

Dis, Mia, pour la nourriture, ce ne sera pas un problème ici. Mais pour tout ce qui est technologique, je n'ai rien vu.
En tout cas, les gens ont l'air sympas...

Les gens ont peut-être l'air sympas, mais Mia préfère s'en tenir à son modus operandi habituel : Elle se place derrière Atridès comme le ferait une suivante et le laisse prendre la parole en public.

Atridès la regarde faire, soupire, puis s'adresse à la jeune femme qui leur a parlé.

Bonjour, mademoiselle ! On vient de là-bas, dit-il en désignant la mer. Et avant, de la station. On est des touristes, et nous venions justement acheter de quoi se réapprovisionner, et peut-être un peu d'artisanat local.

Un homme s'avance, laissant quelques pas entre la femme et lui, il se retrouve tout près d'Atridès. Il signifie qu'elle lui appartient, sans nul doute.

Reste là, Price. Je vais leur indiquer la route. Vous trouverez le maître du marché au poste de contrôle, au centre de la rue. Il vous indiquera quoi faire. Bonne journée, étranger.

Merci, monsieur. , répond Atridès en reculant d'un pas, même si l'attitude de défi de l'autochtone lui donne envie de commencer une bagarre de rue. D'un autre côté, il n'a pas eu tort, ce type. Sa femme est mignonne, et de nombreux hommes auraient mieux fait de se comporter ainsi dans le passé s'ils avaient voulu préserver l'honneur de leur épouse.
Viens, Mia...

Il va dans la direction indiquée.

Tu vois, Mia, c'est pour ça que tu devrais parler aux gens à ma place, parfois. Tu passes mieux que moi. Pleins de types réagissent comme ça avec moi, va comprendre pourquoi...

Il a mal réagi ? Il t'a indiqué ton chemin. C'est très bien, non ?

Euuuhhh.... Oui, c'est pas faux, mais... Il avait l'air tendu. C'était plus pour nous faire dégager, je pense. Avec toi, il nous aurait peut-être même invité à sa table ! 'Fin, c'est pas grave...
Allons voir ce "maître du marché".

D'accord, fait Mia en restant derrière Atridès alors qu'ils commencent à s'y diriger.

Comme on le leur avait indiqué, au centre de la rue principale se trouve un dôme métallique, clairement un vestige de la colonisation initiale de la planète. Il a été modifié avec le temps pour servir le rôle de point d'accueil et de législation, et tout sauf lui a été construit à partir des matériaux locaux, ce qui le fait détonner avec son environnement. L'intérieur, que l'on peut voir de sa petite cabine transparente, est blanc et épuré, même si l'âge et l'odeur de tabac doivent être responsable des jaunissements ça et là.

A l'intérieur, en les apercevant, un large homme lève un épais sourcil, puis ses yeux se réduisent et il affiche un sourire aux dents blanches et carrées.

Eh bien, qu'a-t-on là ? Paniers, allure de pêcheurs... Mais pas le genre vraiment habituel, hein ? Je suis Paul Diamond, le maître du marché.  Qu'est-ce qu'on peut faire les uns pour les autres, mes amis ?

A nouveau, Mia fait un pas en arrière en baissant la tête avec soumission, montrant clairement que c'est à Atridès de parler.

Oh, pas grand chose, monsieur Diamond, rassurez-vous !
On venait juste prendre quelques informations. Savoir où se situent les différentes échoppes, connaître les règles du marché, avoir des nouvelles fraîches de ce qui se passe sur Uhmlaba... En fait, c'est un gentil couple qui nous a indiqué votre emplacement.
On... Comment dire... On suit les tradition locales !

C'est tout à votre honneur. Le marché ne pose pas de questions, tant que les produits sont bons. On prend un de vos... poissons au hasard, pour évaluer la qualité de chaque apport. Et une taxe de cinq pour cent sur vos ventes. Votre enregistrement vous donne le droit de vendre sur tout l'archipel, vous trouverez un bâtiment comme celui-ci sur chaque île. Il nous faut un numéro de compte et un nom correspondant, et je vous montrerai votre emplacement.

Mia regarde l'homme, puis Atridès, et réalise que ce dernier n'a probablement saisi aucun des sous-entendus de son interlocuteur. A contrecœur, elle s'avance.

Bonjour. Dites-moi... heu... Et si nous voulions être sûrs que nos transactions restes anonymes ? Il y aurait une... taxe supplémentaire ? Aucune transaction illégale, bien sûr ! Vous pourrez même vérifier, mais... Disons que nous ne voulons pas trop attirer l'attention.

Vous pouvez ouvrir une micro-entreprise sous un pseudonyme, ça prend juste le numéro du compte et je vous fais ça ici. Et pour un... crabe, disons, je peux même oublier vos visages.

Vendu ! fait Mia avec son sourire le plus charmeur.

Créditube, s'iouplé. Merci.

Allez, dîtes-moi le nom de votre entreprise et je vous ouvre la voie.

Mmmm... Smaug & Co ? lâche Mia en utilisant la première référence qui lui passe par la tête.

Atridès, qui est en effet complétement perdu avec les notions d'enregistrement, de numéro de compte, de taxes et tout ça, observe la discussion, plutôt rassuré que Mia aie pris le relai.

Et... Voilà. Vous êtes les heureux propriétaires de Smaug & Co, @Umh. Vous aurez accès aux marchés de l'archipel et aux tarifs des marchands.

Puis Paul leur montre leur emplacement, qui se trouve entre un étal de draperies de soie d'arachnides marins, et d'un magasin de percussions maison.

Merci ! Oh, et pourrions-nous avoir un autre créditube, s'il vous plaît, mais au nom de la société, celui-là ?

Ah, tu sais, il n'y a pas ce genre de choses ici. C'est déjà bien ennuyeux quand on doit faire changer un terminal... Il faut te rendre au Sélénium.

Bah, de toute façon, j'imagine qu'une bonne partie des échanges se fait par troc, chez vous, non ? S'il lui fallait une confirmation qu'Atridès est complètement largué, Mia la possède désormais...

Et si nous voulons acheter des provisions et de nouveaux vêtements, vous avez des endroits à nous conseiller ?

Ici, c'est tout "couleur locale". On fait l'arrêt idéal pour la croisière. Et on calme ceux qui pensent ne jamais pouvoir quitter la planète depuis la chûte de la station. Le paquebot, là-bas, l'Argo, c'est le plus gros générateur de revenus de la planète toute entière. Et ces gens sont en voyage prolongé, il faut les distraire.

Si vous voulez des vêtements moins traditionnels et plus pratiques, allez sur l'île de Niu-Thim. Après une pause légèrement trop longue, il ajoute : Sur l'île centrale. Vous ne pouvez pas le louper, sur une carte. C'est une sorte de cercle presque plein au milieu de l'archipel, et c'est le plus gros. Le commerce de tout l'archipel passe par là. Nous, on fait des fruits de mer et des babioles.

Ah, il y a donc pleins de touristes sur ce navire. Le plus gros que j'ai jamais vu, d'ailleurs... Personne n'est à terre ?

Quelques uns, mais c'est leur cinquième escale sur cette île, ils sont mieux à bord...

Donc, si on cherche, en plus de provisions et de nouveaux vêtements, un peu de matériel pour faire de petites réparations sur notre bateau, c'est sur Niu-Thim qu'il faut aller ?

C'est ça.

Paul finit par les laisser s'installer. Ils disposent d'une table et d'ardoises, ainsi que de deux chaises.

Sitôt Diamond parti, Mia s'adresse à Atridès après s'être assurée que personne ne les écoute.

Heu... On ne va pas vraiment vendre du poisson, hein ? Maintenant, on peut juste faire nos achats en utilisant le nom de la boutique.

Pour les vêtements, je crois que ça ne dérangera pas nos amis d'être habillés couleur locale, non ? Ce sera toujours mieux que des habits avec des trous et du sang.

Enfin, je dis ça, mais c'est toi qui décides.

Non, c'est sûr, on n'est pas là pour vendre du poisson... Je ne comprenais pas vraiment ce que tu faisais, mais en fait, c'était pour être discrets, hein ?

Bien joué, Mia.

Oui, on va aller acheter des choses. Tu sais, moi je fonctionne en solo, d'habitude. Je n'ai pas l'habitude de tout ça, des ruses, de penser à des plans pour les autres... Tu fais ça vraiment bien. Je suis bien content que tu sois avec moi.

Et moi c'est pareil. Je n'aime pas beaucoup parler aux gens. J'ai toujours peur de faire une bourde. Et puis à part les ruses, justement, je ne sais vraiment pas grand chose sur la façon de me comporter avec... heu... les gens normaux.

Bah, d'habitude, je n'ai pas peur de faire des bourdes. Au pire, ça retombe sur moi, et soit je m'en vais en quatrième vitesse, soit je frappe si on me rattrape. De toute façon, je suis demi-dieu immortel, donc je m'en fous...
Mais là, j'ai un peu peur pour le joli petit couple. J'essaye de faire attention, mais je ne sais pas vraiment comment faire.

Tu as l'air de t'y prendre très bien, Mia.

Bon, on va donc commencer à acheter des vêtements, quelques provisions, et on ira plus tard sur cette île "miaoutim" pour les pièces de forge du navire...

Atridès et Mia achètent donc des vêtements amples et colorés, des robes fines en soie, des écharpes et même des rouleaux de tissu pour la toile de la voile, ainsi qu'un nécessaire de couture bien fourni, et échangent leur poisson contre de la viande, des légumes et des pâtes. C'est bien chargés qu'ils se retrouvent, et ils ont forcément l'occasion de voir tout le marché ce faisant.

Le stand qui ne désemplit jamais, c'est le tapis de la diseuse de bonne aventure à côté de l'échoppe de vêtements. Pour le reste, quelques achats de nourriture et de babioles, mais les visiteurs n'ont que peu d'attrait pour le folklore, comme disait Paul.

Mia observe la foule avec curiosité, souvent surprise par les comportements des gens. D'ordinaire, elle ne faisait attention qu'à leur richesse potentielle et à l'emplacement de leurs bijoux et de leurs créditubes, alors maintenant qu'elle peut s'intéresser aux interactions sociales à loisir elle en profite. Il y a beaucoup de couples, et de l'électricité dans l'air qui les sépare ou les relie. En faisant plus attention, en fait, la tension est palpable chez les marchands dépités comme chez les passants inquiets.

Ceci dit, habitude oblige, elle ne peut s'empêcher de noter si il y a des babioles intéressantes à subtiliser, ou si certaines personnes sont armées. Il y a maintes richesses, sur le corps des visiteurs plus que sur toute l'île réunie. Et il y a étrangement peu d'armes et de gardes, ici. Finalement, seul Paul a une arme de poing, poussiéreuse, dans un holster fermé par un noeud de ficelle de cuir. Ils n'ont clairement jamais entendu parler de ravageurs...

