Mia - Le casse du millénaire

Après l'épisode des pirates, Mia et toute enchantée à l'idée de tout ce qu'elle peut faire et des endroits qu'elle pourrait visiter. Avec Vadran dans le coma, les autres sources ont commencé à réagir par elles-mêmes, au grand dam des pauvres pirates et de leur maître, cette sorte de poulpe géant cracheur de parasites. 

Une fois revenue à bord, elle laisse Vells effectuer une chirurgie rapide pour retirer le parasite du cerveau de Vadran, et son communicateur s'éteint. Pendant une bonne heure, il ne répond plus. 

Puis il affiche une image et une interface bien différentes de ce que Mia a l'habitude de voir. 

Mia. C'est moi, Ali. J'ai besoin de ton aide. Tu as besoin de la mienne. Je laisse aux autres ma conscience pour gérer le vaisseau, mais je peux aussi me copier dans cet appareil. J'ai aussi stocké l'occupant précédent dans mes systèmes. Tu es prête ?

Tu as stocké Kitten ? Okaaay... Et tu as besoin de mon aide ? C'est dans mes cordes, au moins ?

On va faire le casse du millénaire.

Oh.

Bon, si tu me prends par les sentiments... Et on doit voler quoi ?

 Des outils que j'ai laissés au Sélénium. J'aimerais en récupérer quelques uns, mais il y en a aussi qui seraient parfaits pour toi. J'ai prévenu Vadran, il enverra un objet par voie postale, et nous y récupérerons un portail-retour vers le vaisseau. J'ai aussi pris la liberté de te faire fabriquer un vaisseau, mais Il n'y a que deux places. 

Pour commencer, on va devoir aller chez moi, sur Forge. Tu emmènes quelqu'un ou pas ?

Heu... Attends que je réfléchisse...

Faire un casse au Sélénium ? C'est dément ! Et en même temps... pourquoi est-ce que j'adore cette idée ?

Les places sont assez grandes pour que mon maître de magie m'accompagne ?

 Les voyages ne seront pas très longs, au pire. Mais oui, ça devrait aller. Fais le venir au hangar 88B quand tu seras prête. Normalement, on devrait en avoir pour six jours.

Ça laissera le temps à Vadran d'arriver à destination, comme ça.

Hangar 88B, tu disais ? J'envoie un message à maître Macar et on va aller voir ça.

 Parfait. Tu veux que j'envoie un message de ta part aux sources pour leur dire qu'on part ? J'ai laissé un guide à Vadran et une version I.A. de... de moi. Avec un peu de chance ils n'auront pas besoin de mon âme.

Traüm mérite surement mieux qu'un message informatique d'une fausse Mia, mais pour les autres, c'est bien pratique. Aliénor envoie aussi elle-même le message à Macar. On dirait qu'elle est pressée.

Je vais quand même aller prévenir Traum qu'on ne se verra pas pendant un moment. On se retrouve d'ici… une heure ?

Une heure plus tard, Mia a réglé et réuni son maître et leurs affaires. Le géant craint de ne jamais rentrer chez lui, et une heure ne fût pas trop pour s'accommoder de traüm ET de lui. Aliénor, elle, lui cloue systématiquement le bec, et le fait que Mia l'écoute achève de blesser l'orgueil du maître.

 Macar, c'est parfait. Je voulais montrer à Mia une étape importante du voyage : vous savez charger une rune ?

Vous voulez dire, réserver un sort ?

 J'imagine que c'est un principe similaire. Imaginez une langue qui serait celle de la création. Tout le monde pourrait la lire sans la connaître, et elle serait le code source de l'univers.

Le code des sources ?

 Non, excusez-moi. Plutôt comme la langue qui écrit l'histoire du destin.

Oh, le Darrak-Onyx.

 Bref. J'imagine que vous avez beaucoup de mana en vous actuellement. Pour rentrer à bord il vous faudra évacuer de la masse... Et L'appareil dispose de marques écrits en Darrak-Onyx.

Et vous voulez lui apprendre à les charger. Des sorts préécrits.

 Quelque chose comme ça.

Bien. Mia, observe avec l'âme. 

Pendant ce temps, Mia a pu s'installer dans ce qui ressemble à une balle géante. toute la mécanique est au centre, et les sièges de part et d'autre. Le cockpit d'ouvre et recule pour laisser l'habitacle accessible, de chaque côté de l'appareil. Son apparence est clairement alien. Et l'intérieur ne déteint pas. Aucun bouton, aucun senseur. Quelques formes creusées dans le métal brillent juste et l'appareil semble s'être activé à son contact.

Macar se penche et de la main, parcourt les commandes qui s'éclairent alors. Il doit y passer trois minutes pour atteindre une taille valide, et cela semble enchanter Aliénor plus que lui.

 Soixante-dix huit pour cent ! Soixante-dix huit pour cent ! Ton bonhomme est une vraie pile atomique !

Les hublots se rabattent, et quelques éclairs fusent de l'appareil au poignet de Mia. Le Sigma ouvre le sas du port de décollage 88B.

 Prêts ?

Plutôt deux fois qu'une !

Vous allez voir, maître, ça va être amusant !

 Étrangement, j'en doute.

L'appareil disparaît.Le décor change, mais pas qu'une fois. La balle file à travers plusieurs endroits différents de l'espace, sans jamais bouger. La sensation est cauchemardesque, malgré un confort relatif : l'esprit n'est pas fait pour ce genre de transport. 

Enfin, autour d'eux, plus d'espace, mais une cascade et une prairie, avec deux grandes maisons de bois plantées au milieu. Aucune route. L'appareil s'ouvre et Macar entame de nouveau une lente croissance. Chaque geste lui permet d'accumuler l'essence de ce nouveau monde.

 Bienvenue chez moi. Il y a des nains qui habitent pas loin, et une usine souterraine... ben, dessous. Tout donne sur la mer et le complexe est alimenté par des piles nucléaires dans un disque spécial. On y est bien. J'ai élevé mon fils ici. L'autre maison là-bas, c'était une de celles du Berger.

Vraiment ?!? Waaaa….

Mais, attendez, quand tu dis des "nains", tu veux dire des personnes de petite taille ou… comme dans le Hobbit ?

 Je veux dire le peuple nain qui a forgé le marteau du dieu Thor. Quand on a du les "Exoder", on les a gardés soigneusement près de nous. Ils nous ont appris à façonner l'orichalque, l'Uru et le reste. On leur a fourni le meilleur matos de la galaxie. On leur a trouvé une planète tellement à l'abri du monde extérieur qu'ils ont bâti....

 Quoi ? Qu'ont-ils bâti ?

 Bah j'en sais rien, mais je suis curieuse de trouver.

Bon, va pour rencontrer des nains. Et pour ce qui est d'enfin nous donner tous les détails sur ce casse ? Tu comptes faire ça quand ?

 Quand j'aurai tout. Pour le moment tout ce que j'ai c'est les tentatives de certains hackers pour évaluer leurs nouvelles défenses, et je ne suis pas impressionnée. Leur mur tient, parce qu'il est bien fait, mais ils lui font trop confiance depuis trop longtemps. Pour un bon casse il faut une bonne équipe. J'ai l'équipier idéal dans la maison. Si vous voulez bien vous donner la peine... 

Mia et Macar avancent dans ce qui a dû être un endroit contrôlé, mais les champs sont maintenant redevenus sauvages. Ils avancent dans les hautes herbes et le blé, jusqu'à la maison. 


 "Cain is a dick".


A ces mots, plusieurs cliquetis résonnent, et on entend un générateur alimenter des systèmes. Mia pousse la porte, et elle ouvre sur une maison gigantesque, avec piscine intérieure et vue sur la mer. Ils ont encore été téléportés dieu sait où. Maints systèmes s'activent, et Mia se sent comme un intrus. Une sensation délectable.

 Oui, bah j'allais pas habiter une maison en bois au dessus d'une usine. C'est juste un point de téléportation. Cette maison là est bâtie à même la falaise. Indétectable, super vue, et si les systèmes automatiques tournent, on devrait avoir de quoi travailler.

Et c'est le cas. Du poisson frais de ce matin se trouve dans le réfrigérateur. Un potager est entretenu par des robots. Tout est impeccable et les courbes de chaque meuble sont racées. 

 A côté de la console centrale, tu devrais trouver un socle octogonal avec un trou dedans. On a pas la clé, mais le socle contient un enchantement aussi. Essaie de l'activer comme Macar a fait pour le vaisseau.

D'accord.

Mia se met à la recherche du socle en question et, lorsqu'elle l'a trouvé, elle essaie d'imiter ce qu'elle a vu Macar faire un peu plus tôt.

Il lui faut plus d'un essai pour y parvenir, mais le procédé est assez similaire à ce qu'elle s'amuse à faire avec les flux de karma, mais avec de l'énergie brute. Essentiellement, il s'agit de retracer mentalement le symbole, et laisser l'énergie vous guider pour les quantités. 

C'est un processus complexe et clairement pas du niveau de la jeune Voleuse Noire. Macar prend le relai. un petit clic se fait entendre alors qu'un disque de stockage est éjecté du poteau. Macar le tend à Mia comme si c'était une grenade. 

Elle parcourt l'objet du doigt pour en activer l'interface psychique, et elle en lit le contenu.

C'est toute une liste de choses, mais Elle sait d'instinct laquelle est la plus marrante : le robot. Il apparaît avec une série de postures ridiculement drôles, et entrepend une étrange danse.

 Systèmes réacitvés. Réception de signal. Codes acceptés. Mise à jour effectuée. Unité N-88-B en fonction. 

Ah, c'est mieux. Cette unité Nabot a un charme rétro, tu trouves pas ? Fait la voix de la Sorcière. Mais qu'est-ce que c'est que cette routine dansante ? Rha.... Kiai-Ji !

Waaa ! Il est trop mignon !

 Oui. Et interdit dans toute la partie civilisée de cette galaxie. Mais personne ne s'en rendra compte. Alors, laisse-moi accéder au réseau. On est toujours raccordés aux fichiers du Sélénium. On va déjà télécharger cent ans de rapports... Voilà... Liste de matériel sensible... Ah c'est parti pour les mots de passe récents, enfin une difficulté. Hop, craqué. Mmmm. Ah. Voilà. 

Ah bah ils sont moins cons que je croyais. Ils ont transféré une bonne partie de mes legs à une installation de recherche Sur Europa. Voilà notre destination, les chatons. Europa, planète minière inhospitalière. Température moyenne -20°celcius, une nuit qui dure deux tiers de l'année... Et un jour qui dure le reste du temps. Un véritable enfer gelé. L'endroit parfait, vraiment.

Et tu as une liste de ce qu'on est censés récupérer ?

 On y va pour deux choses. Un oeuf de métal qu'ils n'arriveront jamais à scanner,de la taille d'un ballon de rugby. Et une boîte d'or. de la taille d'une main. Mais on ne vas pas s'arrêter là. On va prendre tout ce qu'on peut prendre. C'est pour ça qu'on va commencer par récupérer du matériel de récupération. On a des disques de stockage en masse dans le mur extérieur. Je suis super fière de ce mur : Si on était attaqués, il réagirait en capturant les éventuels projectiles pour les enfermer dans une dimension de poche. Et il les restitue ensuite. 

C'est génial, mais on va devoir en démonter une partie.

Et le robot se met à démonter des panneaux, pour accéder à la structure interne hyper complexe du mur. Il en retire une quantité impressionnante de disques, qu'il stocke dans son propre système en les empliant les uns dans les autres. Macar semble perdu. 

 Mia, tu es sure que tout cela est bien normal ? Je ne me sens pas à l'aise avec tout ça.

Je ne pense pas qu'il y ait grand chose de "normal" dès l'instant où la Sorcière est impliquée, maître. Mais le "normal", c'est barbant, alors…

Tout en parlant, Mia va donner un coup de main au petit androïde, tout en mettant dans ses poches une demi-douzaine de disques pour elle-même.

Aliénor ? Et pour ce qui est de l'endroit où tout ça est stocké, tu as des infos ? Tu peux avoir accès à des plans ? A la liste du personnel ? au détail des sécurités ? Enfin, ce genre de choses, quoi.

 Hein ? Oh oui, bien sur. J'ai même les emplois du temps des agents assignés là-bas pour les deux prochaines semaines. Désolée, je viens de  télécharger beauuucoup de données, et le processeur du NaBot est pas mal occupé. Je pensais te faire étudier ça quand j'aurai trié le tout, mais... 