T'as vu, Mia ?
La diseuse de bonne aventure... Le nombre de personnes qui vont la voir, qui croient à ça, ça me sidère...

Il y en avait une, chez m... Au cirque, je veux dire. Elle avait de vrais pouvoirs, je crois... Mais elle disait surtout aux gens ce qu'ils voulaient entendre.

Exactement. "Oh ! Je n'ai jamais senti ça. Tu es spécial ! Ton avenir m'est caché, mais il me semble... Hummm... Glorieux.
Ça fera vingt drachmes..."

Elle t'avait dit quoi, à toi, celle du cirque ?

Oh, en général, c'était des choses du genre "Mia, nettoie-moi ce vomi, et que ça saute !"

Elle buvait un peu trop.

La prédicatrice, aux babits blancs et bijoux d'or, est par ailleurs ravissante. Elle fait attendre une queue de sept groupes de personnes différents.

Il n'y aura pas de troisième prédiction, madame. Pour vous, l'avenir est fixe. Je suis désolée. Non, gardez l'argent. Si j'avais pu vous aider, peut-être.

" Gardez l'argent" ? Ça, c'est nouveau pour une rebouteuse... Et elle est plutôt mignonne. Ça aussi, c'est rare, dans leur caste.

Dis, Mia... Si on allait la voir ? On verra bien bien ce qu'elle nous dira. Avec nos vies, si elle essaye de bluffer, je lui souhaite bien du courage !

Si tu veux, répond Mia qui, intérieurement, se demande si c'est une bonne idée. Après un peu plus d'une demi heure, la prédicatrice a vu sept personnes, et c'est au tour des deux jeunes gens, dont les courses attendent à l'ombre d'un hauvent.  

Bonjour à vous. Qui de vous deux vient me voir ??

Bonjour ! C'est pour elle... , dit-il en la désignant du menton et la poussant un peu en avant d'une main dans le dos.

Ah ? Ben oui, c'est pour moi, alors...


Vous n'avez pas l'air convaincue de cela. Il me faut une base sur laquelle travailler. Une intention, venant de vous. Une question ou un problème à régler.

Sans cela, si vous ne savez pas ce que vous voulez savoir, je ne peux pas le savoir non plus. Elle est patiente et parle doucement, sans imposer de contrainte. Elle sourit légèrement en voyant la gène de la jeune fille.

Si tu ne veux pas, Mia, ce n'est pas grave, on s'en va. Je ne force jamais personne, moi.
Je me disais simplement que ce serait marrant...

Eh bien... Je ne sais pas trop quoi demander, en fait. Est-ce que... je vais être riche, par exemple ?



Partie de rien, tu seras riche.
Rien puis tout et de nouveau rien,
ta vie prendra et donnera,
sans que tu connaisse le souci.

Surprise, la femme semble étonnée par sa propre bouche.

C'est rare, comme prédiction.

Tu m'étonnes, que c'est rare... "Partie de rien", vu tes vêtements, Mia, c'est pas compliqué à deviner. "Tout et rien, ta vie aura des hauts et des bas". C'est une jolie prise de risque... On tient une championne de la divination, ici.

Mia est un peu surprise, et ne comprend pas bien le "sans que tu connaisse le souci". Des soucis, elle n'a eu que ça toute sa vie.

Autre chose ?

Une divination que je n'aurais pas pu faire moi-même, peut-être, mademoiselle ?

Je m'excuse si je vous ai offensé, monsieur. Je ne connais pas l'étendue de vos capacités, mais les miennes sont très mineures. Cependant, leur forme semble plaire, d'habitude.

Elle joint le corps à la parole, et joint aussi ses mains, paumes découvertes en baissant le torse et le cou en signe de soumission. Même Jake, un spécialiste de la position, semble épaté.

Non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! Il n'y a pas d'offense, relève la tête, s'il te plaît. Je ne vois absolument pas dans les fils du destin...

C'est simplement que c'était assez flou, non ? On peut dire ça de tout le monde. Et Mia, ce n'est pas "tout le monde".

Elle a voulu savoir pour la richesse, et je le répète, personne n'a jamais entendu ces vers de ma bouche. Pas même moi. "jamais tu ne connaîtras le souci..." Vous imaginez la chance de cette enfant ? Je ne serais pas étonnée que ses parents soient riches, ou... Je ne sais pas. J'aimerais ne jamais connaître le souci financier.

Vous avez raison. Désolé de vous avoir interrompu, vous et Mia. J'ai une certaine défiance envers les devins, c'est pour ça. Désolé.

Je suis votre humble servante, monsieur. Que veux-tu savoir d'autre, jeune fille ? Il te reste deux demandes.

Ah ? D'accord. Alors... heu... Est-ce que je vais voir du pays ? Voyager, je veux dire ?



Ta route passe par les étoiles,
par les mers et par les plaines,
vers des aventures sans limites.
Tu verras des choses uniques,
si tu t'en tiens à ce mantra :
Suis toujours le symbole du chat.
Dans la grotte aux mille couleurs,
une autre route t'attendra.

Quand elle retrouve enfin le contrôle de sa bouche, la femme écarquille les yeux, maisne regarde plus vraiment nulle part.

Huit... Huit vers !

Ah ? Et... C'est grave ?

Non, mais c'est  le plus long que j'aie fat. Trois vers, c'est la moyenne. Quatre, parfois. Vous avez bien de la chance. A votre place, je préparerais bien ma dernière demande.

C'est mieux, ça. Enfin, je crois. Il suffisait qu'elle se motive, en fait. , dit-il à Jake en lui grattouillant les oreilles. Juste un coup d’œil aux alentours et à leurs affaires, afin que personne ne s'en approche.

D'accord. Heu... Comment je fais pour nous éviter des ennuis à mes amis et moi pendant notre voyage ?

Toujours à mi-mot, vers Jake, il répond avant la prophétesse :

Elle ne peut pas. C'est une fille. Les filles, ça pose toujours des problèmes. On est d'accord, n'est-ce pas, Jake ?

Mais Jake connaît visiblement les femmes, rabat les oreilles, baisse la tête au niveau du sol, et pose ses pattes sur son museau. La prédicatrice se tourne alors vers Atridès et le foudroie d'un regard poli, ce qui est étrange. Mia, elle, attend une réponse.


Pardon, reformulez votre demande, j'ai été... distraite.

Mia répète donc, et la prophétesse reprend.




On ne peut agir sur toute chose.
Tu auras beau être bonne au jeu,
parfois à soi un choix s'impose.
Seuls les dieux ont plus de deux yeux.

Vu la réaction de Jake et de la jolie pythie, Atridès imagine qu'il a dû dire une bêtise. Mais il ne voit pas quand. Il n'a fait qu'exposer des faits indéniables.
En tout cas, il se tait pour l'instant.

Heu... fait Mia qui n'a pas compris grand chose.

Je sais... Les questions larges obtiennent une réponse large, et c'est parfois difficile à interpréter.

Mais si ma performance vous a distraits ou satisfaits, je vous serais gré de laisser une compensation de votre choix.

Bah, on a acheté pas mal de provisions. Vous pouvez venir y jeter un œil, et prendre des choses qui vous plaisent ?

Et toi ? Tu ne veux pas le faire ? glisse Mia à Atridès.

Si, je veux bien, mais... Bah, après tout ça confirmerait ce que je sais déjà. Pourquoi pas ?

Je suis navrée, mais je ne peux pas prédire quoi que ce soit à votre sujet aujourd'hui.

Atridès était tellement préparé à cette éventualité qu'il n'est même pas surpris, mais la fille ajoute alors :

Il y a trop de monde après vous. Et la matinée s'achève. Je ne peux pas rester indéfiniment sous le soleil, j'en suis navrée. Demain ?

Oui, avec plaisir !
En attendant, choisissez quelque chose qui vous ferait plaisir, dit-il en montrant les nombreux produits alimentaires et les quelques babioles qu'il ont acheté.

La chaleur augmente petit à petit, et il semble que les visiteurs et les marchands s'accordent pour aller s'abriter ou se rafraîchir sur les plages aménagées. Toujours méfiante, Mia remarque parmi les passants un personnage manifestement armé, mais uniquement d'armes de mêlée trafiquées. Un bâton à pointes pend sous son manteau, et le couteau dans sa botte n'est même  pas caché.

Il regarde chaque femme tour à tour, de haut en bas, mais quand ses yeux se posent sur eux, il hèle Atridès :



 Eh, voyageur. Tu ressemble à un guerrier des temps anciens ! Tu sais te servir de ce truc, ou c'est pour l'apparat ? Fait-il en indiquant son épée.

Non, c'est pour le plaisir de me balader avec un truc inutile et tranchant de deux kilos sur moi. Trou du cul...
T'es qui, et pourquoi cette question ? Instinctivement, il vient se placer juste devant Mia, la main proche de la garde de son glaive, en protection.
Il contracte légèrement ses pectoraux et ses épaules, serre les mâchoires, en jetant un œil circonspect au bâton clouté de l'étranger. Ce dernier s'empresse de montrer les paumes pour signaler ses intentions pacifiques.

Oh, doucement, voyageur, héhé ! Je viens juste me renseigner. Ici, tu es le seul guerrier en vue, et je m'y connais : j'organise les joutes pour le loisir des voyageurs, sur l'Argo. Je me disais que tu pourrais y apporter de l'exotisme et t'y faire un peu d'argent facile. Au prix de quelques bleus, sauf si tu es vraiment bon.

Moi aussi, je suis un touriste. Je ne suis pas venu pour me battre pour de l'argent, a priori.
Mais tu peux quand même m'expliquer de quoi il en retourne. Les règles, les adversaires, les récompenses, le genre de spectacle qui est attendu.
Et j'y réfléchirai.

 Déjà, rassure-toi : tout est sans danger. Pas de  sang, pas d'armes réelles, et ça fait de bons entrâinements, mais c'est parfois plus du spectacle qu'un duel. Tu  peux être amené à perde exprès, ou l'inverse, selon l'humeur du public. Et le public a besoin de se distraire presque autant que j'aime l'argent !

Fred cortos,  enchanté. Il tend la main en signe d'amitié et dévoile ses dents carrnassières dans un sourire  d'embobineur.

Alors en fait, intervient timidement Mia, vous cherchez des acteurs, pas de vrais combattants ? C'est ça ?

Meh.  Il faut savoir choisir les bons profils pour un spectacle digne de ce nom, tu sais.

Euhhh... Je... Atridès. , dit-il en lui serrant la main.
A l'évidence, il allait répondre à ce Cortos, mais dès que Mia a pris la parole, il s'est tu, et écoute le dialogue entre Mia et ce gars.

Mia ne voit absolument rien de bizarre dans le fait d'organiser des combats pour un public, ni dans le fait de les truquer. Apparemment, cela doit être normal, se dit-elle.

Et... Vous payez combien ?

J'ai sept combattants. Huit avec lui. On peut organiser quatre représentations, à cinquante crédits l’entrée, et faire entre cent et cinq cent entrées. Les participants héritent de 5% du bénéfice, mais tout dépend du public, donc on commence petit mais plus on fait sensationnel, et meilleurs sont les rendements.

Dans son coin, Atridès fronce les sourcils et compte sur ses doigts. Il y a beaucoup de multiplications et de divisons à faire pour obtenir un aperçu du gain. Il était proche d'arriver au résultat, mais il a oublié au dernier moment sa retenue. Aussi, il recommence...

Mais, Mia, je... Enfin, je voulais te dire que moi... Mais puisqu'elle semble bien lancée dans la négociation, il soupire, et lui fait un petit geste qui signifie "continue, va", l'air un peu désabusé. Ou amusé ?

Mia compte rapidement puis éclate de rire, reproduisant ce qu'elle a vu pratiquer au cirque chaque fois que ses anciens maître parlaient argent avec des étrangers. Elle manque peut-être d'assurance, mais elle sait faire semblant.

5%, ça fait quoi ? 1250 crédits par représentation, et ça c'est seulement si vous faites le plein ? C'est une blague ?

Discréditer l'offre, puis faire monter le prix de la marchandise, se dit-elle.

Vous vous rendez compte que vous avez là un authentique héros théopolien ? Un guerrier qui a la faveur de ses dieux ? Un tueur de monstres renommé ? improvise la jeune fille.

Oui, c'est vrai, bien sûr... Mais, Mia, moi je ne suis pas sûr de vouloir me laisser...
Pffff... Laisse tomber. On fait comme tu veux, Mia...


Oh, je vois ce que c'est ! Ta copine porte la culotte, en fait ! Pas de souci. Je sais traiter avec les dames. Mais soyons clairs : J'organise tout, j'ai le boulot le plus long et le plus contraignant. C'est normal que je gagne plus. Et pour un partenaire EXCEPTIONNEL, je pourrais monter à 7%. Maximum.

Et il a quel âge, le "héros", là ? C'est quoi ces monstres qu'il a terrassés ? Hein ?

Oh ? Le boulot le plus contraignant ? Discuter pendant qu'il y en a qui se battent ? Pfff...

Puis, Mia n'ayant aucune idée des monstres qu'il peut bien y avoir sur Théopolis, elle se tourne vers Atridès.

Il ne me croit pas, on dirait. Et si tu lui disais, toi ?

Ah mais non ! Ce n'est pas elle qui porte la culotte ! Mais elle gère les finances du foyer. C'est normal, c'est le rôle de la femme, non ?

Et sinon, pour les monstres, euuuhhh... Alors, des centaures. Beaucoup de centaures, parce que j'ai fait mon service pendant la troisième Guerre des Territoires Sauvages.
Des Théopoliens également. Bon, ce sont des humains, mais techniquement, ils sont connus comme étant les meilleurs guerriers chez moi, donc... J'en ai eu pas mal, quand même.
Un hydre, aussi. Mais je ne l'ai pas fini. Ses têtes repoussaient, ça m'a gavé et il était vraaaaiment en colère, alors je me suis dit que se serait mieux de m'enfuir. Je crois que j'ai bien fait, franchement...

Ah, et j'ai combattu une fille de Cerbère. Mais on est devenu copains, donc ça ne compte pas. Elle était simplement perdu dans la lande, elle avait faim, et j'avais de quoi manger sur moi. On a partagé.

Et j'ai 17 ans. Mais je peux te faire une démonstration. Toi avec ton arme, moi à mains nues. Je t'envoie rejoindre Hypnos en moins de dix secondes, promis.

Quoi, pour de vrai ? Contre moi ? Quel intérêt ? Non, petit, si tu veux faire tes preuves, sois sur le quai de l'Argo demain, une heure après le lever du soleil. J'imagine que t'as pas de montre...? Alors une heure après le lever du soleil, ce sera très bien.

Si je ne suis pas là demandez Fred cortos aux agents de sécurité, ils sauront ce qui se passe. Allez, à demain, je dois y aller.

Manifestement, il tente de couper court à la conversation pour ne pas laisser la réplique à Mia. Atridès ne sait pas trop quoi penser de cet étrange bonhomme ; Jake, entre temps, s'est endormi près de leurs affaires.

A demain ? relance Mia avant qu'il ait pu s'éloigner. Pourquoi ? Nous avons autre chose à faire que de perdre du temps pour de la petite monnaie. l'organisateur étouffe un rire et lève la main en signe d'au revoir, sans même se retourner.

Un peu plus tard :

Hmmm. "Perdre exprès"... Je ne suis pas vraiment sûr d'aimer ça. Et je ne sais pas... 1250 crédits, c'est beaucoup ?

Pas assez.

Les trois compères finissent par retourner au catamaran. Mais une fois arrivés, ils sont tous les trois frappés du même sentiment, en même temps, garçon, fille-chat et chien se regardent alors : Il y a un intrus sur le bateau. Ils n'ont pas besoin de le voir pour le savoir.  

Jake, reste ici au cas où quelqu'un essayerait de s'enfuir, si des gens arrivent, ou en renfort si on t'appelle.
Mia, avec moi. Tu es plus discrète que moi, fait l'éclaireur. Communique-moi ce que tu vois.
Je suis juste derrière toi, ne prends aucun risque. Si ça sent mauvais, tu t'enfuis ou tu te caches et tu me laisses la suite.
Atridès porte la main sur la garde de son glaive, monte le plus discrètement possible sur le navire, puis laisse la fille-chat passer devant lui.

...

Mia acquiesce d'un hochement de tête puis, le plus silencieusement possible, elle se hisse sur le bateau, sens aux aguets, prévoyant de se glisser vers l'écoutille. Mais une fois sur le bateau, elle peut voir l'homme, car c'en est un, qui braque son arme sur Lucy et Thomas, assis sur deux chaises au poste de pilotage.

L'homme, abrité du soleil par son chapeau, tient fermement son arme de poing pointée vers le couple tout en jetant un oeil en arrière.

Salut gamine. Dis aux deux autres qu'on les voit venir de très loin, tu veux ? Et pas d'idée bizarre. Personne n'est mort... pour le moment.

Mia est un peu surprise. Il y a longtemps qu'on ne l'avait pas entendu approcher aussi facilement. Ce type n'est pas... A moins que ce soit lui, l'Ange que redoutaient tant Tommy et Lucy ?

D'accord, monsieur, dit la jeune fille en laissant ses mains bien en vue. Atridès, Jake, vous pouvez venir... Mais en douceur, d'accord ?

OK, OK... annonce Atridès en avançant. T'es qui, toi ? Et qu'est ce que tu veux ?

Tu ne sens pas le danger, toi. Mais cette fois, pense bien que tu n'es pas la seule vie en jeu aujourd'hui, d'accord ?

Allez vous asseoir plus loin. Et toi, petit, tu laisses tomber ton arme ET son fourreau par terre, je déteste  discuter avec des gens armés. Quant à votre troisième... Reprend forme humaine, on ne me la fait pas.

Rrrrrrrr.....

Heu... Jake est vraiment un chien, vous savez ? Allez, Jake, bon chien. Reste calme, d'accord ?

En même temps, Mia regarde vers Lucy et Tommy, les interroge du regard. Lucy n'affiche que haine et frustration, et elle fixe l'homme au chapeau. Thomas est plus communicatif, et même si leurs mains sont attachées dans leur dos, il tente de communiquer en essayant de sourire pour masquer son appréhension.

Atridès laisse tomber son glaive encore dans le fourreau au sol. Il le fait glisser d'un coup de pied vers le type. Il sait comment ça marche, ça aurait été sa prochaine demande. Il a raison, vu le petit sourire satisfait du gars, ensuite.

Quand même, le fourreau aussi, c'est de la paranoïa... Et donc ? Maintenant que nous ne sommes plus armés, on peut discuter ?

Discuter, c'est un bien grand mot, mais je ne suis pas un monstre. Pourtant, avant que cette phrase soit finie, une énergie démesurée commence à émaner de l'individu, comme s'il enflait et que sa force débordait.

Mia y reconnaît le même genre de sensation que sur le pilier marin, quelques jours plus tôt...

Je veux que tout soit bien clair, pour tout le monde. Les seules choses qui comptent dans la vie sont la force, l'argent et la réputation. J'ai les trois, et je compte les garder.

Il est complétement con, celui-là ? La force, ça sert à ne pas se faire emmerder, l'argent, à avoir ce que l'on veut, et la réputation, à ce que tout le monde vienne nous emmerder, justement...
Ce qui compte dans la vie, c'est un d'avoir un bon plat bien arrosé à chaque repas, une jolie femme dans son lit tous les soirs, et qu'il y ait le moins de personnes possible qui viennent nous les briser. Il sort d'où, lui ?

Pour ce faire je réussis toujours mes contrats, tôt ou tard. "L'ange ne manque jamais sa cible". C'est pourquoi je remplirai mes contrats sur vous tous, tôt ou tard. Il n'y a rien à faire pour éviter ça, je reviendrai toujours à la charge.

Mais

On peut peut-être s'arranger pour que tout glisse. Êtes-vous disposés à un arrangement, où bien dois-je tuer tout le monde tout de suite et rapporter vos cadavres ?

Vu comme c'est présenté, ça va être difficile de dire "non", non ?
C'est quoi, cet arrangement ?

Ravi que tout soit bien clair. Je passe donc directement à la partie que vous n'allez aimer. Je peux laisser ces deux-là vivre pendant encore cinq ans, si vous me laissez juste prendre le dénommé "Atridès". Et c'est une offre très, très généreuse.

Moi ? , fait le jeune théopolien, l'air sincèrement surpris.
Bon... Bah, donc on y va.
C'était une chouette petite balade, dit-il à l'adresse des Meenie et de Mia. Merci pour les bon repas, Lucy.

Il se tourne donc vers vers la sortie du bateau, attendant de voir si le tueur fait mine de lui emboiter le pas.

Ravi de faire affaires avec vous. Vous pouvez remercier le gamin, vous êtes les premiers à avoir survécu aussi longtemps.

Tu peux aller te faire foutre avec ta légende. On te retrouvera.

Le chien, lui, semble ne pas en croire ses oreilles. Il oscille entre Mia et Atridès, attendant quelque chose.

Rwoof ?

Atridès, ne fais pas le con, dieu sait où ce type compte t'emmener !

L'assassin ne cesse de les garder en joue, mais ajoute sobrement :

Oh, le petit fait le bon choix. Vous le savez mieux que quiconque, je ne fais pas dans le transport, d'habitude. Ni dans le marchandage. Cinq ans. Au revoir.

Ramasse ton arme, petit. On y va.

Ce qu'Atridès fait. Il profite de ce moment où il tourne le dos à l'Ange pour faire un clin d’œil rassurant à Tom.