Pour l'instant j'ai trié ces informations utiles : Europa est à la limite du territoire Terran, Dans une zone tampon qui ne donne que sur du vide vers les territoires Teknits (Laisse tomber, l'humanité ne les a pas encore croisés). Ils sont là-bas parce qu'il n'y a personne qui y passe : ni ressources naturelles, ni facilités de colonisation, rien. 

Ca rend la présence d'un étranger hautement suspecte, et l'arrivée d'un appareil quelconque aisément repérable. D'après les plans ils ont des portes de six mètres d'épaisseur, des bunkers renforcés, des postes de contrôle sécurisés. Soixante personnes dont la moitié de personnel militaire et l'autre moitié de personnel scientifique. Une base auto alimentée et des consignes strictes d'autodestruction s'ils subissent une brêche.

Ça s'annonce plutôt intéressant, donc. Quasiment pas besoin de ravitaillement, et personne n'entre ni ne sort sans que leur hiérarchie ne les ait prévenu à l'avance en triple exemplaire, je suppose ?

 C'est ça. D'après tes biométriques, ça ne te laisse pas indifférente. Tant mieux. Autant te prévenir : on devra y aller par téléportation, mais on aura pas de quoi revenir si on ne réussit pas la mission. Aussi, on pourrait faire ça aujourd'hui, ou demain après avoir étudié les plans. Mais j'ai pensé qu'il nous fallait quelques jours pour t'apprendre le trick d'insuffler de l'âme dans un enchantement.

 Quelques jours ? Ha ! Quelques années me paraît plus probable.

 C'est un défi, Sorcier Rouge ? 

 Ca ne l'était pas mais si vous y arriviez, je voudrais bien.. Eh bien.. Euh..

Je suis partante pour essayer !

Par contre, tu disais qu'on devrait y aller par téléportation, mais… ils n'ont pas mis en place de défenses pour éviter que n'importe qui se téléporte à l'intérieur ? Ça me paraît surprenant. Ou alors tu pensais à de la magie spatiale ?

Je pensais plutôt à une combinaison thermique. On va devoir se faire téléporter sur la planète, mais à distance. Marcher. Et y aller par l'extérieur. Je pense qu'en fait, il y aura des défenses tellement folles et gigantesques, que si on peut les outrepasser ils n'auront pas grand chose à nous opposer. Ce ne sont que des Terriens, après tout. 

 Vous voulez dire des Terrans. 

 Si vous voulez. Il reste que c'est un peuple matériel. Ils ont très peu de mystiques, quasiment pas de télépathes à part quelques mutants et les étrangers. Et là-bas, ils se protègent en fait des autres humains. Ils n'ont pas idée de ce qui existe dans ce monde.

Tu es sûre de ça ? Je veux dire… il s'est passé du temps depuis que tu n'as pas été dans les parages. Ils ont pu apprendre entre temps, non ?

 Quand je leur ai laissé les rennes, je leur ai laissé beaucoup de mesures de sécurité, d'endroits tout faits, tout ça. Les bases du Sélénium. Après l'Exode, il y a eu la phase d'installation. On a du tout faire pour l'humanité. Terraformation, scouting planétaire, construction, ressources. Les planètes en question sont maintenant, pour la plupart, les moins avancées de la fédération. Les planètes de la seconde expansion. Les gens qui ont mêlé l'humanité à leur nouvel environnement. C'est là que se trouve l'innovation. Le Sélénium n'a toujours pas rattrapé mon niveau, loin de là. regarde : Un hologramme de la station apparaît enfin. Défenses psy ? Niveau 3. Ridicule. La plupart des gens qui sont là y sont depuis minimum trois ans. Ils doivent ressembler à des white walkers. Et contre la magie ? Zéro. Rien. Nada. Queutchi. 

Le truc c'est que ces objets, s'ils sont là-bas, ce n'est pas qu'ils veuillent les rétro-confectionner. Non, ils veulent juste les comprendre, et ils sont dessus depuis trente ans. TRENTE ANS. Et sur les deux, il y en a un que même moi, je n'ai jamais réussi à craquer. C'est pour ça que je le leur ai laissé. J'espérais surement que quelqu'un le ferait pour moi. 

Mais ce sont des incapables. Je vais devoir faire ça moi-même.

 Alors quel est notre rôle là-dedans ? 

 J'ai besoin de plusieurs choses. Une immortelle qui plie les probabilités à sa volonté. Sa source, aussi. Sans ça elle n'aurait pas pu passer la porte de cette maison. 

 Alors nous ne sommes que des outils ? 

 Vous avez envie de transformer ça en rixe, Macar, on dirait. Rappelez-vous que je n'ai pas d'hormones. Je suis une âme dans une machine. Vous êtes vexant, mais pas irritant. Je vous suggère de relativiser. 

 .... 

Après avoir parcouru les lieux, vu quelques photos des Saints plus jeunes et de leurs familles, en avoir subtilisé une pour Mia) et pillé tout ce que le robot-Ali leur dit de prendre, les trois comparses retournent au champ, hors de la maison de bois. Dehors, la tempête gronde. Ils ne sont restés qu'une heure dans la demeure de la falaise, mais le temps a méchamment tourné.

 Qu'est-ce que c'est que ce bordel... Cette tempête n'a rien de naturel.

Mmmm... une sécurité que tu aurais oublié ? demande Mia avant d'ouvrir ses sens par réflexe. Elle le regrette aussitôt. L'éclair titanesque zèbre le ciel et éblouit jusqu'aux senseurs de l'unité NaBot. Puis un autre, et un autre, et un autre..

 Quelqu'un fait de l'Uru. On doit descendre à la forge. Venez. L'Arbre là-bas cache un monte-charge. Et en effet, après observation, un endroit est exempt de plantes, ce qui parait suspect. Un panneau de bois sur l'arbre se révèle être un bouton-poussoir, et engage un long et large ascenseur, qui révèle d'imposants mécanismes et rouages avant de les emmener profondément dans les entrailles de Forge.

 Après tout ce temps, je ne sais même pas si les nains seraient encore en vie.

Et si c'est le cas... tu crois qu'ils seront contents de nous voir débarquer ?

 ... C'est pas faux. Ils ne vous connaissent pas. Et ils ne vous reconnaîtront pas. On devrait partir. Après tout, qui a besoin d'un bâton d'uru pour déclencher une tempête magnétique parce qu'elle a perdu ses pouvoirs en même temps que son corps ? Hein ? Hein ? Personne ? Bah si. Moi. 

 Esprit, tu vas mesurer la façon dont tu nous parles. Je doute de ton soi-disant manque de sentiments. Tu ressembles plus à un animal acculé.

 C'est ma seule chance de retrouver mon corps et avec un peu de chance, une source. Alors oui, je trouve ça un peu important.

Et comment est-ce que tu comptes y arriver, exactement ?

 Oh doux Jésus, vous aimez ça, les questions, hein ? Ils ont mon bourdon. D'accord ? Ils ont mon Bourdon. Quand j'ai vu ça, je devais agir. Je ne comprends même pas comment c'est possible. Je ne me sépare jamais de ce truc. Alors, si je l'ai laissé là, c'est forcément que je savais qu'une version de moi reviendrait le chercher. Ca tombe sous le sens.

Si tu le dis, fait une Mia qui a quelques doutes quand même.

Oh, et si tu ne veux pas qu'on t'abreuve de questions, ne nous oblige pas à les poser et explique. On n'est peut-être pas aussi intelligents que toi, mais on peut comprendre un tas de choses quand même, tu sais.

 Okay. Okay, c'est légitime, on me dit souvent ça. Bon, je vais mettre le raisonnement à plat. 

Quand j'ai découvert que mon arme, le truc qui me permet d'être VRAIMENT la sorcière, à 100%, était en possession du Sélénium, je savais que quelque chose n'allait pas. Tu vois, dans ce Bourdon il y a beaucoup de choses. Dont une source, et une copie de mon âme, dans une stase temporelle. Si je peux les délivrer, Aliénor revient. La vraie. Elle décidera quoi faire de moi. 

Ensuite, cette arme, Mia... Une fois vidée, je pense que tu en auras besoin. C'est la clé de toutes mes inventions les plus massives. C'est un outil de magie très développé. Et un outil de science encore plus développé. Dedans, il y a toutes sorte de choses. Dont des secrets que je me suis toujours jurée de ne pas laisser tomber entre les mains du Sélénium. J'ai beau les avoir mis en place, j'ai beau savoir qu'ils sont nécessaires, je peux pas sacquer les flics. Et tu auras besoin des meilleurs outils. Bientôt. 

Après il y a la boîte de l'Alchimiste. Je n'ai jamais pu l'ouvrir, mais je crois que toi... Tu aurais peut-être moyen de m'aider. 

Pour ce que je ne vous dis pas... Par où commencer. Je me suis remise à tirer les cartes. Pour voir l'avenir, comme fait Vadran. Les tirages indiquent que dès le moment où vous allez mettre le bout du nez dans la galaxie du Chien, les ennuis surviendront. En fait, Vadran est surement en plein cœur de ces ennuis, le connaissant. Alors on doit faire vite. Peu importe ce que vous pensez. 

Et puis merde, quoi. Je vous offre le meilleur matos, parce que je pense que vous allez en avoir besoin. Mon équipe aurait pas fait un pli. On va là, on gère l'imprévu sur place. 

Aliénor sait manifestement exactement combien de temps prend la descente, car à la fin de sa phrase, le monde charge émet un énorme CLANG. L'arrivée est suivie de l'ouverture de la massive porte de sécurité, peu différente de celle que l'esprit décrit, et qu'ils vont devoir passer. 

La forge est une sorte de terrain de football flanqué de plus d'équipement de ferronnerie qu'aucun forgeron n'a jamais osé rêver. Aliénor ne déconnait pas. Tant de métal juste pour fabriquer cet endroit, cela semble être une entreprise folle, mais juste pour l'opportunité de ce spectacle, cela valait la peine :

Des dizaines de gens, de toute petite taille, des demi hommes, très larges, évoluent partout. Au bout de l'immense pièce, une autre porte similaire à celle par laquelle ils arrivent s'ouvre. Malgré la distance, Mia entend le nain qui en sort déclarer à tous les autres :

PLACE, PLACE ! URU !

Des nains près de lui arrêtent leur oeuvre pour aller lui porter secours, avec des brouettes d'eau. Il jette la masse de métal fulgurant qu'il tenait dans les mains, et ils s'empressent d'emmener le contenu à une enclume.

D'autres nains, beaucoup plus proches d'eux, lèvent les yeux vers leur porte, dix mètres plus haut. Il ne se passe pas vingt secondes avant qu'une alarme ne résonne à travers toute la pièce.

Hé, salut les nains ! s'écrie une Mia ravie et pas du tout inquiète. Les nains eux, ne rigolent pas, et Macar ne partage pas l'insouciance des filles. 

Barbe d'Odin ! Qu'est-ce que c'est que ça ? Garde ! Réveille-toi, Gredin ! Ça fait vingt ans que tu sers à rien ! INTRUS ! 

Hein ? Quoi ? Où ? Oh, des intrus ! Chic. Juste... le temps... de me lever... Dit-il entre deux ou trois bruits de métal et de servomoteurs. Macar, lui, ne perd pas de temps et met à partie l'énorme quantité de magie présente. Il n'en fait rien, mais elle le sent mettre de côté, sans discontinuer.


Les trois voyageurs descendent simplement le grand escalier métallique, et le temps que l'armure à barbe rousse qu'est le garde monte à leur rencontre, vu la stature des lieux, il va se passer quelques minutes. 

 Non mais... TU PEUX PAS T'ACTIVER UN PEU ? ON EST EN PLEINE PROCÉDURE ICI !  

 Ouais, ouais... Retournez à vos affaires, maître Brokk. S'il faut les sprotcher, j'les sprotcherai. Laissez l'garde garder. 

Alors mes amis, vous avez trouvé un vieux robot et vous vous êtes dit que vous alliez visiter, hein ?

L'armure du nain est un prodige, tant du point de vue technique qu'artistique, et même pour les sens spirituels. Le métal est magique, il est enlacé d'enchantements, et bardé de mécanismes modernes. L'armure est aussi magnifique que le nain semble ridicule. Et pourtant, quelque chose chez ce garde hurle la confiance en soi.

Mia, elle, n'imagine pas un instant que ça pourrait mal tourner, toute à sa joie et à sa curiosité.