Mia est comme Jake. Elle hésite.

Attendez... demande-t-elle timidement. Est-ce qu'on peut au moins savoir ? Pourquoi Atridès ?

Je n'en ai aucune idée. Je te l'ai dit, ça n'a rien de personnel, petite.

Mia peut sentir Jake trembler de colère et se préparer à sauter. Thomas tente de défaire ses liens sans y mettre de discrétion. Lucy ne fait que ressasser sa rage.

Gamine, retiens ton chien ! J'en ai marre qu'il fasse des bêtises sur le bateau.

Allons-y. Et puis sur le chemin, l'Ange, tu me diras combien on t'a payé pour moi.
Atridès est déjà en train de descendre à quai.

L'ange range ses mains sous son poncho, sans quitter son arme du poing. Il marche à reculons puis suit Atridès, non sans lui demander de laisser un bon espacement entre eux. Ils laissent Mia, Jake, Tom et Lucy, chacun dans son état d'esprit particulier. Le couple attend qu'on les détache, mais Tom ne partageant pas la rage de son épouse, il a moins de mal à communiquer.


Qu'est ce qu'il voulait dire ? Il veut qu'on le suive ?

Non, fait Mia en sortant ses gants de sa poches avant de libérer tommy d'un coup de griffes. Il veut que Jake et moi, nous le suivions. Il veut que vous, vous restiez ici, en sureté.

Au cas où... Tommy, Lucy, merci pour tout. J'espère qu'on se reverra.

Allez, Jake, on y va, mais avec prudence. Tu peux suivre leur piste, pas vrai ?

Eeeeh ! Tu comptes nous laisser ici ? S'il peut te tuer, je n'en sais rien, il le fera. Et nous ensuite. On est là dedans ensemble ! Mais il dit ça en dénouant les liens de Lucy, ce qui laisse le choix à Mia. S'esquiver ou rester.

Tommy, s'il te plait... Vous en avez fait assez pour nous. Maintenant, c'est notre tour.

Allez, Jake ! fait Mia en sautant du bateau pour partir sur la piste d'Atridès. Suis leur piste, mais on reste à distance, d'accord ?

Warf !

Sans hésiter, le chien met le museau au sol et commence à marcher. Il se retourne pour signaler qu'il a la piste, et se remet à renifler. Il ne leur faut que quelques dizaines de mètres pour les apercevoir, traversant la zone du marché.

C'est bien, Jake, dit Mia à son compagnon en s'arrêtant à bonne distance. Elle est sûre d'avoir vu l'Ange s'arrêter un moment avant de repartir. Elle voit Atridès tenter de discuter, mais l'Ange n'a que peu de mots pour lui. Ils finissent par dépasser la zone du marché, pour arriver vers la sortie de la ville.

Puis ils arrivent à la côte opposée, au bout de quelques kilomètres.

Allons-y. Et puis sur le chemin, l'Ange, tu me diras combien on t'a payé pour moi.

Non.

Pas très loquace, l'assassin reprend malgré tout la parole au bout de quelques minutes.

Allez, dis-moi tout. Je n'ai jamais vu un type qui se pense immortel et qui se laisse capturer. Tes amis sont saufs, alors j'imagine que tu ne vas pas tarder à créer des complications, n'est-ce pas ?

Je te le déconseille.

Ahahaha ! C'était exactement l'idée !
Mais en fait, j'attends que... Non, je ne vais pas te le dire, ce serait bête.
Ou bien je te le dis, mais en échange, tu réponds à mes questions.
La plus importante : pourquoi tu me le déconseilles ? Et pourquoi tu m'as laissé reprendre mon glaive ? J'aimerai aussi savoir combien je vaux, simplement si je dois négocier plus tard mes services. Et qui me veut... Je suis sûr que je serais venu de moi-même pour moins cher que ce qu'il t'a payé !

Ça ne te regarde pas, et ça fait partie du contrat, mon silence à ce propos. J'imagine que si tu veux savoir, tu viendras de ton plein gré.

Tu auras tes réponses.

Je ne suis pas un garçon si curieux que ça... En fait, Atridès attend de passer dans un endroit très fréquenté. Normalement, on ne tire pas sur quelqu'un en plein milieu de la place du marché. Et avec du monde autour, c'est tellement plus simple pour s'enfuir ! Mais il attend un maximum de temps. Déjà, pour laisser aux Meenie l'occasion de prendre le large, et aussi pour parler à "l'Ange".

Donc, comment on devient tueur à gage ? J'ai pensé à faire ce boulot, à un moment... Il paraît que ça paye bien, et que les filles trouvent ça excitant. En plus, c'est pas très compliqué !

Atridès se souvient douloureusement que le soleil est à son zénith, et que l aplace du marché est quasi-désertée. Et son compagnon ne semble pas adepte de la discussion.

Alors oublie. Oublie le métier, t'es pas fait pour. Et oublie tes projets immédiats. On traverse l'île, ety on quitte cette grosse bombe à eau pour la civilisation.

Puis il marque un arrêt et tourne légèrement la tête avant de reprendre la marche.

Tes amis sont en train de nous filer. Tu comptes leur dire d'arrêter ou alors je dois m'en charger ? Dit-il en émettant un "clic" de sous son poncho.

Mais je ne sais pas où ils sont, moi !
Indique-moi le coin, et je vais leur dire.
Parce que si tu t'avises de leur tirer dessus, ça va devenir compliqué pour toi...

Continue d'avancer, alors. Tant pis pour eux, mais quand tu les verras, rappelle-toi de ce qui se passera si jamais le contrat est rompu.

C'est exactement ce que j'allais te dire... Si tu fais mine de rompre ta promesse, je serais obligé de te tuer. Ça serait dommage, je ne pourrais pas savoir qui veut me rencontrer.

Tu n'as franchement pas réalisé que tu ne pourras jamais me tuer ? Nous sommes pareils, toi et moi. On, m'a dit que tu te prenais pour un dieu. Eh bien dans le cas où tu aurais raison, j'en suis un, moi aussi. On ne me tue pas. Tu vas devoir apprendre à partager ton univers avec moi, comme je vais partager le mien avec toi.

Haussement d'épaule d'Atridès.

Ah. C'est pour ça que tu es aussi arrangeant. Tu ne veux pas d'une guerre éternelle avec moi. Bien. Bonne chose.
Je sais comment ça se passe les disputes entre Dieux : c'est long, c'est violent, ça n'amène pas à grand chose à part des centaines de milliers de mortels qui rejoignent Hadès et beaucoup de frustration.

Et donc, en tant que Dieu, tu acceptes de te faire payer quelques pièces d'or pour amener un de tes frères à un mortel ? Ça ne semble pas très raisonnable. Surtout un frère qui déteste plus que tout être dérangé...

Ce faisant, les voici qui quittent le marché pour s'aventurer vers la côte opposée de l'île.

T'en fais pas. Je n'ai pas l'intention de te laisser me détester pendant mille ans. Je ne sais pas ce qu'ils te veulent, mais je pense que tu ne cours pas de danger. Tu peux en douter pour le moment, mais on est frères. Tous les immortels le sont, et comme de vrais frères, ce n'est pas par choix. Et ça rend ce lien si particulier. Et indestructible.

L'assassin a donc une âme, et peut enchaîner plus de deux phrases d'affilée.

Tiens, prends ça. L'Ange jette à Atridès une petite balle de métal, assez lourde, de la taille d'une boule de pétanque. Elle est striée par endroits et à son contact, une lumière bleutée sort par ces trous.Dès que le théopolien l'attrape, l'Ange dit :

Retour.

Et ils disparaissent dans un éclair lumineux.

Plus loin, Mia n'en revient pas. Atridès a vraiment disparu !

Wrrroooof ?

Oh non, fait Mia qui ressent soudainement l'absence de son compagnon de voyage. Il est... parti !

OH, LE FILS DE PUTE ! Au loin, Tom & Lucy Meenie arrivent. Tom a les larmes aux yeux, et Lucy la rage au ventre.

Il... L'Ange, il lui a donné quelque chose et il y a eu une lumière... Et ils n'étaient plus là, fait Mia au bord des larmes elle aussi.

Et je ne vois pas comment on pourrait le retrouver, ils seront bientôt à une bien trop grande distance... On va devoir patienter.

Oui, je suppose. Si il est vraiment immortel, il ne peut rien lui arriver de grave, pas vrai ? On se reverra sûrement très bientôt, fait Mia surtout pour se convaincre elle-même.

Au moins, pour le moment, vous n'avez plus à fuir l'Ange.

Le fuir, non. On en a plus besoin. A ce qu'il paraît, il est intuable, mais j'aimerais essayer, quand même. En tous cas, quoi qu'il en soit, on ira récupérer le gamin. Putain, si seulement la station était encore là... On aurait sû définir sa direction, au moins.

Et au Sélénium, ils ne peuvent pas faire ça ?

Si on a vraiment de la chance, ils auront repéré et monitoré l'appareil. Mais c'était le travail de la station orbitale, ça... Et le temps qu'on arrive là-bas, toute trace aura disparu.

De toutes façons, on doit toujours aller trouver des pièces, réparer, et faire route. Il n'y a rien qu'on puisse faire pour le moment.

Bon... Comment est-ce que je peux vous aider ?

Atridès se retrouve dans un tube de verre ou de plastique transparent, la balle dans la main. A ses côtés, deux autres gros tubes. L'un d'eux s'ouvre et laisse sortir l'Ange, qui sort son pistolet de sous ses habits et braque le théopolien.


Rien de personnel, mon gars, mais il faut comprendre que je ne vais pas te laisser faire n'importe quoi chez moi. Bienvenue, au fait. Je t'ai laissé garder ton cure-dents, mais on en a pas besoin ici, alors si tu veux bien sortir, et le poser quelque part, on pourra lancer les moteurs et boire un verre de whisky Corellien.

Comme tu veux... Atridès repère un peu les lieux et pose son arme sur un meuble ou autre chose qui en tient lieu.

On est où, ici ? Dans ton navire des étoiles ? Et on va où ?

Essaie d'utiliser le mot "vaisseau", si tu ne veux pas passer pour un plouc. Vous avez ce mot aussi, chez toi, non ? Pour les bateaux...

Oui. Et tu pourrais me rendre un petit service ? La petite "fille-chat" et le gentil chien, je crois qu'ils m'aiment bien et qu'ils sont plutôt obstinés. Ça m'embêterait qu'ils perdent leur temps à me chercher alors qu'ils ne me reverront plus. Tu pourrais leur dire, avec les machines magiques de ton bateau, de poursuivre leur route vers les "jolis endroits où on est libre" ? Et que ça va bien se passer pour moi...

Crois-moi, tu les reverras, s'ils le veulent. J'ai remarqué que le chemin des sources les amène systématiquement à se croiser, qu'ils le veuillent ou non. Par contre, pour ta requête, j'en suis navré, mais c'est irréalisable.