Oh non ! En fait, on est avec la Sorcière !

Il faut que je vous dises, votre Forge, elle est drôlement impressionnante !

Bonjour, Garde. Tu as renoncé à ton nom quand tu as pris cette position, tu te souviens ?

 Bien sur que j'me... Comment tu sais ça, ferraille ?

Regarde de plus près. Je suis un reste de la Sorcière. Un bout d'âme que la petite a réveillé. 

 Par ma barbe... TU ME PRENDS POUR UNE BUSE ? Si t'es la sorcière, tu sais le nom de ma femme, hein ? 

Arrête ça, garde. Tu ES une femme. Comment va ton mari, Fandral ?

C'est... une femme ?!?

 Ho ho ho ! Maîtresse Ali !

Remise de sa surprise, et voyant que la Garde a reconnu la Sorcière, Mia entreprend d'aller vers les forges.

Je jette juste un oeil, hein !

Trois "Non !" lui sont hurlés en même temps, à divers degrés de crainte. Ils parlent tous en même temps, maisen gros le garde explique que ce n'est pas le moment, Ali rappelle que c'est un endroit dangereux où on ne se ballade pas sans souci, et Macar, plus réservé, lui rappelle de bien contrôler son don ici : Personne ne veut d'un accident.

Le tout est très vexant, mais difficile à nier.

Un accident, tout de suite... pfff !

La jeune fille se tient néanmoins tranquille et se contente de regarder de loin. Le garde écoute rapidement l'historie d'Aliénor pendant qu'il mène la marche et coupe les sécurités dissimulées entre l'entrée et la forge. Invisibles, mais violents, assure la naine. 


Puis elle s'intéresse aux vivants.


 Alors il y a toute une nouvelle génération de gens comme les Sources d'antan ? Mais... Vous n'allez pas tous les ameuter ici ? Sinon, il faut qu'on s'y prépare. Et lui, c'est votre père ?


J'enseigne à Mia les arts mystiques. Je suis..

 ..Son tuteur, je vois. Petite Sorcière, alors. T'as l'air d'avoir de bons profs, ma foi. Celui-là est plus un tigre qu'un chaton ! Et Maîtresse Ali eh ben... C'est LA Sorcière, après tout.

 Arrête tes conneries, Jorgen est bien plus balaise que moi, et tu le sais très bien. Et avant que demandes, je ne sais pas ce qu'il est devenu. Ni moi, ni les autres Mais j'y travaille. Justement... Il va nous falloir quelques fournitures.

 Bien sur.

Quelques instants plus tard, en plein milieu de la forge, après une procédure de Forge d'uru riche en éclairs et en protections abîmées....

 HORS DE QUESTION !

 Quoi ? Mais Brokk, pour quelle raison ?

 Je ne traite qu'avec la Sorcière et le Berger. Et le vrai Niccollo. pas ce vestige. Je comprends bien qui tu crois être, mais ce n'est pas le cas.

Et… ça fait combien de temps que vous n'avez pas eu de nouvelles d'eux ? demande innocemment Mia.

 Le temps ne compte pas pour les immortels, tranche nettement le nain acariâtre.


 Oh allez, maître Brokk. Ca fait des dizaines d'années qu'on ne travaille plus que pour nous. Même si ce n'est pas la Sorcière, c'est un bout d'elle. Et la petite, là, c'est son apprentie. 

 Techniquement c'est la fille de la Sorcière. La vraie.

 Quoi ? Alors vous êtes... Une immortelle, une sorcière et la fille de maîtresse Ali... Mmmm... Gnrk.. nnnnaaah... j'imagine qu'on doit pouvoir aider. Ça dépend. On aura besoin de votre aide en retour. Et je ne parle pas de petite aide, mais d'un travail exténuant. 

Oui oui, je parle de vous, mademoiselle. Le robot ne peut pas enchanter.

Les travaux difficiles n'ont jamais effrayé Mia, et cette histoire d'enchantement a fait plus qu'attiser sa curiosité.

Je suis a votre disposition ! Dites-moi ce que je dois faire, chef ! s'exclame-t-elle avec bonne humeur.

 Alors dans ce cas, si la petite peut enchanter nos équipements, on peut vous fournir. 

 On aurait pas pu rêver mieux, Mia. Voilà ce que tu vas faire pendant les jours à venir, avec Macar. Super entraînement. 

Alors au boulot !!!

Les deux jours qui suivent, Mia se prend un peu pour Blanche-Neige à la forge. Les nains activent le générateur de foudre pour fabriquer les pièces d'uru mandatées par Aliénor, et en échange, on vide littéralement les nékos de leur énergie spirituelle. Mia, mais surtout Macar, pour être honnête, la vident dans les diverses machines et réalisations majeures des nains.

Ils n'ont aucune idée des enchantements auxquels ils donnent vie. Certains sont impossible à remplir avec une seule vie, alors on fait faire à Mia toutes sortes de petits objets plus utilitaires. Elle découvre des technologies qui fonctionnent uniquement avec la magie, des batteries à uru, des arcs de soudure fonctionnant au métal-feu, des câbles runiques et toutes sortes d'objets incroyables.

 C'est fascinant. Tu progresses vite, et elle ne t'a pas dit la moitié de ce à quoi sert ce talent. Le don qu'elle te fait développer... C'est la base pour utiliser n'importe quel objet enchanté à plein rendement. Tous les héros dotés d'une épée magique utilisent ce don, d'une façon ou d'une autre, consciemment ou non.

En tous cas, les nains sont sacrément contents. Mia et Macar eux, sont épuisés. Heureusement, les festins sont le repas moyen des nains, et la maison sur la côte leur permet de passer d'excellentes nuits. 

Au deuxième matin, à la forge, Mia salue les nains et découvre le fruit de leur labeur.





Huit lames d'Uru et autres métaux. Leurs lames gravées d'enchantements, avec leurs manches et leurs fourreaux protecteurs, car l'Uru pur est sauvage.

 Tadaaaaaa !

Mission accomplie, chef ! Mais je suis rincée...

 Oh, mais avec tout ce qu'on a là, le département ingénierie aura enfin du travail d'assemblage. Vous avez mérité votre métal. Qu'allez-vous faire, avec l'équivalent de huit Mjolnirs ?

 On va utiliser le pouvoir de l'électricité, bien sur. Paratonnerres. 

 Paratonnerres ?

  Oui, enfin, pas que. La lame de feu nous réchauffera jusqu'à notre destination, Et Celle D'Orichalque servira de lampe. 

 Quoi ? vous ne pouviez pas trouver une lampe, une bouillotte et un vrai paratonnerre ?

 Non. Ils devront y aller sans technologie. Rien. On doit pouvoir compter sur nos outils pendant... Bref. Le marché est achevé, Brokk. Merci. 

 "Le marché est achevé", c'est la façon Sorcière de dire "je ne veux pas épiloguer". Au moins vous n'êtes pas un imposteur. Ne reviens pas, robot. Vous, les hommes chats... On se reverra peut-être.

 Eh bien, on va pouvoir y aller. Prochaine destination : les muscles. Toute équipe doit avoir des muscles.

 J'ai de la force à revendre !

 Je parle de muscles immortels.

Mmmm ? vous parliez de muscles ? demande Mia en les rejoignant après avoir fait un petit tour de l'atelier pour saluer les différents nains une dernière fois avant de partir… tout en laissant se balader ses mains et en faisant discrètement fonctionner un de ses disques.


 Oui. Maintenant qu'on a l'uru, on peut aller chercher Atridès, allez hop, à bord. Il vous reste assez de jus pour allumer notre vaisseau ?

 Oui, cette planète et cet endroit sont riches en énergie. Cela ne posera pas de problème.

Je vais vous aider, maître. J'ai plutôt bien pigé le truc, je crois !

Après de rapides adieux, le voyage suivant est aussi chaotique et court que le précédent. Cette fois, ils sont tout en bas d'une falaise, près d'une mer. Il y a des bateaux au loin, et de la végétation au-dessus. Kitten retrouve le réseau : Ils sont sur Shangrila.

Au même moment, Atridès est alité sur une peau d'ours, avec une jolie fille qui lui fait la compagnie. Il pense à ce qui devrait arriver à Mika, et s'il devrait le balancer aux autorités ou non. Mais Oni, ou Rafa, peu importe, veut en savoir plus sur son passé. Alors pour le moment, on remet à plus tard.

Nan, mais on est d'accord, Oni ! Ton grand-frère, il a sérieusement merdé, mais bon... Il a aidé aussi. Et puis, on ne va pas ruiner sa carrière. Il sera toujours temps de lui foutre une sérieuse paire de baffe s'il continue ses conneries... Plus tard, quoi. Quand on en saura plus sur lui.

Macar et Aliénor suivent Mia, qui a rapidement senti la source du théopolien. Et ils courent, car Mia sent bien que quelque chose cloche avec Atridès. Ils montent la falaise à l'aide du robot, puis se dirigent tout droit, au travers d'une forêt. 

A quelques quarante mètres de l'objectif, ils aperçoivent le squelette carbonisé d'une gigantesque bête, en face d'une grotte. Une jeune fille aux cheveux bleus les voit arriver, et se rend immédiatement à l'intérieur.

Atridès voit Latrelle revenir vers lui, dans l'urgence. Il sait déjà ce que c'est, car il vient juste de sentir la source de Mia apparaître aux confins de sa perception.

Tout va bien, Latrelle. Celle que tu as vu venir, c'est notre amie, à moi et Jake...

Il ne se passe pas longtemps avant que Mia n'arrive dans la grotte, flanquée de Macar et d'un étrange petit robot blanc.

Hé, je ne dérange pas, j'espère ?

Ah, bons dieux, Mia... Je suis tellement content de te revoir !
Je peux pas trop me lever pour te serrer dans mes bras, mais bon... En effet, il manque un bras et la moitié d'une hanche au théopolien.

Tu vas bien, ma petite puce ?

Oui, super ! Mieux que toi, en tout cas ! C'est la petite bestiole qui pourrit dehors qui t'a amoché comme ça ?

Bah ouais. J'me suis fait défoncé... Mais bon, au final... Je suis encore là, et elle, bah... Non ! , annonce le grand théopolien avec un large sourire.

Salut Macar !

 Salutation, Prince de Théopolis.

  Oh, et je vous présente Latrelle. Et Oni. Ou Rafa. Comme il veut.
Oni, Latrelle, eux, c'est Mia et Macar, de vieux amis. Par contre, le truc de métal, je ne sais pas qui c'est. Peut-être un truc comme ton frère, Latrelle...

Salut ! fait Mia en saluant joyeusement.

 Eh merde. Il nous sert à rien dans cet état-là. On va devoir se contenter de Macar.

  ... Veuillez excuser notre robot, il n'a pas beaucoup de manières. Latrelle observe le NaBot avec fascination. Une source, celle de Jake, approche. 

Nan, mais elle va se calmer, la boîte de conserve ? Même dans cet état, comme tu dis, je peux te broyer la tête d'une seule main, hein ? En plus, ça ne fait que quelques heures que je régénère... Si je mange bien et que je me repose un peu, ça devrait aller vite.

... Et je devrais vous servir à quoi, d'abord ?

On prépare un casse, un cambriolage si tu préfères, et on pourrait avoir besoin de ta force !

Eh beh... Si vous avez besoin de ma force pour votre cambriolage, ça risque d'être vachement discret, votre truc !
Moi, je veux bien aider, mais... Vous êtes sûr que c'est le bon moment pour faire un casse ? Parce que je veux pas dire, mais j'ai l'impression qu'il se passe des trucs graves, un peu partout dans la galaxie, en ce moment, non ?

Justement. On doit aller faucher d'anciennes affaires de la Sorcière. Autant dire que ça pourrait nous être très utile !


Ah d'accord...

 Et puis en guise de paiement, je pourrais... Je ne sais pas... Te présenter les meilleurs forgerons de l'espace Terran, qui forgent des métaux enchantés ? Ça pourrait servir aussi. D'ailleurs, Mia, Macar, cet endroit doit rester un secret, bien entendu...

Nan, mais c'est pas le problème...  S'il faut filer un coup de main, je suis là. J'suis pas un marchand de tapis, quoi ! Même si c'est vrai que confronter mes techniques avec de bons forgerons, ça serait intéressant !

... Mais t'es qui, en fait, toi ? , demande Atridès au petit robot.