Autour d'eux, tout est de métal et de bois rare. Les lumières sont toutes dans des tons de verts ou de bleus. Les coursives ne sont pas larges, mais les pièces principales sont assez grandes pour ne pas être suffocantes. En gros, cet appareil est un vaisseau de luxe, et vu le pilote, il est probablement équipé d'armes et de gadgets impressionnants. L'Ange se rend vers la console de pilotage, qui se trouve visiblement au centre de l'appareil. Il prend place dans un grand fauteuil rembourré qui pivote sur lui-même, et commence à parler seul.


Shussler, direction Demopolis.

Bien, monsieur.

Demopolis ? La "Cité du Peuple" ?

Aucune idée, j'parle pas la langue. Mais je pense que parmi eux, il doit y avoir quelques Théopoliens, en effet.

Oh non... Pas des compatriotes. Je ne me suis pas cassé de chez moi pour en revoir partout ! Ne me dis pas que ton commanditaire est un prêtre théopolien ? Pfff...
Sinon, tu parlais de whisky corrélien, c'est ça ?

Dans le bar, juste derrière toi. Sors deux verres et une bouteille. Et sinon... Désolé, gamin. Mais si ça peut te rassurer, ils n'ont pas l'air de prêtres.

Le voyage de l'Ange et d'Atridès est plus stoïque. En deux jours, l'Ange n'est pas devenu plus bavard, mais ce n'est pas vraiment un mauvais bougre, quand il n'est pas chargé de vous assassiner. Et il semble s'accrocher à sa conception de fraternité des demi-dieux.

Son vaisseau, nommé Shussler, est doté d'une personnalité et d'une voix moins artificielles qu'un robot, malgré l'absence d'un corps. Sa voix est disponible partout, mais pas intrusive. Atridès a sa propre "chambre", mais le vaisseau n'est pas vraiment aménagé pour avoir d'invités. Aussi, son espace personnel est un simple débarras. Une fois les caisses de provisions aménagées, ils y ont mis un matelas et une couverture, et cela suffit pour le moment.

Bon, dans trois jours, on devrait arriver.


Et comment on occupe trois jours dans un bat... Dans un vaisseau des étoiles ?
Raconte-moi. Pourquoi on t'appelle l'Ange ? Pourquoi tu travailles pour des ploucs alors que tu es un demi-dieu ?
Pourquoi tu n'as pas de femme à tes côtés ?
Atridès ne s'est pas privé sur le vaisseau. Ça fait peu de temps qu'ils sont partis, mais il a déjà siphonné plusieurs bouteilles, et mangé pas mal de choses..

Déjà, une femme à tes côtés, ce n'est pas pratique quand tu en as une dans chaque spatioport.

Je travaille pour n'importe qui, tant qu'ils ont assez d'argent. Et l'Ange, c'est juste un raccourci pour "l'ange de la mort", je crois. On ne choisit pas son sobriquet. Ce sont mes clients qui m'ont appelé ainsi. C'est resté. Et j'aime assez l'anonymat et la réputation que ça procure.

Et il faut que tu saches, petit. Tu n'es pas plus un demi-dieu que moi.

Pour les femmes, je pense qu'on se ressemble.
Pour le reste... Ne suppose pas. Tu ne connais ni ma mère, ni mon père. Moi non plus. Tu ne sais pas d'où je viens.
Ce que je sais, c'est que les prêtres étaient en pleine panique en me voyant, et que j'ai vécu des choses que tous les bien pensant hors de Théopolis imaginent impossible.
Mais tu as le droit de me donner ton avis.

Admettons. J'ai déjà vu des choses assez folles, dans ce métier. Fantômes. Androïdes se pensant humains. Ordinateurs liquides. Créatures extra dimensionnelles. Mais des dieux... Pourquoi pas, après tout.

Tu pourrais me parler de tes parents, si tu veux. On a encore pas mal d'heures à couvrir.

Mes vrais parents, je ne les ai jamais connu. J'ai été recueilli et élevé par des Nymphes, des Dryades et des Satyres. De ce qu'ils m'ont raconté quand j'étais plus grand, on a jeté mon berceau dans une rivière, et j'ai atterri dans leur lac. J'ai grandi avec les Créatures de la Forêt. La seule chose qu'il me reste de mes "vrais" parents, c'est mon médaillon. Et je n'ai jamais voulu m'y intéresser...

Et tes parents, à toi ?


Morts au combat. Mais je ne comprends pas bien ce que tu racontes. Tu ne les connais pas, tes parents, en fait. Du coup pourquoi tu te penses divin ? Parce que tu ne meurs pas ?

C'est déjà un bon indice, non ? Et puis il n'y a pas que ça. Il semblerait que les prêtres et les oracles, chez moi, en sont persuadés.

Vous avez des gens qui prédisent l'avenir ? Ça marche vraiment ou ce sont des charlatans ? Je veux dire, à part le fait qu'ils voient en toi un dieu, bien sur...

Ça dépend lesquels. Il y a beaucoup de charlatans, surtout les prêtres des petits villages, c'est sûr.
Par contre, les Oracles des grandes Cités et des sites sacrés... Eh bien ils sont plutôt fiables. On ne comprend pas toujours ce qu'ils racontent, ils se trompent parfois, mais ils ont prouvés à de nombreuses reprises que leurs dons sont réels.

Il faudra que je trouve un moyen d'aller sur cette planète, un jour. Ca pourrait être instructif. Bon, écoute, Atridès. Je te l'ai dit, je travaille pour l'argent, mais ça ne m'empêche pas d'avoir mes propres valeurs. Je ne sais pas ce que ces gens te veulent, et je compte te livrer à eux de gré ou de force, mais je suis ravi que tu sois ouvert à la discussion, et je serais ennuyé qu'il t'arrive quelque chose de désagréable par ma faute.

Ce que j'essaie de dire, c'est qu'une fois que j'aurais rempli mon contrat, je n'aurai plus aucun engagement avec eux. Si je te donne ceci - Il sort de sa poche un petit objet gris et rond, un disque presque plat, avec une sorte de petit poussoir blanc en son centre - L'accepterais-tu ? C'est un émetteur passif. Il est inactif et indétectable par des moyens conventionnels. Et si tu l'actives, Shussler détectera automatiquement son signal et pourra te rejoindre si tu te trouves à ... Disons, à une distance raisonnable.

Moi, je veux bien prendre ton émetteur mais je ne vois pas pourquoi je l'utiliserais. Et je ne vois pas pourquoi tu viendrais.
En tout cas, t'es bizarre... Tu m'enlèves et soyons honnête, la seule raison pour laquelle je n'ai pas essayé de te couper la tête, c'est pour éviter que les Meenie se prennent une balle perdue. Et maintenant, c'est parce que tu as tenu parole, que je n'ai rien de mieux à faire pour l'instant, et que de toute façon, je ne vois pas ce que je ferais seul dans l'espace, sans savoir manier ton vaisseau.
Puis, tu me propose ton truc, là, genre on est copains, ça serait sympa de se revoir et de se boire un verre ? , dit-il en buvant son verre de whisky, d'ailleurs.

C'est comme tu veux. Je ne force personne. Mais sois logique, pas émotionnel. On est amenés à se revoir, cette galaxie n'est pas si grande que ça. J'aimerais autant que ce ne soit pas en tant qu'ennemis. Mais je m'en contenterai, s'il le faut. Je le pose sur la console. Tu as deux jours pour te décider, après tout.

Naaan, attend, l'Ange... Je ne suis pas une gamine de seize ans que tu peux retourner en dix secondes pour la mettre dans ton lit. Au figuré, bien sûr.
Je suis un fier et solide guerrier de Lycopolis, et je suis logique. A priori, je ne suis plus ton ennemi, vu les circonstances. Désormais, il n'y en a plus aucun intérêt pour moi.

Tu n'as pas répondu à ma question la plus importante : Pourquoi tu viendrais si j'appuyais sur le bouton de ta machine ? Il se ressert un whisky, et rempli aussi le verre de son interlocuteur.

Pourquoi pas ? Ecoute, il n'y a pas quarante cas de figure possibles : Soit tu arrives là-bas et tu veux y rester de ton plein gré, auquel cas j'aurais au moins proposé mon aide. Soit tu ne veux pas, et tu auras une option.

Et si tu ne crois pas en la simple bonté d'âme, alors dis-toi que j'ai tout intérêt à t'avoir comme allié plutôt qu'en ennemi, et que je fais ça pour moi. Pour ce que ça change...

Bon. Alors, je vais prendre ton émetteur. Et Atridès récupère l'objet sur la console.
Quant à la bonté d'âme chez un tueur professionnel... Ahaha ! Pourquoi pas ?
Et l'intérêt de m'avoir en allié ? Pfff... Je suis un vagabond, j'aime bien être tranquille, c'est tout. Et j'aime bien ça, ne te méprends pas. Mais être un allié pour un tueur légendaire ?
Bah, c'est ton affaire, après tout.

Tu te méprends. Je ne compte pas te demander d'aide ou de service, tu ne t'engages à rien. Ah, je suis désolé mais je comprends que tu le prennes ainsi. J'aide Atridès le vagabond, pas Atridès le guerrier. D'ailleurs, vagabond-guerrier de Lycopolis, tu joues au cartes ?

Ah, non. Chez moi, on joue aux osselets et aux dés. Mais je veux bien apprendre. On a le temps, après tout.

Deux jours standard plus tard, bien des choses se sont passées.

Tom, Lucy, Mia et Jake ont fini par annuler les réparations. Un appel au complexe du Sélénium leur a permis de faire envoyer un vaisseau. Après seulement un jour, ils ont embarqué et ont été déposés au complexe par des agents officiels. On leur a laissé une journée de plus pour se reposer, se laver, se changer. Mia a toujours les rêves de la grotte, chaque nuit.

Le complexe est une base d'opérations, mais elle a été privée de ses yeux et de ses oreilles avec la perte de la station. Ils n'ont même pas enregistré de vaisseau approchant la planète depuis le crash.



La nuit de repos est bien rentabilisée par toute l'équipe, et la nourriture raffinée change des poissons et autre pieuvres. Au petit matin, on vient chercher Mia dans sa chambre, qu'elle partage avec Jake.

Mademoiselle, je me présente : Agent Peralta. J'espère que vous avez trouvé tout ce qu'il vous fallait depuis votre arrivée. Les agents Meenie m'ont expliqué votre cas, mais dans les grandes lignes uniquement. Je viens vous chercher pour établir votre version des faits, et nous aviserons de la suite une fois que tout aura été éclairci. Si vous voulez bien me suivre...

Oui, oui, bien sûr, fait Mia, un peu inquiète.

Est-ce que... heu... Tommy et Lucy seront là ?