C'est un "morceau" de l'âme de la sorcière. Elle peut posséder les machines, en quelque sorte. Elle était sur le Sigma, et maintenant elle est dans le robot mignon !

Fascinant. Vous êtes une vraie personne dans un appareil. Mais quand vous dîtes "la Sorcière..?"

 Oh, c'est juste un pseudonyme idiot. Dis, ton bras, il est où ? Tu guériras vachement plus vite si on peut le retrouver. 

Vraiment ? Je vais le chercher dans ce cas, je sais où il est.

A ce moment, Jake arrive à la grotte avec trois lapins dans la gueule. Il n'a pas vraiment l'occasion de parler, mais ses cabrioles et sa queue sont éloquentes. 

Jake ! S'écrie la jeune fille en lui tendant les bras. Viens faire un câlin !

Ah bah voilà... Comme d'habitude. C'est toujours lui qui a les câlins ! Pffff... , grommelle le géant, en lançant un regard peu amène au canidé.

Latrelle revient avec le bras d'Atridès, déchiré par des crocs et machouillé par Layen. Pour une fille de la ville, Latrelle le manipule avec assez peu de dégoût. 

Une fois posé à côté du patient, le robot agite les mains au-dessus du moignon.

 Ça va piquer. Elle n'attend pas la réponse ; de ses mains, une sorte de nuage émerge, plein d'énergie électrique. Il vient se solidifier sur la plaie, et elle pose le bras dans cette brume, qui crée une sorte de lien entre chair et chair. La douleur arrive lorsque toutes ces nano-machines commencent à grignoter les nerfs et les os restants pour ressouder les chairs ou les remplacer. 


Voilà. Ça ne sera pas utilisable tout de suite, mais quand les chairs auront atteint les chairs, les n... le pansement partira de lui-même.

Impressionnant !

 Tu ne fais pas de magie, toi, hein ? Dommage. En touchant Atridès, le robot déclenche une réaction. Soudain, le théopolien voit son âme. C'est bel et bien la Sorcière, mais des craquelures la parcourent. En fait, en regardant bien, elles vont en croissant. Quoi qu'elle soit, elle n'en a probablement plus pour longtemps...

Non, mais par contre, bon courage pour utiliser la magie sur moi !
Et... Parfois, je sens des choses au sujet de l'âme des gens. C'est compliqué de se maintenir dans ce robot, n'est-ce pas, Sorcière ?

 C'est une étape obligatoire. Douleur permanente, mais c'est mieux que d'être morte. En parlant de ça... On est pressés par le temps. Tu as des choses à régler avant ?

Euuuuhhh... Bah en fait, j'imagine que Latrelle pourra expliquer aux autorités ce qui s'est passé au village, donc non. Le reste pourra attendre mon retour ici.

Ah, si ! Il y a ma mère qui m'attend en orbite ! 'Faudra lui dire de ne pas m'attendre.

Mia cesse un instant de faire des papouilles à Jake pour sortir un disque de sa veste et le lancer à Atridès.

Avant que j'oublie, c'est pour toi. Il est possible que les forgerons nains chez qui nous étions aient... comment dire... "égaré" quelques outils et quelques lingots de métal. Je me suis dit que tu saurais quoi en faire.

Ah, carrément ! Je regarderai ça pendant le voyage. Merci, c'est gentil d'avoir pensé à moi !
... En plus de tes deux dagues, tu aurais besoin de quoi ?

 Mia, tu peux pas voler tes propres alliés... Bon sang.... Et puis, on aura pas le temps de fabriquer quoi que ce soit. On doit y aller. Je te laisse contacter qui tu dois, et je vous attends sur le bord de la falaise, on est garés en bas.

Bah ! Rien de tout ça ne leur manquera, et puis ça servira toujours plus tard. Atrides aura bien le temps de penser à ce qu'il va en faire, comme ça.

Exact !
Allez-y. Je contacte ma mère, je dis au revoir à Latrelle, et je vous rejoins. D'ici une demi... Trois-quart d'heure, plutôt.
Vas-y aussi, Jake, et garde les lapins : si on n'a pas de bouffe fraîche pour le voyage, ça sera l'enfer !

Atridès utilise son communicateur pour joindre Zelda...

Maman, tout s'est à peu près bien passé. Layen, le truc que nous avions vu dans le futur, eh bien, c'est fini. Ce n'est plus un danger, il est mort.
J'aurai aimé revenir te voir, mais là, j'ai des amis qui ont besoin de moi en urgence, donc, je pars. Je sais où te retrouver. Je t'embrasse.

... Puis il fait ses adieux à Oni, lui assurant qu'ils se reverront. Et lui explique que Latrelle sait prendre contact avec lui, et qu'elle peut lui apprendre à faire de même.
En parlant de Latrelle, il profite de la confusion du moment pour lui donner un baiser et partir. Vite. C'est une de ses spécialité avec les filles : partir vite. Souvent après un peu plus qu'un baiser...

Pendant qu'Atridès communique avec le vaisseau de sa mère, en orbite...

 On ne va jamais tenir tous dans l'habitacle. Je ne prends pas de place mais on en a que deux. Le voyage ne durera que quelques minutes, mais il faut qu'on rentre dans l'habitacle. 

On va devoir laisser Macar et le chien.

Eh ! Je suis Jake, et je peux m’aplatir quelques minutes s'il faut, dit-il en devenant franchement aussi plat qu'un poisson.

 Admettons.

  Qu'en penses-tu, Mia ? Je peux rester derrière, mais je n'ai pas confiance en ton amie.

C'est gentil de vous inquiéter, maître, mais moi j'ai confiance. Ce n'est pas juste mon amie. C'est… ma mère, en quelque sorte. Aucune mère ne ferait prendre de risques inconsidérés à sa fille.

  Elle a dit que cela irait vite. Reviens ici dès que tu peux, d'accord ?

Aliénor commence par leur faire enfiler des tenues adaptées au grand froid. Elle leur explique qu'elles sont adaptables et peuvent même se changer en armures, mais que pour le moment des combinaisons isothermes blanches feront l'affaire. Tout le monde monte ensuite à bord.

Le chien se resserre, le NaBot se range dans un disque, Aliénor dans Kitten, et Atridès et Mia prennent place dans les sièges du petit appareil en forme de tube aux courbes racées. Mia se la joue un peu en allumant le tout avec son énergie spirituelle, en activant les enchantements. 7%. C'est sûrement déjà pas mal.

Le décor autour d'eux change, puis change, et change encore comme si le monde bougeait seul, mais qu'eux occupaient la même position. Et puis cela cesse. Autour de l'appareil, rien d'autre que la neige et la toundra. Mia s'attendrait presque à voir des Gartogs. Jake se faufile à l'extérieur dès que les portes s'ouvrent, et son pelage devient blanc. Le bras d'atridès le fait souffrir, ce qui d'après le robot, est bon signe. Au moins, il sent quelque chose. Par contre, il n'est pas encore utilisable...


 Je vais programmer le retour immédiatement, au cas où on partirait dans l'urgence... Voiiilà. Atridès, ton rôle est simple : Tu dois garder Mia en état de nous ramener. Sans elle, on serait bloqués ici.

Moi, je veux bien, pas de soucis... Mais bon, Mia n'est plus la petite gamine fragile et effrayée que j'ai connue sur Umhlaba !

Vous avez senti ça ?

 Tu peux être plus clair ? 

 Il y a une source, ici. par là. 

 QUOI ?

Rien senti... C'est pas normal, donc, vu ta réaction ?

 Bah, ce n'était pas prévu. J'ai la liste du personnel de la station du Sélénium que nous venons cambrioler, mais pas des sources éventuelles. Le pourcentage de chances... Soudain le robot semble réaliser quelque chose ...que ça arrive... est multiplié par la présence de trois sources avec moi. Bien entendu. Rhaaaaa..... Tout le monde a une source sauf moi, quoi.

Oups !

Bon... d'ordinaire j'aurais suggéré de reporter, mais... il te reste combien de temps, Ali ?

 Je ne vois pas de quoi tu parles, ment le robot. Dîtes-moi plutôt si vous avez appris à cacher vos sources.

Ah bon ? On peut faire ça ?

Tout juste commencé à apprendre. SI l'autre ne nous a pas encore sentis, ce sera le cas dès qu'on s'approchera.

Moi je sais le faire. Et je sens les sources de beaucoup plus loin que ces deux-là. 

 Bon... On a plus qu'à espérer que cet individu n'a pas un don pour sentir ses congénères. Mettons-nous en route, et dissimulez vos présences aussi bien que vous pouvez. On a quelques kilomètres à parcourir. 

Je pars devant !

 Non. S'il nous sent, la proximité pourrait le perturber. Il sentira une grosse puissance, plutôt que trois. On devrait rester unis pour le moment.

Mia hausse les épaules, de plus en plus blasée.

Comme tu veux, chef. Et tu comptes nous expliquer précisément ce que tu attends de nous une fois sur place, au moins ?

 On va récupérer le B... Bourdon et la b...boîte d'or. Il ne faut même pas qu'on entre dans leur base. Le m...mur extérieur, il n'est pas aussi protégé que la porte d'entrée. Il est si épais, que personne ne p...pensera jamais qu'on puisse juste l'absorber tout entier dans un d...disque grand f...format. Manifestement, elle ne réalise pas qu'elle bugue. 

Faire disparaître le mur pour entrer ? De mieux en mieux, question discrétion...

 Si vous zz zzz avez un m...meilleur plan, je suis ouverte à vos p... propositions. L'âme d'Aliénor ressemble, aux yeux du demi-dieu, à une femme couturée de cicatrices. Mais le tissu cicatriciel grandit à mesure que le temps passe. Ne laissant d'elle qu'un oeil, une partie de son visage, un sein et une jambe, un seul bras...


Bah non... Déjà, niveau plan, je ne suis pas le meilleur, en plus j'ai aucune donnée sur cet endroit, et surtout on a pas trop le temps : ton état se dégrade rapidement, Sorcière...

 M...Mais comment V..Vous savez ça, vous deux ?

Trois. Ton âme se désagrège, tu laisses des morceaux derrière toi.

Super. Elle établit ses plans toute seule, ne daigne pas partager les détails, et au moment de passer à l'action elle tombe en morceaux.

Bon... On a plus qu'à foncer, j'imagine, dit Mia en prenant la direction du complexe tout en neutralisant sa Source tant qu'elle peut.

Oui. Mais 'faut être clair, je n'ai aucune chance de passer inaperçu aux yeux d'une Source. Je n'ai aucune idée de la façon de se camoufler, comme disait la Sorcière, et il paraît que je suis plutôt imposant, question "énergies" ! Il va falloir savoir très vite qui est cette Source, et ce qu'elle fout là.

Tu diriges, Mia ? Du moins le temps que je comprennes de quoi il s'agit, cette boîte, ce bourdon, ce qu'il faut faire... Je suis encore plus à poil que toi, et je suis encore un peu blessé.

Ali, tu retournes dans Kitten, et tout de suite, ajoute la jeune fille d'un ton sans réplique. L'assistant sera bien plus utile si te ne le fait pas buguer.

Sans argumenter, ce qui n'est pas commun, l'âme mourante se retire du corps robotique. A part Mia, les sources voient bien que ça ne change rien à son état, mais comme pensait Mia, cela active le robot.

Assistant NaBot#132, opérationnel. Comment puis-je servir ?

Eh bien… qu'est-ce que tu sais faire ? Tu peux me faire une liste de tes fonctions principales ?

Stockage, construction, guerre, ingénierie, exploration scientifique, la seule fonction qui m'ait été retirée par rapport à l'Original est l'auto-réplication. Si votre ami le souhaite je peux, avec assez de matière organique, reconstruire son morceau manquant, dit-il en pointant le bras d'Atridès.

On a pas vraiment le temps pour ça. On doit pénétrer dans le bâtiment vers lequel on se dirige, rapidement et discrètement, et y récupérer plusieurs choses, annonce Mia tout en continuant d'avancer au pas de course.

Alors j'ai deux questions : D'abord, est-ce que tu est capable de faire disparaître un pan de mur dans ton espace de stockage ? Ensuite, est-ce que tu es équipé pour pirater les réseaux et les systèmes de sécurité ?

Oui, chef ! Je contiens beaucoup de choses. Dont ça. Trois surfs à anti-gravité apparaissent à la surface de la neige. Mais j'ai encore beaucoup d'espace libre.

Ohhh ! C'est comme les trucs que les gamins de pêcheurs utilisent sur l'eau, mais dans l'air ? Génial !
Ah, et moi aussi, j'ai un truc qui pourrait être utile : une carte de l'endroit. , dit-il en la sortant. Un morceau de papier, vierge.

Heu... tu sais qu'il n'y a rien sur ton "plan", là ? fait Mia en haussant un sourcil.

Bah ouais. Mais là, il n'y a rien non plus autour de nous. Donc... Normal !
Les écritures apparaitront quand on approchera du bâtiment. C'est une carte vivante. Un cadeau de Jason.

Ça peut aider, j'imagine.

Tu m'étonnes ! C'est génial, ce truc. Il faudra que j'en demande une à Jason, tiens...

Mia, 

Je comprends que vous doutiez. Mais lis au moins ceci. Vous devez faire le tour du bâtiment, sur huit kilomètres de distance. L'assistant peut le faire. Autour de leur base, disposez les Dagues d'Uru. Sauf la plus grande. Tu dois les activer d'abord. Attendez que la tempête se forme, et réunissez-vous avant d'agir.  Avec la dernière lame d'Uru, vous aurez le contrôle du pouvoir des tempêtes.  Comme les EMP.

Le message de la Sorcière sur Kitten survient pendant une longue ascension d'une colline enneigée, à dos de surf. En haut, ils peuvent enfin apercevoir la base avec leurs jumelles...


Ok, un peu de reconnaissance et on y va.

Mia chausse ses googles et examine les alentours, repérant le meilleur trajet pour aller disposer les dagues sans se faire voir. Autour de la base, aucune réelle route, aucun aménagement. Sa source d'énergie géothermale est dessous, et peu d'entre eux semblent s'aventurer au dehors, à part les gardes qui doivent détester cela malgré leurs armures chauffantes. Elle repère pendant le périple une demi douzaine d'hommes dehors en tout temps, qui se relaient probablement toutes les deux heures.

Son vêtement morphique est le parfait camouflage, mais parfois elle sent un regard se poser près d'elle. Elle finit par programmer avec l'assistant une route simple et il lui "suffit" d'enchanter chaque objet... Mais ça requiert pas mal d'énergie. 

Atridès, lorsque Mia entame l'enchantement de la première lame, réalise ce qu'il a sous les yeux : il y a non seulement huit objets magiques admirablement forgés, presque dignes de son père. Dignes de lui, en tout cas. Trois des armes sont d'un métal différent : deux sont clairement de l'orichalque, l'or solaire, plus dur que l'acier, plus souple que le cuivre, il se renforce lorsqu'il est au soleil et compose les automates du palais divin d'Héphaïstos. Et la dernière est un métal de feu, inédit mais identifiable à ses propriétés : la lame est en permanence rougeoyante, et seul le fourreau semble contenir sa chaleur.

Lorsque toutes les dagues sont enfin en position, Mia est un peu vidée, mais ne s'accord pas beaucoup de temps pour souffler. Elle se hâte de rejoindre Jake et Atrides.

Tenez vous prêt, ça risque de faire des étincelles. Normalement, ça devrait mettre en panne une bonne partie de leur électronique.

Assistant, tu ne risques rien, toi ?

Non, j'ai une résistance électro-magnétique pour ce genre de cas de figure.

Ils peuvent voir la tempête se former à vue d’œil. Dans la littérature sur la Sorcière, on dit toujours qu'elle est "maîtresse des tempêtes", mais c'est maintenant que cela devient clair. Elle savait que la région spatiale était riche en tempêtes électromagnétiques. Que ce serait un jeu d'enfant d'en créer une. Le pouvoir de la lame d'Uru dans la main de Mia grandit et gronde comme un petit orage dans du métal. Elle doit parfois la remettre en fourreau pour relancer sa sorte de dynamo interne et éviter de s'électrocuter. Mais chaque fois qu'elle la ressort, la tempête croît. Elle sera bientôt à un seuil critique.

Donc, si j'ai bien compris, on essaye d'arrêter leur technologie, et comme ce peuple ne sait pas débrouiller sans, on en profite pour entrer "à travers le mur" avec l'effet de surprise...

Une idée de l'endroit, ou de la direction générale où se situent les objets ?

Logiquement ce serait ici. Baissons-nous pour éviter que la lumière soit aperçue. 


Une carte holographique apparaît, montrant la pièce cible. Elle est derrière une porte monumentale, une estimation des gardes et des mécanismes de défense montre qu'il faut passer par l'avant de la base, et traverser l'équivalent d'un jeu vidéo entier d'armes et de sécurités hi-tech, avec boss de fin robotisé et show laser. Tout au fond, derrière des portes qu'un dieu aurait du mal à ouvrir, les laboratoires les plus secrets du Sélénium renferment leur prix. Et tout autour, de la terre et de la glace. 

La créatrice évalue que la solution la plus simple est une diversion électro-magnétique. En usant d'uru-feu pour fondre un tunnel jusqu'au mur arrière juste... ici, nous n'aurions qu'à percer un trou, que je pourrais même reboucher sans laisser de traces. Ils seraient trop occupés à réparer leurs systèmes de survie, que nous remettrons en route une fois l'opération terminée, de toutes manières. La créatrice est brillante.

Attends... leurs systèmes de survie ? Il ne risque pas d'y avoir des morts, j'espère !

Il faudrait que vous soyez vraiment longs. Le temps que le froid prenne ce bâtiment, en fait. Sans leur centrale, je dirais... trois heures. Assez pour opérer, et assez pour les inquiéter.

Oh, au fait, je monitore leurs communications depuis quelques heures. Ils ont l'air occupés, entre une histoire d'enfant et les inévitables analyses électromagnétiques. Comme prévu.

Une histoire d'enfant ? Il y a un mioche dans cette forteresse ?

Oui. Et puis, sur le ton de la confidence, ou peut-être sur le ton du ragot : Je crois que l'officier de communications couche avec la mère du petit. Ils s'arrangent entre eux pour le garder ce soir pendant qu'elle travaille. Ah, les humains.

Ouais... Donc on y va vite, avant que le froid ne les mettent en danger. Et pas de morts. Je peux encaisser devant en cas de tir, et mettre juste des petites pichenettes pour les foutre KO.

La nuit tombe et L'Assistant crée miracle sur miracle. Il réorganise la roche pour créer une véritable petite maison souterraine, déploie des équipements de vie commune ex nihilo, a les connaissances de plusieurs docteurs et visiblement, la force de frappe d'une armée. Atridès réalise une fois de plus que la taille ne fait pas le dieu.


Dormez en paix, organiques. Si vous voulez bien charger cette lame de feu, je peux aller creuser notre passage durant la nuit. Encore 25 heures et nous devrions pouvoir repartir.

On a le temps de dormir ? Ils vont pas réparer leur technologie, d'ici là ?
Moi j'dis ça, j'dis rien, je suis pas le cerveau de l'opération et en plus, j'ai bien envie de dormir un peu, mais bon, l'effet de surprise, tout ça...

... Nan, 'faut y aller tout de suite. T'es balèze, tu sais faire plein de trucs, mais t'es un peu con, Nabot. Nabot, c'est ça ?
'Faut y aller maintenant.

Puis il réfléchit à sa dernière phrase. "T'es balèze, mais t'es un peu con." Ça lui fait penser à quelqu'un, mais qui ?

....

On devrait attendre. Le plan indique une nuit avant d'utiliser l'EMP. Laissons-les s'inquiéter de la tempête pendant que je vais creuser le tunnel. Ne sortez pas avant mon retour !

Mia charge la lame de feu avec ses dernières forces puis va se coucher sans demander son reste.

Bon, dans ce cas, dodo. Je suis rincée, moi...

Bien qu'il dorme habituellement peu, Atridès aussi passe une nuit calme ; régénérer un bras lui aura pris plus de forces qu'il ne le pensait. A leur réveil, le robot est là, immobile. Il se remet en mouvement en même temps qu'eux.


Tout est prêt. Il faudra ramper pour entrer, mais la sortie sera comme un toboggan. Un Jake se sépare de l'original et s'aventure au dehors. Lorsque les sources vérifient l'extérieur, ne serait-ce que pour respirer un peu d'air glacé, la tempête est inquiétante. De lourds nuages sombres couvrent maintenant le ciel tout entier et il n'y a pas un instant sans un éclair ou un grondement de tonnerre. Héhé, leurs communications sont déjà out, même sans EMP. Sustentez-vous, j'ai des barres de céréales.

Merci. Ce n'est pas de refus.

Bon, allons-y ! lance Mia en repassant en mode sérieux.

Tous les sens en alerte, elle s'engage dans le tunnel. Creusé par un robot, il est parfaitement lisse et incliné à 25%. Avec leurs griffes, Mia et Jake l'arpentent facilement. Atridès doit s'aider de sa taille pour presser sur les parois afin d'avancer. Le froid est insoutenable. Ils rampent ainsi sur sept cent mètres, avant d'arriver à de la végétation et de la pierre. Le robot a déjà entamé cette dernière, révélant une paroi de métal. Un énorme disque de stockage, de la taille du couloir, est fixé à ce mur, prêt à être activé. 

Tout est parfait, il ne reste plus qu'à essayer d'activer l'E.M.P. et entrer. Mais il y a quelqu'un de l'autre côté du mur. A six mètres, ce qui veut dire que comme eux, il est contre la paroi, mais de l'autre côté. Les sources se regardent une fois qu'elles réalisent ce "léger détail".

Mia revêt son casque pour compléter sa combinaison, casque ayant un espace dédié à ses lunettes, et tente de regarder à travers le mur.

T'es qui, toi ?

Atrides, ta carte te dit qui ça peut être ?

Un coup d'oeil rapide à la carte à la lumière de son communicateur vivant, et Atridès peut voir trois personnes, représentées par des points verts, qui vont et viennent de gauche à droite. La source est empilée avec un autre point, et dans l'énorme pièce, de la taille d'une maison, une autre personne est immobile, près de l'unique sortie.

Les lunettes de Mia affinent ce diagnostic : une femme porte un enfant dans ses bras. Le pauvre bébé semble déjà à moitié cyborg. Plus loin, un homme attend sur un siège, mais on ne dirait pas un militaire, il adopte une posture trop nonchalante. La forme féminine accompagne l'enfant jusqu'au sol, et lui tient les bras pour l'aider à apprendre à marcher. L'homme au bout tend les bras. 

Elle change de mode de vue, et regarde toutes les arrivées d'énergie. Chaque système semble pile où les plans les indiquaient. Mia avait déjà pensé à trois façons de les passer, mais un E.M.P. géant fera l'affaire. Elle change à nouveau de vue, et passe sur un plan cartographique. Les formes de tous les objets apparaissent, et seules les âmes et les énergies spirituelles s'y superposent. 

Elle voit deux tâches qui ne peuvent être que le prix se détacher du foutoir d'appareils et d'artefacts entreposés ici : un Oeuf d'autruche ou de dragon vu la taille, et un autre, beaucoup plus petit, de la taille d'une boîte à musique. Ces tâches sont si hermétiques aux lunettes qu'elles laissent un noir parfait à leur emplacement. Les trucs magiques qui savent se cacher des détections magiques, ça c'est forcément le top, se dit Mia. 

On fait quoi, Mia ? Et tu crois que la Source nous a capté ?

Je crois que la Source est un enfant tout juste capable de marcher. Aucun des deux adultes présents ne semble réagir à nous, donc... on va juste attendre qu'ils s'éloignent de notre point d'entrée avant d'ouvrir le passage.

Oh, Atridès, tu n'aurais rien qui ressemblerait à un masque, des fois ? Ça se fait quand on cambriole une base du Sélénium, tu sais.

Ah oui ! Bonne idée, Mia... Moi, je ne volais que de la bouffe et des vêtements, de nuit, et dans des villages de pécores, donc... Pas eu l'habitude de ce genre de précautions !
Je vais trouver un truc...

Votre armure morphique devrait pallier à ce souci. Pensez à ce que vous voulez porter, et pensez "Morph". Avec un M majuscule, visualisez chaque lettre.

Justement, votre armure machin, là, c'est pas magique, hein ? C'est de la technologie ? Ça va pas péter en même temps que leurs systèmes ?

Elle se figera dans la tenue du moment, c'est tout.