Un éclair d'incompréhension fige l'agent Peralta l'espace d'une seconde.


Tommy ..? Oh, non. Il est important que nous ayons votre version, épurée des opinions extérieures. Mais rassurez-vous, mademoiselle. Nous sommes uniquement là pour vous aider, et éclaircir la situation. Vous pouvez garder l'animal, s'il est propre. Sinon, Un de nos opérateurs s'est déjà proposé de le garder pour vous.

Jake ? Oh non, il reste avec moi. Hein Jake ?

Jake répond en agitant la queue, tout simplement.

Bon... On peut y aller, je suppose.

Mia est donc amenée dans une petite pièce où se trouvent deux chaises, une de chaque côté d'une petite table sur laquelle est posée une petite valise, et un grand miroir attaché au mur. Une caméra dans un coin n'est même pas dissimulée.

Veuillez vous asseoir. Il en fait de même, sort des papiers de la valise ainsi qu'un crayon, dépose la valise vide à terre, et pose le crayon à la verticale sur le papier. Ce dernier émet un bip, et quand l'agent le relâche, il reste vertical et écrit tout ce qui se dit par la suite.

Bien. Veuillez déclarer vos noms, prénoms, lieu de naissance et numéro de sécurité sociale, s'il vous plaît.

Mia répond de son mieux, un peu intimidée quand même.

Heu... Je m'appelle Miao. Juste Miao, mais tout le monde m'appelle Mia. Je ne sais pas où je suis née, désolée.

Et... Vous voulez mon numéro de quoi, déjà ?

Mmm, parfait. Numéro de sécurité sociale, disais-je. Aucune espèce d'importance, rassurez-vous. En fait, que vous n'en ayez pas peut être un réel avantage. Verriez-vous un inconvénient à ce que nous prélevions un peu de votre sang pour voir si vous n'avez aucune maladie ? C'est rapide et sans douleur, nos docteurs sont les meilleurs de ce quadrant, je vous assure.

Heu... d'accord, répond Mia, qui n'est pas très à l'aise à cette idée mais qui n'ose pas dire non.

Bien. Maintenant, j'aimerais savoir de quelle façon vous êtes arrivée sur cette planète, et ce qui vous est arrivé depuis que vous y êtes, si vous voulez bien.

Eh bien... Après le crash de la station, je me suis réveillée sur une plage avec Jake, le chien, et Atridès, un garçon de Théopolis. Je ne sais pas vraiment comment j'ai survécu. C'est Atridès qui m'a sortie de l'eau et mise à l'abri, je crois.

C'est peu de temps après que nous sommes tombés sur Tommy et Lucy. Ils ont vraiment été très gentils avec nous.

Mia explique alors comment les deux "pêcheurs" les ont recueillis et nourris. Puis elle raconte l'attaque des ravageurs et leur fuite vers la civilisation, jusqu'à leur escale au cours de laquelle l'Ange a fait son apparition avant d'enlever Atridès. N'ayant pas grand chose à cacher, elle se contente de dire la vérité.

Eh bien. Une sacrée aventure, donc. Et que comptez-vous faire, à présent, mademoiselle Miao ? Parce que mes supérieurs aimeraient vous proposer des alternatives, mais soyez assurée que vous avez toute latitude pour prendre vos propres décisions. Néanmoins, je ne vous le cache pas : Le Sélénium tel que vous le voyez sur cette petite planète n'est qu'une pâle copie de ce qu'il devrait être, avec de faibles moyens, mais notre mission et nos moyens à travers cette galaxie sont autrement plus impressionnants.

Travailler pour nous ouvre bien des portes.

Seulement, avant d'en arriver là, il nous faudrait effectuer quelques tests médicaux, pour nous assurer que vous êtes en bonne santé, par exemple. De plus, la disparition de votre ami nous inquiète particulièrement. Qu'en pensez-vous, jeune fille ?

Attendez... Vous m'offrez un emploi ?!?

J'imagine que oui. Vous avez participé à des opérations de type paramilitaire avec succès, fait preuve d'initiative et d'une rare habileté. On vous décrit, je cite, comme "furtive, compétente, intelligente, adaptable, précise", parmi tant d'autres. Et il a été porté à notre attention que vous voudriez certainement participer à une opération de secours pour votre ami. On nous a aussi bien précisé que le dénommé Atridès serait probablement plus serein si vous faisiez partie des secours.

Ceci, plus le fait que...

D'accord ! Je suis d'accord ! l'interrompt-elle avec empressement.

Le type du Sélénium l'a eue dès qu'il a parlé de porter secours à Atridès, sans compter que Mia avait l'angoisse grandissante de se retrouver seule, sans savoir où aller ni quoi faire de sa vie. Avoir quelqu'un à qui obéir serait bien plus facile, plus rassurant... Et ces gens feraient probablement de bien meilleurs maîtres que les précédents.

Qu'est-ce que je dois faire ?

Je vais vous emmener voir les médecins, et ils vous expliqueront tout. Puis vous partirez pour Gaïa Prime, un de nos plus gros centres. Avec Thomas Meenie, d'ailleurs. Ce sont eux qui ont le plus d'informations sur le vaisseau de l'Ange, et ils vous donneront toutes les informations possibles. Mais ne vous emballez pas trop : même avec ces informations, je serais étonné qu'ils soient en mesure de le retrouver si simplement.

L'agent range ses documents et son stylo magique, son enregistreur, d'une précision militaire, et emmène Mia dans le couloir, puis un autre et encore un autre, jusqu'à arriver dans un laboratoire tout blanc, très éclairé et rempli de gens en blouses blanches, certains dotés de masques chirurgicaux. L'un d'eux s'approche et salue l'agent, puis donne un signe de tête en direction de Mia, mais ne peut s'empêcher de lever un sourcil, présenté face à Jake. Elle est assez surprise qu'il n'aie rien à redire à sa présence, mais c'est pourtant le cas.

Ah, les voici donc. Ravi de faire votre connaissance. Je suis le docteur Boyle, et je dirige cette unité médicale. Je vous en prie, vous pouvez vous mettre à l'aise, ça ne prendra pas bien longtemps. Il montre une énorme machine équipée d'une sorte de couchette blanche surmontée d'une multitude de bras mécaniques.  

C'est moins impressionnant que ça n'en a l'air. La machine va procéder à une prise de sang qui nous en apprendra plus sur vous, et nous utiliserons cela pour les marqueurs génétiques plus tard, et comme référence au cas où il vous arriverait quelque chose. Asseyez-vous, et tournez-lui le dos, vous sentirez une très légère piqûre à la base du cou.

Mais Mia est comme figée : Cette machine lui rappelle beaucoup trop celle d'Ellon Compor.

Hum... Je... C'est vraiment obligé ? dit-elle avec un air visiblement effrayé.

Inutile d'avoir peur, tu sais. La machine est surement plus douce que moi. Si tu préfères, on peut utiliser un préleveur manuel. Ça paraîtra plus long, mais c'est tout.

Le voyage de l'ange et d'Atridès se poursuit calmement. Il a pu apprendre quelques jeux "classiques" de l'humanité terrestre, comme le Jack noir, le Poker, même si il paraît que c'est plus intéressant à quatre ou cinq joueurs, et d'autres jeux courants. Mais le simple apprentissage des cartes exstantes leur occupe finalement pas mal de temps.

La nourriture à bord est finalement bien meilleure et raffinée que sur Uhmlaba. Atridès peut siester sans jamais être réveillé par autrui, en tous cas pour sa première sieste.

Au cours de la seconde, un tintement retentit et Shussler annonce :


Monsieur, notre balise Demopolienne m'indique que le centre est entouré de plusieurs vaisseaux d'origine inconnue. J'estime qu'il faudrait sortir d'hyperespace immédiatement avant d'être pris dans une situation inattendue.

MnMnn, ta gueule.

Atridès se relève un peu au message de l'ordinateur de bord. Un simple coup d'oeil à l'Ange permet de savoir que ce dernier ne semble pas inquiet. Il se recouche donc... Mais une ou deux secondes après :

Sûr que ça ne pose pas de problème, le truc, là ?

Mmmmnnn ? Quel truc ?

Monsieur, notre balise Demopolienne m'indique que le centre est entouré de plusieurs vaisseaux d'origine inconnue. J'ai estimé qu'il faudrait sortir d'hyperespace immédiatement avant d'être pris dans une situation inattendue. répète le vaisseau, stoïque.

On s'en fout, qu'ils aient des invités, Schussler. Ils n'oseront pas s'en prendre à l'Ange.

Dans ce cas là, tout va bien. Atridès se lève pour aller se rafraichir dans la salle d'eau. Il arrivent bientôt, autant être propre et présentable.
Il se gratte sa barbe naissante, et renifle ses habits.
'Faudra les laver ou en acheter de nouveaux bientôt.

Dis, l'Ange, je n'ai pas été chiant, n'est-ce pas ? Je pense que ça doit être un des contrats les plus facile de ta vie. J'ai coopéré.
Tu me donnes... 5% de ton cachet ? Il va falloir que je m'achète des trucs, et c'est Mia qui a gardé le crédit-tube.

...


Manifestement, il fait semblant de dormir.

Tout en se débarbouillant, Atridès grommelle.

Tsss... Le gars, il se fait des contrats à plusieurs millions de crédits, il a son propre vaisseau des étoiles, mais dès qu'il faut donner quelques pièces, vas-y que je fais semblant de dormir. Le rat...

Après une machine, un café et une douche, pas mal de temps s'est écoulé pour Atridès, et en revenant il voit l'Ange observant les écrans de contrôle.  Demopolis consiste en fait en un énorme bâtiment, clairement Théopolien de forme, taillé à même un astéroïde de belle taille, en orbite autour d'une planète bleue et blanche.


Oui, Shussler, je sais qu'il y a d'autres vaisseaux, mais maintenant qu'ils sont posés j'imagine qu'ils ne sont pas hostiles, sinon on ne les aurait pas fait entrer. Et puis les Démopoliens prennent tant de peine à se cacher près d'une gazeuse abandonnée de tous, dans un secteur inutile, à la lisière de la Fédération... On ne les trouve pas par hasard. Si ces vaisseaux ne sont pas des invités, ils méritent le respect. Je te dis qu'il n'y a rien à craindre.

J'ai un mauvais pressentiment, monsieur.

Pas moi, et jusqu'à preuve du contraire, on suit mes instincts, pas les tiens. Et je te dis de te poser. Tu as quel genre de pressentiment, toi, petit ?

J'ai rarement des pressentiments. Là, tout ce que je vois, c'est de l'architecture de chez moi. Et si des gens de chez moi veulent me voir et payer une fortune pour ça, ça n'annonce que des problèmes. Pour moi. Beaucoup de problèmes.

Eh bien on va débarquer au plus vite, alors. Moi, je crois qu'ils vont prendre grand soin de toi. Tu as l'air d'être essentiel à leurs yeux, tu verras. Allez, Schussler, pose-nous.