Mia attend juste que Atrides se soit masqué le visage et que la femme et l'enfant aient bougé pour déclencher le disque. Pendant ce temps, les idées se bousculent dans sa tête. Aliénor a dit que le Bourdon devait se trouver là, avec sa source, mais la seule qu'elle sent est probablement celle de l'enfant. Est-ce qu'il y aurait un lien ? Avec le fait qu'il soit en partie cyborg, peut-être ? Et puis qu'est-ce qu'il font dans ce caveau avec un bébé ? Ils sont prisonniers ? Ou alors juste l'enfant et ils sont là pour s'occuper de lui ? Et comment est-ce qu'ils réagiront à leur entrée ? Elle espère sincèrement qu'ils ne paniqueront pas. Pas trop, en tout cas.

Ça va, Mia ? On ne me reconnait pas ?
Mais je me demande s'il ne fait pas un peu peur…

Ce n'est pas forcément un mal.

Bon, et maintenant… Assistant ? Tiens toi prêt à ouvrir.

Mia sort la dague maîtresse. Il est temps que la tempête se déchaîne. Elle la sort de son fourreau, et la lumière emplit le couloir. Elle crépite si fort que Mia commence à voir des formes se dessiner. On dirait la tempête, qui couvre maintenant des kilomètres. Elle Insuffle de son énergie dans le manche gravé de runes, et celles-ci attirent les éclairs dans un schéma en spirale, qui part du bas pour remonter le long du manche. Lorsqu'il arrive en haut, l'éclair tourne et tourne et tourne et soudain... Plus rien. Le son se dissipe progressivement, la lumière aussi. Le NaBot active le disque, et un pan de mur disparaît. l'appel d'air les pousse contre Atridès, mais ce dernier ne bouge pas. Ils émergent dans le noir, où Mia a l'avantage.

Docteur Grant ! Docteur Grant, vous allez bien ?

Sattler ! L'enfant ! Occupez-vous de l'enfant ! 

Il... Il va bien. Je crois que la tempête a créé une sorte d'impulsion électromagnétique à force de s'accumuler.

Ne dîtes pas d'âneries, Sattler ! Nous sommes attaqués !

Ca me paraît peu probable. 


Nous sommes attaqués, vous dis-je ! Vous avez déjà vu une telle tempête, en trois ans ?

 Non.

Leur discussions à longue distance dans le noir tandis qu'ils piétinent les mains en avant, donne tout loisir aux intrus de s'engouffrer dans l'immense laboratoire de métal. Mia confirme sa théorie : l'enfant est le dépositaire de la source, ce qui devrait leur faciliter la tâche. Cent mètres devant, l'oeuf est dans une sorte de pince hydraulique, entre les scientifiques. Seule une lumière rouge clignote une fois toutes les six secondes. 

Atridès essaye de se faufiler, le plus silencieusement possible, vers les dénommés Slatter et Grant. Il peut ainsi avoir lors d'un flash rouge un aperçu de l'enfant. Assisté d'une machine, c'est aux yeux du géant une parodie d'enfance. Des câbles protudent de son corps, et une machine imite un de ses yeux. 

Un peu dégoûtée par ce spectacle, Mia pose doucement une main sur le bras de Atridès, pour lui indiquer de se tenir tranquille, et un doigt sur sa bouche, pour lui dire de ne pas faire de bruit. Plus silencieuse qu'un chat, elle se dirige ensuite vers les deux objets qui constituent ses cibles prioritaires, pour les faire disparaître dans un de ses disques dès qu'elle sera à portée.

Elle reste toutefois aux aguets et continue d'écouter la conversation entre les deux scientifiques. Tant qu'ils continuent de converser, il y a une chance qu'ils révèlent quelque chose d'intéressant. Tandis qu'elle avance sur la droite, la femme emmène l'enfant sur la gauche d'un appareil qui constitue le centre de la pièce.C'est juste une question de patience avant qu'ils se rejoignent et dépassent sa cible.


 Vous plus que quiconque savez ce qu'il a fallu sacrifier pour l'enfant. Sans lui nous n'aurions jamais ouvert ce fichu machin. Votre idée nous a fait faire un bond que nous attendions depuis des dizaines et des dizaines d'années.


 Merci, docteur. C'est la première fois que vous validez une de mes idées.

 Oui, eh bien... C'est que sur le coup, ça ne semblait pas très scientifique. Mais nous avions plusieurs problèmes, entre cette grossesse prohibée, le jugement martial et l'oeuf... Vous avez amélioré les trois en un tour de main ingénieux. Je me demande pourquoi le générateur ne se remet pas en route....

 Vous croyez que même la centrale en dessous est grillée ?!?

 Dans ce cas, il nous faut simplement trouver et lancer les batteries de sécurité. Nous devonas avoir une demi heure avant que les échantillons soient perdus. Adam, lumière, s'il te plaît.

Dah.

Le sang des sources se glace quand un rayon de lumière émerge autour de l'oeil de l'enfant, et vient se répercuter sur la porte au fond. Heureusement, les humains et l'enfant regardent ailleurs. Eux sont si éclairés que l'ombre joue toujours en faveur des intrus.  Le mouvement de Mia reprend tandis qu'elle les regarde s'écarter vers le mur, sur la gauche de la porte d'entrée. Le temps lui est compté.

Atridès, toujours un peu perdu quant au tenants et aboutissants de cette mission -surtout en entendant les dernière échanges des scientifiques-, suit les instruction de Mia. Ne pas se faire repérer.
Comme un bon petit soldat, il ne cherche pas à comprendre : il se cache derrière le premier couvert qu'il trouve, et surveille la scène, prêt à intervenir pour couvrir son amie.
Dès, qu'il est posé, il ne peut s'empêcher de penser...

Mais c'est quoi ce truc dégueulasse ? Oui, déjà, la cybernétique, il aime pas trop... Mais sur un bébé ? Avec une Source ?

Mia, qui a eu le temps de voler un peu de chance à chacun des deux chercheurs, se hâte de faire disparaître l'œuf et la boite dans ses disques. 

Allez, regarde ailleurs, petit bébé… Voiiilà...

Mais rien ne se passe. L'OEuf ne rentre pas dans la dimension de poche, et le boîte s'y refuse aussi. 

 Dah ? La lumière tourne dans la grande pièce à la vitesse d'un cou d'enfant. malheureusement pour Mia, il est situé à cent mètres.La lumière la prend soudain en chasse. 


Elle n'a que le temps de se blottir derrière le support de l'œuf... Mais la lumière se rfuse à aller jusqu'à elle : heureusement, toutes ces machineries bloquent l'enfant, et il est vite rappelé à l'ordre par les scientifiques. Sa source se met alors à papiter à des fréquences irrégulières. L'enfant les a clairement sentis. Il tente de regarder à gauche, et Atridès a le sentiment que c'est pour les voir, lui et Jake. Ce dernier se sépare en deux, et les deux se dirigent vers Mia.

Une fois le calme plus ou moins retrouvé, les seuls brtuis sont ceux de l'homme et de la femme qui tentent de contrôler l'enfant pour trouver les générateurs de secours. L'oeuf est bien trop lourd, et les pinces hydrauliques y sont fermement agrippées. La boîte, par contre, finit rapidement dans sa poche, et son disque récupère une tripotée de petits objets, clairement là pour être analysés.. 

Mia aurait bien besoin de la force d'Atrides, mais il est un peu loin d'elle et elle ne peut pas communiquer, alors elle improvise : Elle sort son surf antigrav de son disque, ainsi qu'un vêtement à plat dessus pour atténuer le bruit, et le positionne pour que l'œuf puisse rouler dessus une fois libéré. Elle fait alors entrer dans un autre disque une des mâchoires hydrauliques, de manière à ce que le massif objet parte dans le bon sens pour atterrir sur le surf. Atridès voit tout cela, mais se déplace trop lentement, persuadé que son immobilité est la clé de sa discrétion. Du côté de Mia, l'Oeuf finit par rouler sur son drap, droit sur le surf.

Vous avez entendu ça ? ça fait trois fois, qu'est ce que c'est que ce bruit ?  Elle ne peut pas avoir entendu l'oeuf rouler, c'est donc le disque ou le surf. Peu importe maintenant : elle a les deux objets principaux.

Atridès bouge, toujours à couvert, pour assurer la retraite en cas de problème. Se positionner derrière Mia et le surf en cas d'attaque, afin de leur donner le temps de remonter par le tunnel.

Quant à Mia, elle monte sur le furf et se plaquant sur l'œuf, une jambe de chaque côté de celui-ci pour qu'il ne puisse pas rouler, puis elle prend de l'altitude en de dirigeant vers la sortie. Elle se tient aussi prête à lancer un de ses couteaux loin d'elle pour faire diversion si jamais le faisceau de lumière semblait vouloir se diriger vers elle.

Lentement, l'équipe récupère le surf et le laisse passer avant de le suivre dans le tunnel de glace. Ils reculent un à un avant de se retrouver tous dedans. L'enfant s'agite sans succès pour avertir les adultes. Le robot semble hésiter, mais pour finir, il réactive le disque, et le mur réapparaît. Il est si large qu'il reste en place, large tronçon circulaire. Le NaBot commence à le souder pendant que d'autres de ses bras mettent le disque dans un autre disque, plut petit.

La mission est un succès. 

Je.... J'ai.. On peut pas laisser ce petit d'homme comme ça.

Je n'aime pas beaucoup ça non plus, mais… tu saurais t'occuper d'un enfant-source-cyborg, toi ?!? Et puis honnêtement, ils ont plutôt l'air de s'occuper de lui correctement, peut-être mieux qu'on ne le ferait.

Tu en penses quoi, Atrides ?

Je ne sais pas trop... Ils ont l'air de s'occuper correctement de lui, oui...
Mais uniquement pour qu'il aide pour ces trucs là, la boîte et l’œuf. Si ces types ne les ont plus, est-ce qu'ils continueront à s'occuper de lui ?

Et... Il a l'air dégueulasse. Mais moi aussi, je devais paraître dégueulasse aux nymphes et faunes qui m'ont recueillis !
En plus, s'occuper d'un gamin, c'est pas compliqué. 'Faut lui donner à bouffer, lui apprendre à s'occuper de lui-même, et un câlin de temps en temps... Après, il gère lui-même, non ?

On peut peut-être essayer ?

Je ne sais pas. On parle de kidnapper un enfant, là !

C'est pas ça... j'y suis encore. Dans le laboratoire. Je pouvais pas laisser le petit seul.  Je suis désolé.

Jake, bon sang !

Bon… Assistant, on y retourne. Prépare-toi à rouvrir. Jake, je te confie ce qu'on a volé. Va planquer ça dans l'abri souterrain !

Si tu fais ça, je ne vais pas vouloir partir. Je vais vouloir emmener le petit.

Atridès esquisse un petit sourire, qu'on ne peut de toute façon pas voir derrière son masque.

Sacré Jake. C'est vraiment un bon chien...

Allez, on rouvre, et on embarque Jake et le gamin…

Non. On commence par interroger les deux chercheurs sur l'enfant. Si l'emmener avec nous c'est le libérer, alors d'accord… mais tu imagines si sa mère était là, par exemple ? On doit savoir avant de décider.

Assistant, vas-y !

Sigh. C'est reparti ! 

L'assistant redéploie tout, et une nouvelle portion de mur disparaît. Cette fois, l'intérieur est éclairé. 

 Qu'est-ce que c'est que ça ?!! Je vous avais dit qu'on était attaqués !

Non, ça va. Les attaques, c'est violent, nous, on est tranquille...

Docteur ! Restez avec nous !

 Silence, Sattler. Qui êtes-vous, et que voulez-vous ?

Vous poser quelques questions sur l'enfant, dit Mia en posant la main sur son pistolet et en le réglant sur neutralisateur, mais sans dégainer.

Lequel de vous deux veut bien nous raconter qui il est, exactement ?

 C'est le fils d'une militaire ici. Il reçoit les meilleurs traitements que la pointe de la technologie peut lui apporter. Qu'est-ce que cela peut-il vous faire ?

Il ment.

Évidemment, qu'il ment... Il n'a pas besoin de traitements.
Atridès s'avance posément vers le bébé et les scientifiques. Dès qu'il ne s'agit plus d'infiltrations, de plans bizarres et compliqués, tout devient plus facile pour lui... Le scientifique ne recule pas d'un pas, et prend un air défiant, se gonfle de tout ce qu'il peut. Principalement de l'air, et quand Atridès continue d'avancer, le petit homme recule en cadence.


 Que... que... que comptez-vous faire ?