Je vous aurais prévenus, monsieur. Manœuvre entamée.

Et la manœuvre les amène de plus en plus près de l'astéroïde, faisant grandir la vue ; leur bâtiment semble réellement large maintenant, quand Schussler se pose enfin. Atridès n'est pas un spécialiste, mais il sait tout de même que dans l'espace, on ne peut pas respirer. Aussi est-il surpris de ne pas voir de bulle ou d'autre système de contention de l'air autour de la bâtisse. Et en effet, l'Ange lui fit enfiler un scaphandre dans le sas pendant la fin de l’atterrissage. Les deux sources descendent alors et se rendent devant la grande porte. C'est là que l'apparence Théopolienne s'efface pour laisser place à une mode plus Astropolienne : Un panneau métallique sur la pierre s'ouvre pour laisser place à un faisceau de lumière rouge, qui vient se balader sur les deux hommes du haut vers le bas. Et la porte s'ouvre automatiquement avec grand fracas.

Et une fois rentrés, ils arrivent dans le plus grand sas de décompression jamais vu, ce qui doit être  ridiculement coûteux. Enfin, l'air étant revenu, l'Ange enlève son casque. La porte d'entrée s'ouvre sur un haut couloir de pierre doté de colonnes. Une femme seule dans un manteau moderne de fourrure synthétique les attend, mains dans les poches, un air blasé sur le visage.

Alors c'est lui ?

Est-ce que j'aime les crédits ?

Les deux jeunes gens semblent ensuite pris dans un concours de stoïcisme, qui pourrait probablement durer des heures.

Eh, c'est bon, oui ? On ne va pas y passer la semaine.
Donnez-lui ses crédits, et expliquez-moi ce que vous me voulez, qu'on en finisse, madame.

Tu te méprends. Je n'ai pas de crédits, moi. Je suis la sécurité. Mais tu as raison, Atridès de Théopolis. Allons voir le cercle intérieur. Suivez-moi, je vous prie.

L'Ange marmonne entre ses dents, mais emboîte le pas. Le complexe est gigantesque, mais ne mérite pas vraiment le terme de Démopolis : Il est presque vide de gens, et hyper technologique, jusque dans les lumières. En fait, on, se croirait dans un vaisseau de l'espace. Il y a en fait plus de robots servants, passant avec des chariots roulants transportant des matériaux et des pierres, que d'hommes et de femmes. Ils parcourent cinq cent mètres de larges couloirs, tournent plusieurs fois, et se retrouvent face à une grande porte double, gravée de symboles Théopoliens disant :

"La galaxie appartient aux hommes du peuple. Unissons nos forces pour Démopolis".

A leur approche, les portes s'ouvrent d'elles-même, ce qui est aussi bien parce que personne ne serait capable de faire bouger de telles choses si ce ne sont les dieux eux-mêmes. Et derrière la porte, dans une grande salle ronde, siègent sept personnes. L'un d'eux doit manquer, car le huitième siège reste vacant.





Mesdames et messieurs du cercle, voici l'Ange victorieux et Atridès de Théopolis.

De Lycopolis, en fait, mais bon, c'est pas très loin...

Comme promis.

Et comme prévu, les sept personnes restent silencieuses, leurs regards fixés sur le jeune homme ; il est dur de dire ce qu'ils pensent, mais ils le jaugent sans aucun doute. Certains ne cachent pas leur satisfaction, et d'autres ne cachent pas leur incertitude.

Mesdames, messieurs. Petit salut de la main. Mes respects.
Apparemment, vous vouliez me voir. Je suis là. Atridès à l'air plutôt blasé. Celui qui semble dire : "Et c'est reparti pour un coup avec les prêtres..."

Le virement est effectué, Ange. Nous te remercions de tes efforts. Tu viens peut-être de sauver l'humanité, quoi que tu en penses.

Oh, n'allez pas si vite. Qui nous dit que c'est bien lui ?

C'est bien lui. Il a le médaillon. Il a les épaules, le nez et les yeux d'un Théopolien. Ce n'est pas une contrefaçon.

Alors qu'il parte. Bonne route, Ange.

Adieu est le seul mot que l'Ange prononce avant de faire demi-tour. Quand la porte se referme, les sept reprennent.

Bien. Venons-en au fait. Il n'y a pas de prêtre ici. Nous détestons les prêtres. Et c'est là notre point commun à tous. Mais nous ne les détestons que parce qu'ils sont le symptôme d'une maladie plus grande. Nous t'avons attendu pendant bien des années, Atridès. Tu sembles partager notre inimité. Cela ne fait que renforcer ce que nous pensions.

Peux-tu nous dire pourquoi ?

Oui. Parce qu'ils se mêlent de ce qui ne les regardent pas. Par contre...
Ils sont sensés s'assurer du bien-être du peuple, et ils ne le font pas. Ou bien trop rarement.

Et à titre personnel, ils m'ont toujours cassé les couilles. Donc, voilà...

Après quelques moments légèrement déplaisants, Le docteur Boyle revient avec des résultats. Et son visage annonce clairement qu'il ne comprend pas tout ce qu'il lit.

 Dis-moi, Miao, tu sais que tu n'es pas humaine, n'est-ce pas ?

Oui, je m'en doutais un peu. Je suis une mutante, ou un truc dans le genre, non ?

Ou alors Atridès avait raison et je suis un esprit-chat, mais je n'y crois pas beaucoup.

Une théorie intéressante, mais non, rien de tel dans tes gènes. Et pas de trace de mutation telle que je le les connais. Mais si ils sont compatibles à 95,6 % avec les gènes humains, tu es en fait d'origine alien. Ce qui m'a frappé, par contre, c'est que notre base de données a un nom pour ton espèce : "Neko". Aucune donnée là-dessus n'est disponible ailleurs, mais votre génotype y est enregistré. Vraiment étrange.

Enfin, quoi qu'il en soit, je valide ton examen médical. Tu es apte au service. Félicitations, dans quelques temps tu pourras intégrer le Sélénium en tant qu'agent de terrain.

Merci, mais... Attendez, je suis une alien ? Une vraie ?!?

Mia doit s'assoir sous le coup de la surprise. Elle n'a pas compris la moitié de ce que disait le docteur, mais le peu qu'elle a saisi lui a fait un choc.

Et puis je ne comprends pas : Vous pouvez reconnaître la "déhenne" de mon espèce, mais vous n'avez que le nom ?

C'est ça. La base de donnée reconnaît ce que je lui ai donné, mais ne sait pas me dire comment elle sait ça.

Mais... Comment c'est possible ?

J'imagine que les Fondateurs ont dû rencontrer ton espèce, mais ont préféré la garder cachée pour une raison ou une autre... Tout en nous donnant les moyens de vous reconnaître au cas où. Je suis d'accord avec toi, comment et pourquoi sont des questions importantes. Comment et pourquoi tu es arrivée ici par exemple... Mais je ne suis que docteur, et je n'ai pas plus de réponse, j'en suis navré.

Ce qui me rappelle... Je dois aussi faire un prélèvement sur ton chien... Mais on m'a raconté qu'il était aussi mignon que potentiellement mortel, alors... Tu crois que tu pourrais m'aider ?

...

Oui, bien sûr.

Tu veux bien laisser faire le docteur, Jake ? Tu verras, on ne sent quasiment rien, c'est promis, dit-elle au canidé en le grattant dans le cou. Seulement tous les "gentil chien-chien" et toutes les caresses du monde n'attirent au docteur que groulements et Jake manque presque de lui arracher un bout de nez lorsqu'il s'approche trop. Il est rapidement conclus que l'analyse A.D.N. du chien devra être abandonnée au profit de la survie du docteur.

Et comme le temps presse, on donne le feu vert pour la suite à l'agent Peralta, qui boîte, désormais. Il emmène la jeune Neko au hangar, où l'attendent Thomas Meenie et d'autres agents, alignés devant un vaisseau spatial ; le haut de la pièce est ouvert sur la nuit étoilée.

Bien. Je pense que c'est là que nos chemins se séparent, mademoiselle. J'ai un peu honte de devoir recruter des enfants, et euh... des chiens. Mais je sens que vous avez le potentiel pour devenir un atout majeur pour le Sélénium et l'espèce humaine. Et ne laissez pas ce docteur ou qui que ce soit vous dire que vous n'en êtes pas une. Ce fût un honneur. Et, toujours très procédurier, Peralta présente un salut militaire, se tenant très droit malgré sa cheville qui semble lui faire mal, et effectue un salut impeccable, les yeux plongés droit devant lui, la main rigide, tendue à droite de sa tempe, avant de faire demi-tour en boîtant de nouveau.

Ah, Peralta... Il me fera toujours marrer, lui. Ca va, p'tite ?

Ou, oui, très bien. Ils nous ont offert de travailler pour eux, tu sais ? J'ai dit oui, et je crois que Jake a envie de rester avec moi.

J'espère qu'on a bien fait...

C'est super ! On va pouvoir travailler ensemble, alors. Et notre première mission sera de retrouver Atridès. Mais d'abord, on devra faire un détour ; avec un peu de chance, on trouvera une piste. Tes affaires ont été ramenées à bord, et tu vas voir, le vaisseau est bien équipé. Tu auras une chambre à toi toute seule. Enfin, à toi ET à Jake, en fait...

Super ! On va être très bien, tous les deux, j'en suis sûre !

Allez, viens, on va décoller sans perdre plus de temps. Lucy te souhaite bonne chance. Et elle a demandé à ce que tu veilles sur moi, mais... Elle m'a aussi demandé de veiller sur toi, alors...

D'accord. Allons-y !

Mais... Où est-ce qu'on va, exactement ?

Tout en montant dans l'appareil derrière les trois autres agents et le pilote, Thomas poursuit son explication alors que son sourire s'élargit encore plus que d'habitude.

Gaïa Prime, mon enfant ! Une des planètes les plus civilisées de la fédération. Et celle qui a le centre planétaire du Sélénium le plus important de la galaxie. C'est une plaque tournante diplomatique, culturelle, commerciale, administrative... Et aussi l'endroit où les cadets comme toi s'entraînent pour devenir des agents à part entière. C'est aussi ma planète natale, d'ailleurs.

A ces mots, la passerelle se referme, et Mia découvre l'intérieur d'un vaisseau certes militaire mais aussi très confortable. On lui montre sa chambre et on lui demande d'y rester et de s'y prélasser un moment tandis que le décollage s'amorce.

Oh, et aussi, on a une salle holo limitée qui peut servir de salle d'entrainement virtuel. Ca aide à passer le temps et on pourra y tester tes talents. A plus tard !

D'accord. Je vais faire un petit somme, alors. Tu viens, Jake ?