Masque Gris n'aime pas qu'on lui mente. Vraiment pas, se contente de dire Mia


Vrrrrrrrrrr ! Fait l'assistant. Jake lui, préfère rester discret.


 ....

L'enfant fait partie de notre projet pour accéder à un artefact. Nous pensons que l'objet était fourni en énergie par... un système particulier. L'enfant fait partie de notre méthode pour attirer cette source d'énergie hors de l'appareil.  Et ne faîtes pas ces têtes, d'accord ? Il est très bien traité.

  Il ment, mais moins.

Bon… j'aimerais dire que je suis désolée, mais…

Elle l'assomme d'une bonne décharge, puis rengaine aussitôt.

Rassurez-vous, il n'est qu'évanoui, dit-elle à la femme. Il n'est pas très sympathique, dite-moi. Vous ne devriez pas le laisser vous traiter comme il le fait.

Et si vous nous racontiez, vous ?

Sinon j'aurai droit au même traitement ? La femme est pleine de défiance, mais surtout, elle s'agrippe à l'enfant avec beaucoup trop de fermeté.

Vous l'aimez, ce bébé ? Si c'est la cas, vous devriez dire la vérité. Je vous jure que c'est la meilleur solution.

 V.. vous êtes venus pour lui ?

Non. Mais on est revenu pour lui. Pour savoir s'il sera heureux ici.
... Même si vous n'avez plus les trucs pour lesquels vous l'avez utilisé.

 Alors emmenez-le. Sa mère est internée ici, et elle ne reverra jamais la lumière du jour. Pas plus que lui. Je n'aurais jamais cru qu'il utiliserait mes idées... Les larmes commencent sérieusement à couler. On ne peut pas s'échapper, ici....

Si. Je peux aller chercher sa mère. Ils partiront ensemble d'ici. Et vous aussi, si vous en avez envie. Elle est où, sa mère ?


 D.. Dans l'aile de l'équipe de sécurité, en détention. Mais vous ne comprenez pas. Vous n'arriverez pas jusqu'à elle, qui que vous soyez. Nous sommes les pionniers dans des domaines d'armement que vous n'osez pas imaginer.

Bah ouais, j'ose pas imaginer. C'est tellement efficace contre nous qu'on est arrivés jusqu'ici...
... Alors, ce que l'on va faire, c'est qu'on va pousser gentiment un peu plus loin, vers sa mère. Tu vas prendre le bébé dans tes bras, tu vas bien l'emmitoufler pour qu'il n'ait pas froid, et tu vas suivre Jake. Jake, c'est le chien. Il va gérer. Il est très très malin, bien plus que moi...

 Non, je ne peux pas partir d'ici. Ils me retrouveraient où que j'aille. Vous allez devoir m'assommer ou quelque chose comme ça.

 Elle et moi, dit-il en montrant Mia, on va aller chercher sa maman. Aucun gamin ne veut grandir sans sa maman, n'est-ce pas ?
Hein, Mi... Collègue ?

Mia est occupée à lire son communicateur. Il affiche : "Tu dois ouvrir l'oeuf ou risquer de me voir disparaître pour de bon. "

Le poing de Mia se crispe, et elle se met à tourner en rond en fulminant.

Ben tiens ! Je suis pas assez sous pression comme ça... Un job rondement mené, ça oui ! On est entrés, on a pris ce qu'on était venus chercher et on est sortis sans même qu'ils sachent qu'on était là. C'est parfait, un vrai travail d'artiste ! Et maintenant...

...Et maintenant, il va falloir traverser une foutue base du Sélénium au top de la sécurité? Sans se faire prendre, évidemment et en faire sortir un bébé cyborg et sa mère avant d'échapper à tout ce qu'ils ne manqueront pas de lancer après nous ? Et avant que ce soit trop tard pour ouvrir l’œuf, en plus !

Et tout ça en impro totale et sans tuer personne ?!? Ça commence sérieusement à me faire ch...

Nan, mais 'faut pas t"énerver, hein ? Tu me fais un peu peur, quand t'es comme ça, tu sais... , dit le géant d'un ton penaud.

Mia s'arrête, se concentre sur son souffle, évacue sa frustration avec chaque expiration.

Pardon... Okay. Focus, ma fille... J'ai un semblant de plan. Vous viendrez pas vous plaindre si on finit en taule, hein ?

Toi, fais nous un plan des lieux, et vite, lance-t-elle à la femme.

Euuh... J'ai déjà. , répond un Atridès qui n'en mène pas large.

Assistant. On ne va pas suivre les couloirs. Tu vas te servir du disque pour ouvrir un raccourci et refermer derrière au fur et à mesure.

Très bien. Indiquez-le chemin, j'ouvre le passage. Autorisation de tuer requise.

Non, on ne tue personne. Au besoin on neutralise, mais on limite les dégâts corporels !

Bloque-moi la porte d'entrée au plus vite, soude-la si il faut, et utilise la carte d'Atridès pour calculer le meilleur itinéraire.

L'assistant s'exécute imméditament. De son côté, le théopolien s'est approché de la scientifique.

Alors, où est sa mère ? , demande Atridès en montrant à Sattler sa carte magique. Et comment elle s'appelle, c'était quoi cette histoire de relation interdite ?

 Vous imaginez les complications d'avoir du personnel ineffectif ou un nourrisson sur les bras, à cet endroit précis de la galaxie ? Les relations interpersonnelles sont interdites, évidemment. La procédure aurait dû être cour martiale, renvoi et remplacement. Mais avant qu'on ne sache ce qui lui arrivait, elle était de garde avec moi un soir et... L’œuf a brillé à son approche. Après une trentaine de tests, pas de doute : quelque chose en elle provoquait cette réaction. Alors j'ai eu la bêtise de dire, quand on a su qu'elle était enceinte... 

"Et si c'était le foetus qui fait réagir cette chose, et pas elle ?" Et mon supérieur s'est approprié cette idée, en a fait une perversion défiant toutes nos lois. Mais ça marchait. Alors le général qui nous dirige de loin a décidé d'approuver le projet, et a officiellement déclaré Frankie Ray cliniquement morte. C'est sa mère. Elle est... là. La scientifique montre une pièce, au fond gauche de la base, derrière les armureries et les quartiers des militaires. 

D'accord. Atridès montre la carte à l'assistant, lui indiquant ce qu'on vient de lui expliquer. Et ça serait mieux d'éviter les quartiers militaires. Si je peux éviter d'être obligé de défourailler toute la garnison, je préférerais...
Le temps que Mia et l'assistant s'organisent, il reste légèrement en arrière avec cette femme, pour lui poser une ou deux autres questions.

 Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous sous-estimez la situation. Et si vous vous engagez sur ce terrain, vous devrez tuer ou être tués. Nous avons des dreadnoughts, des atomiseurs moléculaires, des nano-lames invisibles à accélération cinétique, des drones intelligents, et même des armes à nano-tech, des grenades à gravité... Vous n'avez vraiment pas choisi le meilleur endroit, le meilleur moment ou les meilleures décisions. 

Oh, je ne tenterai rien contre vous, mais... 

La lumière se rallume. La porte commence à bouger. Les caméras aussi.

 Trop tard.

Et cette femme est officiellement cliniquement morte ? Elle est dans le coma ? , demande Atridès pour finir, en dégainant son épée et en saisissant son bouclier.

 Non. Bien sur que non, elle est juste enfermée.

Les mécanismes gigantesques qui muent habituellement la massive porte du laboratoire coincent. La soudure tient, mais l'équipe n'a pas longtemps pour prendre sa décision...

Assistant, ouvre nous le passage ! Masque Gris, choppe le gamin !

Et vous... désolée, mais c'est pour votre bien, finit Mia en assommant la femme d'une nouvelle décharge de son pistolet.

T'es gentille, Masque aux Oreilles Bizarres, mais comment je peux me battre avec un bébé dans les bras ? Je ne pourrais que... Oh ! Oui, c'est possible, en fait... Atridès prend l'enfant contre lui, et le serre juste ce qu'il faut pour le maintenir fermement entre son torse et son bouclier. Là, il sera en sécurité, comme dans un nid. Et ça lui laisse son bras droit pour son épée.
Hein, petit bonhomme ? On va chercher maman... Oui. Ça va aller... Maman sera bientôt là... Ça va secouer un peu, mais c'est pour rire. 'Faut pas avoir peur, tu sais ? Le géant a une voix toute douce, toute gentille envers ce gamin hideux. Son oeil humain semble amusé. L'autre est en perpétuel mouvement. 

Sur la gauche de la porte, ils percent un trou qui les amène dans des salles emplies des générateurs de secours, et de multiples objets de maintenance. Tandis que le robot ressoude derrière eux, il laisse à Mia le soin d'ouvrir le prochain passage. Atridès regarde rapidement sa carte, et lui montre le meilleur endroit. Un cercle vide apparaît dans le mur, et des étincelles en jaillissent. Ils viennent d'endommager une conduite de câbles, mais peu importe. De l'autre côté du mur, un homme à l'uniforme bardé de médailles est occupé sur son bureau, devant un holo-écran.


qu'est-ce que c'est que ce bordel ???

Mia braque son pistolet sur lui.

Ceci est un hold-up. Les mains en l'air.

Comment avez-vous passé nos sécurités ? Même la coupure n'aurait pas dû vous laisser arriver jusqu'ici !

L'homme, qui semble à son uniforme être le preneur de décisions local, ne peut s'empêcher de poser des questions, semble-t-il.

Secret professionnel.

Assistant, à qui avons-nous l'honneur ?

 Permettez-moi de vous présenter le Colonel John Benedict Hammond.

Un militaire ? C'est bien ça.... Ils sont plus "terre à terre" que les civils, ils comprennent plus vite quand ils sont dans la merde et qu'il ne faut pas jouer au héros.

 Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? De.. De quel monde venez-vous ?

Si on porte un masque, c'est pas pour donner notre identité, mon Colonel...
On veut Frankie Ray. Et on peut l'avoir en massacrant tous les soldats que l'on croise, vous y compris, et en foutant une merde pas possible dans votre base.
Ou on peut faire ça tranquillement. Vous annulez l'alerte en prétextant un exercice, vous nous la donnez, on s'en va et c'est terminé...

Votre choix, mon Colonel  ?

 Ne le prends pas mal fils, j'ai envie de vivre. Mais au moment où on parle, tout un régiment s'équipe d'armes tellement létales qu'ils rêvent de les tester sur des trucs vivants depuis des mois. Ils ne cracheront pas sur de l'action, surtout s'il m'arrive quoi que ce soit.

Je suis un ancien soldat d'élite. Je ne crains pas la mort, sinon, j'aurais choisi un autre métier. Cuisinier, par exemple... C'est pas mal, cuisinier.
Je me répète pour la dernière fois : vous annulez l'alerte en prétextant un exercice, ou vous lancez un massacre dont vous serez la première victime ? Je ne pensais pas que cette femme serait si importante à vos yeux. Que vous risqueriez votre vie pour elle...
Je lance le décompte :
Atridès et son épée s'approchent tranquillement de lui. Sans croiser la ligne de tir de Mia.
Quatre... Trois...

 Okay, okay. Il arrête l'alarme d'un geste du doigt, en pianotant quelques instants. Mais il ne se tait pas pour autant. Tu penses à l'enfant ? A ce qu'il risque, si, comme je crois, mes hommes sont de l'autre côté de cette porte ? Tu veux Frankie Ray, tu as Adam. C'est un enfant extra, mais je ne crois pas qu'il résiste aux désintégrateurs, fils. Réflêchis.

Mia, qui trouve que Atridès s'en tire très bien, prépare leur prochain mouvement en étudiant les alentours sur la carte magique et grâce à ses lunettes. Elle peut donc bien voir toutes les silhouettes armées devant la porte. Ils sont soit très rapides et précis, soit ils savent qu'ils sont là depuis un moment. Quoi qu'il en soit, le meilleur chemin reste tout droit, et personne ne semble les y attendre. 

J'ai déjà réfléchi. Adam préfère crever ici et maintenant que grandir sans sa mère.
Vous avez annulé l'alarme, c'est bien... Maintenant, annoncez que c'était un entrainement, que tout le monde peut retourner à son poste. Et félicitez vos hommes pour leur réactivité lors de cet exercice.
Si ça part en sucette, vous savez qui sera la première victime, mon Colonel. Soyez convainquant...

 Ne tenez pas compte de moi les gars. L'alarme a du résonner cause de la tempête. La sécurité d'abord... Repos, bon travail. Il raccroche d'un geste.

 Pourquoi n'y a-t-il pas eu de son de connexion, colonel ? Auriez-vous activé vos haut-parleurs avant qu'on ne vous le demande ?

 Euh...

Bon, assez discuté.

Mia éteint la console du colonel et actionne le disque pour faire disparaître un nouveau pan de mur.

On l'emmène aussi, ajoute la jeune femme en commençant à franchir le passage. Il peut avoir des infos utiles et on ne veut pas qu'il renseigne les autres.

C'était le plan. Mais je trouve qu'il n'a pas été très coopératif. La lame de l'épée du théoplien incite le colonel à se lever et à les suivre. En terme de troufion, il a essayé de nous baiser. Et je déteste être baisé. A part par une jolie fille, et encore, seulement si je l'ai décidé. Là, c'est ni l'un ni l'autre...

Je ne le bute pas, vu que tu veux lui parler, mais je peux le mutiler ?

A ces mots, le communicateur se met en route de lui-même. Alors que Mia échange le disque plein contre un vide, elle entend : Colonel, la plupart de nos armes sont out à cause de la tempête. On va devoir amener l'atomiseur. Désolé.

 Non, non non non non oh non !

L'équipe perce un nouveau trou. Tout le monde s'y engouffre, et l'assistant récupère le mur pour le repositionner, cette fois. il entame la soudure lorsqu'un choc énorme secoue la base. Une énergie folle vient d'être déployée et la salle derrière eux émet tant de chaleur que la porte se soude pratiquement d'elle-même. lls émergent dans une salle de bains publique, vide bien entendu. En face d'eux, la porte semi-vitrée donne sur un couloir. Dans un chambardement insensé, tout le monde se hâte vers l'avant.

A l'issue du couloir, ils sont presque arrivés. Heureusement pour tous, une femme est en train de hurler : ADAM ! ADAM !

Frankie ?

La voix vient du fond, par là. Mia repère où sans problème, et tout le monde suit. Impossible de la voir, mais sa colère la rend bavarde. Vous êtes qui, vous ? Mon fils est avec vous, je le sais ! Qu'est ce que vous voulez ? Laissez-le ! Ce n'est pas une arme !

La porte n'encaissera pas un demi-dieu. En tous cas, pas Atridès. Tandis que le colonel Hammond leur rappelle que ses hommes arrivent avec l'intention de tous les tuer, ces derniers arrivent en effet. Il a beau être plus gênant qu'autre chose, l'otage marque un point.

On est là pour vous le ramener. Et on a pris beaucoup de risques pour ça... Reculez-vous, je vais péter la porte. Ce qu'il fait d'un grand coup de pied. Il faut quelques secondes avant que Frankie ose passer sa tête.

Madre dio. Je ne sais pas qui vous êtes, mais filez moi un flingue et je vous suis en enfer.

Pour l'instant, vous vous occupez de votre bébé, dit le géant théopolien en lui tendant son enfant avec précaution. Et vous vous arrangez pour survivre le temps qu'on file, tous ensemble.
Restez derrière... Pour le flingue, on verra plus tard. Pour l'Enfer aussi !
Atridès, désormais beaucoup plus libre de ses mouvements, se sent soulagé.
Et soit sage, petit Adam.

La femme d'action se replie derrière la mère, et les larmes n'empêchent pas Frankie de comprendre la situation comme le commando qu'elle est. Elle utilise rapidement son écharpe pour attacher le petit dans son dos en regardant l'étrange équipe et Mia tenant la carte magique. Elle ne dit rien, mais son visage pose toutes les questions que l'univers contient, toutes à la fois.

Pendant ces touchantes retrouvailles, Mia n'a pas chômé. Avec l'Assistant, ils ont déterminé les meilleur moyen de sortir et c'est... en passant sous la base !

La discussion entre Frankie et Atridès est interrompue lorsqu'elle vient vider le disque XL, bouchant une partie du passage avec un long cylindre de roche couvert de béton à une de ses extrémités. Elle a commencé à creuser un tunnel. L'assistant se met alors à phagocyter l'excédent de métal en le désagrégeant avec ses brumes de nanites. Sous leurs yeux, son corpsse reconfigure en machine d'extraction ; visiblement, il ne lui faut pas chercher loin pour avoir accès à des modules plus qu'avancés.

Et voilà ! Si ces messieurs, dame, bébé et chien veulent bien avancer dans le tunnel, nous allons pouvoir partir.

L'assistant s'y est déjà engagé, et il assure l'éclairage, mais aussi et surtout leur transport . C'est littéralement devenu un véhicule, en l'espace de quelques minutes. Les armes ennemies résonnent sur sa carapace, mais elle faite de l'alliage qui constituait les murs, et semble résister.

Parfait. Rebouche derrière nous et fonce, direction l'abri souterrain !

Dès que le tunnel a commencé à s'effondrer derrière eux, elle se tourne vers Hammond.

Maintenant, colonel, nous allons avoir une petite conversation au sujet de ce qui vient de se passer ici... surtout à propos de ce que va penser votre hiérarchie si les expériences conduites sur ce bébé venaient à s'ébruiter. Je doute que cela leur plaise d'apprendre la façon dont vous avez violé les lois et l'éthique, et encore moins si les médias venaient à s'en mêler.

Vous me suivez, colonel ? Hurle Mia pour couvrir le bruit de l'excavation.  

Vous voulez rire ? Je sers le Sélénium. Tout est sanctionné. Secret-défense ou pas, ils savent très bien ce qui se passe ici ! Mais vous par contre, vous venez de vous faire de gros ennemis.

Kitten grésille. Les lettres deviennent illisibles.

Assistant, il faut nous hâter. Elle ne tiendra plus très longtemps. Oh... et Hammond dit la vérité ?

L'assistant n'entend pas. L'attente devient longue. 

Lorsqu'ils émergent enfin, c'est à quelques mètres de leur point de départ. La précision de cet assistant est remarquable. 

Jake les attend dans le vent neigeux, assis sur une couverture avec un oeuf chromé et une boîte d'or.

Merci, les amis. Montez ! 

Je suis restée enfermée trop longtemps. Mais même moi je sais que monter là dessus en t-shirt c'est une mauvaise idée.
 Champ de force intégré, allez... vous faîtes pas prier, Vos ennemis ne tarderont pas. Ils viendront après nous.

La femme et l'enfant montent tandis que Mia récupère l'Oeuf. Elle entend une voix métallique dans son esprit, et la phrase qu'elle prononce s'y écrit en toutes lettres : 

Code génétique reconnu. Ouverture ? Y/N

Frel. Ça va devenir une habitude... se dit-elle avant de dégainer et d'assommer le colonel Hammond d'un tir.

Je vais devoir ouvrir l'oeuf maintenant, sinon elle va vraiment mourir, ajoute la jeune femme en s'écartant ensuite de quelques mètres, avant de transmettre son approbation à l'interface psychique. Une vapeur est émise alors que l'entrelacs complexe de casse-têtes se défont un par un. A la fin Mia agite la main pour disperser le tout, et elle se retrouve avec un cylindre métallique, comme une sorte d'épée sans lame. C'est juste une poignée lisse.

  Super...

Eh ! Ali, dit-elle en secouant son com possédé. J'en fais quoi de ce truc ?

...

Pas de réponse. Kitten est juste inerte.

Frel ! Elle ne m'a pas expliqué ce que je devais faire ensuite, cette bêtasse ! panique Mia en regardant vers ses amis.
 Il dirait quoi, ton maître ? Ou mieux, elle dirait quoi l'âme brisée ? Je suis sur qu'elles diraient que tu peux le faire. T'es pas là pour rien.

Bah ouais, Jake a raison ! T'es la meilleure, ma puce !
Et sinon, bah, ce truc, c'est une poignée d'épée. Donc, faut le prendre dans la main... Je crois.

Oui... je crois que tu as raison.

Si Ali m'a poussé à apprendre à canaliser mon énergie dans les runes et dans les objets depuis ces derniers jours, ce n'est peut-être pas par hasard, pense Mia en se concentrant. Elle ferme les yeux et se met à l'oeuvre. 

Elle perçoit une clé mentale. Un verrou à source. Et une clé spirituelle. Elle infuse son énergie à l'intérieur, mais c'est comme un verrou qu'elle doit faire balancer avec assez de force. Cela lui prend une minute, mais une fois cette barrière passée, Le verrou psychique s'active. Elle sent une minuscule piqûre à son pouce. Le verrou psychique s'ouvre pour son esprit, sans effort. 

Elle rouvre les yeux pour trouver dans sa main un entrelacs de métal en suspension dans les airs, fait de formes géométriques et de dimensions superposées. Des milliers de disques de stockage dont l'inventaire s'affiche dans son esprit avec des variables sur leurs dimensions respectives. C'est un véritable entrepôt dimensionnel.Un menu lui demande ce qu'elle veut. Armes, préférences, construction, recherche, protections, informations... autant de possibilités de tri. Tiens, un onglet "Sorts". 

Elle se recentre sur le problème actuel. Elle a besoin de savoir comment sauver ce qui reste d'Ali, comment empêcher son âme de se décomposer... aussi elle pense "stockage des âmes". Une documentation variée sur le sujet est proposée en quantité, mais d'autres indicateurs d'anomalies alors se révèlent au premier plan : cet objet n'est qu'un hôtel, et il devrait avoir une âme, une I.A. ou un hôte quelconque. Mais à ce niveau là il est vide. Ce qui laisse de la place ici. Avec les signes mentaux d'Aliénor aussi bas, pas moyen de l'éveiller. L'appareil propose un téléchargement et une analyse reconstructive. 

Une sorte de sphère apparaît,qui est à mieux regarder une boule à multiples facettes. Une lumière en émet et scanne Kitten. Un échange psychique s'opère, Mia peut le sentir. Mais il est si court...

- Calcul en cours. fait la voix robotique de l'appareil. Réparation effectuée Essai I.A. Bourdon 7.0. Voulez-vous nommer votre I.A. de bord ?

Hmmm... Oh, je sais ! C'est tellement évident.

L'I.A. s'appellera Lia, tout simplement !

- Confirmé. La voix change alors du tout au tout, pour ressembler à celle d'une jeune femme. Ce pourrait être Aliénor, si elle avait 250 ans de moins. Bonjour. Je suis Lia, La Liaison Opératrice-Bourdon. Ma mémoire est floue, mais j'ai des fichiers mémoriels que je pourrai utiliser plus tard. Je me suis permis de traiter les urgences d'abord. 

Désirez-vous traiter les urgences ? Nous nous dirigeons vers une déformation spatiale.

Mais Mia n'a pas la tête à prendre des décisions maintenant. Entendre Lia lui parler avec la voix d'Aliénor lui a fait l'effet d'une gifle, et l'a obligée à prendre la mesure de la situation.

Alors c'est ça ? C'est comme ça que tu avais prévu de "survivre" depuis le début, Ali ? C'est vraiment...

Merde, et moi qui me suis dit que tu n'étais qu'une égoïste, que tu nous utilisais pour sauver ta peau alors qu'en fait...

...tu as fait tout ça pour nous léguer ton... Frel ! Quel conne je fais.

Mia prend le bâton dans sa main, et après quelques encouragements, ses énergies se mêlent à celles du bâton. Ce dernier s'ouvre et tourne et cliquette. Il change de forme et de matière à grande vitesse, et elle semble prête à y passer un moment. Elle ne les entend même plus.

Mais il fait toujours froid dehors, et sans le champ de force du surf, ils gèleraient. De plus, leur appareil de retour avait seulement deux places. Quelqu'un va devoir rester derrière. Près d'eux vole l'assistant. Au loin derrière eux, la base se remet de l'attaque. Atridès et Frankie regardent en arrière, guettant la sortie des poursuivants. Qui ne manque pas. Alors que leurs appareils s'élèvent dans le ciel moucheté de blanc, Frankie semble plutôt inquiète. 


Le premier tir les touche. La lumière rougeoyante frappe le champ de force invisible, et soudain le froid les frappe de toute sa force. Le surf perd en stabilité. Ils y sont trop nombreux pour une course-poursuite. Atridès sort son hoplon, et en active le champ de force. Et soudain, une lumière emplit tout.



Mia peut prendre 30xp, nico 20xp. Le scénario se poursuit dans "A la carte".

Je me permets de continuer un peu juste pour ça. C'est important et ça a plus sa place ici.