En fait de petit somme, c'est d'une grosse nuit dont Mia a besoin après toutes ces émotions. C'est donc avec délice qu'elle s'enfonce dans le sommeil et ce pour un long moment. Elle se réveille pourtant immédiatement. Dans la grotte, comme à chaque fois. Elle s'y réveille toujours au même endroit, et entend toujours les mêmes bruits d'eau, au mêmes moments. Et partir d'Uhmlaba ne semble pas avoir changé cela. Et comme à chaque fois excepté la première, elle y est toujours seule...

C'est tout à fait exact. Et ce que tu me racontes là n'est pas étonnant. Vois-tu, il nous est parvenu quelques informations à ton sujet, avant même ta naissance. Mais j'imagine que personne ne t'a jamais dit de quoi il retournait ; seulement voilà : Avant ta naissance, une prophétie t'a annoncé. Veux-tu en connaître le contenu ? J'imagine que personne n'a jamais voulu te le dire...

Atridès laisse un silence s'installer, et détaille chacune de ces sept personnes avec attention.

...

J'ai entendu parler de cette prophétie. En effet, je n'en connais pas le contenu.
Personne ne me l'a révélé et j'avoue qu'en plus ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse. Il y a bien eu une Oracle qui m'avez donné rendez-vous pour m'expliquer de quoi il en retourne, mais je n'y suis pas allé.

Sinon, avant de continuer, vous pourriez vous présenter ?

J'imagine que ce serait poli, mais la politesse n'est pas notre objectif. Cet endroit est un secret jalousement gardé, fruit d'années de travail et de prises de risques, d'investissements personnels et de dévouement à une cause plus grande que la somme de nos personnalités.

Toutefois, si nos noms doivent rester secrets, je peux commencer par ébaucher une présentation du cercle intérieur.

Dans l'ordre des sièges, de gauche à droite, nous commencerons par le représentant de l'humanité Terrienne. Même si tes voyages ont été assez courts, tu dois savoir que la Terre est le berceau originel de toute l'humanité, d'après les légendes, tout du moins. Cet homme est notre représentant de l'humanité première. C'est la Main Droite du conseil.

'Chanté.

Nous avons ensuite celui qui représente le peuple Séclanti, les farouches guerriers qui gardent divers dangers loin de la fédération. C'est l'Oeil du conseil, qui vise à repérer nos futurs agents et les menaces potentielles.

Monsieur.

Cette demoiselle fait partie du peuple Accadien. C'est par elle que nous avons pris conscience du danger qui pèse sur l'humanité dans son ensemble, et c'est par son biais que nous avons décidé de vous rencontrer. C'est elle qui nous a préparés à ce jour. Que son mutisme ne te méprenne pas, elle est l'Intuition du conseil.

...

Et puis nous avons le représentant de la mutanité, une partie des hommes et femmes qui ont été atteints par le composé qui a divisé l'humanité de base en deux courants, l'un d'eux étant pourvu de capacités mutantes, et l'autre non. Nous l'appelons le Corps du conseil, car ses compatriotes sont à la base du mouvement.

C'est cela.

Et cette charmante demoiselle est la représentante du peuple Egérian. Elle nous apporte ressources et informations. C'est l'Oreille du conseil.

Oui, oui, salut...

Cet homme est en fait un de tes compatriotes, mais il a quitté Théopolis il y a de cela quinze ans. C'est le Poing du conseil, celui qui a pour tâche de nous représenter à l'extérieur, et parfois de frapper nos ennemis, si rares soient-ils.

Et Lycopolis est aussi mon lieu de naissance.

Et bien entendu, il y a moi, qui représente le peuple Sélénite, qui a pour vocation de surveiller, de guider et de protéger l'humanité. Les sélénites sont les créateurs du Sélénium, dont tu as dû entendre parler. Je suis le Cerveau du conseil, mais ce n'est là qu'un simple titre.

J'espère que cela te satisfait, car pour le moment je crains ne pas pouvoir t'en dire plus.

Non, ça va aller, ça va aller... Enchanté, vous tous. Atridès se masse les tempes comme si une sale migraine approchait.
Et donc, vous avez investi beaucoup d'argent dans un tueur à gage pour me retrouver et m'amener ici.
Vous me voulez quoi, sauf votre respect ?

Vous êtes tous trop longs et mielleux. Atridès, la prophétie affirme que tu mettras fin à l'âge des dieux. Pour de bon. Tu es le libérateur de l'humanité. Grâce à toi, nos chaînes seront brisées et l'homme pourra enfin prendre sa vraie place dans l'univers, sans être manipulé.

Voilà, c'est clair au moins, maintenant.

Je suis d'accord. Inutile de prendre des pincettes.

Mais de quel droit... Vous vous rendez compte que votre manque de tact pourrait tout faire rater ?

Oh, ça va... Si la prophétie est juste, il n'y a pas de quoi fouetter un Mog. Ca arrivera, avec ou sans nous.

C'est une idée absurde ! Les... Mais le cerveau se frotte les tempes un instant et reprend son calme.

Bon, il n'y a pas de marche arrière pour ça.

Cela n'a beau être qu'un rêve, elle n'en a pas vraiment conscience tant qu'elle s'y trouve et Mia commence à avoir ses habitudes dans la grotte : Elle met ses habits au sec et va nager un peu. Elle va explorer le fond dans une eau assez froide et tonifiante. Au bout d'un moment, elle fait la planche, regardant les mille couleurs du plafond. Cela a a un effet relaxant sur elle.

Après un moment, elle remonte sur la rive et attend d'être sèche en observant les gouttes d'eau qui tombent dans les bols, puis elle se rhabille et va à nouveau explorer les passages. Elle n'a jamais trouvé de sortie, mais commence à connaître les différentes voies qui partent de la cavité multicolore. Au bout d'un temps, alors qu'elle se relaxe avec le bruit des gouttes d'eau et du fil du courant, elle entend des bruits près de l'endroit où son embarcation s'était échouée lors de sa première visite. Un sentiment d'urgence s'empare d'elle : c'est le bruit d'un bébé qui pleure ! Mais sa souffrance doit être atroce, car ses cris sont pires que les pires cris jamais émis par un enfant.

Mia s'affole tant qu'elle manque de se briser la cheville en courant sur les pierres humides. L'enfant, âgé probablement de deux ans, pas plus, se traîne au sol, ses deux chevilles brisées laissant une traînée de sang sur la roche. Et pourtant le voici qui avance inexorablement... jusqu'à ce que l'inconscience le gagne et apaise temporairement sa souffrance. Il respire lourdement, mais au moins n'est pas mort. Pas encore...

Oh non ! Non, non, non, non ! fait Mia, transie d'horreur, en prenant le petit corps dans ses bras.

Mia le retourne et il est franchement l'enfant le plus laid qu'il lui ait été donné de voir hors du cirque. A son âge, il a déjà dû avoir le nez cassé, une forte mâchoire et les yeux profondément enfoncés dans ses orbites, avec des joues creuses qui détonnent avec le concept même de visage enfantin.

MAis voilà, il est là, les chevilles brisées, l'os ressort et il a besoin d'aide. près de son point de chûte, son berceau est la seule source de tissu ; il est aussi plein de fruits. Mia va devoir s'improviser médecin, alors qu'elle n'y connaît rien. Heureusement, l'urgence ou l'adrénaline, ou quoi que ce soit l'inspire, et elle remet instinctivement les pieds du petit "en place" dans un CRAC très dérangeant, puis lui bande les pieds comme elle peut. Plusieurs heures, peut être plusieurs jours se passent, et Mia, sans relâche, veille l'enfant qui finit par se réveiller.

A la vue de ses pieds, il hurle et elle le rassure comme elle peut ; il finit par retomber dans l'inconscience et Mia fatigue. Quand elle se rendort, elle s'éveille à nouveau, mais dans sa cage.

Ah, quand même. J'ai eu un mal de chien à te tirer de ton rêve précédent !

Mia regarde autour d'elle, paniquée, cherchant l'enfant des yeux... Avant de comprendre où elle se trouve. Fait rarissime, elle est maintenant plutôt en colère.

Toi ? C'était toi qui m'a envoyé ce... ce... C'était horrible, affreux !

Et maintenant je suis de retour dans une cage ?!?

Oh, mais pas du tout, tout ça, ça vient uniquement de ton esprit. Par contre, ton rêve précédent, j'en doute. Je te l'ai dit la dernière fois : quelque chose ou quelqu'un interfère avec tes rêves. Il m'a même renvoyé dans le monde éveillé en coupant net la connexion. J'ai mis quelques jours à m'en remettre.

Ne t'énerve pas, je t'ouvre, attends. On est où là ? Les gens sont tous super bizarres, on se croirait dans un cirque.

Traum ouvre la cage, et Mia réalise que tous les membres du cirque sont là, à leur place, immobilisés comme si le temps ne circulait plus que pour elle et Traum.

je sépare en deux parties parce que ça m'a l'air d'être le moment, et puis Uhmlaba, c'est derrière nous.


Je pense que 20 xp ne feront de mal à personne, et j'étudie actuellement les xp de compétences (eric, à l'aide là dessus stp ^^)

merci pour les XPs

Pour les xps de compétences, j'utilise un barème simple : Pour chaque XP, je donne 4 points de comp. (évidemment, certains scénarios particuliers peuvent échapper à cette règle.)

En cumulant les deux parties, on arriverait en gros à quelque chose comme :

(mia)
Biologie 10
Naturalisme 10
Psychologie 5
Stratégie 5
Artisanat 10
Corps à corps 5
Observation 10
Survie 15

+ 90 points libres

(atridès)
Technologie 10
Naturalisme 10
Psychologie 5
Tir 5
Stratégie 5
Cultures humaines 10
Linguistique 5
Géographie 5
Corps à corps 5
Athlétisme 5
Discrétion 5

+90 points libres

Les spécialités disponibles et suggérées lors de ces deux parties étaient :

Mia
navigation
orientation
pêche
nage
noeuds
cordages
maîtrise des rêves

Atridès
Artillerie lourde
couture
tressage
pêche
navigation
orientation
nage


par exemple

Je propose ça pour Mia :

Biologie 10
Naturalisme 10 +10
Psychologie 5 +5
Stratégie 5
Artisanat 10 +10
Corps à corps 5 +5
Observation 10 +5
Survie 15 +10

Athlétisme +10
Cultures humaines +10
Comédie +5
Onirisme +10
Discrétion +10

Deal. (onirisme est une compétence, du coup ou une spé ?)

Je voyais ça comme une compétence, qui traite de l'interprétation des rêves et de la capacité à influencer leur déroulement.

Okay. J'avais mis ça dans les spécialisations, mais ça a plus de sens ainsi.

J'ai mis dans ma fiche les compétences que je voudrais augmenter :
+* quand c'est ce que tu as donné, (+*) quand ça vient du pool de 90xps.
Je n'ai pas fait l'addition, d'en l'attente de ta validation.

INT et Bouclier Mystique augmenté.